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Blurb

Un adolescent au lourd secret se retrouve au cœur d'une enquête complexe...

Un soir d’août à Royan. Deux adolescents indélicats surprennent par la fenêtre d’une villa les ébats d’un couple dont le partenaire masculin sera retrouvé mort, assassiné, dans la nuit. Mais qu’a donc vu le jeune Jacques qui le bouleverse au point d’en perdre jusqu’au goût de vivre ? C’est ce qu’essaie de savoir le commissaire Charolles en harcelant la famille et le garçon lui-même. Le policier y mettra d’autant plus d’acharnement qu’il a des comptes à régler avec son propre passé. Sous la pression, l’ambiance se dégrade, la méfiance s’installe et transforme une vie douillette en huis clos infernal. La ville prend parti, et la crise aboutira à un dénouement hallucinant…

Un polar au suspense inquiétant, à dévorer sans tarder !

EXTRAIT

Je me suis enfermé à clé dans ma chambre, me suis étendu sur le lit, tout habillé. Je me sentais sale, poisseux. Pourtant, à peine entré, j’avais couru au lavabo, je m’étais savonné la figure, les mains. Inutilement. Il n’y avait pas de savon pour décrasser cela. A l’étage audessus, la vieille Underwood rabotait le silence. Tap, tap, tap… En contrepoint, parfois, une toux brève. Tante rédigeait un chapitre de son dernier bouquin. Elle ne m’avait pas entendu rentrer, j’étais tranquille sur ce point.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Pouldavid-sur-mer (aujourd'hui en Douarnenez), vivant depuis plusieurs dizaines d'années à Brest, Jean-François Coatmeur a lontemps exercé parrallèlement, avec un égal plaisir, les deux métiers de professeur de Lettres Classiques et d'écrivain. Il est l'auteur, notamment, de quelque vingt cinq romans de mystère et de suspense, souvent adaptés à l'écran et récompensés des plus flatteuses distinctions. Privilégiant dans ses livres la vérité humaine, plutôt que les subtilités de l'artifice, ayant toujours refusé de prostituer sa plume, il est fier, si ce qu'on dit est exact, d'avoir contribué, malgré le mépris des clercs, à faire reconnaître à un genre, qui avait parfois, il est vrai... bien mauvais genre, sa juste place dans la littérature universelle.

