Chapitre 8

1202 Mots
Chapitre 8 : — Combien de temps faudra-t-il encore pour faire disparaître ces articles ? demanda Karl en consultant son rétroviseur. — C’est déjà réglé, monsieur. Tous les portails qui avaient relayé l’histoire d’Ashley ont retiré leurs publications, répondit-il calmement en lui tendant une tablette affichant les preuves. Tristen acquiesça d’un signe bref, les yeux fixés sur l’écran. — Je refuse que la moindre rumeur entache son nom, murmura-t-il, la mâchoire serrée. Ses doigts effleurèrent machinalement la couverture du dossier posé sur ses genoux. L’image d’Ashley occupait son esprit avec une intensité qui le rendait fébrile. Il brûlait de lui avouer son attachement, mais chaque fois, sa détermination se brisait contre une peur sourde : celle de la perdre. Une crainte d’autant plus vive qu’il savait quel genre d’homme elle avait aimé… un imposteur qui l’avait trahie malgré les sacrifices qu’elle avait consentis. Son regard se perdit à travers la vitre. Le souvenir de leur première rencontre le traversa de plein fouet : la salle illuminée, les regards rivés sur elle, et lui, figé, comme si le temps s’était arrêté. Cette vision l’avait marqué au fer rouge. Un sourire discret étira ses lèvres. Il sortit son téléphone de sa poche et, en effleurant l’écran, contempla la photo qui s’y affichait en fond. *Je ne te laisserai pas m’échapper, Ashley…* pensa-t-il avec une intensité presque douloureuse. ### Studio Vanessa Ashley avançait d’un pas assuré, suivie de près par Miley, qui énumérait les détails de la journée. Le lieu, appartenant à Alice Stewart — son amie de toujours et complice de ses débuts — vibrait déjà de l’agitation des préparatifs. — Ma belle, je ne pensais pas te voir arriver si ponctuelle ! lança Alice en surgissant pour l’accueillir dans ses bras, avant de se tourner vers Miley. Et toi, tu as survécu au caractère de ta patronne de bon matin ? Ashley leva les yeux au ciel, exaspérée par la pique. — Tu sais bien que je déteste me lever à l’aube. Si je le fais, c’est uniquement parce que *madame Stewart* aime photographier à la lumière du jour, ironisa-t-elle. Alice lui adressa un clin d’œil triomphant. Les trois femmes gagnèrent la loge, où Ashley enfila sa première tenue. Le coiffeur s’installa aussitôt derrière elle pour travailler ses cheveux. — Comment Jane a-t-elle pu te faire ça ? s’indigna Alice, incapable de contenir sa rancune. Toi et Greg… quelle histoire sordide. J’en ai encore la nausée. Ashley, le regard voilé, soupira sans répondre. Alice connaissait par cœur la fidélité sans faille qu’Ashley avait vouée à cet homme. Le voir piétiner cette confiance avec autant de désinvolture l’avait révoltée. Elle-même avait appris la nouvelle à distance, par les médias, et en avait fulminé de rage. Ashley fit signe au coiffeur de se retirer une fois la mise en beauté achevée. — J’aurais dû m’en douter, lâcha-t-elle simplement. Alice, qui la côtoyait depuis l’enfance, perçut la blessure derrière cette façade stoïque. Elle lui saisit les mains et planta son regard dans le sien. — Oublie ce minable. La mer regorge de proies bien plus dignes de toi, souffla-t-elle avec un clin d’œil espiègle. Ashley éclata d’un rire bref. — Tu les as sûrement déjà tous collectionnés, non ? — Pas tous, mais presque ! Et si tu veux, je t’en réserve quelques-uns, répliqua Alice avec une désinvolture assumée. Ashley secoua la tête en riant. — Incorrigible. Elles se rendirent ensuite sur le plateau, où Ashley entama sa séance photo. ### Melanin Internationals Dans la vaste cabine de l’entreprise, Tristen prit place pour sa première interview officielle. La perspective