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Le rival du roi

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À peu près vers l’heure où ces choses se passaient dans la maison des quinconces, c’est-à-dire vers quatre heures du matin, c’était le moment où, dans la mystérieuse maison de la ruelle aux Réservoirs, le comte du Barry songeait au meurtre du chevalier d’Assas.Ainsi, tandis que la femme, dans cette étrange association, déployait toutes ses ruses et faisait des miracles pour conquérir les sens et peut-être le cœur du roi, l’homme s’apprêtait à tuer !...Dans le début de cette soirée, lorsque la nuit venait de tomber, un homme soigneusement enveloppé de son manteau entrait dans la ruelle aux Réservoirs.

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I-1
I Saint-Germain à l’œuvre À peu près vers l’heure où ces choses se passaient dans la maison des quinconces, c’est-à-dire vers quatre heures du matin, c’était le moment où, dans la mystérieuse maison de la ruelle aux Réservoirs, le comte du Barry songeait au meurtre du chevalier d’Assas. Ainsi, tandis que la femme, dans cette étrange association, déployait toutes ses ruses et faisait des miracles pour conquérir les sens et peut-être le cœur du roi, l’homme s’apprêtait à tuer !... Dans le début de cette soirée, lorsque la nuit venait de tomber, un homme soigneusement enveloppé de son manteau entrait dans la ruelle aux Réservoirs. Il marcha directement, sans hésitation, vers la maison de M. Jacques. Cet homme, c’était le comte de Saint-Germain qui, après la séance de magnétisme de Paris, était monté dans sa voiture. Pendant tout le trajet de Paris à Versailles, il dormit, non pas tranquillement, mais profondément. Le comte s’était donné à lui-même l’ordre de dormir, – et il dormait ! Ce serait peut-être le moment de placer ici la théorie du magnétisme : nous préférons simplement laisser à nos lecteurs le droit de croire ou de ne pas croire et de consulter sur ce sujet les stupéfiants travaux qui s’accomplissent de nos jours : une visite à un hôpital psychiatrique pourrait convaincre les plus incrédules. Quant à nous, nous adoptons, sans plus, les récits qui nous sont parvenus sur cet homme extraordinaire qu’était le comte de Saint-Germain. Et sans autre discussion, nous passons à l’exposé des faits. Ils sont étranges, – ils sont probants... Aux premières maisons de Versailles, le cocher avait réveillé Saint-Germain, puis continué à rouler. Le comte avait arrêté sa voiture sur la place du château, ou plutôt sur l’esplanade qui est devenue ce qu’on appelle aujourd’hui la place. Et il avait gagné à pied la ruelle aux Réservoirs. – Pourvu que j’arrive à temps ! – songeait-il avec angoisse. Mais cette angoisse ne se traduisait nullement au dehors : Saint-Germain conservait cette apparence de froideur qu’il s’était imposée et qu’il conservait même quand il était seul. Il alla frapper à la porte de la maison de M. Jacques. Comme toujours, un judas s’ouvrit d’abord, puis la porte. Un laquais parut. – Que demandez-vous ? fit assez rudement le domestique en cherchant à dévisager l’inconnu. – Je voudrais parler à M. le chevalier d’Assas, dit simplement Saint-Germain. – En ce cas, vous vous trompez, monsieur : la personne que vous dites ne demeure pas ici... voyez plus loin. Le laquais repoussa la porte. Brusquement, le comte de Saint-Germain tendit le bras vers cette porte, mais sans la toucher. Le laquais s’arrêta net dans le mouvement qu’il faisait pour fermer. Une sorte d’horreur convulsait le visage de cet homme. Il était comme paralysé... – Qu’avez-vous donc, mon ami ? dit Saint-Germain. – Je ne sais... je crois que... je meurs... j’étouffe... oh !... – Allons, remettez-vous... et surtout ne criez pas... je puis, mieux que personne, vous guérir du mal foudroyant qui vient de s’emparer de vous... – Vous ?... ah !... à moi !... râla le malheureux. – Je suis médecin, dit Saint-Germain, un grand médecin... Voulez-vous que je vous peigne les symptômes de votre mal ? vous pourrez par là juger de ma science... – J’étouffe... je... meurs... grâce !... à moi !... – Voici : vous avez exactement l’impression d’un