J’avais un très mauvais pressentiment.
Accroupis dans l’herbe, j’observai l’énorme trou dans la clôture électrique. Il nous arrivait une fois de temps en temps que des petits animaux réussissent à passer outre la clôture, mais à l’habitude, ils creusaient sous-terre pour se faufiler sur le terrain. Mais la brèche qui était en face de moi, n’avait rien à voir avec un de ses petits indésirables.
Oh non, pensais-je en reniflant. Rien à voir.
-À part vous six, demandais-je aux agents derrière moi. Quelqu’un d’autre est venu ?
Hector, un démon qui faisait partie de mon unité hocha négativement la tête.
-Non monsieur.
Je serrai la mâchoire.
-Aucun loup-garou ?
Nouveau hochement négatif.
-Non, seulement démon et vampire. Vous êtes le seul. Un problème monsieur ?
Les démons et les vampires n’avaient pas l’odorat aussi développé que nous les loups. C’est pour cela que chaque escouade tactique était pourvue de deux loups-garous, deux démons, un elfe, un ange ainsi que deux vampires. Même si j’avais voulu le nier, je ne pouvais pas. Nos faiblesses ainsi que nos forces se complétaient très bien.
-Je veux les images des caméras tout de suite !
Hector se détourna, communiquant avec le centre de contrôle. Maevrik, un vampire aux cheveux noirs fronça les sourcils en s’approchant beaucoup plus près de la clôture.
-Ça sent mauvais.
-Ouais, dis-je entre mes dents. Ça sent très mauvais.
Soudainement, un mouvement sur ma droite attira mon attention. Mes muscles se détendirent un peu en voyant Aramis se matérialiser à mes côtés. Les vampires et leur vitesse, elle me tapait sur les nerfs !
-Qu’est-ce qui se passe, demanda-t-il en voyant mes poings serrés le long de mon corps.
-Des problèmes, dis-je la mâchoire serrée.
-Commandant ! (Je tournai la tête) Nous n’arrivons pas à joindre le centre de contrôle.
Mes muscles se bandèrent d’eux même. Le centre de contrôle était dans le pavillon F, là où les agents y étaient le plus nombreux. Cet endroit était le cœur de Phoenix, toutes les caméras et les systèmes de défense s’y trouvaient !
Une lueur d’inquiétude passa dans les prunelles d’Aramis.
-Envoyez une équipe immédiatement dans le pavillon F ! (Maevrik se retourna pour se mettre à courir pour préparer une escouade.) Il faut…
-Alex !
Je sentis le sang quitter complètement mon visage. Mon loup réagit aussitôt, se frappant de toutes ses forces aux barrières de mon esprit, menaçant de prendre ma place. Je m’accrochai au visage d’Élie, paniquée et en sang qui titubait pour me rejoindre.
Je jurai, me mettant à courir pour la rejoindre. Je remarquai que des jeunes l’accompagnaient, tous semblaient totalement paniqués. Je reconnus quelques visages. Bordel, c’était des patients du pavillons F.
Le cœur battant, je passai mes mains de chaque côté du visage de ma compagne, faisant attention de ne pas toucher les bleus qui lui recouvraient la pommette droite. Merde, c’était quoi tout ce fichu sang !?
-Merde bébé, m’exclamais-je.
Paniquée, sa poitrine se leva et s’affaissa à une vitesse hallucinante.
-Il…Il faut…Il…
-Respire, dis-je en passant ma main dans ses cheveux maintenant emmêlés.
Elle hocha doucement la tête de gauche à droite, posant ses mains sur les miennes.
-Alex, active le système d’urgence tout de suite. Nous sommes attaqués.
Mes traits se durcirent automatiquement. Un grognement sourd fit vibrer ma poitrine.
-Sonnez l’alarme, criai-je en direction d’Aramis. Élie bébé, c’est quoi tout ce sang ?
Les larmes dans ses yeux me prirent directement à la gorge. Ma colère se transforma en haine. Mon loup continuait ses assauts incessants dans ma tête.
