Chapitre 5

1528 Mots
Elle me fixa un moment, puis se mit à rire. Ce qui, évidemment, me fit rire aussi. En vrai, c'était fou cette histoire. Mayah croyait à une blague alors que, pour une fois, j'étais on ne peut plus sérieux. On rigola un bon moment, jusqu'à ce que je reprenne mon calme et dise : - Je suis très sérieux, Mayah. - Non, je te crois pas, répondit-elle en me fixant droit dans les yeux. - Tu devrais. Elle continua de me regarder intensément, comme si elle cherchait une faille dans mon regard, un indice qui trahirait une mauvaise blague. Puis, sa voix devint plus grave, plus posée : - Attends un peu, Yannick... Tu penses que le mariage, c'est un jeu ? - C'est juste pour un moment donné. Et puis, on n'a pas besoin de faire comme les couples. Tu n'as pas à t'inquiéter, ça ne sera rien d'exceptionnel. - Non. Non, non et non ! - Écoute, Mayah, tu vas juste être ma femme sur le papier, mais tu pourras toujours vivre ta vie, faire ce que tu veux. - Non, j'ai dit ! On n'est pas dans un film ou une chronique, réveille-toi, Yannick ! - Je sais, princesse, mais ça ne change rien... - Vas-y toi, commence même pas. Moi c'est Mayah. Mais bordel... oh, réveille-toi enfin ! - Par contre, tu parles mieux, dis-je d'un ton sec. - Pardon. Je soupirai, fatigué. - Je comprends que c'est dingue, mais tu sais que des situations comme ça existent. - Tu veux qu'on fasse un faux mariage ? J'avoue, dans les chroniques, c'est romantique. Mais Yannick... dans la vraie vie, c'est une dinguerie. Le monde est foutu, oui, mais pas à ce point. Elle me fit sourire malgré moi. Elle avait raison. C'était une folie, une idée totalement absurde que de demander une chose pareille. J'avais la tête baissée, honteux. Un silence lourd s'installa. Puis elle le brisa doucement : - Et même si on se marie... Yannick, personne ne va croire à notre mariage. Même pas mère Neslihan. - Si. N'oublie pas que beaucoup nous voient comme un couple. Ce mariage, tout le monde va le croire, je te dis. - Et même si c'est le cas, qu'est-ce que ça change ? On s'en fout de ce que les autres croient, non ? - Oui... - Désolée, Yannick. Je ne peux pas t'aider, souffla-t-elle. Je comprenais sa décision. Mais je savais qu'elle n'était pas définitive. Mayah, je la connaissais : c'était une tête de mule. Il me faudrait du courage pour la convaincre, mais je n'étais pas prêt à abandonner. - Écoute, comme je te l'ai dit, c'est une question de temps. Un jour ou l'autre, on va divorcer. C'est juste pour un moment, princesse. Tu pourras vivre ta vie. Il te suffit d'accepter d'être ma femme, pour un temps. - Et après ? demanda-t-elle. - Laisse tomber, répondis-je en détournant les yeux. J'en avais marre. Cette situation me rendait malade. J'étais en colère, mais contre moi-même. J'avais l'impression de forcer Mayah, de lui faire porter un poids qui n'était pas le sien. Et ça me rendait fou. Elle posa doucement sa main sur la mienne. - Bae... - Je t'en veux pas. Sérieux... c'est ridicule ce que je te demande. C'est à ce moment-là que mon téléphone vibra. Un appel. Mia Rose. - Ta mère... elle a fait un malaise, me dit-elle d'une voix pressée. Encore une scène, me dis-je. Juste pour me faire culpabiliser un peu plus. - On y va ensemble, dit Mayah sans me laisser le choix. Je hochai la tête. On monta dans la voiture. Je démarrai en trombe, le cœur lourd, l'esprit en vrac. Cela me rappelle le jour du décès de mon père. J'étais en pleine réunion quand on m'a annoncé qu'il était à l'hôpital, sur le point de mourir. J'ai roulé à toute vitesse, mais il était déjà trop tard. Je m'en veux encore aujourd'hui. Je n'ai pas pu lui dire au revoir. Je ne me le pardonnerai jamais. En revanche, ma mère... elle me manipule avec tout ça. Ce n'est pas de la peur que je ressens, c'est de la colère. D'un coup, Mayah pose sa main sur la mienne et dit : - Tu n'as pas l'air inquiet, Yannick. - J'en peux plus d'elle, dis-je. - Ne dis pas ça, c'est ta mère, après tout, exprime-t-elle doucement. - Oui, mais elle me manipule ! Elle fait tout ça pour me faire plier ! - Calme-toi, s'il te plaît. Elle est juste désespérée... tu es son fils