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Samedi-1
SamediJ’avais rendez-vous avec Marcel, à 8 h 45, devant le Lido. Je lisais au salon, en attendant l’heure, lorsque maman est entrée, les mains noires de cambouis. — C’est bien ma chance ! La voiture est en panne ! Tante Lu sortait de la cuisine, le ventre ceint de son tablier à losanges jaunes et noirs, la cigarette tressautant au coin des lèvres. — Ça doit être la batterie ! — Elle n’a pas un an ! a protesté maman. — … ou la dynamo. On téléphonera demain matin au garage de service. Tu tiens absolument à passer au journal ? — Oui. J’ai un papier urgent à terminer. Tant pis, j’irai à pied. Je vais simplement changer de chaussures. — Ça ne te fera pas de mal, a dit tante. Tu ne marches pas assez. Elle a écrasé son mégot, a consulté sa montre. — Jacques, mon gars, tu vas être en retard : un samedi d’août à Royan, il risque d’y avoir du peuple ! — Qu’est-ce que tu vas voir déjà ? a demandé maman. — Z… — Ah !… On en dit beaucoup de bien. Elle est montée dans le cabinet de toilette. J’ai enfilé ma veste. — Je me sauve. Tante m’a suivi dans le couloir. — Et après, hein, tu connais la consigne ? Pas de fantaisie, tu rentres dare-dare ! — Bien sûr. J’arrivais devant le garage, au bout du jardin, quand maman, de sa chambre, m’a appelé : — Jacques ? J’ai dû laisser les clés au tableau. Ferme la voiture, tu veux ? J’ai grommelé, pour changer ! Toujours aussi tête folle ! La semaine précédente, déjà, elle avait égaré le premier trousseau. Le jour où on lui piquerait la bagnole… La 404 était parquée avenue des Congrès. A tout hasard, j’ai actionné la clé. Le tableau de bord s’est allumé, mais je n’ai pas réussi à enclencher le contact. Comme je me penchais pour remonter le levier de verrouillage des portes, mon coude a heurté la manette du clignotant, dont le tic-tac m’a surpris : la batterie n’était donc pas morte. La montre aussi fonctionnait : 8 h 40. Il était temps. J’ai refermé la voiture, et suis allé sortir la mobylette du garage. Une queue impressionnante s’étirait sur le trottoir devant le Lido. J’ai cherché à repérer la tignasse rousse de Marcel, mais ne l’ai pas aperçue, et me suis agglutiné à la file, d’assez mauvaise humeur. La nuit était venue. Le front de mer grouillait d’estivants béats. Un orchestre, à une brasserie proche, avait drainé la foule qui débordait sur la chaussée. L’air sentait la bière et le sucre chaud. — Bonsoir ! Comment ça va, jeune homme ? Je ne l’avais pas vue arriver. Mme Malvoisier, la femme du romancier. Elle m’a tendu la main, j’ai balbutié, très bien, merci. Ses yeux riaient. Elle était pareille à une poupée blonde parfumée. — Vous êtes seul ? Je dispose d’une place. Oui, mon mari, au moment de partir, a dû se coucher. Rien de grave, une poussée de migraine, je pense… — Je vous remercie, madame, mais j’attends quelqu’un. — Dommage. Eh bien, bon courage ! Mes amitiés à votre mère et à votre tante ! Elle entrait dans le hall, passait devant le flic de service qui reculait d’un pas. Sa jupe était comme une corolle tournoyante, autour de ses longues jambes bronzées. Mme Malvoisier n’avait rejoint son mari à Royan qu’au début du mois. Un soir, elle était venue à la maison prendre l’apéritif. « Un peu sophistiquée, l’avait jugée maman, mais elle peut se le permettre, elle a beaucoup de chic ! » Tante aussi avait été conquise. Elle avait réussi, entre pineau et olives, à l’intéresser à l’un de ses manuscrits. « Elle m’a promis de relancer son mari. S’il trouve le temps de le lire, j’ai bon espoir. » Serge Malvoisier était un homme très absorbé. Installé depuis l’automne dans sa villa de Saint-Palais, au milieu des pins, il mettait la dernière main, disait-on, à son nouveau best-seller. Neuf heures moins cinq. La sonnerie du cinéma grésillait. Il y avait encore une vingtaine de personnes devant moi. Au guichet, un gros homme, la bouche collée au parlophone, pleurnichait : — Des strapontins ? C’est tout ce qui vous reste ? J’ai quitté brusquement la file, furieux. Un strapontin, merci bien ! J’aurais dû accepter le billet de Mme Malvoisier. Sans cet idiot de Marcel… J’ai traversé le portique de la poste pour reprendre la mobylette, que j’avais laissée boulevard de la République. — Hello ! Marcel. Il venait de garer son vélomoteur au parking, et approchait de sa démarche dégingandée, la cigarette à la bouche, les mains enfoncées dans les poches de son blue-jeans. — Qu’est-ce qui