Chapitre 3

1994 Mots
Dix ans plus tard… -          Zahra, tu vas me faire être en retard ! -          I’m coming ! Kenza s’installa à l’intérieur de sa Rolls et attendit que sa fille descende. Dix ans venaient de s’écouler et ces deux mois à Rio de Janeiro lui avaient fait beaucoup plus de bien qu’elle ne l’espérait. Et oui, il avait fallu qu’elle se prenne des vacances après toutes ces années de travail acharné pour devenir la « nouvelle » version d’elle-même. Et puis…passer un moment seule avec sa fille remontait à si longtemps… Le fait était que pour devenir riche, extrêmement riche, il fallait faire de nombreux sacrifices. Kenza en était bien consciente et rien qu’à penser à tout ce qu’elle avait amassé comme richesse, elle ne pouvait que se féliciter.  Elle sourit en voyant sa fille courir en direction de la voiture. -          Tu es incorrigible petite fille ! Je t’ai toujours dit qu’il fallait se réveiller tôt quand il y a école. -          Désolée m’man, je n’ai pas entendu le réveil, se justifia la petite. En plus comme mémé n’est pas là, c’est difficile de me réveiller toute seule. - Toujours la même excuse ! fit Kenza en démarrant.  - Je fais des efforts. Elles éclatèrent de rire. Sa petite fille était la seule chose qui l’avait motivé ces dernières années. Pendant des mois, Kenza n’était pas parvenue à accepter cet enfant sans avoir une pointe d’amertume dans le cœur, mais heureusement, elle avait compris assez tôt que Zahra n’avait rien à voir avec ses problèmes et de même, elle n’avait pas choisi naître dans des conditions aussi…délicates !   Elle roulait toujours et brusquement, comme cela lui arrivait parfois, ses idées allèrent à dix ans plus tôt et à cette nuit fatidique où Zahra avait été conçue. Une époque extrêmement douloureuse qu’elle avait essayé de railler de ses souvenirs en vain. Tout compte fait, les évènements qui ont succédé cette nuit ont joué un grand rôle dans sa métamorphose.  Kenza déposa Zahra à l’école et ensuite se rendit à Talbi Global Corporation. En partant pour Rio, elle avait tout laissé entre les mains de Selma, son assistante personnelle, gérant quelques affaires  importantes par vidéo conférence mais à présent, il fallait qu’elle reprenne les choses en mains. D’autant plus qu’il y avait des parts d’une certaine entreprise que Selma avait acheté avec son consentement. Mais en fait, Kenza ne savait pas vraiment tout ce qui concernait cette entreprise qu’elle avait sauvé de la faillite grâce à son argent ! Elle s’était juste fié au sens aigu des affaires de son assistante et lui avait donné le feu vert. Pour elle, ce n’était qu’un investissement de plus.  -          Salut Selma ! lança-t-elle à son assistante en se dirigeant vers son bureau, quelques minutes plus tard. -          Bonjour madame. Bonne arrivée ! J’espère que vous avez passé un bon séjour à Rio.  -          C’était bien.  Selma s’éclaircit la gorge et prit place dans le fauteuil face au sien. Kenza ouvrit son ordinateur tout en écoutant son assistante lui faire un résumé des affaires qu’elle avait supervisé. A Talbi Global Corporation, il n’y avait pas de temps à perdre, tout son personnel le savait. Elle n’était pas méchante ou impitoyable mais quand il s’agissait de travail, chacun savait qu’elle n’admettait aucune distraction. -          Ceci madame, est le contrat de l’entreprise que nous venons de sauver de la faillite, dit Selma en lui tendant le document. -          Celui que je t’ai dit de gérer ? -          Effectivement. Compte tenu du fait que vous ne vouliez en aucun cas être dérangée pendant vos vacances et vous m’en aviez donné le feu vert, j’ai racheté la majorité des parts. -          J’ai confiance en ton sens des affaires Selma. Si tu as investi dans cette entreprise c’est que nous aurons notre part de bénéfice. -          En effet, madame. Il s’agit d’une entreprise jusqu’ici très prestigieuse. Il y avait eu un lancement d’appel d’offre pour racheter certaines parts mais les gens ne voulaient pas le faire à cause de la gravité de la situation. J’ai cependant revu minutieusement tous les paramètres et j’en suis venue à la conclusion qu’il nous sera bénéfique d’y investir. J’ai donc signé le contrat en votre nom et j’ai demandé au propriétaire de nous accorder une semaine le temps que vous lisiez posément le contrat. Au cas où vous n’êtes pas intéressez, on pourra toujours tout annuler. - Selma… ! fit Kenza d’un ton las. Son assistante rougit. Selma  avait un grand potentiel dans les affaires mais son seul défaut était son manque de confiance en elle-même.  -          Tu sais très bien que l’argent n’est pas mon souci, Selma et si tu as jugé bon d’acheter les parts, j’en entièrement confiance en ton jugement. Je lirai tout de même posément le contrat. -          D’accord, répondit-elle en reprenant une bonne posture dans son siège. Demain vous avez une réunion dans ladite entreprise pour rencontrer le conseil d’administration et quelques membres du personnel.  -          Je ne m’intéresse pas vraiment à cette entreprise, dit Kenza en replongeant son nez dans son ordinateur. Nous avons beaucoup plus gros à gagner avec la Holding des James. Nous devons à tout prix avoir ce contrat. Demain j’enverrai Kurt à… c’est quoi le nom déjà ? -          Miller Corporation. Kenza leva automatiquement la tête. Son cœur se mit à battre. -          Tu viens de dire Miller ?  -         Euuuh, oui. -          C’est qui le propriétaire ? questionna-t-elle d’une voix soudainement rauque alors qu’elle savait déjà tout au sujet de cette entreprise familiale. -          Monsieur Jake Miller mais il a laissé la direction à son fils tout récemment. Stanley Miller. Il est rentré des Etats-Unis il y a quelques semaines, répondit Selma en consultant ses fiches, ne remarquant pas l’expression d’effroi qui venait de se peindre sur le visage de sa patronne. C’était l’un de ses cousins qui s’occupait de la gestion avant que les choses ne commencent par mal se passer… Jake Miller l’a donc retiré de ses fonctions. -          Ok, ok, j’irai à cette réunion ! la coupa brusquement Kenza. Envoie-moi l’heure et le lieu par messagerie. Tu peux disposer. -          Ok. Selma sortit en refermant derrière elle.  « Ce n’est pas possible ! » grinça Kenza en quittant son siège.  Pourquoi était-il revenu ? Dix ans, cela faisait dix ans elle priait nuit et jour pour ne plus jamais avoir à le croiser…mais maintenant, non seulement ils allaient se revoir, mais aussi ils allaient travailler ensemble ! Non, c’était le comble. Elle fit quelques pas vers la baie vitrée qui donnait une vue resplendissante sur les grands immeubles de Marrakech, le rues bondées, la foule qui se précipitait ici et là et loin, très loin la mer…Kenza se détacha de ce spectacle anodin et alla à nouveau s’installer dans son fauteuil. Les souvenirs ressurgissent aussi violemment que d’habitude. Flash-back… -          Où allons-nous Stan ? -          Dans un endroit où nous pourrons être seuls.  Ils continuaient de s’engouffrer dans la noirceur de la nuit, à vive allure. Kenza sentait Stanley stressé, tendu. Ils auraient dû aller au bal…ils se rendirent dans une maison déserte un peu loin de la ville. Elle appréhendait ce qui allait se passer…, timidement, elle avait pris place dans l’un des grands fauteuils et avait croisé ses jambes tremblotantes. Ils avaient bu du vin, juste un peu. Ensuite la regardant droit dans les yeux, Stanley s’était rapproché, il l’avait embrassé et lorsque lentement, il avait ouvert la fermeture éclair de sa robe et fait glisser les brettelles de sa robe, elle n’avait pas bronché. Était-ce de la curiosité ? De l’excitation ? Kenza n’aurait su dire clairement ce qui l’avait poussé à agir de la sorte. Elle s’était offerte à lui sans réserve. Il lui avait pris sa virginité en lui susurrant des mots d’amour à l’oreille. C’était le plus beau jour de sa vie à elle.  Pendant qu’il lui faisait fiévreusement l’amour, yeux plongés dans les siens, Stanley avait l’air de l’homme le plus comblé au monde. C’était ce que pensait Kenza. Il lui avait arraché des gémissements, des soupirs grâce à ses caresses. Kenza avait vécu ces instants de plénitude avec joie. Sa première fois avait été magique. Elle se souvenait encore de tout comme si c’était arrivé la veille. Pourtant un bonheur si intense n’avait été que de courte durée. L’homme qui l’avait fait sienne avec une passion indescriptible avait changé du jour au lendemain. Il ne répondait plus à ses messages encore moins à ses mails. C’était carrément impossible de le voir. Elle n’arrivait pas à comprendre et s’inquiétait du fait qu’il lui était peut-être arrivé quelque chose mais plus les jours passaient, plus il fallait se rendre à l’évidence. Kenza avait fini par comprendre que Stanley s’était joué d’elle. Il n’avait jamais été sincère. Elle s’était sentie idiote d’avoir cru qu’il pourrait s’intéresser vraiment à elle ! Il avait laissé sa marque dans sa chair et s’était enfui comme un voleur. Il lui avait volé ses illusions et mis en miettes ses sentiments. Elle était si jeune mais pourtant déjà maman… Elle avait tout de même gardé espoir qu’il vienne un jour se justifier mais tous ses espoirs moururent ce jour où elle découvrit une photo du père de l’enfant qui grandissait en elle dans un magazine, et pire au bras d’une ravissante femme. Mariés ! disait l’article. -            Madame ! -            Hum ? fit Kenza en sursautant. Selma se tenait devant elle, la mine inquiète. -            Ça fait cinq minutes que je suis là et… Gênée, Kenza s’éclaircit la gorge. Elle ne s’était même pas rendue compte que son assistante était rentrée dans son bureau et tout cela à cause de ses foutus souvenirs ! Jamais elle ne se laissait distraire à son boulot mais penser à Stanley la mettait toujours dans cet état second…  -            Ecoute, fit-elle à l’endroit de Selma sans même prendre la peine d’écouter ce qu’elle était venue lui dire. Annule tous mes rendez-vous, je ne veux recevoir aucun appel. J’ai quelque chose d’important à faire. Que tout le monde rentre plus tôt que d’habitude. Quinze heures c’est bien, ajouta-elle en consultant sa montre. Puis elle prit son sac et se leva. -            D…d’accord madame ! répondit Selma ne comprenant pas ce qui se passait.  
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