-Ce n’est pas mon sang, dit-elle en étouffant un sanglot.
Un bruit strident semblable à une alarme de feu retentit, me faisant grincer des dents. Des agent accoururent autour de nous, prenant en charge les créatures surnaturelles qui étaient restées avec ma compagne.
-Alex, appelle Hayden. C’était des chasseurs, dit-elle en observant ses mains pleines de sang. (J’ouvris la bouche pour riposter, mais elle leva brusquement la tête) Et des loups-garous. Ainsi que des vampires, des elfes, des anges et des démons.
Mon corps fut parcouru de tremblements. Si Élie disait vrai, ce que nous craignions le plus venait de se passer. Des alliances s’étaient forgées pour nous détruire. Jérémya avait raison, ils avaient enfin décidé de sortir de leur cachette pour nous attaquer. Quelque chose de gros se préparait, et il fallait à tout prix que j’empêche cela d’arriver !
-Ils étaient dans le pavillon F ?
Élie se mit soudainement à fondre en larmes, s’accrochant à mes biceps.
-J’ai essayé de les suivre, mais ils fallaient que je sorte les autres de cet enfer… (Elle hocha doucement la tête de gauche à droite) Ils se dirigeaient vers l’aile E.
La colère qui me submergeait se vit entrer avec fracas avec un nouveau sentiment. La peur.
-Merde !
Élie gémit de douleur, enfonçant ses ongles dans ma peau.
-Blaire, dis-je en levant brusquement la tête.
***
*****
******
J’étais dans la merde.
Le souffle du démon me chatouillait l’oreille à chaque respiration qu’il prenait. J’avais toujours de la difficulté à comprendre comment ma situation avait prise une tournure aussi dramatique, mais le corps du garçon derrière moi m’empêchait de placer une seule pensée rationnelle.
-J’attends toujours, murmura-t-il.
Oh merde. Un long frisson me parcourut malgré moi. Ma louve se mit soudainement battre de la queue, bien plus curieuse de l’étranger. Elle devenait folle, tout simplement ! Cette position devait la révolter, lui faire grimper les rideaux de rage ! Mais quoi ? Aucune de ces réactions semblaient la traverser.
Okay, il fallait que je me sorte de là !
Je fermai les yeux, me concentrant sur ma propre respiration. Il fallait que je me calme. Dès que mon cœur se mit à ralentir, mes muscles se relâchèrent.
-Tu sens bonne.
Je sentis son nez dans mes cheveux.
Maintenant !
J’ouvris brusquement les yeux. Je réussi à poser mes pieds sur le mur et d’un bond, je me donnai un élan vers l’arrière. Je le sentis reculer, surprit. Je profitais de ce moment pour pencher ma tête vers l’avant et rapidement, l’envoyer vers l’arrière.
Le gémissement et la douleur ressentit derrière mon crâne m’apprit que je l’avais touché. Sa prise sur mes bras se relâchèrent juste assez pour me permettre de lui donner un coup de coude dans l’estomac. Il grogna de douleur.
Je profitai de son geste de recul pour me tourner à demi, attraper son bras et le passa par-dessus mon épaule. Un bruit sourd retentit quand son corps tomba lourdement au sol.
Merde, il était lourd !
La respiration sifflante, je posai mon genou sur son torse pour le maintenir au sol.
Je baissai les yeux sur son visage et sans savoir pourquoi, me figeai complètement.
Ses cheveux sombres étaient lissés vers l’arrière, mettant en valeur son large front et sa forte mâchoire. Mais ce fut ses yeux qui m’achevèrent complètement. Son iris était noire, faisant ressortir sa pupille bleue claire. Du noir lui recouvrait la paupière du bas, comme si on lui avait mis du crayon noir autour des yeux, accentuant encore plus son regard.
Je comprenais maintenant pourquoi on disait que les yeux des démons étaient dangereux. On avait l’impression qu’ils pouvaient sonder notre âme avec ces magnifiques prunelles.