se passe ? on ne va pas au Lido ? — Ils n’ont plus que des strapontins. Tu sais qu’il est 9 heures ? — Ce n’est pas de ma faute, vieux ! Juste comme je sortais, ma mère m’a demandé… Je l’écoutais à peine : Marcel avait toujours en réserve un lot de bonnes excuses. — Dire qu’on m’a offert une place, et que j’ai refusé ! — Désolé pour toi, mon petit père, sincèrement… Qui c’était, la bonne âme ? — Mme Malvoisier. — La femme de l’écrivain ? — Oui. Marcel a ôté de ses lèvres la Royale, a poussé un sifflement connaisseur. Ses yeux brillaient, vilainement. — Elle était seule ? — Oui, son mari est couché. Migraine. Marcel a gloussé : — Il risque de ne pas dormir beaucoup, le grand homme ! Il y a fiesta au parc de Bonanza, ce soir. Attaque de train, fusillade et tout le tremblement. Leur villa est tout près… Au fait, si on y allait, à Bonanza-City ? Puisque le cinéma, c’est cuit ? J’ai fait la moue : — Moi, tu sais, les cow-boys… Marcel m’observait en tétant sa blonde. — Il te manque peut-être l’autorisation de ta tante ? J’ai grogné : — Ça va, d’accord, là ou ailleurs… J’ai enfourché la mobylette. A quelques mètres la Honda de Marcel pétaradait déjà. Nous avons remonté le boulevard, la rue Gambetta. Marcel, mains dans les poches, chantait à tue-tête. Sa lourde crinière rousse flottait au-dessus de lui comme un nimbe. Il avait une curieuse voix acide. Une voix de castrat, avait décrété tante Lu, qui ne l’aimait pas. Elle l’avait baptisé « l’eunuque ». Elle était injuste. A mon avis, le timbre rappelait assez celui de Claude François. La Honda multipliait les embardées. Nous débouchions boulevard Thiers, nous engagions sur la façade de Foncillon. La circulation devenait dense. La Honda n’en continuait pas moins de tracer ses arabesques. « Il va se faire siffler, ça ne va pas louper. » A ce moment, une grosse voiture nous a doublés, a jeté un appel de phares. La Honda a fait un écart, a rasé le trottoir, a stoppé net. Je me suis arrêté à son niveau. — Elle t’a touché ? — Non. La bagnole ! — Quoi ? — Regarde-la, vite ! J’ai cligné des yeux, ai entrevu deux fanaux rouges massifs, qui déjà s’évanouissaient. — Qu’est-ce qu’elle a, cette bagnole ? — C’était la Chevrolet de Malvoisier ! — Quoi ? Mais c’est impossible, puisque… Marcel a allongé les lèvres : — Puisque madame est au cinéma, et monsieur au lit ! Et moi, j’affirme que c’était lui. Avec une poule à son côté ! — Tu l’as reconnu ? — Non, mais la voiture, oui. Répète exactement ce que la femme t’a dit, à la porte du cinéma. — Qu’à l’instant où ils allaient partir, M. Malvoisier avait été obligé de se coucher. Elle a parlé de migraine. Le visage de Marcel s’est tordu dans un rire muet. — Louche, mon ami, très louche ! Allez, on y va ! — Où donc ? — A leur villa, patate ! On va tirer ça au clair ! Déjà il remettait les gaz, s’éloignait en trombe. Bon gré mal gré, je l’ai suivi. Qu’est-ce qu’il espérait ? Surprendre Malvoisier en flagrant délit d’infidélité ? C’était son vice, à Marcel. Au printemps, quand les dunes de Nauzau abritaient les amoureux, il aimait à guetter les couples enlacés dont il s’approchait avec des ruses de Sioux, et qu’il épiait, bavant d’une excitation obscène. Deux ou trois fois, malade de honte et de peur, je m’étais laissé embarquer dans ces équipées. Je constatais que ce soir encore je lui obéissais, attentif à rester dans le sillage tracé par le lumignon rouge de la Honda. « Si tante Lu me voyait ? Elle qui me croit paisiblement enfoncé dans un des fauteuils du Lido ! » Bah ! je n’étais plus un bébé, j’avais seize ans en octobre. D’ailleurs tout cela était moins grave que ridicule, et Marcel en serait pour ses frais d’imagination. Le coupé Chevrolet de Malvoisier ne devait pas être un modèle unique à Royan, au mois d’août. Était-ce seulement une Chevrolet ? Personnellement, je n’avais rien vu. Nous suivions lentement la longue avenue de Pontaillac, encombrée comme à l’accoutumée. A la hauteur du Casino, nous nous sommes arrêtés : un agent bloquait le passage. Deux voitures venaient de se tamponner, des gens palabraient, au milieu d’un cercle de badauds qui encombraient la chaussée. Couché sur sa machine, Marcel faisait hurler son moteur. — Neuf heures et quart ! On va rater le spectacle ! Sa main trépignait sur la manette des gaz. De quel spectacle parlait-il ? La fête, à Bonanza-City, était tout juste commencée… Nous sommes repartis au pas. Nous avons quitté la ville, avons absorbé les quatre