Un beau réveil dans le village qui est réputé d'être une oasis de paix ou règne l'hospitalité la tolérance et la solidarité. Le soleil venait de naître, il était déjà très haut et ces rayons illuminaient, il était radieux et chaud, quoi de plus beau que d'étendre son linge après l'avoir bien lavé pour le sécher et l'assainir. C'est en ce moment que Siga sortit ses habits déjà lavés pour le faire sécher sur l'étendoir qui se trouvait derrière la cour de la maison. Souvent, elle le faisait sans que personne ne s'en aperçoive, mais cette fois, Ndeye Awa la guettait pour en être sûre de sa découverte, elle se disait que si ce qu'elle a vu ce matin s'avère exact, Siga allait sûrement laver ses habits et les faire sécher
"Wahahahaha" un éclat de rire forcé tonnait derrière elle. Prise de peur et reconnaissant cette voix, elle essaya tant bien que mal de cacher son linge qu'elle s'apprêtait à étendre
-Inutile, je t'ai déjà vu lui dit ndeye Awa sur un ton amusé
Souffle coupé, elle se retourna et tomba sur sa belle-sœur qui reprit encore sur un ton moqueur
- comme ça la belle demoiselle fait sécher ses layettes, qui l'aurait cru, pas moi en tout cas
Et elle ne partit ni vu, ni connu en continuant de rire aux éclats de plus belle. Siga éclata en sanglot et couru se réfugier dans sa chambre qu'elle partageait avec sa sœur. L'une des jumelles de sa tante, l'ayant vu courir, l'avait suivi ; il faut dire qu'Astou avait un caractère opposé de sa jumelle et elle n'était jamais d'accord avec sa mère dans ses actes sournois. Elle lui demanda ce qui l'avait mis dans cet état mais Siga était incapable de répondre, elle cacha son visage dans ses mains, ses sanglots se faisaient plus fort et se résonnaient dans toute la pièce. Astou pris peur parce qu'elle ne l'avait jamais vu pleuré ainsi de toute sa vie, elle était triste pour elle. N'ayant pas réussi à la calmer, elle sortit appeler sa tante Penda qui, était dans la cuisine en train de rincer ses cacahuètes qu'elle allait vendre le soir
- Tata, tata va voir Siga s'il te plaît, elle est en train de pleurer. Dis Astou toute essoufflée
Cette dernière devinant la cause de ses larmes sortit brusquement de la cuisine en demandant à Astou de surveiller ses arachides sans penser aux conséquences. Elle trouva Siga recroquevillée sur elle-même en hoquetant difficilement
- Siga looy dioye (Pourquoi tu pleures Siga)
La jeune fille ne répondit pas et repris de plus belle.
- yaw wouyouma lougne la def (répond moi, qu'est qu'on t'a fait) reprit sa mère avec un cœur lourd et une voix désolante
- Maman sniff, c'est Ndeye Awa, elle a découvert que... que je… je… sniff… maman....
Cette réponse tomba comme un coup de tonnerre, Mère Penda se sentit impuissante face à la douleur de sa fille. Elle aimerait tellement être à sa place, souffrir à sa place, elle demanda à cet instant à Dieu de lui transférer cette douleur, de la libérer de cette maladie et d'apaiser son cœur. Ah une maman, que ne ferait-elle pour ne pas voir sa fille souffrir ?
- Elle ne s'arrêtera donc jamais cette femme, mais attend Siga, qu'est qu'elle t'a dit exactement
Siga sur un ton à la fois larmoyant et lugubre lui narra le bref monologue de sa belle-sœur. Ces sanglots étaient doublés, sa mère essaya tant bien que mal de la calmer mais en vain. Il faut dire que cette maladie l'avait rendu en écorché vive, la larme lui été facile, elle pleurait pour tout et pour n'importe quoi. Mais les larmes de cette fois n'avaient rien à voir avec celle qu'elle avait l'habitude de sortir, son secret a été découvert et connaissant ndeye Awa elle fera tout son possible pour que toute la maison soit au courant. Siga pensait à la honte qu'elle allait se taper si toutefois qu'on se manquerait d'elle. Quoi que l'on puisse dire, c'est une honte de faire pipi au lit à son âge, une situation gênante, voire humiliante ; et ce n’est pas agréable de se réveiller dans un lit trempé d'urine. Certaines personnes l'auraient dit qu'elle le faisait exprès, et qu'elle n'a qu'à se réveiller pour aller aux toilettes, mais ce n'est pas facile. Siga avait beau contrôlé son sommeil pour pouvoir se lever à temps quand l'envi lui prenait mais, elle ne voyait rien venir, elle ne se retient jamais et ne s'en rendra compte qu'au réveil. Je n’aurai jamais une nuit au sec, se disait-elle, souvent avec des larmes de honte.