Je me renfrognai en voyant ses lèvres s'entrouvrir dans un sourire, amusé.
Quelque chose ne tournait pas rond.
Le cœur en folie, je n’arrivais pas à me détacher de son visage. Ma louve gronda, me poussant à goûter ses lèvres si attrayantes…
Attendez, quoi ?
-Merde, murmurai-je. Je suis désolé d’avoir fait irruption dans ta chambre. Ne t’inquiètes pas, je ne suis pas l’ennemie ! Je… je crois que l’un d’entre eux a repéré mon odeur.
Je me tus.
Et puis quoi encore ? Pourquoi est-ce que je lui disais tout cela ? Je grognai contre moi-même. Ne manquerait plus que je lui avoue qu’il était l’homme le plus beau que j’ai jamais vu !
Zut !
-Nous sommes attaqués, repris-je dans un murmure. Si je te lâche, tu promets de te tenir tranquille ?
Mais qu’est-ce que tu fais Blaire ? Tu te retrouves en face d’un démon qui est enfermé dans l’aile la plus dangereuse du Phoenix et toi tu veux le laisser filer ? Très intelligent !
Je soupirai, chassant la petite voix stridente dans ma tête. Elle avait raison, mais qu’est-ce que j’étais censée faire ? Le loup allait me retrouver à l’odeur d’un moment à l’autre ! La seule chose qui l’empêchait de proprement me localiser était l’odeur du démon. Mais encore ! Le grabuge qu’on venait de faire n’avais pas dû passer inaperçu.
La seule manière de vérifier s’il disait la vérité était de rentrer dans sa tête.
Je déglutis ancrant mes yeux dans les siens à nouveau. Mon père n’avait pas besoin d’aucuns contacts physiques ou visuels pour se glisser dans la tête des gens, moi non plus d’ailleurs, mais le fait d’avoir une connexion quelconque facilitait beaucoup le travail.
Je me concentrai, laissant tomber mon mur et tentai de me faire un chemin dans sa tête. Soudainement, je frappai de plein fouet un rempart. Je gémis, sentant la douleur du choc faire vibrer chacun des os de mon corps.
Ma tête tourna un moment, me faisant vaciller légèrement. Merde !
En moins d’une seconde, je me retrouvai à mon tour sur le dos. Le démon passa ses jambes à travers les miennes, et d’une seule main, attrapa mes deux poignets pour les coulés au sol, en haut de ma tête.
Surprise, mes muscles refusèrent de bouger.
-Eh bien, on ne t’a pas appris que c’était impoli de fouiller dans la tête des gens ?
J’écarquillai les yeux. Il l’avait senti ?
Il claqua la langue sur son palet, penchant la tête dans la direction de mon cou. Je hoquetai de surprise, sentant son nez contre la peau fine de ma gorge.
-Tu as la peau chaude. (Il gémit) J’aime ça.
J’eus un geste de recul, mais la prise avec lequel il me tenait était beaucoup trop forte pour que j’arrive à me dégager. Mon pouls s’affola alors que de sa main libre, il passa sa main sous mon chandail. Je tressaillis.
Oh, mon, dieu.
-Je me demande quel goût tu as, dit-il d’une voix rauque.
Le timbre de sa voix me fit frissonner malgré-moi. C’était quoi ça ? Me goûter ? Bon dieu, j’étais prise au piège avec un taré qui se croyait pour un vampire !
-Lâche moi, grognai-je.
Il m’ignora, semblant même amusé de ma réaction. Le démon leva la tête pour observer mon visage.
-Nous n’avons pas un nez affuté comme vous, nous les démons. Mais je peux sentir ton désir petite louve.
Du désir ? Le sentiment qui me serrait l’estomac, c’était cela ? Je fus tentée de me cogner la tête contre le plancher. Je devenais folle, c’était la seule option possible !
-Lâche moi sale démon de mon cul…
Ma voix craqua. Son visage tout près du mien, il s’avança, faisant en sorte que nos lèvres se frôlent. Une chaleur que je ne pus identifier se propagea dans mon bas-ventre. Ma louve en rajouta en grognant, désireuse de plus.