cercle de feu autour de votre tête... – Oui, oui !... cela me brûle... – Et, à la gorge, l’impression d’une main puissante qui vous étranglerait... – Oui, oui, j’étouffe... – Vous ne pouvez faire aucun mouvement... – Oui, oui... je me pétrifie... – Je connais votre mal, et j’en ai le remède sur moi... – Donnez ! Oh ! donnez !... – Impossible... Dans un instant, vous ne pourrez plus même parler ; dans cinq minutes, vous serez mort... Le laquais voulut jeter un grand cri. Mais comme le lui avait annoncé le terrible visiteur, il ne pouvait plus !... Toutes les sensations qu’avait dépeintes Saint-Germain, il les avait éprouvées au fur et à mesure qu’il les décrivait. Il ne douta plus qu’il ne fût sur le point de mourir. – Conduisez-moi dans la maison, reprit alors Saint-Germain, faites en sorte que personne ne me voie, et je me charge de vous guérir : dans quelques instants, vous serez aussi vigoureux qu’avant l’attaque. Voyons, hâtez-vous, car je n’ai pas de temps à perdre ici, puisque celui que je cherche n’y demeure pas. Me faites-vous entrer ? – Oui, répondit le laquais sans s’étonner que la voix lui fût revenue. – Conduisez-moi donc : voici ma main... Et sans s’étonner non plus que la faculté du mouvement lui revînt aussi, le laquais prit Saint-Germain par la main et, ayant refermé la porte, le conduisit dans le pavillon de gauche – celui qu’habitait d’Assas. – Là ! fit alors le comte, si M. Jacques vous demande qui a frappé à la porte, vous répondrez que c’était un passant qui se trompait de porte. N’est-ce pas, mon ami ? – Oui, maître ! dit le laquais. – Allez donc. Je vous attendrai ici. Le laquais n’éprouva aucune surprise de ce que cet inconnu lui parlât de M. Jacques. Il trouva tout naturel que l’étranger lui donnât des ordres. Il ne se souvenait plus de ce mal foudroyant qui venait de le saisir. Il ne se rappelait plus que ce médecin ou soi-disant tel devait le guérir. Il obéissait passivement, mécaniquement. Il se rendit dans le pavillon qui donnait sur la rue. Il y trouva M. Jacques qui, en effet, l’interrogea, et il fit la réponse qui lui avait été indiquée. Quelques minutes plus tard, M. Jacques sortait avec le comte du Barry et Juliette pour se rendre à la maison des quinconces où nous les avons vus à l’œuvre l’un après l’autre. Le laquais était revenu dans le pavillon à gauche de la cour. – Comment t’appelles-tu ? demanda Saint-Germain. – Lubin, maître, répondit le laquais. Et il lui parut tout naturel d’appeler maître cet étranger. Aucune autre appellation ne se présenta à lui. – Où est le chevalier d’Assas ? demanda Saint-Germain. – Il est sorti, répondit Lubin qui n’avait plus le moindre souvenir d’avoir soutenu que le chevalier n’habitait pas là ! – Pour aller... où est Mme d’Étioles ? – Assurément. Il ne peut être que là ! – Et crois-tu qu’il parvienne à la voir ? – Sans aucun doute. Les précautions du général sont trop bien prises... – Quel général ?... Es-tu fou ?... Il n’y a que M. Jacques. – C’est vrai, dit Lubin. Pardonnez-moi... – Mais comment sais-tu des secrets de cette importance, toi ?... Allons, tu m’as menti... tu ne t’appelles pas Lubin... – C’est vrai, maître... je ne m’appelle pas Lubin. – Ton vrai nom, alors ?... parle... Il le faut !... – Vicomte d’Apremont... dit Lubin qui suait à grosses gouttes. – Bien. Je comprends. Au surplus, j’aime encore mieux t’appeler Lubin. Je crois que de ton côté... Le visage de Lubin, qui était convulsé par l’angoisse, redevint radieux. – Allons, tu vois, reprit Saint-Germain ; je ne connais ici que Lubin... ton vrai nom, je ne veux pas le savoir, je ne l’ai jamais su, tu entends ? – Oui, maître ! fit Lubin rayonnant. – Et que doit faire le chevalier d’Assas ? reprit Saint-Germain. – Il doit amener ici Mme d’Étioles. – Ici même ?... – C’est-à-dire dans le pavillon d’en face. – Et alors, que doit-il arriver ?... – Mme d’Étioles doit demeurer ici, prisonnière. – Et le chevalier ? – Du Barry s’en charge : il doit le tuer. – Quand cela ?... – Mais... dès que cela sera nécessaire ; peut-être dans huit jours, ou dans un mois... – Ou peut-être dès ce soir... N’as-tu pas un peu pénétré l’intention secrète de