Point de vue: Don Ernesto Je ne compte plus les heures. Peut-être que ce ne sont même plus des heures, mais des fragments de souffrance, des éclats de douleur qui se succèdent sans répit. Le noir est partout autour de moi. La pièce dans laquelle Caleb m’a jeté pue l’humidité, la rouille et ma propre sueur rance. Le sol est froid et collant, mes genoux s’y sont écorchés tant de fois que la douleur s’est fondue dans un autre registre, plus profond, plus insidieux. Je n’ai plus de repères, plus de montres, plus de lumière… juste le souvenir d’un visage : celui de mon neveu. Caleb. Ou peut-être devrais-je dire Lino. Oui, parce que ce n’est plus le gamin fragile que j’ai connu, ni même ce neveu que j’avais jadis voulu former. C’est autre chose, quelque chose de brut, de sauvage, une bête qui