J’avais envie de crier ! Mais qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez moi ?
Mon corps se figea complètement quand il s’avança encore, limitant le peu de distance qui avait encore entre nous. Alors que je crus qu’il allait m’embrasser, il se raidit.
Des pas résonnèrent soudainement devant la porte.
-Oh non, gémis-je.
À mon grand étonnement, le démon se leva d’un bond, les muscles bandés.
-Sous le lit.
Je ne me fis pas prier ! Je roulai sur le côté, me retrouvant encore une fois dans l’obscurité. Je me poussai vers la tête du lit, m’éloignant le plus possible de l’autre extrémité ouvert.
Je tournai la tête, observant le démon s’affaisser au sol dans une position nonchalante.
Mon cœur se mit à battre comme une furie quand j’entendis la porte s’ouvrir. L’odeur de l’inconnu me donna froid dans le dos. C’était lui, le loup-garou qui m’avait senti.
-Vous ne faites sans aucun doute pas partie des sentinelles.
Je fermai les yeux, calmant mon rythme cardiaque afin qu’il ne capte pas les battements affolés de mon cœur. Sans quoi, j’étais f****e !
-Non, je suis là pour te libérer.
-Me libérer ? (Il eut un rire sec) Et pourquoi ?
Je vis les rangers de l’homme se rapprocher.
-Les gens d’ici croient que tu es malade, mais ils ne comprennent pas ce que nous ressentons. Tout comme moi, le système t’a abandonné. Viens avec moi démon, et je te promets que tu vas avoir ta vengeance !
Il eut un moment de silence. Je pouvais sentir qu’il y avait un débat dans la tête du démon, et cela me terrifiait !
Je pris une grande respiration, laissant mon don vagabonder jusqu’au loup. Contrairement au démon qui s’était créé un bouclier de protection, ses pensées me frappèrent de plein fouet.
Il savait que j’étais là.
-Es-tu seul ?
Il s’approcha plus près du lit, se retrouvant au bout, au niveau de mes yeux.
-Tu vois quelqu’un d’autre ?
Sa voix était tranchante comme une lame de couteau.
-Non, mais je le sens.
Eh merde. Il fit un second pas. Je me figeai complètement.
J’aperçus le démon se lever d’un bond. Ses souliers noirs se posèrent devant les rangers du loup.
-Je te déconseille de me toucher, vraiment !
-J’ai lu ton dossier Callum, je sais ce dont tu es capable. C’est pour cela que je trouverai dommage de te tuer, juste parce que tu as voulu protéger une simple louve.
Double crotte ! Sois-je faisais quelque chose pour me sortir de ce merdier, soit j’attendais et laissais ce taré psychopathe nous tuer tous les deux ! Ma louve gronda, très énervée. Il fallait que j’agisse maintenant !
-Me tuer ? (Il fit un autre pas) Et si on pariait ?
Je me recrovillai, posant mes pieds à plat sur le mur.
-Allez Callum, elle ne vaut pas la peine qu’on s’affronte.
Je levai les yeux au ciel. Cet homme puait la peur à plein nez ! Je ne sais pas pourquoi il était aussi terrifié, mais j’adorai l’odeur que cela dégageait !
-Tu crois ?
En position, je poussai de toutes mes forces, me propulsant droit dans les jambes du loup. Glissant sur le plancher, j’attrapai sa cheville et m’en servit comme point d’appui. De ma main libre, j’enfonçai mes griffes dans son mollet, et d’un geste brusque, abaissa ma main en lui déchirant les muscles jusqu’à son talon d’Achille.
Il cria de douleur, tombant au sol.
-Sale p**e !
D’une roulade, j’esquivai les longs doigts griffus tendus dans ma direction. Je relevai d’un bond, agrippant la poignée de toutes mes forces. Mon instinct me poussa à tourner la tête. Encore une fois, mon souffle se coupa quand je rencontrai son regard.