de se livrer en public ne lui plaisait guère, mais il avait consenti à cet exercice, conscient de l’impact médiatique qu’il allait susciter. — Monsieur Knight, quel honneur, s’exclama M. Wards, l’intervieweur, en lui tendant une main qu’il serra poliment. Tristen lut son nom sur le badge et hocha la tête en guise de salut. Cet homme avait déjà interrogé des figures d’envergure, mais obtenir Tristen Knight représentait pour lui un sommet. Karl, vigilant, avait auparavant parcouru la liste des questions, avertissant Wards de ne pas dévier. Dès que l’entretien débuta, l’air sembla s’alourdir. L’intensité du regard de Tristen transperça l’intervieweur, qui sentit immédiatement la menace voilée derrière cette apparente courtoisie. Il comprit sans qu’un mot ne soit prononcé : il valait mieux écourter et rester dans les limites fixées. Wards ressortit en sueur, pressé de quitter les lieux. Karl l’aperçut filer, puis rejoignit son patron qui s’installait de nouveau à son bureau. — Vous l’avez tétanisé, monsieur, dit Karl avec un léger sourire. — C’est nécessaire, répondit Tristen d’une voix froide. Les journalistes doivent savoir où se situent les frontières. Il lui tendit alors un tabloïd. — Je veux que son nom soit inscrit sur la liste noire de la maison d’édition. Karl acquiesça et sortit son téléphone pour exécuter l’ordre. Le regard de Tristen se fixa sur l’article qu’il venait de refermer, une colère glaciale au fond des yeux. — Personne n’a le droit de salir la femme que j’ai choisie, murmura-t-il, ses doigts crispés sur le papier. ### Studio Vanessa Après plusieurs heures sous les projecteurs, Ashley sentit ses forces décliner. — Tu pourrais penser au confort de ton modèle, Alice. Tu m’as fait poser jusqu’à l’épuisement, râla-t-elle en s’affaissant sur une chaise. — Et tu crois que je peux me priver de ce visage ? C’est grâce à toi que je garde ma place dans ce métier, rétorqua Alice avec malice. Elle s’assit à côté d’elle et reprit : — Ce soir, je pensais organiser une soirée entre filles. Tu viens ? Ashley secoua la tête. — Impossible. Mon père a exigé que je garde ma soirée libre. Elle se figea soudain, comme frappée par une révélation. — Excuse-moi une minute. Elle s’éloigna précipitamment pour passer un appel. Restée seule, Alice aperçut Miley à quelques mètres et l’attira vers elle. — Toi qui sais tout de son emploi du temps… que prévoit-elle ce soir ? Miley consulta ses notes. — Un dîner. C’est son père qui en a fait la demande, répondit-elle sans détour. Alice fronça les sourcils, mal à l’aise. — Quelque chose ne tourne pas rond, murmura-t-elle. Mais elle n’eut pas le temps d’en dire davantage, car Ashley revenait déjà, le visage fermé, le téléphone crispé dans sa main. — Comment a-t-il osé ? lâcha-t-elle d’une voix vibrante de colère. Alice écarquilla les yeux. — Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ashley lui lança un regard furieux, avant de lâcher la bombe : — Mon père vient de m’arranger un rendez-vous ! Alice se redressa d’un bond. — Quoi ?! Depuis quand ? Et pourquoi je ne suis même pas au courant, moi, ta meilleure amie ? Ashley s’effondra sur sa chaise, excédée. — Comme si j’avais été mise dans la confidence… Alice resta bouche bée. — Attends, tu veux dire que tu vas dîner avec un inconnu, et que tu n’étais même pas au courant ? Ashley ferma les yeux, accablée. — Il attendait que Greg disparaisse de ma vie pour relancer son manège. Et moi qui espérais qu’il me laisserait le temps de souffler… Elle secoua la tête, amère. — Je n’aurais jamais imaginé qu’il me piégerait de cette façon.
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