unique. - Et alors ? Tes parents à toi, ils te mettent autant la pression ? Elle reste silencieuse. Une fois arrivés à l'hôpital, nous sommes allés directement dans la chambre de ma mère. Elle était allongée sur son lit, Mia et Sonia assises à son chevet. Dès qu'elle m'aperçoit, elle me fait signe d'approcher. - Mon fils... Je m'assois sur le bord du lit. - Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est Mia qui répond : - On était dans le salon, elle a commencé à manquer d'air, puis elle s'est évanouie. Je reste sceptique. Mia ne me dit pas tout. - C'est pas normal... Qu'est-ce que vous faisiez exactement ? je redemande. - Tu poses trop de questions. Ce n'est pas le plus important, Yannick, me coupe ma mère. Je comprends qu'elle cache quelque chose. Mais je suis prêt à découvrir la vérité. - Réponds-moi sincèrement, Mia. Elle jette un coup d'œil à ma mère, puis : - Je ne sais rien, Yannick, je te promets. - Et toi, Sonia ? - On discutait, c'est tout, quand... Elle est interrompue par ma mère : - Tu veux vraiment savoir la vérité ? On parlait de toi, Yannick. Tu ne vois pas que je souffre ? J'ai besoin que tu te maries tant qu'il est encore temps. Je me lève, hors de moi. - Encore cette histoire de mariage ! Qu'est-ce qui te passe par la tête, à la fin ? - Yannick, ressaisis-toi, ce n'est pas le lieu, intervient Sonia. - Toi, ferme-la, ok ! Elle se tait, tant mieux. Elle m'énerve. Mayah s'approche : - Bae, calme-toi s'il te plaît. Aussitôt, ma mère et Sonia braquent leurs regards sur elle. Mayah semble mal à l'aise. Elle n'a pas voulu mal faire. Elle est simplement affectueuse, mais beaucoup ne le comprennent pas. Sonia, furieuse, fixe Mayah avec froideur : - Je vois que t'as pas froid aux yeux ! Tu es prête à tout, toi ! Je n'en crois pas mes oreilles. Elle ose parler ainsi à Mayah, alors qu'elle sait très bien ce que je pense d'elle. Ma mère se redresse légèrement sur son lit : - Tais-toi, Sonia. Dis-moi, Mayah... Qu'est-ce que tu viens de dire ? Qu'est-ce qui se passe entre vous deux ? - Commence pas à la harceler elle aussi, ok ? dis-je, agacé. - Je veux juste savoir pourquoi elle t'a appelé comme ça ! - Viens, Mayah, on y va. - Tu vas où, Yannick ? Tu ne vois pas que je suis souffrante ? - J'en peux plus de ton comportement. Toi et Sonia, vous me fatiguez ! dis-je avant de sortir, Mayah à mes côtés. On sort de l'hôpital. Je n'en peux plus d'écouter leurs bêtises. Soudain, Sonia nous rejoint au parking. - Qu'est-ce que tu veux ? je lui lance. - Je veux parler à Mayah, me répond-elle. - Et je peux savoir pourquoi ? Elle se croit où, celle-là ? Elle a trop de culot. Elle ne va pas lui retourner la tête, j'espère. Mayah intervient : - Yannick, laisse tomber. Vas-y, Sonia, je t'écoute. - En privé, s'il te plaît, demande Sonia. Je suis abasourdi. Mais pour qui elle se prend, cette folle ? Elle m'énerve au plus haut point, mais je garde mon calme. J'étais encore sous le choc de ses paroles. Alors, j'ai décidé de réagir. - Tout ce que tu lui diras "en privé", comme tu le dis si bien, elle me le dira de toute façon. Autant que tu parles maintenant. Sonia me fixa un instant, silencieuse, avant de tourner la tête vers Mayah. - Je veux savoir ce qu'il y a entre vous deux, Mayah. Gênée par la situation, Mayah murmura : - Rien... C'est juste... C'était la goutte de trop. Je n'ai pas pu m'en empêcher. J'ai coupé sa phrase net. - Ne dis rien, Mayah. Toi, Sonia, tu te prends pour qui exactement ? Elle baissa les yeux, prise au dépourvu. - B... Yannick, calme-toi s'il te plaît. souffla Mayah, nerveuse. Sonia reprit d'une voix tremblante : - Mayah, c'est mon amie. - Et alors ? lançai-je, furieux. Ça te donne quel droit au juste ? Elle évita mon regard. - J'ai confiance en toi, Mayah. Tu peux pas me faire ça... - Je peux pas te faire quoi ? Qu'est-ce que tu racontes encore ? répliqua Mayah, confuse. Sonia respira un bon coup, puis dit enfin : - J'ai jamais cru à votre amitié à tous les deux. Tu sais très bien qu'il compte pour moi, alors dis-moi sincèrement... Yannick représente quoi pour toi ? À suivre...
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