kilomètres de corniche à bonne allure. Nouveau piétinement à Saint-Palais, où une marque de biscuits offrait un feu d’artifice sur la plage. Foule dans les rues étroites, bouchons interminables, CRS à chaque carrefour. L’énervement de Marcel croissait : — On n’arrivera jamais à temps. On aurait dû prendre la 141, par Vaux. Nous avons réussi enfin à nous extraire de la station, et à nous lancer sur la route de la Grande-Côte. Il était 9 h 20 passés, quand nous avons arrêté nos véhicules au premier parking du parc d’attractions. Pardessus la palissade, on apercevait la foule massée autour de la petite gare illuminée. Des cow-boys aux faces patibulaires sortaient du saloon, les pouces au ceinturon. Les chevaux piaffaient. L’air puait la sueur, le crottin, la poussière. En courant, nous avons traversé la départementale 25, nous sommes engagés dans l’allée privée qui menait à la villa des Malvoisier. Presque aussitôt Marcel a quitté le chemin et s’est faufilé entre les pins, pour contourner la maison. Nous avons franchi sans difficulté le mur de clôture, nous nous sommes retrouvés dans le parc, à l’arrière de la villa, dont nous entrevoyions la masse informe à quelques mètres, parmi les lauriers-roses et les tamaris. A notre gauche, les phares d’une voiture scintillaient vaguement, comme deux gros yeux assoupis. — Tu vois, ai-je soufflé à Marcel, la Chevrolet est là. Elle n’a pas bougé. Une angoisse sauvage me vrillait le cœur. Était-ce le silence ? La conscience de la grossièreté de notre intrusion ? Si tante Lu me voyait… J’aurais voulu prendre mes jambes à mon cou, repasser le mur, revenir à la route… — Chut, écoute… Un oiseau s’ébrouait dans les feuillages. Là-bas, un halètement poussif, le tintement grêle d’une cloche : le petit train approchait de la gare, où des hors-la-loi embusqués se préparaient. — Puisque je te dis qu’il est couché ! — En tout cas, il ne dort pas. Lève la tête. Par là… A l’une des fenêtres au-dessus de nous, un mince trait de lumière filtrait entre des rideaux. — Le plus simple est de nous en rendre compte par nous-mêmes. Approche… — Non ! J’avais très peur, maintenant. — C’est dégueulasse, ce qu’on fabrique ici ! Il vaut mieux partir, je t’assure. — Chochotte ! Tu ne vas pas encore te dégonfler, non ? La voix de Marcel était rauque. Il avait posé des doigts fourmillants sur mon épaule. Il faisait très noir sous les arbres, et je ne distinguais pas les traits de son visage, mais je devinais le retroussis des lèvres, les narines palpitantes. — Je te parie que Malvoisier est en train de s’envoyer une pépé ! On ne va quand même pas manquer ça ! Tiens, je te fais la courte-échelle. A toi l’honneur ! Il s’est adossé à la muraille, a croisé les mains. — Allez, grouille ! Je me suis hissé, comme un somnambule. Les mains, les épaules. J’ai opéré un rétablissement sur le rebord de ciment, je me suis redressé. — Tu vois quelque chose ? — Non… Attends. Je venais de repérer le défaut des rideaux, je plaquais mon œil contre la vitre. Et le sang me jaillissait aux joues. Mes jambes s’affaissaient sous moi. J’ai dû m’accrocher au montant de la fenêtre pour ne pas basculer à la renverse. Un lit carré, immense. Deux corps enchevêtrés, soulevés d’une même houle lente. La lumière d’un chevet gicle sur les peaux nues, d’une blancheur laiteuse. — Alors ? Je regarde, effrayé, fasciné. Malvoisier se détache légèrement. Ses lèvres barrées d’une fine moustache glissent sur une épaule, happent un sein. Il vire sur le flanc. Et je reçois à la face, brutalement, un magma de chairs velues, prolongées d’un visage dont la bouche ouverte semble crier. — Attention ! Je me suis laissé aller, j’ai atterri sur le sol mou, entraînant Marcel dans ma chute. — Qu’est-ce qui te prend ? — Viens vite ! Vite, je te dis ! Je me suis mis à courir, Marcel sur mes talons. Le mur, la sente sous les pins, le chemin forestier… Un instant, je me suis arrêté pour reprendre mon souffle. Mon cœur me faisait mal. — Tu as vu quelque chose ? — Oui, Malvoisier… dans son lit… — Seul ? — Évidemment ! Il lisait. Je suis sûr qu’il m’a aperçu. Il a fixé la fenêtre, a fait mine de se lever. C’est alors que j’ai sauté. J’ai repris ma galopade. Quand j’ai atteint la route, je me suis accoté contre un pin de bordure. A quelques mètres, le souffle râpeux de la locomotive, qui montait la dernière rampe. Un bref hennissement. Un silence d’attente.

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