Kenza sortit de sa salle d’examen, un sourire aux lèvres. Elle avait toujours été la meilleure de sa promotion et espérait que ce serait encore pareil cette fois. Fatiguée, elle décida de rentrer chez elle lorsque quelqu’un l’interpella. Cette voix… elle la reconnaitrait entre milles. Pivotant lentement comme la fois où il l’avait appelé dans les toilettes, Kenza fit face à Stanley qui était déjà près d’elle. Il lui sourit, laissant apparaitre deux rangées de dents extrêmement blanches, manquant de la faire fondre.
- Alors petite princesse, où vas-tu aussi vite ?
Princesse ? Il venait de l’appeler princesse ? Elle ?
- Euuh, je…j’allais…je rentrais chez moi, répondit-elle en se mordant la lèvre inférieure.
Pourquoi fallait-il toujours qu’elle bégaie en sa présence ? Stanley risquait de vraiment croire qu’elle ne savait pas parler normalement.
- Déjà ? s’étonna Stanley. On vient à peine de terminer les examens et il y a un match dans un quart d’heure. Tu ne veux pas le suivre ?
- Je ne préfère pas, répondit Kenza sans bégayer cette fois-ci, et à sa plus grande satisfaction.
- Tu n’aimes pas le football ?
- Si, si j’adore mais…c’est que…
- Il n’y a plus rien à ajouter alors. Je t’invite ! On va prendre des glaces et nous suivrons ensuite le match, trancha-t-il d’une voix qui n’attendait pas de refus.
Kenza fit les grands yeux. Il venait de l’inviter à suivre un match et à prendre une glace…que devait-elle faire ? Rire ? Pleurer ? Le remercier ? Sans qu’elle ne parvienne à trouver quoi répondre, Stanley lui prit la main et lui sourit. Incapable de refuser une invitation aussi tentante, elle le suivit d’un pas hésitant. Stanley avait l’air complètement à l’aise tandis qu’elle baissait la tête face aux regards haineux des autres étudiantes.
Ils passèrent l’après-midi ensemble et Kenza finit par chez elle, un sourire béat aux lèvres.
- Salut maman ! lança-t-elle gaiement.
- Salut ma chérie, répondit Pamela qui lisait un magazine. Tu rentres bien tard aujourd’hui. Et…ce sourire ? Seraient-ce seulement les examens qui te donnent un air aussi guilleret ?
Kenza s’assit près de sa mère en riant.
- Effectivement, les examens étaient abordables mais bon, ce n’est pas seulement ça qui me met dans cet état.
- Ah…, fit Pamela en lui souriant.
- Ça ne te fait pas plaisir que pour une fois je ne rentre pas complètement atterrée parce qu’on m’avait humilié ? questionna Kenza pour la taquiner.
- Bien sûr que ça me fait plaisir. Tu sais que je donnerai tout ce que j’ai rien que pour te voir sourire de la sorte tous les jours. Alors, tu me raconte ? ajouta-t-elle en lui faisant une œillade.
Continuant de rire, Kenza la prit simplement dans ses bras et plaqua deux baisés sonores sur chacune de ses joues.
- Bientôt ! répondit-elle ensuite.
- Ok.
- Je vais me doucher.
- D’accord mon ange. Fais vite et descend qu’on puisse dîner. - Compris. Ah au fait maman ! - Oui ?
- Je…j’ai envie d’aller au bal de fin d’année.
- Ah bon ?s’étonna Pamela. Mais tu…bon ok ! coupa-t-elle en affichant un sourire. C’est bien que tu décides de t’amuser un peu. Je te trouverai une belle robe pour l’occasion.
- Merci beaucoup maman ! Tu es la meilleure.
Elle monta ensuite à quatre pattes l’escalier en direction de sa chambre puis s’allongea sur son lit en baldaquin, le regard rivé au plafond. Elle se remémora la journée qu’elle venait de passer. C’était tout simplement ouf ! Mais ce qui était encore plus merveilleux, était le fait que Stanley après l’avoir déposé devant chez elle quelques minutes plutôt, l’avait embrassé. Oh, ce n’était qu’un effleurement chaste sur les lèvres mais cela avait suffi à embraser tous ses sens. Pour la première fois de sa vie, un homme s’intéressait à elle et ce n’était pas n’importe lequel…
Kenza à souvenir en pensant à ses souvenirs tellement récents. C’était tellement bizarre que Stanley s’intéresse à elle…N’avait-il pas la moitié des filles de l’université à ses pieds ? Kenza secoua vivement la tête. Stanley l’avait invité elle et en aucun cas elle ne devait se mettre à penser à ce que diront les autres. Ne lui avait-il pas montré à plusieurs reprises qu’il s’en foutait de ce que pouvait dire son entourage ? Se levant avec détermination, elle se dirigea vers sa salle de bain et entreprit de prendre une bonne douche, tout en continuant à rêver de son prince charmant.
