Oui, je veux aimer et être aimée malgré ma condition.
Je voudrais, ne serait-ce qu'une journée, vibrer de passion, d'amour, de plaisir comme les héroïnes de mes livres. Ces compositions qui provoquent en moi un tourbillon d'émotions. Ces opuscules qui font naître entre mes pieds un plaisir innommable. Ces scènes, ces moments, ces quelques pages, qui me font me sentir aussi vivante que les personnes qui partagent avec moi cette vaste maison.
Peut-être dois-je encore prier comme me le dit Lauriane ?
À ce Dieu à qui rient ne semble impossible, dit-on, je lui ai fait ma demande. Sauf que ce n'était pas pour avoir la vie sauve. Car il faut savoir reconnaître quand c'est la fin.
Cependant, en m'adressant au ciel, j'ai demandé une chose que je désire plus qu'aimer.
C'est d'être aimé en retour.
Toutefois, quel jeune homme peut s'éprendre d'une fille dans mon état ? Malade... Et aux bras de la mort.
Je sais, je dois être forte. Ma conscience me le répète. Je dois être optimiste, papa me le chante. À force de les écouter, je sais déjà que mon mal aura, bientôt, raison de moi.
Néanmoins, je ne me laisse pas abattre par cette fatalité, j'essaye de l'accepter et d'avancer. Finalement, est-elle une fin en soi, cette mort ?
Elle ne me fait plus peur, au contraire, elle va me libérer. Finis le feu dans mon corps, la braise dans ma tête, adieu la monotonie, au revoir les rideaux rouges de ma chambre, le jardin ne me manquera pas, je n'ai jamais profité de ses plaisirs.
Maladie oblige, mon seul compagnon est mon lit.
Aujourd'hui, le ciel brille d'un bleu opalescent, les nuages dansent avec le vent capricieux, derrière la vitre la vie est éparse. Une vie remplie de joie, de bonheur, de dynamisme.
Tout de même, avant de mourir, je souhaite pouvoir réaliser mes rêves et être autant heureuse que cette vie, car le diagnostic est tombé.
Je mourrai la semaine du 31 décembre.
Richet, 2019.
Les villes et quartiers, de cet univers romanesque, sont totalement fictifs.
Ainsi, Richet, est le nom d'un quartier.