Chapitre 6

3561 Mots
D’autres passants flânent promenant leurs animaux ou faisant du sport. L’air est encore frais, une brise agréable se fait sentir par intermittence tandis que nous nous installons sur un banc face au port, les voiles des bateaux tanguant lentement au rythme de la houle matinale. L’endroit est beau et apaisant, la journée sera belle pour une fin de septembre. Je bois mon café sans pouvoir vraiment parler, gênée par cette situation peu commune pour moi. J’ai l’impression que Gabriel attend simplement que je brise le silence, mais je n’y parviens pas. Je ne sais pas quoi dire, je suis vide depuis si longtemps qu’avoir une conversation qui ne soit pas banale m’est rare, je consacre depuis bien longtemps toutes mes ressources intellectuelles à mon travail, alors me promener avec un inconnu qui me retourne les sens, me met terriblement mal à l’aise. Il se tourne vers moi pour me faire face et plante son regard vert dans le mien comme si le bouillon qu’étaient mes pensées avait débordé jusqu’à lui. - A quoi penses-tu ? Demande-t-il. - Au fait que j’ai du mal à penser simplement. - Tu n’en as aucun mal. - Je ne sais pas quoi dire. Je n’ai aucune conversation. - Parce que tu vas mal pour l’instant. Bientôt, tu sauras. - Je suis tellement inintéressante… Lâché-je malgré moi. - Je ne suis pas d’accord. - Qu’est-ce- qui te pousse à penser le contraire ? - Nous avons eu des échanges très instructifs. Je détourne le regard et le fixe sur les ondulations délicates de l’eau. - Je t’ai amené ici pour une raison, continue-t-il. - Laquelle ? - Pour pouvoir aborder des sujets qui te feraient sûrement exploser de colère si tu n’étais pas en public. Merde, mais il a déjà compris alors… Il m’a fait sortir pour sonder le sujet qui l’intéresse parce qu’il a deviné comment je fonctionne. - Et tu pensais vraiment que je me contiendrais simplement parce qu’on est ici ? Tu te trompes lourdement, m’agacé-je me sentant piégée. - Je pense que certaines choses sortent mieux lorsqu’elles sont abordées de manière moins formelle, dans le cadre d’une promenade à l’air libre par exemple, que dans l’espace clos d’un appartement dans lequel on se sent protégé, et dans lequel on se terre, réplique-t-il fermement sans me lâcher du regard. Je garde mes yeux fixés sur les ondulations des voiles volontairement. Je sens mon cœur s’emballer dans ma poitrine. Je me mets à frissonner tandis qu’il se lève. - Allez viens, on va parler en marchant. Je m’engage alors dans ses pas lorsqu’il s’arrête net et je manque de le percuter alors qu’il m’attrape par le bras, et me place délicatement à côté de lui avant de reprendre sa marche. - J’aimerais qu’on parle de suicide. - Encore ça ! M’écrié-je en m’arrêtant net réellement exaspérée. - Et voilà la colère… Murmure-t-il, oui encore ça. Alors que je m’apprête à lui répondre, il lève la main pour m’inciter à garder mon calme et me prend doucement par le bras afin que je poursuive notre chemin. - Continue de marcher, s’il te plaît. J’avance à côté de lui en fulminant et il reprend. - Lorsqu’on a survolé le sujet, tu as dit que tu étais trop lâche pour ça, est-ce que ça sous-entend que tu as déjà essayé ? Ma gorge se serre, un poids tombe dans mon estomac provoquant mon mutisme. - Sois honnête, s’il te plaît. - Oui, avoué-je en soupirant, une fois… C’était il y a très longtemps. - Quel âge avais-tu ? - Seize ans. - C’est jeune pour souhaiter la mort, dit-il calmement, pourrais-tu m’expliquer ce qu’il s’est passé ? - Je… Ne préférerais pas. - S’il te plaît, insiste-t-il d’une voix douce. - J’ai fait une dépression très forte. Celle-ci n’est qu’une rechute minime en comparaison. Je vivais alors chez mes parents et j’allais mal depuis plusieurs mois, je n’allais plus en cours, je restais enfermée dans ma chambre, couchée dans le noir pendant plusieurs semaines. Je ne souhaite pas lui dévoiler immédiatement les raisons qui m’ont conduite à cet épisode. - Que faisais-tu comme études ? - J’étais en première économique et sociale. - D’accord, continue. - Un soir, tout s’est