-À bientôt, jolie louve.
L’expression dans ses yeux me tira un frisson. C’était une promesse.
J’ouvris la porte à la volé, ignorant les cris de rages derrière moi et sortis en hâte dans le couloir. Aussitôt, je m’arrêtai sec.
-C’est une blague, murmurai-je.
Deux hommes s’arrêtèrent aussitôt de marcher, surpris par ma présence. Leur odeur m'apprend que je faisais face à un vampire ainsi qu’un ange. De mieux en mieux !
Je jetai un coup d’œil par-dessus leur épaule. Il fallait que je me rende à l’ascenseur. Même s’il était défectueux, il devait y avoir un moyen de fermer les portes et d’appeler à l’aide. Je n’avais plus d’autre option que celle-ci !
Je laissai ma louve faire son apparition dans mes yeux, sortant les griffes au passage. Contrairement à Alison, mon alpha, qui pouvait se transformer partiellement, je ne pouvais que sortir les griffes et adapter ma vision à celle de mon canidé. Étant très proche de faire irruption, lire dans les pensées était beaucoup plus facile. Et c’était le meilleur moyen de m’en sortir, ça et les entraînements répétitifs d’Alex avec les garçons.
-Allons-y, soufflais-je.
Remis de leurs émotions, le vampire se mit à feuler dans ma direction, les crocs en dehors, bandant les muscles.
Dans mon dos.
Je me retournai au même moment que le vampire se m’artérialisa derrière moi, les crocs en dehors. Je lui lançai mon poing au visage, lui grafignant le visage au passage. Il grogna de douleur, titubant vers l’arrière.
Derrière moi.
Je me penchai, esquivant le poing de l’ange. Je me retournai, m’abaissa et lui attrapa la cheville d’une main. D’un geste rapide, je la levai et me donnai un élan pour le lancer au mur.
Du plâtre se détacha alors que son corps entra en collision. L’ange gémit alors que j’entendis un craquement.
Mon épaule.
Je fis un pas sur le côté, évitant les crocs du vampire qui s'apprêtaient à me déchirer les muscles. Malheureusement, je ne fus pas assez rapide. Des lames s’enfoncèrent dans mon bras, me faisant crier de douleur.
-Enfoiré !
Des pas se firent entendre. Je gémis, donnant des coups bien appuyés sur la tempe du vampire. Mais comme une sangsue collée à sa proie, il ne me lâcha pas pour autant. Je sentis l’adrénaline dans mes veines lentement s’évaporer, signe que le monstre prenant de grande goulée de mon sang. Merde.
Mes oreilles se mirent à bourdonner, mes jambes devenir plus cotonneuses.
-Blaire !
Soudainement, un coup de feu retentit.
La langue pâteuse, je n’arrivai pas à crier quand les dents du vampire déchirèrent les muscles de mon biceps lorsque sa tête partie soudainement vers l’arrière.
Je papillonnai des paupières, essayant de chasser les larmes. Mais en vain.
-Merde, Blaire !
Je vis plusieurs silhouettes se diriger vers moi alors que mes jambes me lâchèrent complètement. Je tombai à genoux. Des larmes de joies se mélangèrent à celle de douleur quand je reconnu le visage familier d’Alex et plusieurs membres de son unité.
Le loup donna des ordres, criant de tous les côtés. Quand il fut devant moi, je sanglotai, trop heureuse de le revoir. Ses yeux de loups apparurent brièvement quand il les posa sur mon bras blessé qui tombait mollement le long de mon corps. Dans un grognement effrayant, il tira la jambe du vampire et l’emmena vers lui sans me lâcher du regard.
Je ne dis rien quand il mit ses mains de chaque côté de sa mâchoire et d’un geste vif, lui arracha la moitié du visage.
-Je déteste les armes, grogna-t-il en laissant retomber le corps inerte. Accroche-toi à moi gamine.
