Partie 3

2295 Mots
Un père de famille est censé protéger sa famille, veiller sur son éducation tant sur le plan spirituel que morale, la guider au sentier de la droiture. Il est en quelque sorte, responsable du chemin que prendra son enfant de ce fait, il doit l'orienter dès le bas âge. Cette lourde responsabilité lui revenait, parce qu'au jour de la résurrection, il sera interrogé sur ce sujet. Un père de famille n'a que sa parole dans sa maison s'il la perd, son statut n'a plus d'importance mais, est une raison de les imposer une vie ? Autrement, choisir à sa fille un mari ? Pa Khalil était ferme dans sa décision qu'il dit irrévocable. Mère Penda n'avait pu placer une, redoutant sa réaction, de toute façon, cela n'aurait servi à rien puisqu'il l'avait mis devant le fait accomplie. Elle avait peur, peur pour sa fille et ne savait pas comment lui annoncé cette nouvelle qui risquera de chambouler sa vie à jamais, mais fallait qu'elle lui parle avant, vu que les parents de Youssoupha allaient passer. Elle prit son courage à deux mains et alla lui parler, elle trouva Daba en train de discuter avec Siga, elle décida de se lancer. - Ma fille, il faut que je te parle. Dis-moi Youssoupha, tu le connais n'est-ce pas ? Demanda Penda à sa fille qui fût surprise non seulement à l'entente de ce prénom mais aussi à la question - oui maman mais pourquoi tu me demandes ça - le fils de Seynabou là renchérit Daba - oui, en faite, il veut t'épouser dis sa mère immédiatement - mais attend Siga vous sortiez ensemble ? Que t'avais-je dit sur les hommes ? En tout cas je ne suis pas d'accord tu dois finir tes études d'abord répliqua Daba Pendant ce temps Siga était en train d'analyser ce que sa mère venait de dire. Youssoupha, le jeune footballeur, sûr de lui, narcissique et vantard en plus imposteur et qui évolue en league professionnel dans un club à Dakar, non, se disait-elle, pas lui ; elle ne l'aimait pas, elle ne voulait pas de lui dans sa vie. Youssoupha lui faisait les cours depuis la classe de seconde, il passait le plus clair de son temps à tourner au tour d'elle, il passait souvent dans son école la voir, mais Siga avec sa timidité légendaire ne lui parlait jamais, limite si elle le regardait ; mais le jeune homme n'avait jamais baissé les bras se disant toujours qu'il l'attirera dans ses filets Youssoupha a toujours été le toutou des jeunes filles du village, il n'a jamais été sérieux avec elles, il changeait de copine comme on change de culotte, il les enchainait, jouait avec leur sentiment, c'est un séducteur orgueilleux et lâche, tels sont les adjectifs qui le qualifiait. Sauf que cette fois l'amour qu'il éprouvait pour Siga était sincère, même lui il n'y croyait pas tellement qu'il n'a jamais eu de sentiment à une quelconque fille du village. Il se rappelait ce jour où il l'avait vu pour la première fois, un week-end, quand il est venu rendre visite à ses parents, le visage d'ange aux traits fins de Siga l'avait tapé à l'œil et l'empêcha de dormir pendant plusieurs nuits. Tout ce qu'il regardait, il voyait cette nymphe adorable à la beauté fraîche. Mariée n'a jamais fait partir de ses projets, Siga se voyait mal de parler à un homme de sa maladie et d'ailleurs aucun homme ne voudra d'elle, une femme qui mouille son lit non, aussi amoureux qu'il soit, il ne l'acceptera jamais, se disait-elle. Elle ne s'est jamais intéressée aux hommes faisant tout pour les éviter. Siga cogitait spirituellement sa mère lui donna une tape qui la fit revenir à la réalité, elle sursauta avant de lui dire - Maman, je ne veux pas me marier sniiifff répondis t-elle - C'est ce que je pensais ajouta Daba - Daba, alors va parler à ton père, il était ferme et ne m'a même pas laissé parler, mon avis ne compte pas - Maman sniff ne le laisse pas faire s'il te plaît, je ne veux pas me marier - Ne pleure pas ma fille, tu ne vas pas te marier avec quelqu'un que tu n'aimes pas - Mais ce n'est pas un problème d'aimer ou de ne pas aimer, même si elle l'aimait aussi, elle ne pourra jamais se marier avec lui, vu sa maladie, quel homme voudra d'elle dit Daba sans se rendre compte de la bourde qu'elle venait de faire - DABA, lui cria sa mère Le regard de Siga changea, elle devint triste et anéantie, sa sœur