arrêté… Comme si un minuteur avait sonné. J’ai eu la sensation de vivre cela comme si mon corps agissait seul et que ma conscience avait disparu. Comme si l’aiguille qui tournait à l’envers avait cessé de bouger, comme si tout me prédestinait à sombrer, Et voilà… - Qu’as-tu fait ? - J’ai avalé un cocktail de médicaments, plusieurs boîtes à vrai dire… Et je me suis endormie. - Que s’est-il passé ensuite ? - Mon père… Il m’a trouvé et a appelé les pompiers. J’ai été hospitalisée plusieurs semaines après ça. - Comment es-tu sortie de l’hôpital ? - En leur disant ce qu’ils voulaient entendre. - D’accord. Merci de m’avoir raconté cela. Tu m’as dit que tu étais lâche, mais je n’en conclus pas la même chose. La lâcheté, c'est d’abandonner, pas de survivre. Quelle relation as-tu avec ton père ? - Après ça, c’est devenu différent… - Comment ça ? - Il s’est mis à me traiter comme une petite chose fragile. - Ce que tu es… Je lui lance un regard noir et continue, il n’a aucune idée de la rage et du désir de vengeance qui m’habite et m’empoisonne. - Il n’arrivait plus à fixer aucune limite. Alors j’ai dépassé celles que je voulais. - Super, plus d’autorité paternelle pour une jeune fille en souffrance… C’est parfait, soupire-t-il ironique, et ta mère ? - Oh, euh ma mère est une artiste… Elle… Vit dans un autre monde, elle a voulu protéger mon père et s’est occupée de moi, mais elle n’a jamais été figure d’autorité. - Quelles limites normales as-tu dépassées ? - Les soirées, l’alcool, la drogue, j’ai arrêté le lycée, il n’y avait plus aucune règle du tout. - Qu’est-ce qui a changé depuis ? - Rien… C’est toujours comme ça, je n’ai pas vraiment changé depuis, hormis le fait que je travaille beaucoup, et que j’ai moins de temps pour aller mal. - D’accord, tant mieux. - Si tu le dis. - Concernant la drogue, continue-t-il en ignorant mon commentaire. Je soupire encore. - Quoi ? - C’est moi qui te demande quoi ? - Pardon ? - Quelles drogues as-tu goûtées Serena ? M’interroge -t-il en détachant chaque mot durement. - Euh… Un peu de tout. - Précise. - Euh… Eh bien, j’ai fumé bien sûr… - Oui bien sûr, cingle-t-il avec sarcasme. - Et j’ai pris de la MDMA, des amphétamines, de la cocaïne, du LSD aussi… Et puis il y a les mélanges, les acides, l’absinthe… C’est à peu près tout. Je sens sa fureur grimper à mesure que j’énumère, et je sens qu’il produit un effort conséquent pour ne pas se mettre en colère lui-même. - As-tu été accro ? Je lui jette un coup d'œil désolé et il ferme les yeux dans un souffle. - Laquelle ? - La cocaïne. - Ça a duré longtemps ? - J’ai arrêté il y a deux ans. Ce qu’il ignore, c’est que dans ma branche, les trois quarts des gens sont consommateurs. La cocaïne coule à flots dans la finance, surtout quand les sommes d’argent en jeu font transpirer. - Est-ce qu’il t’est arrivé de replonger ? - Non, mens-je malgré moi. Je crois cependant n’avoir pas été suffisamment subtile dans la mythomanie à l’instant même où ça sort de ma bouche, mais il continue de marcher en fourrant ses mains dans ses poches. - Avec moi c’est mort, dit-il d’un ton détaché, j’espère que tu respecteras mon interdiction de toucher à ces merdes. Je reste silencieuse et continue la marche, comment peut-il croire une seule seconde qu’il lui suffit de me dire des choses pour qu’elles s’appliquent ? Il semble avoir compris une partie de ma façon d’être, son petit manège de la promenade le montre bien, il m’a contrainte à accepter une conversation en public parce qu’il savait qu’il n’aurait obtenu aucune réponse à ces questions si nous étions restés sur mon terrain. - Allez viens, on rentre. Il me prend fermement la main, je ne proteste pas et je le suis. Il nous ramène à son appartement, puis il enlève sa veste qu’il accroche au porte-manteau. Je retourne m’asseoir dans le même fauteuil que tout à l’heure en le regardant évoluer dans l’espace. Il attrape un vinyle posé au-dessus de la pile de carton, et l’installe sur la platine avant de le mettre à tourner. Le son enveloppe l’ensemble de la pièce comme s’il venait de partout à