2.
Le lièvre éclaire la terreJadis, la terre n’était pas éclairée. Tout restait dans l’obscurité. On ne pouvait voir ni la terre ni les bêtes. Il n’y avait pas de différence entre humains et animaux. Ils vivaient dans la promiscuité. Un humain pouvait devenir animal et inversement. Il y avait des loups, ours, renards. Dès qu’ils devenaient humains, ils restaient pareils. Ils pouvaient avoir des habitudes différentes, mais tous parlaient la même langue, vivaient dans les mêmes sortes de maisons, bavardaient et chassaient de la même façon.
C’était ainsi il y a très longtemps. À cette époque, on criait des mots magiques. Un mot dit par hasard pouvait soudain acquérir un pouvoir. Ce que les gens désiraient voir advenir advenait. Personne ne pouvait expliquer par quel mystère.
Donc, ils vivaient dans la promiscuité. Ils étaient parfois humains, parfois animaux. Pas de différence. On se souvient d’une conversation entre un renard et un lièvre.
Renard :
– Taaq taaq. Obscurité, obscurité !
Il aimait le sombre, afin de pouvoir dérober des aliments dans les caches des humains.
– Ulluq, ulluq. Jour, jour ! criait le lièvre.
Il voulait la lumière, afin de trouver sa pitance.
Soudain, ce que voulait le lièvre se réalisa. Ses paroles surpassaient en puissance celles du renard, pour un jour.
C’est dès lors qu’apparut l’alternance du jour et de la nuit.