osait dire en vive voix ce qu'elle-même pensait tout bas. Daba essaya de se rattraper mais c'était trop tard. Comme on dit, il faut tourner la langue sept fois avant de parler, la parole était comme ça, comme une balle une fois sortie, elle ne revient jamais. Faisons attention à certaines remarques, une remarque blessante peut détruire une personne à jamais. Siga se sentit blesser au plus profond d'elle, elle pensait à ce que sa sœur venait de dire et elle le confirma dans sa tête en disant que "c'était vrai aucun homme ne voudra de moi, que sa sœur avait raison, je suis maudite", tandis que ses larmes coulaient en silence. Sa sœur était clouée sur place et essaya de se rattraper - je... je ne voulais pas dire cela, ex.... - Mais tu l'as dit lui coupa Siga en se levant pour quitter la pièce Elle sortit dévastée et alla se coucher dans sa chambre. Tout son esprit se tourna vers ce Youssouph, puis vers son père. Elle se demandait comment il pourrait lui donner en mariage contre sa volonté, cela ne se fait plus, le mariage est un engagement sacré qui ne se décide pas du jour au lendemain, ça doit être mûrement réfléchie et il faut l'accord des deux intéressés et le plus important l'amour, la base. Siga n'est jamais tombée amoureuse de toute sa vie, elle ne connaît pas ce sentiment qui nous fait chavirer qui fait que plus rien ne compte quand ça nous atteint. Elle pensait à sa vie, son avenir, ses études sans savoir où se situer. Et sa maladie ? Quel homme l'accepterait avec ça ? Sous cette pensée elle se dit qu'elle ne se mariera jamais avant d'éclater en sanglots. Pauvre Siga! Elle voulait aller parler à son père, mais elle n'osait pas pensant aux conséquences et même qu'allait-elle lui dire ? Ou commencerait-elle ? Il faut savoir que Pa Khalil arborait le masque d'un père strict, sévère qui ne badine pas avec l'éducation de ses enfants. Il leur interdisait toutes formes de rébellions et exigeait le respect et la soumission totale. Ses décisions étaient indiscutables, il se comportait comme un titan, mais tout cela était ressenti d'un seul côté, c'est-à-dire seule Penda et ses enfants subissaient ses assauts, ce qui explique l'iniquité établit entre ses deux épouses. Elle ravisa et sortit voir sa sœur Malouine qui n'était au courant de rien. Elle la trouva dans le cours de la maison en train de jouer au wouré (un jeu de billes) avec Astou. - Malou, tu peux venir deux minutes s'il te plaît - c'est urgent ? Lui demanda sa sœur qui était à fond dans son jeu - oh Siga toi aussi laisse nous finir cette partie, tu n'as jamais aimé ce jeu, tu trouves toujours le moyen de tout gâcher ajouta Astou - c'est trop dégueulasse vous vous prélassez sur le sol comme des gamines de 2 ans - j'allais venir, mais c'est mort, j'ai changé d'avis plaisanta Malou - oh s'il te plaît ma sœur que j'aime de tout mon cœur, amadoua Siga qui essayait de paraître taquine - écoutez-moi donc ça, vas-y Malou de toute façon, j'ai déjà gagné dit astou - Sale voleuse, c'est pas encore finit lui répondis Malou Elle se leva et suivit sa sœur jusqu'à dans leur chambre, cette dernière lui raconta toute l'histoire de manière détaillé - mais attend youssouph il est sérieux, d'où il te demande en mariage - Malou que vais-je faire ? Dit Siga sur un air triste - Je vais aller de ce pas lui parlé, je viens de comprendre pourquoi il m'a salué chaleureusement ce matin quand je l'ai croisé - Il est donc rentré. ...... oh Malou fait quelque chose, je ne peux pas me marier - Et si on allait parler à papa, lui raconter des mensonges sur Youssouph....... je ne sais pas moi, il va peut-être changé d'avis - Daba a essayé, mais il ne l'a même pas écouté - Ne t'inquiètes surtout pas Siga ce mariage n'aura pas lieu - mais comment tu peux en être sûre - Je le sens c'est tout Le lendemain comme prévu, les parents de Youssoupha se présentèrent dans la demeure des Coulibaly. Siga ne sortit pas de sa chambre ce jour-là elle s'apitoyait sur son sort, sa sœur Daba qui n'était encore rentrée, essayait de lui remonter la morale, mais cette dernière avait toujours une dent contre elle et l'avait laissé parlé toute seule. Sa mère vint la chercher pour qu'elle aille saluer les invités. Dans le salon, se trouvaient son père, le père