- Soit forte ma fille, soit forte le chemin est long mais, tu arriveras au bout du tunnel. Bats-toi et n'oublie jamais que rien ne dure éternellement
Cette phrase fit déclic et se répétait en boucle dans sa tête. Si seulement elle pouvait se relevait, elle n'avait plus confiance, elle décourageait de jour en jour
- Maman, je suis fini, le sort est vainqueur (comme disait Hugo), je suis condamnée à jamais dit-elle désespérée
- Que je ne t'entende plus jamais dire cela. Tu ne crois donc plus à Dieu Siga
- Maman je… je... sniffff
Sa mère la regarda longuement avant de se lever avec un cœur meurtri et sortit de la chambre. Elle tomba sur Badiéne Sanou qui lui lança un regard de travers, elle l'a calculé pas et se dirigea vers la cuisine non seulement elle ne trouva pas Astou qui était sensée de lui surveiller sa marmite, mais pire encore, les arachides qu'elle avait déposées sur la table en attendant l'ébullition de l'eau s'étaient retrouvées dans la marmite sur le feu, avec de l'huile versée dessus et une tonne de sel. Elle se disait qu'Astou ne pouvait pas lui faire cela, elle se mit à sa recherche et quand elle la vit balayé la chambre de sa mère, elle comprit que c'était cette dernière qui lui avait intimé l'ordre de quitter la cuisine mais, ne savait toujours pas qui était à l'origine de ce sabotage. Il fallait qu'elle le sache. Mais une fois qu'elle lui posa la question, Astou eu honte et baissa la tête en grattant sa nuque ; au même moment sa mère apparaît et lui répondit
- yaw lane la naga bayi sama doom la wakh daga diour ma diour na moudié tay gakay ligueyi lo (Quel est ton problème toi, Tu as enfanté comme moi, alors que ce soit la dernière fois que tu fais travailler ma fille.)
Mére Penda n'accorda pas crédit à ses paroles et continua à demander à astou la responsable de cet acte. Yassine lui répondit furieusement que c'était elle
- mane mi la ta bou ma defate ko la wakh dina takh benene yone diga rombe samay doom comme nimay rombè saay doom (c’est moi et si c'était à refaire, je n'hésiterai pas, ça t'apprendra de ne plus calculer mes enfants comme je le fais avec les tiens)
Pourquoi causer le tord à autrui ? Pourtant, Dieu nous l'a interdit mais, certain semble ignorer cet enseignement et d'autres, cela leur est vraiment méconnue ; comme Yacine qui avait comme passe-temps de chercher la pauvre Penda. L'être humain se croit souvent tout permis, piétiné son prochain est une chose banale pour lui, la méchanceté gratuite le nourrit, écrasé les gens comme des vers de terre sans retenue, de nos jours toutes ces choses sont promues
De là, une énorme dispute s'éclata, des paroles plus percutantes que les autres, yacine avait un langage hideux et agissait toujours de façon violente, elle lui sortit toutes sortes d'insultes et d'injures. N'eut été l'intervention de son fils aîné, elle allait en venir aux mains car, elle la menaçait avec le balaie qu'elle avait arraché des mains de sa fille.
Penda a toujours eu ce don de dominer sa rage, elle prit sur elle et tourna les talons la laissant en rogne avec une colère qui fait monter le sang à la tête. Elle ne comprendra jamais le problème de yacine avec elle ; pourtant elle se rappelle, quand elle venait de gagner le domicile conjugal, elle l'avait accueillie à bras ouvert et la considérait comme sa petite sœur. Elle l'avait pris sur son ail et partageait tous qu'elle avait avec elle parce qu’à l'époque, leur mari avait du mal à joindre les deux bouts et Penda l'épaulait financièrement grâce à son petit commerce, mais Yacine avait changé du jour au lendemain, cela lui avait pris de haut mais elle mit ça sur le compte de l'immaturité disant toujours que c'était l'œuvre du diable. Oui bien-sûr que c'était l'œuvre du diable et le diable n'est personne d'autre que Badiéne Sanou, depuis son arrivée dans cette maison, Yacine était devenu une autre personne. Cette dernière la manipulait, l'utilisait à sa guise et lui montait contre penda. Sanou avait divorcé et est venu par la suite vivre chez son frère. Son fils ne voulant pas laisser son travail avait préféré rester vivre à Dakar avec son père mais, venait de temps en temps lui rendre visite.
Après cet incident, Penda en avait gros sur le cœur, elle décida de ne pas vendre ses arachides déjà sabotée et remit tout pour le lendemain, la motivation n'y était plus.