***
- C’est demain le grand jour frérot ! taquina Stanley, Ricardo.
- Tu me dégoutes, répondit Stanley en lui lançant un regard noir. Pourquoi fais-tu tout cela ?
- Arrête de jouer à la poule mouillée Stan et avoue que cette situation t’arrange énormément. Penses-tu que je n’ai pas remarqué comment tu regardais cette…patate ?
- Ne l’appelle plus jamais comme ça ! s’écria-t-il en serrant les poings.
Cela ne parvint qu’à faire rire Ricardo.
- Tu prends sa défense…Cette fille est raide dingue de toi mon cher Stan. Et peut-être qu’elle est vierge. Tu aimes les petites innocentes pas vrai frangin ? reprit Ricardo d’un ton railleur.
- Tu n’es qu’un ignoble personnage. Je me demande pourquoi je ne vais pas tout raconter aux parents !
- Juste parce qu’ils ne te croiront pas. Ils prendront cela pour une excuse, tu le sais autant que moi Stan.
Le pire était que Stanley savait qu’il avait raison. S’il décidait de parler du pari à son père, il ne le croirait jamais et prendrait cela comme un signe de faiblesse pour ne pas remplir ses obligations. Pour Ricardo, ce n’était qu’un jeu pour le rabaisser, puisqu’ils ne s’étaient jamais entendus.
- Trêve de bavardages inutiles, reprit Ricardo. Demain, fais toi cette fille et apporte moi la preuve.
- Comment ça la preuve ?questionna Stanley d’un air ahuri.
- Tu ne penses pas que je vais te laisser me douiller pas vrai ? Tu feras une vidéo !
- Hors de question ! C’est ma parole ou rien du tout d’accord ? Je refuse de l’humilier de cette manière.
- Bon ok ! fit Ricardo en haussant les épaules. Comme tu voudras.
- Je te jure que jamais je ne te pardonnerai ce que tu es en train de me faire. Je ne comprends vraiment pas où tu veux en venir avec cette histoire de pari. Je vois très bien que pour toi tout ça n’est qu’un jeu lequel tu essaies de me faire perdre la face aux yeux de l’équipe parce que tu es jaloux. Mais tu n’y arriveras pas sale enfoiré !
Ricardo éclata de rire lorsque Stanley jeta sa raquette par terre et s’éloigna à grands pas vers sa chambre.
***
- Maman, je risque d’être en retard !
Kenza soupira et se regarda une fois de plus dans le miroir en face d’elle. Elle était impatiente, très impatiente d’aller au bal, au bras de Stanley. Il ne pouvait rien avoir de plus merveilleux à ses yeux car oui, c’était elle sa cavalière. Sa mère l’avait aidé à se préparer pour la soirée. Robe, escarpins, sac à main assortis, une légère touche de maquillage…elle ne serait sûrement pas la plus belle de la soirée mais au moins, elle semblait différente, pour une fois séparée de ses vêtements de garçon.
- Me voilà ! lança sa mère en entrant dans la pièce.
Kenza se retourna et vit un magnifique collier émeraude entre les mains de sa mère.
- Waouh ! s’émerveilla-t-elle. Il est vraiment beau maman !
- Je sais ma belle. C’est ton père qui me l’a offert à une occasion très spéciale. Il est à toi.
- Mais maman, c’est…essaya de riposter Kenza, émue.
- Shuuut ! ne dis rien, coupa Pamela en souriant. Je veux que tu sois heureuse ma fille. Tu le mérite.
- Merci maman ! réussit-elle à articuler en refoulant ses larmes pendant que sa mère passait le collier qui scintillait à son cou.
Incapable de se retenir davantage, elle fondit en larmes en se jetant dans les bras de Pamela. Son père aurait dû être là. Avec elles ! Sa vie aurait été différente s’il n’était pas parti aussi tôt, pensa intérieurement Kenza.
- J’ai cru entendre un klaxon ! déclara brusquement Pamela en se détachant de leur étreinte. Ton cavalier est là, ajouta-t-elle en lui faisant une grimace.
- Ce n’est pas ce que tu crois, se défendit Kenza en prenant son sac à main. Ce n’est qu’un ami. Rien de plus.
- Je sais ! ironisa sa mère. Fais attention à toi et surtout ne rentre pas trop tard.
- Oook !
Kenza avait déjà franchi le seuil de la porte, excitée, stressée, intimidée. Elle appréhendait énormément cette soirée mais lorsqu’elle vit Stanley sortir de sa voiture dans son costume sombre impeccable, avançant vers elle de sa démarche féline, elle en oublia toutes ses peurs. Il était là, avec elle !
- Salut Kenza, fit-il en lui souriant comme à son habitude. Ta robe te va très bien. Tu es jolie.