du Barry ?... Lubin parut faire un gros effort. – Je crois, dit-il, haletant, que son intention est vraiment de le tuer ce soir ! – C’est-à-dire trop tôt !... – C’est cela, maître, c’est bien cela ! – C’est-à-dire qu’il désobéira à M. Jacques. – Oui ! fit Lubin avec une visible expression d’épouvante. – Lubin, dit le comte, il faut empêcher cela à tout prix. Tu comprends l’importance ? – Comment faire ? balbutia Lubin en se tordant les bras. – Voyons ; je veux te tirer d’embarras. As-tu confiance en moi ? – Oh ! oui, maître... une confiance sans bornes... – Es-tu décidé à m’obéir aveuglément ? – Parlez... ordonnez... j’obéirai ! – Eh bien, cache-moi quelque part où je puisse surveiller à la fois du Barry et d’Assas ! Lubin se mit à trembler. – Non, murmura-t-il, non, pas cela !... je ne peux pas... je ne veux pas !... C’était un tour de force extraordinaire qu’avait accompli jusque-là le comte de Saint-Germain en imposant sa volonté au faux laquais sans le mettre en état de magnétisme. Il entrait dans son plan de ne pas essayer ce moyen extrême. En effet, il fallait que Lubin gardât toute sa présence d’esprit, en employant le mot présence dans son sens effectif et non métaphorique. Devant la soudaine résistance de Lubin, le comte eut une minute d’angoisse. Il était livide de l’effort qu’il faisait succédant à la terrible dépense de forces qu’avait nécessitée l’interrogatoire d’Eva. – Vicomte d’Apremont, dit-il, vous voulez donc résister ? – Je ne suis pas le vicomte d’Apremont, dit le laquais avec désespoir, je suis Lubin. – Vicomte d’Apremont, reprit Saint-Germain, prenez garde, vous allez m’obliger à user de rigueur. Je vais être forcé de vous endormir, et alors, voyez ce qu’il peut en résulter pour vous ! M. Jacques ne pourra jamais croire que vous ne l’avez pas trahi... Lubin frissonna. Il voulut reculer, jeter un cri... Mais déjà Saint-Germain avait marché sur lui, le bras tendu, esquissant les passes magnétiques par lesquelles il avait l’habitude d’agir. Une minute, Lubin haleta, se débattit. Saint-Germain suait à grosses gouttes. Coûte que coûte, il ne voulait pas endormir Lubin. Celui-ci, tout à coup, baissa la tête, vaincu. – Je puis vous cacher, dit-il en poussant un effrayant soupir. – Bien, mon ami, fit Saint-Germain. Rassurez-vous sur mes intentions : je ne suis ici que pour empêcher un crime de se commettre... un crime que votre maître réprouverait... Le reste ne me regarde pas... Me croyez-vous ?... – Oui, je vous crois... je vois en vous... et je n’y vois qu’une pensée généreuse... – Vous savez de quel crime je veux parler ? – Oui, le meurtre du chevalier d’Assas !... – Moi seul puis l’empêcher. Vous êtes donc décidé à me cacher dans cette maison ?... Mais prenez bien garde, il faut que je puisse y rester au besoin plusieurs jours sans risquer d’être découvert... Lubin sourit : il était tout à fait dompté. – Venez ! dit-il simplement. Et, suivi de Saint-Germain, il sortit du pavillon, traversa la cour et entra à droite, c’est-à-dire dans le pavillon où se trouvaient précédemment du Barry et Juliette, – où devaient venir d’Assas et Jeanne. Ce pavillon se divisait en deux parties : à droite, l’appartement tel que nous l’avons vu ; à gauche, une pièce unique. C’est dans cette pièce que Lubin conduisit le comte de Saint-Germain. Elle était sommairement meublée d’une table, de deux fauteuils et d’un grand canapé sur lequel on pouvait au besoin dormir. La fenêtre, qui donnait sur la cour, était garnie d’épais rideaux. – Personne n’entre jamais ici, dit Lubin. Vous y serez en parfaite sûreté... – Très bien. Et si j’ai besoin de vous appeler ? Lubin lui désigna un cordon de sonnette dont le fil allait se perdre au dehors. – Voici, dit-il : vous n’aurez qu’à secouer deux fois ce cordon. – Vous pouvez donc vous retirer, dit Saint-Germain en plongeant son regard dans les yeux de Lubin. Mais jusqu’à ce que je vous appelle, vous devez oublier que je suis ici... vous m’entendez bien ? Lubin tressaillit, mais s’inclina. – La précaution est bonne, murmura le comte. Il paraît que ce digne Lubin songeait à me trahir.

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