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1308 Mots
Sydney Carlyle Steen, vingt-cinq ans. Diplômée à Sydney, infirmière anesthésiste. Elle avait travaillé au Sydney Memorial Hospital pendant près de deux ans dans les services de chirurgie, de pédiatrie et bien sûr des urgences. Elle avait également pendant six mois travaillé dans une petite clinique dans le bourg australien. De toute évidence, c’était une jeune infirmière très qualifiée. Posant le dossier contenant le CV de la nouvelle infirmière sur la table de son bureau, Rafe poussa un soupir. Il devait avouer qu’elle avait de très bonnes références. Et, elle s’était montrée compétente avec la jeune patiente qui avait fait un arrêt respiratoire, la semaine dernière. En un rien de temps, elle s’était très vite fait à la vie hospitalière londonienne. Un sourire s’esquissa sur ses lèvres. Une Sydney vivant dans une ville portant le même nom quelle. C’était assez amusant comme coïncidence. Mais, pourquoi avait-elle quitté l’Australie pour venir s’installer à Londres ? Et lui, pourquoi se posait-il cette question ? Il était le mieux placé pour savoir que quitter un endroit où on a vécu longtemps était très dur mais était parfois nécessaire. Changer d’air, reprendre une nouvelle vie. Fuyait-elle les affres d’une rupture ? Grognant, il secoua la tête en se tançant mentalement de la tournure de ses pensées. Il avait bien assez de soucis comme cela en ce moment pour penser à la nouvelle arrivée. Dans sept jours cela ferait exactement cinq ans depuis cette tragique nuit qui avait changé sa vie, le poussant à fuir sa famille, sa ville. Poussant un soupir las, il ferma les yeux et s’affala dans son fauteuil, la tête en arrière. Si le cours de son existence n’avait pas changé de façon aussi dramatique et qu’il n’avait pas quitté Florence, il pourrait actuellement prétendre à un poste de consultant dans son hôpital. Mais la question ne s’était même pas posée pour lui : trop de souvenirs demeuraient attachés à cet endroit. Il avait résisté pendant quoi six mois avant de se rendre à l’évidence. Il ne pouvait plus rester et continuer à vivre là où lui et Sandra avaient vécu si longtemps et voir la pitié dans les yeux de sa famille, ses amis et collègues étaient devenus douloureux. Il avait tout quitté et s’était engagé dans médecin sans frontières pendant deux années. Deux années bien durent mais qui l’avait aidé à oublier. Puis à la fin de son contrat ne se sentant pas l’envie de rentrer en Italie et vu qu’il parlait assez bien l’anglais, Londres lui avait paru le meilleur choix pour recommencer sa vie loin de tout. L’image de Sydney s’imposa soudain à lui. Cette infirmière ne travaillait que depuis une dix jours à peine à l’hôpital et pourtant… Ses derniers temps, il s’était surpris à beaucoup penser à elle. Elle éveillait en lui un trouble puissant le ramenant à sa période d’adolescent fébrile à des pulsions incontrôlées. Il pensait pourtant en avoir fini depuis bien longtemps avec ce genre de réactions. Après avoir passé tant d’années à se contrôler et à éviter tout engagement formel avec une femme, il pouvait bien travailler avec elle. Certes, elle était très attirante, il ne pouvait le nier qu’elle lui plaisait mais il s’aurait s’en accommoder jusqu’à ce que cette attirance disparaisse. − Je te retrouve enfin, Dr Rivalti. La soudaine voix de la chef des infirmières Kate Sheppard lui fit ouvrit les yeux. Se redressant, il la contempla. Elle avait les joues roussit par l’effort d’avoir couru semble-t-il. − On a besoin de toi, Rafe.    