Je passai mon bras valide autour de son cou. Alex glissa le sien sous mes genoux et me souleva dans ses bras sans aucun effort. Soudainement, un mouvement sur notre droite attira notre attention. Mon cœur manqua un battement.
Pitié, que ce ne soit pas le démon…
Je poussai un petit soupir de soulagement en voyant un loup sortir de la chambre, boitant toujours de la cheville que je l’avais blessé. Le talon d’Achille était un muscle qui prenait beaucoup de temps à guérir. C’est ma mère qui me l’a appris.
Je sentis les muscles de Alex se tendre comme un arc alors qu’il posa ses yeux sur le loup à son tour. Ses yeux luisaient de colère, alors qu’un grondement sourd lui fit vibrer la poitrine.
-Carlos.
Le loup tourna la tête. La surprise passa dans ses yeux, avant d’être rapidement remplacé par de l’amusement.
Je me couvris une oreille du mieux que je pouvais quand Alex se mit à rugir de toutes ses forces, me tirant un gémissement de douleur. Ses yeux s’abaissèrent automatiquement vers mon visage.
-Fais attention Alex, entendais-je. La prochaine fois, un de mes hommes ne la ratera pas.
Sur ces mots, il se métamorphosa en un grand loup gris, disparaissant du couloir.
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De retour sur le territoire, je me concentrai sur Théo à mes côtés, les mains en sang qu’il avait appuyées sur ma blessure. Mon père, très en colère, était tout près d’Hayden et Alison qui discutait avec les autorités humaines.
En plus de la meute, Daniel, l’humain qui s’occupait de l’image des créatures surnaturelles ainsi que Jérémya, un des chefs du conseil des loups-garous étaient présents. Alex avait emmené Rayan et Élie avec lui au Phoenix, retournant s’occuper des blessés et faire un topo de la situation actuel.
Je gémis alors que je sentis mes muscles se cicatriser plus rapidement. Ma mère passa sa main dans mon dos, posant un b****r sur ma tête.
-Ça va aller ma chérie. Les garçons, arrêtez d’observer Théo de cette façon, il ne fait que son travail ! Tu te débrouilles bien mon grand.
Thunder, Daël et Gabe fusillaient le jeune loup du regard, la rage recouvrait leurs yeux. Super, maintenant j’allais encore plus les avoir dans les pattes !
-J’aimerais beaucoup que ça reste en dehors des médias Eren, dit Daniel en direction de l’agent.
-Cela va de soi, dit-il en hochant la tête. C’est un incident que nous-même préférons ne pas éparpiller partout ! Le bâtiment Phoenix vous appartient Jérémya, donc elle est sous votre juridiction. Je vais tout de même mettre une équipe sur la recherche de ce Caïn que Blaire nous a mentionné.
-Ce serait apprécié, dit Jérémya.
-Mes hommes sont sur le coup.
Il adressa un hochement de tête poli avant de se faire raccompagner par Mica à la grille.
-Voilà, dit Théo en me souriant. Comme neuve !
Je ne le regardai pas, observant mon alpha se retourner vers moi.
-Dis-moi tout Blaire, dit-il en se penchant soudainement devant moi.
Je déglutis, nerveuse. Je pris une grande respiration et déballa tout depuis le début, mais je ne plus me résoudre à parler de Callum, le protégeant comme il l’avait fait pour moi. Je lui devais bien cela.
Hayden poussa un grognement animal.
-Ça explique pourquoi toutes les cellules étaient vides. (Il pencha la tête pour regarder Jérémya) Carlos était présent, Alex est tombé face à face avec lui.
Des grognements surgirent partout autour de moi.
-Bordel, dit celui-ci en serrant les poings.
Et il ne l’avait pas attrapé à cause moi. La plupart le pensait, je n’avais pas besoin de rentrer dans leur tête pour le savoir, leur réaction était amplement suffisante. Je sentis les larmes me monter aux yeux. L’air m’étouffait, j’avais besoin de m’éloigner de tout ça, et rapidement !
-Mack, murmurai-je. J’ai besoin de ma meilleure amie.