- Merci, chuchota-t-elle en rougissant.
- Viens !
Stanley lui tint la portière le temps qu’elle s’installe. Lorsqu’il prit ensuite place à ses côtés, Kenza ne put s’empêcher de retenir sa respiration. Mais même comme ça, le parfum envoûtant de Stanley continuait à s’immiscer entre ses narines, la faisant perdre on ne peut plus la tête. Brusquement, elle se remit à se poser des questions. Qu’allaient dire les amis de Stanley si jamais ils arrivaient ensemble au bal? N’allaient-ils pas essayer de l’humilier comme à leur habitude ? Secouant légèrement la tête, elle repoussa ses incessantes réflexions. Stanley ne l’avait-il pas invité de lui-même ? Alors, il n’y avait aucun problème. Elle n’avait pas à s’inquiéter. Tournant la tête vers lui, elle se rendit compte qu’il avait la mâchoire crispée. Même s’il n’arrêtait pas de lui sourire par moment tout en conduisant, elle sentait qu’un truc n’allait pas. La tension était beaucoup trop palpable…Prenant son courage à de mains, elle décida de lui poser la question.
- Stan, commença-t-elle d’une voix mal assurée. Que t’arrive-t-il ? Tu as l’air…bizarre.
- Ce n’est rien.
- Je ne te crois pas ! répliqua-t-elle avec ardeur. Dis-moi franchement ce qu’il y a. Tu as changé d’avis c’est ça ? Tu ne veux plus aller au bal avec moi ?
Elle avait posé la dernière question en retenant son souffle. Il freina brusquement et se gara sur le côté. Il se tourna ensuite vers elle et plongea ses yeux ténébreux dans les siens. Kenza se mit soudain à frissonner sans trop savoir le pourquoi.
- Je n’ai jamais changé d’avis à ce sujet, Kenza. C’est juste que ce qui m’arrive est trop difficile à expliquer. Tu risques de me prendre pour un salop.
- Non, je ne ferai jamais rien de tel Stanley ! Vas-y dis-moi…
Stanley prit une profonde inspiration et détourna la tête.
- J’ai envie de te f***********r Kenza. Je te désire !
Comme elle ne s’attendait pas du tout à ce genre de révélation, Kenza sursauta violemment. Stanley Miller disait la désirer…c’était sûrement une blague de mauvais goût.
- Je t’ai fait peur ! reprit-il. Je suis désolé. Vraiment…Dis-moi juste quelque chose s’il te plait.
Elle continuait par le fixer d’un air ahuri, comme si d’un moment à l’autre, il allait éclater de rire et lui dire que bien évidemment, il plaisantait. Mais au lieu de cela, Stanley se contenta juste de rapprocher un peu plus son visage contre le sien.
Que devait-elle faire ? Ça faisait à peine quelques jours…
Perdue dans ses pensées, Kenza ne sut ce qui se passait que lorsqu’elle sentit les lèvres de Stanley sur les siennes. Il l’embrassait. Ce n’était pas le genre d’effleurement amical ou chaste mais un vrai baisé, qui était plein de sous-entendus. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait ni la brusque chaleur qui commençait à se répandre entre ses cuisses mais une chose était claire : Stanley serait son amant ! Le premier…A moins que tout cela n’était qu’un jeu pour l’humilier encore une fois…Non ! s’intima-t-elle intérieurement. Stanley ne serait jamais capable de lui faire un coup pareil. Il l’avait toujours défendu.
- Faisons-le ! s’entendit-elle soudainement.
Stanley se figea comme s’il prenait le temps d’assimiler ce qu’elle venait de dire. Puis il se redressa, mettant fin à leur brûlant baisé.
- Tu…tu viens de dire que tu veux que nous fassions l’amour…tu es sûre ?
- Oui ! déclara Kenza en retenant en vain le tremblement de sa voix.
- Ecoute Kenza. Je sais que tu m’aimes bien mais cette…
- Je suis majeure et je sais ce que je fais ! le coupa-t-elle sans ciller. En plus tu m’as montré que tu n’étais pas comme les autres ! J’ai…j’ai un peu peur mais je te fais confiance.
Il se sentit gêné devant tant de naïveté. A un moment il avait pensé à tout jeter à l’eau mais c’était impossible. Les dés étaient jetés.
- Je veux découvrir ça avec toi, continua-t-elle de voix un peu plus assurée.
- Tu es vi…
- Oui ! Ça fera mal ?
- Non. Je te promets que je ne te ferai pas de mal, Kenza…Je te ne ferai plus jamais mal après aujourd’hui ! déclara Stanley avant de remettre le contact et démarrer.
Kenza eut envie de lui demander ce que voulait dire sa dernière phrase, mais elle avait l’esprit ailleurs, trop occupée à penser à ce qui se passerait dans les prochaines minutes…