Avec un petit soupir, il se leva. Il était temps de se remettre au travail. * * * Sydney scruta l’écran de son téléphone avec appréhension. Cela faisait plusieurs minutes qu’elle fixait ainsi le numéro de son père qu’elle avait obtenu après quelques recherches sur internet et dans un bon vieil annuaire. Cela avait étrangement été facile de retrouver Thomas Carlyle, en partie grâce à son métier. Il possédait, elle se souvenait une société de transport routier lorsqu’elle était encore enfant mais après toutes ses années, sa société avait quelque peu évolué et également son statut financier et familial. Il vivait en effet toujours à Londres et elle n’avait pu obtenir que le numéro de son domicile mais pas son numéro privé.            Appeler ou pas ? Il fallait qu’elle se décide car sa pause finissait dans quelques minutes et là elle avait la chance d’être seule dans la salle de repos. Une promesse est une promesse Sydney, se dit-elle. Tu l’as promis à ta grand-mère.            Ce n’était pas comme si elle comptait lui pardonner ou retrouver une relation père-fille, elle allait juste lui dire qu’elle était de retour à Londres. C’est à lui de décider s’il aurait envie de la revoir. Elle, elle n’en avait pas particulièrement envie.            Prenant son courage à deux mains, elle lança le numéro et attendit.            Il y eut une longue série de sonnerie avant que quelqu’un ne décroche mais c’est une voix enfantine qui lui répondit. − Bonjour, reprit la voix de l’enfant. Qui est-ce ? − Je t’ai déjà mille fois dit Josh de ne pas répondre au téléphone quand je suis là, lança la voix d’une femme en fond.            Puis elle entendit un bruit. La femme venait sans doute de prendre le téléphone à l’enfant. − Allô, dit la voix de la femme. − Bon… bonjour, balbutia-t-elle. Je suis bien chez M. Thomas Gregory Carlyle ? − Oui. Qui le demande ?            Sydney sentit les battements de son cœur s’accélérés. Si elle était bien chez son père alors celle qui venait de décrocher devait être sa nouvelle femme. Elle avait appris dans ses recherches qu’il s’était remarié et avait même deux enfants. Elle avait donc demi-frère qu’elle ne connaissait même pas. Elle inspira profondément avant de répondre. − Sa fille, dit-elle d’une voix claire. Sydney Carlyle. Est-il là ? J’aimerai lui parler.            Il y eu quelques secondes de silences et elle crut bien que la femme de son père avait raccroché mais elle entendait encore son souffle, à moins que ce soit le sien. − Sydney ! D’Australie. Vous appelez de là-bas ? demanda-t-elle d’une voix inquiète. − Non je ne vis plus là-bas. Je suis rentrée à Londres il y a quelques temps. Mon père est-il là ? Demanda-t-elle à nouveau. − Non, il est au travail en ce moment. Ne rappelle plus, Sydney. Ton père a tourné la page avec vous alors fais-en de même.            Elle raccrocha à ses mots et Sydney resta avec son téléphone contre l’oreille.            Elle rangea son téléphone dans la poche de sa blouse, assez secouée par cette étrange conversation.            Elle savait que cet appel n’aurait pas été des plus agréables mais la manière dont l’avait traité la femme de son père était des plus rustres. Avait-elle raison ? Son père les avait-il oubliés ? Sans doute oui sinon il aurait donné signe de vie ses dix dernières années où après la mort de sa mère. Mais, il n’avait rien fait. Rien fait. Absolument rien            Que devait-elle faire ? Tenir la promesse faite à sa grand-mère ou fait comme cette femme venait de lui dire ? − Sydney, tu m’écoutes.            Levant la tête, elle aperçut Mia accompagné de Marina, une élève infirmière qui était entrée dans la salle de repos sans même qu’elle se rende compte. Son amie la dévisageait un regard inquiet. − Euh, oui. Qu’y a-t-il ? − Grace demande que tu passes la voir avant de reprendre ton service. Elle au box 8. − Pourquoi veut-elle me parler ? demanda-t-elle un peu inquiet.            Elle ne pensait pas avoir commis d’erreur durant cette première semaine de travail. − Je n’en ai aucune idée, dit Mia haussant les épaules en se dirigeant vers la machine à café. − Ok! dit-elle en secouant la tête et se dirigea vers la sortit.            Mia regarda son amie sortie en haussant les épaules. 
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