de Youssoupha et son oncle, Badiéne Sanou et en fin sa mère. Siga les salua un par un correctement en faisant des génuflexions, signe de respect. Elle s'assit auprès de sa mère en gardant la tête baissée. Son père prit la parole en remerciant les invités et en saluant cette importance accordée à leur fille. Il fit les éloges de Siga avant de laisser la parole aux parents de Youssoupha. Ces derniers fit de même en rappelant l'objet de leur visite. Ils échangèrent des propos d'une grande cordialité, après maintes discussions et réflexions sérieuses, ils tombèrent d'accord sur une date, mais au moment de se dire au revoir, badiéne Sanou demanda la parole - nguéne balma wahtane bi yeupe amna solo na Siga kou bakh la djiko diou rafet la yor wayé comme que mbiroum seuye la faut gnou bagna ame neubo (excusez-moi, la discussion a été bénéfique et c’est vrai que Siga est une bonne personne avec pleines de bonnes qualités, mais puisque c'est une affaire de mariage, on doit être franc) - Sanou fi lep leer na lo beugua wakh  (Sanou tout a été claire, qu'est-ce que tu veux dire) - bayima ma agalé nakh soow mi dafa ame loussiy gnoul nakh Siga dafa febar (laisse-moi finir, car il y a quelque chose qui cloche, Siga est malade) Le cœur de Siga fit un boom comme celui de sa mère, elles étaient en parfaite harmonie. Leur rythme cardiaque s'accéléra et elles eurent aussitôt chaud. Mère penda utilisait le pan de son boubou pour se donner de l'air alors que Siga ouvrit grand les yeux. Pa Khalil ne comprenait rien sur ce que sa sœur racontait - Malade ? Lui demanda Pa Khalil perplexe en regarda mère Penda Sanou continua à parler, parler comme si un paquet d'argent était mis en jeux - oui malade, en fait elle est énurétique, dit Sanou du tic au tac Silence total, le choc se lisait dans tous les visages. La terre entière s'arrêta de tourner pour cette mère et sa fille qui reçurent ses paroles comme un coup de couteau dans leur cœur. -QUOI ? Dirent en chœur les deux invités calmes jusque-là -  SANOU cria Pa Khalil énervé Humiliation n'a jamais été aussi terrible et aussi atroce, Sanou n y était pas allée de main morte. Toute vérité n'est pas bonne à dire, il est préférable de taire certaines vérités susceptibles de blesser, de causer la honte comme celle-ci. Elle pouvait le dire dans une  façon atténuante ou bien tout simplement leurs interlocuteurs n'avaient pas besoin de savoir ; mais quand on a comme objectif de faire mal à autrui tous les moyens sont bons - Je n'ai dit que la vérité Khalil. Ne le prenez pas mal, mais c'est juste pour éviter la mort précoce de ce pauvre jeune homme parce qu'il paraît que si tu épouses une femme qui pis.... fin énurétique et qu'elle te mouille une fois tu mourras à la minute qui suive - Astakhfourlah aye Sanou ragalale yalla (craint Dieu Sanou) - j'ai ouï-dire cela, mais pour ne pas prendre de risque Segn Khalil, on devrait tout annulé dit l'oncle avec un visage neutre - effectivement renchérit le père de Youssoufa, Khalil yaw daga ma neub sa dom ta li Youssou yeguou ko ta lii menou gnoussi tak seuye (tu ne m'as pas tout dit sur ta fille, Youssoupha n'est pas au courant de cela et, on ne peut pas sceller ce mariage dans ces conditions - Du calme Ousmane, on peut toujours en parler avant de prendre une quelconque décision. Sanou tu es sûre de ce que tu avances, j'étais au courant de rien moi en se tournant vers elle - Demande à sa mère ici présente, elle en sait plus que moi Pa Khalil se tourna vers sa femme et cette dernière baissa la tête. Siga pleurait en silence, elle était morte de honte.... Les deux invités exprimèrent leur désolation et leur regret avant de s'excuser et prirent congé d'eux - merci Sanou, vraiment merci pour ce beau honneur dit Khalil avant de se lever - mais je pensais bien faire Kha.... Ce dernier ne lui laissa pas finir sa phrase et sortit tout énervé sans lui accorder d'importance. Mère Penda se leva pour sortir suivi de sa fille qui pleurait à chaudes larmes. Sanou leur regardait avec un sourire démoniaque, elle était fière de ce qu'elle venait de faire Elles croisèrent Ndeye Awa au pas de la porte. Cette dernière leur gratifia le même sourire vainqueur.... À suivre...
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