la fois m’incitant à chercher d’où provient la mélodie. C’est un air de classique au piano que je connais très bien, grâce aux nombreuses années de pratique dont j’ai bénéficié dès le plus jeune âge. Mes parents attachaient une grande importance à l’art dans notre quotidien, le travail de ma mère, son talent, son emploi du temps, son bien-être et toutes ses exigences y sont centrés. Gabriel se pose dans le fauteuil face à moi après avoir sorti de sa poche les cigarettes, le pochon et les feuilles que je ne l’ai pas vu reprendre à mon appartement, puis il commence à rouler en silence. Je l’observe attentivement tandis qu’il porte le joint à ses lèvres et l’allume avant de s’installer au fond du fauteuil et lever ses yeux verts captivants vers moi. - Tu peux t’installer, explique-t-il, nous allons rester ici aujourd’hui. - Comment ça ? M’étonné-je alors prise au dépourvu. - On reste ici aujourd’hui. Il y fait plus clair que chez toi et tu as besoin de lumière. - Les volets sont justes fermés chez moi. - Il n’y en a pas ici. Je ne proteste pas encore une fois - As-tu des notions concernant le plaisir ? Demande-t-il soudain. Je ne suis même pas encore vraiment installée qu’il me charge avec cette question fracassante. Je bondis de mon fauteuil, emprise d’une fureur m’enlisant totalement, son côté intrusif à l’extrême me perturbe au plus haut point, et je ne peux pas m’empêcher de réagir violemment. - Je ne suis pas une pauvre innocente ! Je suis tout le contraire ! Arrête de me traiter comme si j’étais une sauvage ignorante de tout. Je connais la vie, je connais les hommes ! Je suis instruite en la matière ! Aujourd’hui, on n’ignore plus rien de ce genre de chose à mon âge, c’est impossible ! Il n’a pas bougé d’un millimètre tandis que je lui hurle dessus, il demeure immobile comme une statue. Puis il se redresse lentement, pose le joint dans le cendrier situé sur la petite table, se lève et m’attrape soudainement avec une force tranquille. Je suis tellement surprise que j’en reste figée et le laisse faire. Puis il traverse la pièce et me dépose sur le lit avant de se placer au-dessus de moi, ses bras encadrant mes épaules. Je suis foudroyée par l’électricité qui circule avec bien trop de tension entre nous, et mon corps est secoué de tremblements incontrôlables. Ses lèvres n’ont jamais été si proches des miennes et je peux sentir son souffle sur mon visage. - Alors comme ça tu n’es pas une sauvage ignorante ? Questionne-t-il d’une voix suave et envoûtante, donc il n’y a aucun problème pour que j’éveille chez toi une sensation de désir ou de plaisir… N'est-ce pas ? Je déglutis la gorge trop serrée pour parler. Je ferme les yeux et m’incite au calme, en déconnectant mes esprits de mon corps pour ne pas sentir ce moment passer, je sais parfaitement comment faire, je ne dois pas céder à la panique. Je peux physiquement constater son envie de coucher avec moi. Je me doutais que cela arriverait, il me suffit de faire ce que j’ai déjà fait, me déconnecter. - Regarde-moi, gronde-t-il alors, Serena… Il prononce mon prénom avec une telle douceur que mes yeux s’ouvrent tous seuls. Il est tendu au-dessus de moi, je n’ose plus bouger un cil, et tâche d’envoyer mon esprit ailleurs tandis qu’il approche sa bouche de mon cou et souffle doucement ce qui me fait tressaillir. Je déglutis une fois de plus en refermant les yeux. Ses lèvres se posent alors juste en dessous de ma mâchoire dans un b****r léger. Je le laisse faire et ne réagis plus, il continue son chemin de baisers jusqu’à arriver à ma clavicule avant de s'interrompre soudainement. - C’est bien ce que je pensais… Je ne réponds rien tandis qu’il se redresse sur le lit et s’assied. - Tu étais où là ? Demande-t-il alors. - Je… Pardon, je ne peux pas. Je me redresse rapidement, en le repoussant tant bien que mal et vais précipitamment récupérer mon sac ainsi que mon manteau avant de me diriger vers la porte, qu’il atteint avant moi. - Qu’est-ce que tu fais ? M'interroge-t-il la main sur la porte en empêchant l’ouverture. - Laisse-moi partir, le