Point de vue: Caleb Je pousse la porte sans frapper. Parfois l’habitude me fait entrer comme si j’avais encore le droit. La pièce sent le renfermé et le métal. La lumière est crue, une ampoule qui pend et qui n’épargne rien. Il est là, recroquevillé, plus petit que dans mes souvenirs. Le short sale, la peau marquée. Je m’arrête au milieu de la pièce, et pour la première fois depuis qu’il est enfermé, je ne sens pas la rage bouillonner comme un feu prêt à éclater. Je sens autre chose-une fatigue, et une colère retenue, mais surtout une curiosité lourde : comment l’homme qui a tant fait souffrir peut-il encore être l’homme qu’une fille cherche ? Je m’assois en face de lui, sans le toucher, comme si la distance pouvait préserver ce qui reste de mon humanité. Il lève la tête, ses yeux cherch