Depuis cet l'incident du linge, Siga évitait de croiser sa belle-sœur par peur qu'elle la catalogue d'énurétique, elle fuyait le regard de cette dernière qui lui lançait des piques des sous-entendus qui avaient donc de lui faire perdre ses moyens mais, elle prenait sur elle et ne la répondait jamais faisant tout pour qu'elle ne la revoit plus en train d'étendre ses habits. Malouine qui était partie passer quelque temps chez sa grand-mère habitant dans un quartier voisin était rentré pour le plus grand plaisir de Siga, elle se disait que si sa sœur était là, elle allait la défendre contre cette mégère mais, décida tout de même de tout lui raconter. Elle emmena un sac d'arachide pour sa mère de la part de Mami. Penda fût contente et soulagée de ne plus aller à la boutique pour gravir ces dettes.
(...)
L'ouverture des classes s'approchait à grands pas. Certains élèves qui étaient partis en vacances étaient même rentrés avec de nouvelles coupes. Siga croisait souvent certains de ses camarades qui étaient pressés d'aller à l'université et de vivre en fin à Dakar, un rêve de tout nouveau bachelier. Mais elle, elle n'était pas sûre d'y aller vu sa maladie elle ne se voyait pas se réveiller dans une même chambre avec ses copines par crainte qu'elles découvrent son secret. Elle était très mal à l'idée d'arrêter ses études à cause de cette maladie.
Daba sa sœur n'arrêtait pas d'appeler sa mère pour qu'elle la laisse venir s'occuper de son inscription. Daba n'était pas encore au courant et avait hâte que sa sœur vienne découvrir Dakar. Fatiguée de ces appels, elle décida de venir jusqu'au village uniquement pour prendre sa sœur, elle pensait que c'était sa mère qui refusait de la laisser venir sous prétexte qu'elle ne connaissait rien de la ville.
- Maman, je ne compte pas passer la nuit ici, je suis venu uniquement pour chercher Siga, elle doit venir s'installer avant l'ouverture des classes pour pouvoir au moins se familiariser avec la ville, les bus.... avant le démarrage de ses cours, dit daba sur un ton autoritaire
- Daba dafal nank Siga ne veut pas aller à l'université
- c'est quel langage ça, maman et tu l'as laisse faire, je connais bien cette fille, elle est juste capricieuse. On dirait même qu'elle est bipolaire avec sa timidité soudaine. SIGA, SIGA elle va bien m'entendre, répondit Daba en se levant pour aller la chercher dans sa chambre
- tu es quelle genre de sœur toi ? Tu n'as jamais cherché à savoir ce qui ne va pas chez elle, ce qui l'a rendu subitement calme, tu es tellement obnubilé par sa réussite scolaire que tu ne te demandes même pas si elle est capable de continuer ses études ou non vraiment Daba tu me déçois
- mais elle a quoi, elle a l'air en forme, toujours belle et. ......Siga est malade maman ou bien, qu'est-ce que tu essaies de me dire là
- oui elle est malade et pas n'importe quelle maladie..... elle fait pipi au lit Daba, Siga souffre de l'énurésie nocturne, elle est fatiguée, elle ne ressemble plus à rien, tu sais qu'elle avait même une bourse pour aller étudier en France, mais elle a refusé d'y aller
- QUOI ? Mais maman pourquoi tu ne m'as jamais rien dit
- Siga a honte que l'on découvre cette maladie, elle est gênée quand on en parle, moi-même elle avait honte de me le dire, je l'ai su grâce à Malouine, elle ne veut pas que les gens s......
- je ne suis pas les gens moi, mais sa propre sœur maman....... il faut qu'on la soigne Siga est très jeune elle ne peut pas rester comme ça toute sa vie aussi, il y a des traitements pour ça
- Daba on a fait le tour des médecins, des marabouts mais... c'est.....
Mère Penda ne pouvait plus continuer sa phrase à cause des larmes qui inondaient son visage. Elle essaya d'étouffer ses sanglots, elle ne voulait pas pleurer devant sa fille aînée... Au même moment, Malouine vint lui demander de répondre à son père. Elle s'essuya ses larmes et prit la direction de la chambre de son mari qu'il trouva sur son tapis de prière, fait de peau de mouton. Elle prit place en attendant qu'il finisse son chapelet. Pendant ce temps, elle s'était adonnée à son, c'est-à-dire penser, son esprit valsait de Siga à son avenir jusqu'à ce que des raclements de gorge lui firent descendre sur terre
- Youssoupha m'a parlé tout à l'heure de son désir de prendre Siga comme épouse, je lui ai dit d'envoyer ses parents demain In shaa Allah. Parle à ta fille le mariage sera célébré dimanche dit Pa Khalil sur un ton très ferme et autoritaire laissant ainsi mère Penda sans voix.
À suivre...