ARES

5

L’aube pointait à peine à l’horizon quand un grondement sourd secoua les murs du pavillon. Je me redresse d’un bond, encore en peignoir, le cœur tambourinant. Le sol vibre sous mes pieds nus.

Ares est revenu.

Mais cette fois, il n’est pas venu seul. Il est entré comme on entre sur un champ de bataille.

Je sors précipitamment de ma chambre, bousculant une servante terrifiée, et cours dans le couloir, guidée par le tumulte des voix. Quand j’arrive dans le grand salon de l’aile des favorites, Aphrodite et Ares se font face, pareils à deux tempêtes prêtes à s’entrechoquer.

Aphrodite, impérieuse dans une robe fluide couleur sang, trône au centre de la pièce, debout comme une reine face à l’intrusion. Ares, entièrement vêtu de noir les yeux brûlants, fait face, les bras croisés, menaçant de sa simple présence.

Aphrodite : Tu franchis une seconde fois mes seuils sans autorisation, Ares Comptes-tu renverser mes colonnes une à une pour prouver ta virilité ?

Ares : Je viens reprendre ce qui m’appartient.

Elle ricane, d’un rire clair .

Aphrodite : Tu n’es pas au front ici. Elle n’est pas une épée qu’on rengaine à sa guise. Elle est à moi autant qu’à toi, et je ne te laisserai pas l’arracher à ce qu’elle construit ici.

Je reste figée un instant, invisible aux yeux des deux entités , le souffle coupé.

Puis, lentement, je m’avance.

Raph : Assez !

Ils se tournent tous les deux vers moi. Deux regards contraires, l’un de feu, l’autre de miel empoisonné. Et moi, entre les deux.

Raph : Je ne partirai pas.

Un silence. Lourd. Étouffant.

Ares : Tu refuses ?

Raph : Je ne suis pas une possession, Ares. Tu m’as liée à toi, oui, mais pas enchaînée. Tu crois que ce palais me rend molle, inutile ? Mais ici, j’apprends. Je grandis. Je ne suis pas qu’une arme. Et certainement pas une chose qu’on déplace comme une pièce d’échiquier.

Il s’approche, menaçant, mais je ne recule pas.

Raph : Tu ne peux pas m’aimer en me coupant les ailes.

Il me fixe, les mâchoires contractées. Et pour la première fois, je crois qu’il vacille. Ses yeux, même s’ils restent durs, brillent d’autre chose. De frustration, mais aussi de doute.

Aphrodite intervient, plus douce cette fois, presque protectrice.

Aphrodite : Elle reste. Et si tu veux la mériter, Ares… commence par la respecter.

Un long silence suit. Puis Ares détourne enfin le regard. Il serre les dents, puis recule lentement, comme une bête qu’on force à quitter la chasse.

Ares : Très bien.

Il se tourne vers moi une dernière fois, son regard planté dans le mien.

Ares : Mais souviens-toi… le monde que tu choisis est fait de faux-semblants. Quand tu verras leur vernis se fissurer… tu sauras où me trouver.

Et il disparaît. Aussi soudainement qu’il était apparu.

Je reste là, le souffle court. Aphrodite s’approche alors de moi, et pour la première fois , elle semble sincère.

Aphrodite : Tu lui as tenu tête. Peu en sont capables.

Raph : Je ne veux pas lui tourner le dos. Je veux juste exister par moi-même.

Elle me regarde longuement. Puis incline la tête, presque solennelle.

Aphrodite : Alors je ferai en sorte que tu sois libre de le faire.

Et pour la première fois, je sens qu’elle parle non comme une entité… mais comme une alliée , mais grande fut ma bêtise de penser ainsi car j’ignorais encore que tout ceci n’était que faux semblant, j’ignorais que tout cela n’était qu’une mascarade , un masque qu’elle portait mais ça je le découvrirait bien assez tôt .

Le dîner est servi dans l’aile des favorites mais je n’ai aucunement l’envie d’y toucher , j’ai été effronté envers Ares et je le regrette déjà . Qu’est-ce qui m’a pris ? Je ne suis qu’une simple semi-entité et lui . Lui est l’une des entités les plus crains sans compter sa puissance . Je soufie tout en me massant la tempe , lorsque l’on a appris pour le lien il m’avait autorisé à le tutoyer , je m’en souviens comme si c’était hier . Ares n’est pas connu pour sa patience alors je devrais m’estimer heureuse qu’il m’ai laissé rester , même si sa dernière phrase n’as de cesse de se répéter dans ma tête « souviens-toi… le monde que tu choisis est fait de faux-semblants. Quand tu verras leur vernis se fissurer… tu sauras où me trouver » aurai-je fais une erreur en choisissant de rester ? Une main sur mon épaule me sors de mes pensées.

Madisson : ça va Raph ? Tu n’as pas toucher à ton repas .

Je me contente de hocher la tête pour toutes réponse .

Madisson : j’ai entendu dire q’Ares était revenu ce matin , c’est pour ça que tu parais troubler ?

Je souffle puis tourne la tête vers elle .

Raph : Ares voulais m’emmener avec lui mais Aphrodite s’y est opposé .

Madisson : oh ! Et toi dans tout ça ?

Raph : je ne voulais pas partir non plus , mais maintenant j’ai l’impression que c’était une erreur de ma part de refuser .

Madisson : je vois bien que tu t’en veux Raph mais rien de tout ça n’est de ta faute , qui plus est Ares est l’une des entités les plus terrifiantes qui soit , sans compter le fait que tu ne l’ai rencontré que trois fois alors c’est tout à fait normal que tu ne veuilles pas partir avec lui ou du moins pas tout de suite .

Raph : je sais tout ça , mais ça ne m’empêche pas pour autant de me sentir mal .

Madisson : peut-être que tu devrais essayer d’apprendre à le connaître ? Il n’est peut-être pas si flippant qu’on le dit et puis s’il a respecté ton choix de rester à deux reprises ça prouve tout de même qu’il n’est pas si horrible .

Raph: tu as sûrement raison , sans compter que s’il avait voulu nous imposer sa volonté il aurait pu le faire et ni moi ni même Aphrodite n’aurions pu y changer grand-chose .

Madisson : ouais ! Il paraît qu’il a déjà décimer une armée de guerrier à lui tout seul et qu’il a déjà battu trois entités à lui tout seul aussi et ….

Je ne l’écoutais déjà plus , je ne pourrai pas rester éternellement au côté d’Aphrodite alors je me demande à quoi ressemblera ma vie au côté de cette entité , il y’a tout un tas de rumeurs autour des entités et il y’en a deux fois plus autour d’Ares . J’ai même entendu dire que malgré son statut d’entité souveraine il aurait déjà affronté l’une des trois entités suprême .