supplié-je les larmes aux yeux. - Je t’ai dit qu’on passait la journée ici. - Je suis trop fatiguée. - Très bien, repose-toi, tu sais où est mon lit. - S’il te plaît, l’imploré-je encore désespérée. - Non, dis-moi ce qu’il y a. - Tu… Me fais peur… Mon Dieu… C’est vrai, il me fait peur, je n’ai jamais ressenti l’effet qu’il a sur moi avec qui que ce soit avant, et ça me déstabilise complètement, je perds le contrôle total, car rien ne se passe comme je l’imaginais… - Je suis désolé, dit-il, simplement tu es tellement bornée que j’ai jugé utile de te mettre dans une situation qui te ferait prendre conscience… - J’en ai parfaitement conscience, confessé-je en le coupant, seulement c’est au-dessus de mes forces. Voyant qu’il ne cède pas le passage vers la sortie, je baisse les bras et retourne à mon fauteuil. Il m’y rejoint et rallume le joint qu’il me tend aussitôt. Les effluves m’en embrument l’esprit et je me détends un peu, essuyant les larmes qui coulent le long de mes joues. - Bien, donc tu ne connais pas le plaisir et en plus tu t’absentes, reprend-il comme si de rien n’était, sacré mécanisme d’auto-défense. - Je connais le plaisir ! Me défends-je épuisée. - Ah oui ? Lequel ? Demande-t-il en haussant les sourcils. - C’est personnel ! Il rit en rejetant sa tête en arrière et ce son est incroyablement mélodieux. - D’accord, le plaisir personnel donc, continue-t-il en souriant, tout n’est pas à faire alors et le plaisir partagé ? Je secoue la tête en signe de négation, le laissant croire ce qu’il veut, trop honteuse pour avouer à voix haute qu’il a presque entièrement raison. Comment en sommes-nous arrivés à cette conversation si gênante ? Pourquoi crée-t-il autant de malaise ? - D’accord, comment faisais-tu avec tes petits copains ? - Je… Ne faisais pas. - Développe. - Je n’ai jamais eu de petits copains à proprement parler. - C’est-à-dire ? Tu n’as eu que des aventures ? - Non. - Alors sois plus claire s’il te plaît, comment faisais-tu pendant les relations physiques ? Je gigote dans mon fauteuil mal à l’aise face à ses questions, j’ai tellement honte que lui répondre est compliqué pour moi. - Je me déconnecte. - Donc tu ne consens pas ? - Bien sûr que si ! - Ah, donc tu consens, mais ne partage rien ? - En quelque sorte… Acquiescé-je dans un souffle. - Alors ce n’est pas ce que j’appelle le consentement. Si tu acceptes de partager ton corps avec quelqu’un d’autre, tu consens également à lui laisser l’opportunité de t’apporter du plaisir. - C’est trop philosophique pour moi, je me contente d’essayer d’être normale. - Tu te contentes d’attendre que ça passe ou de bêtement faire ce que l’on te dit sans réfléchir à ce que cela devrait t’apporter. Il n’y a aucun mal à se laisser aller avec quelqu’un d’autre. Allez, viens au lit. - Pourquoi faire ?! M’alarmé-je. - Tu as dit que tu voulais te reposer, nous allons y poursuivre la discussion. Je vais prudemment jusqu'à l’estrade, et m’assieds au bord du lit, il passe derrière moi puis s’installe confortablement en me faisant signe de le rejoindre. Je m’allonge à côté de lui tout en prenant garde à mes distances. - J’aimerais essayer quelque chose. - Quoi ? Demandé-je inquiète en effectuant un mouvement de recul. - Du calme… Je t’ai dit que je ne ferai rien sans ton consentement, me rassure-t-il doucement, mais puisque te toucher est encore délicat… Je me demande si t’embrasser le serait autant. Je mords ma lèvre malgré moi et son regard se déporte immédiatement sur ma bouche. Des papillons ont élu domicile dans mes entrailles et y grouillent avec entrain - Pourquoi voudrais-tu faire ça ? Articulé-je la bouche subitement sèche. - Parce que j’en ai très envie… Et toi aussi, devine-t-il en observant ma réaction amusé de réaliser l’effet qu’il a sur moi. Je détourne le regard pour tenter de dissiper le malaise grandissant qui me serre le ventre. - Ferme les yeux, m’ordonne-t-il de son ton sans appel. Je m’exécute sans rien dire et reste ainsi de longues secondes durant lesquelles je peux sentir son souffle s’approcher lentement du mien. Tous mes