IEn 1781, madame la marquise de Jaucourt habitait avec sa tante, mademoiselle Olive d’Audetot, le château de Rauville situé à quelques lieues de Caen. M. de Jaucourt, colonel-général des quatre régiments d’Artois était à la frontière. La marquise avait vingt ans, elle était charmante ; son mari, beaucoup plus âgé qu’elle, l’aimait avec passion. À quarante ans, on est jaloux, c’est chose convenue ; M. de Jaucourt l’était peut-être, mais sa jalousie n’affectait point ces formes abruptes des maris du bon temps de la comédie : il traitait sa femme avec respect et douceur. Celle-ci, du reste, avait toujours mené une conduite exemplaire ; si son mariage ne lui avait pas apporté le bonheur sans mélange, c’était son secret ; nul n’avait acquis le droit de lui demander compte de ses ennuis ou de sa


