CHAPITRE 18 — Sa cousine 18

975 Mots
Éric Je ne dors pas. Je laisse mon corps peser contre elle. Je respire lentement. Je laisse croire que je me suis abandonné au sommeil. Mais en vérité… c’est tout l’inverse. Je suis en feu. Il y a sa main dans mes cheveux. Son souffle contre mon front. Son odeur. Son silence. Tout est trop réel. Trop vivant. Trop….. Son corps contre le mien est une énigme insoluble. Une évidence impensable. Sa chaleur me consume à petit feu. Et pourtant, je reste. Je ne pars pas. Je n’arrive pas à décrocher. Je devrais. Je devrais me lever. Regagner ma chambre. Me glisser dans le lit conjugal. Étirer le mensonge. Préserver l’illusion. Faire comme si rien n’avait eu lieu. Mais je reste là. Prisonnier de cette chambre, de cette femme, de cette nuit. Je sens son cœur battre contre mon bras. Régulier. Calme. Trop calme. Et moi, je tremble. Ses doigts quittent mes cheveux. Descendent lentement sur ma nuque. Puis mon dos. Légers. Précis. Profonds. Je ferme les yeux. Je retiens ma respiration. Je sais ce qui va venir. Je le veux. Je le redoute. Elle ne dit rien. Elle ne guide rien. Mais tout est dans ce contact. Cette lenteur calculée. Cette présence brûlante. Et je cède. Je lève les yeux vers elle. Elle me regarde déjà. Elle n’a pas besoin de parler. Tout est là, dans ses pupilles dilatées, dans sa bouche entrouverte, dans cette attente muette qui palpite entre nous. Je me redresse à demi. Mon front touche le sien. J’entends nos souffles qui se mélangent. Je pourrais reculer. Je pourrais lui dire non. Mais mes mains se referment sur ses hanches. Et je l’embrasse. Pas un b****r précipité. Pas une pulsion incontrôlable. Non. Un effondrement. Une reddition lente, complète. Je me perds dans sa bouche, dans sa langue, dans sa chaleur. Mes doigts s’enfoncent dans sa peau nue. Je la sens vibrer sous moi. Vivante. Présente. Indispensable. Elle gémit à peine, contre ma bouche , fragile , brûlante. Et je perds pied. Ma bouche quitte ses lèvres pour descendre sur sa gorge. Puis sa clavicule. Sa peau a le goût de sel, de peau, de Jade. Mes mains soulèvent lentement son tee-shirt. Elle lève les bras sans un mot, me laissant la dénuder, morceau par morceau. Elle est nue sous moi. Nue dans tous les sens du terme. Pas seulement le corps. Mais l’âme. Je la regarde. Et c’est vertigineux. Elle ne sourit pas. Ne joue pas. Elle est juste là. Entière. Silencieuse. Offerte. Et je ne peux plus reculer. Je me débarrasse de mes vêtements dans un silence tendu. Nos regards ne se quittent pas. Il y a quelque chose de sacré, presque, dans cette tension. Quelque chose d’interdit, de dangereux, mais aussi de nécessaire. Je me glisse entre ses jambes. Elle ouvre les cuisses lentement, me guidant sans dire un mot. Et je la pénètre. D’un coup lent , profond , total. Je m’enfonce en elle comme on entre dans une vérité qu’on a trop longtemps niée. Et je me perds. Son corps m’enveloppe. Me retient. Me capture. Chaque mouvement est une prière. Une confession. Une chute. Nos bassins se cherchent, se trouvent, s’alignent. Elle m’accueille avec une douceur féroce. Sa bouche effleure ma tempe. Elle gémit, bas, contre mon oreille. Je m’accroche à elle comme on s’accroche à la seule chose qui tient encore debout. Je veux faire durer ce moment , cette intensité qui me lie à elle . J'aime la sentir autour de moi , me serrer comme un étau . Je veux rester là, suspendu entre deux mondes, deux vies, deux vérités. Je veux prolonger ce moment d’oubli , de feu , de mensonge et de beauté. Mais elle me pousse à bout. Elle cambre les reins. M’enlace plus fort. Murmure des mots que je ne comprends pas. Peut-être mon prénom. Peut-être rien. Et je me brise. Je me livre. Je jouis en elle dans un râle sourd, étouffé contre son cou, le souffle court, le cœur en vrac. Je reste là, en elle. Encore. Longtemps. Nos corps collés, humides, chauds, épuisés. Puis je me retire. Lentement. Le monde revient. Trop vite. Je sens le poids de mes actes. De mes choix. De mes silences. Je m’assieds au bord du lit. Le tee-shirt est là, au sol. Je le ramasse, le passe. Mes mains tremblent. Ma gorge est sèche. Je n’arrive pas à respirer normalement. Mon cœur cogne toujours dans ma poitrine. Elle me regarde. Toujours. Calme , brûlante. — Tu vas retourner dans sa chambre ? Sa voix est posée. Mais derrière, il y a la lame. La blessure. Le défi. Je hoche la tête. Je n’ai même pas la force de mentir. Elle ne dit rien d’autre. Elle ne supplie pas. Ne détourne pas les yeux. Elle pose une seule phrase. Tranchante. Nue. — Reviens demain , ou ne reviens plus. Et je comprends que c’est un choix. Que la porte se refermera. Peut-être à jamais. Mais je ne suis pas prêt. Je me lève. J’ouvre la porte. Le couloir est noir. Silencieux. Hostile. Chaque pas me brûle. Chaque pas me déchire. Je pousse la porte de ma chambre. Clara dort, paisiblement. Sa respiration est lente. Égale. Je la regarde un moment. Cette femme que j’ai aimée. Que j’aime peut-être encore. Qui ne sait rien. Qui, si elle savait, s’effondrerait. Je me glisse dans le lit. Elle bouge à peine. Son bras passe sur mon torse. Automatique. Machinal. Et moi… je ferme les yeux. Mais je ne dors pas. Parce que mon corps est ailleurs. Mon cœur aussi. Et mes pensées reviennent en boucle. À Jade. À ses mains. Sa peau. Sa voix. À ce moment volé. Et le pire ? C’est que je ne regrette rien. Pas encore. Pas tout de suite. Mais je sais que l’ombre viendra. Et qu’elle aura ses yeux.
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