sens sont en alerte, craignant son contact imminent, écartelée par deux dimensions antagonistes, l’envie qu’il m’embrasse et la peur qu’il le fasse. - Serena, tu es tellement belle, murmure-t-il contre mes lèvres. Nos bouches se rencontrent dans un dernier soupir, son b****r est lent et doux, j’ouvre ma bouche à la caresse de sa langue, je suis transportée par un sentiment que je ne connais que très peu, que je n’identifie pas. Sa main s’accroche dans mes cheveux et les tirent légèrement en arrière ce qui me fait frissonner, tandis qu’il continue de m’explorer avec habileté. Mon cœur bat la chamade, j’essaie de faire taire les signaux d'alarme qui hurlent dans ma tête. Personne ne m’a jamais embrassée avec autant de douceur et de sincérité. Je suis complètement déstabilisée par cet assaut parfaitement maîtrisé. Il met fin à notre contact doucement, continuant à déposer ses lèvres sur les miennes avec délicatesse. - Eh bien… Dit-il après avoir repris son souffle, peut-être que j’aurais dû commencer par là… Tu es un enchantement pour mes sens, je dois avouer que tu me donnes follement envie de toi, de te goûter encore et encore… Je ne réponds rien, essoufflée par l’intensité de cet échange, et abasourdie par ses confidences crues. -Tout va bien, m’assure-t-il en glissant son bras sous ma nuque pour me tirer contre lui, détends-toi tu es parfaite. - Pardon. Je suis sûre que tu trouves ça complètement idiot. - Pas du tout, affirme-t-il en déposant un autre b****r doux sur mes lèvres, mais crois-moi je ne vais pas te laisser tranquille, je souhaite terriblement te voir jouir entre mes bras. - Arrête s’il te plaît… - D’accord, on en parle plus, repose-toi. Il se détend, ce qui m'apaise légèrement, mais quelque chose dans mon ventre m’empêche de me laisser aller, une sorte de frustration à laquelle je n’entends rien. Je finis par tomber d’épuisement, mon âme meurtrie supportant tant bien que mal les montagnes russes émotionnelles de ces derniers jours. L’après-midi est paisible. Les rayons du soleil forment de larges faisceaux dans l’appartement irradiant de lumière, ce qui, je dois bien l’avouer, me procure un sentiment de sérénité et de confort. Gabriel se montre moins incisif, plus discret. Nous évoluons ensemble dans l’espace, nous suivant mutuellement, comme si nous nous apprivoisions, il observe mes mouvements, mes réactions, mes soupirs. Je tourne en rond, m’arrêtant ici et là, lisant un résumé de livre, une pochette de vinyle, m’attardant sur un tableau peint à la main. Quand j’aperçois une guitare en bois noir le long d’un mur, je me tourne vers lui et le regarde l’air interrogateur. Il me suit des yeux et comprend immédiatement ma question muette à laquelle il répond par l’affirmative. Quelques instants plus tard son téléphone sonne, et il prend l’appel à la cuisine ouverte tandis que je continue la promenade de mes yeux à travers son appartement. Il n’a pas de télévision. D’abord, je trouve cela étrange, puis décrète que ça ne l’est pas pour lui. Il raccroche lorsque je me retourne et revient près de moi. - Je vais te raccompagner, j’ai pas mal de choses à gérer pour le bar. - Euh oui d’accord, m’empressé-je de répondre en prenant les affaires que j’ai laissées sur le fauteuil. Il me ramène en seulement quelques minutes dans un silence tranquille et s’arrête devant ma porte d’entrée. - Je ne pense pas pouvoir venir ce soir. - D’accord, réponds-je sans émotion. - Je t’écris donc garde ton téléphone allumé, s’il te plaît. - Oui. Il se penche vers moi, son regard évaluant le mien, puis dépose un b****r doux sur mes lèvres que je reçois avec surprise. - Quoi ? Demande-t-il, tu pensais que ce ne serait qu’une seule fois ? - Euh non… Mais… Pardon, je n’ai pas l’habitude. - D’accord, tu vas la prendre ne t’inquiète pas, m'assure-t-il en m’embrassant une seconde fois, comment me passer de ces lèvres après y avoir goûté ? Je sors de la voiture en le saluant et remonte dans mon appartement en prenant soin de fermer à clef derrière moi.
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