Je dors d’un trait cette nuit-là, emportée par les tourments provoqués par ses baisers. J’ai tenté de retourner la situation dans tous les sens. Il a débarqué dans ma vie comme un ouragan et semble redistribuer l’ensemble des cartes d’un jeu dont je n’ai pas la bonne main. Je suis si peu coutumière des familiarités affectives, que je suis des plus déroutée par son attitude envers moi. Peut-être a-t-il une sorte de fantasme envers les dépressives, que c’est son truc de « sauver » de pauvres âmes à la dérive. C’est trop compliqué pour moi, mais j’ai conscience que la situation m’échappe totalement, comme l’ensemble de ma vie d’ailleurs alors que je me suis donnée tant de mal pour apprendre à totalement maîtriser mes échanges sociaux afin de ne laisser paraître que ce que je souhaite. Ces dernières années mes nombreuses formations se sont avérées fructueuses, puisque j’arrive à cacher mon jeu. Mais pas avec lui, pas avec Gabriel.
Je me réveille tard dans la matinée. Il m’a envoyé un message auquel j’ai méticuleusement répondu lui donnant une foule de détails sur les bienfaits de la nuit passée, dans l’espoir qu’il lâche un peu de lest.
- Bien essayé, a-t-il simplement répondu, lis attentivement le message qui va suivre.
Le message en question arrive quelques minutes après le premier :
- Répondre aux messages.
- Pas de drogue.
- Pas trop d’alcool.
- Reste proche de ta copine.
- En cas de problème : appelle-moi !
Il m’envoie ça sans rien ajouter et je comprends qu’il s’agit de sa liste de « recommandations » pour la soirée. Je mets le téléphone à charger et me prépare lentement. À dix-neuf heures pile, Emilie frappe à la porte et entre sans attendre mon invitation, survoltée.
- Salut ma biche ! Alors prête pour s’éclater !
- Elle se fige en m’observant des pieds à la tête.
- Ba dis donc, tu as perdu combien de kilos depuis la dernière fois qu’on s’est vues ?
- Euh quelques-uns, réponds-je en affichant un sourire faux.
- Tu es en dépression, c'est ça ? Demande-t-elle sans ménagement.
- Ouais, une petite rechute, rien de grave, tu me connais, justifié-je mon sourire collé à mon visage.
- Oh allez ! Ne t’inquiète pas ! Cette soirée va te remonter le moral ! S'écrit-elle joyeusement.
Je ferme l’appartement en partant et fourre les clefs dans mon sac à main avec mon téléphone. Le trajet est animé par les bavardages incessants de ma meilleure amie. Je lui réponds à demi-mots, contrainte de tenir la conversation, avec l’esprit vaguement ailleurs.
- J’ai un truc avec Romain, confesse-t-elle soudainement.
- Ah bon ? Quel genre de truc ?
Je fais semblant de m’étonner, mais nous les avons entendus faire bien plus que fraterniser avec Adena sur le yacht, pendant notre virée à Syracuse. Je brûle de lui demander si elle a des nouvelles de la jeune Italienne.
- On a couché ensemble quelques fois, avoue-t-elle surexcitée me ramenant à sa conversation.
Elle connaît Romain depuis le lycée, mais ils étaient amis jusqu’à présent ou peut-être qu’ils attendaient chacun leur tour que l’autre se décide.
- Depuis combien de temps ?
- Euh, depuis Syracuse, mais on n’est pas encore fixés.
- Fixés sur quoi ?
- Bah sur notre relation.
- Je ne vois pas pourquoi, si il te plaît fonce.
Je m’étonne moi-même de mon propre argument, la voix de Gabriel résonnant dans ma tête alors qu’il m’a prodigué un conseil similaire il y a peu de temps.
- Oui tu as raison, trépigne-t-elle, mais tu me connais... Je me lasse vite et puis bon on se connaît depuis tellement longtemps qu’il n’y a pas vraiment de surprise, de découverte, quoi que, il a fait un truc avec sa langue l’autre jour qui m’a rendue complètement dingue…
- Merci Emilie, tu peux m’épargner les détails !
Elle éclate d’un rire cristallin, se moquant de ma pudeur.
- Ne sois pas si coincée ! Ce serait bien que tu libères un peu toutes ces énergies par des pratiques alliant souplesse et endurance si tu vois ce que je veux dire, s’exclame-t-elle en m’adressant un clin d’œil appuyé.
- D’accord, acquiescé-je désintéressée.
- Valentin est célibataire depuis six mois, tu le savais ?
- Non.
Valentin était également un ami du lycée, le meilleur ami de Romain si ma mémoire est bonne. Je le croise régulièrement au cours de soirées, plus ou moins arrosées, plus ou moins défoncées. Mais je ne me suis jamais attardée sur sa présence, notamment parce qu’il gardait accroché une petite rousse à son bras dont je n’ai jamais retenu le prénom, et ensuite parce que les garçons me laissent clairement indifférente.
- Tu sais, c’est le genre de mec qui pourrait te plaire ? Non ?
- Non pas vraiment, la contredis-je, je ne cherche pas de relation.
- C’est le meilleur ami de Romain, tente-t-elle de me convaincre, on pourrait faire des sorties à quatre en couple ! Ça pourrait être super !
- Je croyais que tu ne savais pas où tu voulais aller avec Romain.
- Arrête de faire ta rabat-joie ! J’essaye de t’arranger un coup !
- Emilie j’ai rencontré quelqu’un.
J’avoue pour mettre un terme à ses aspirations de conseillère matrimoniale.
- Ah bon !!! S'exclame-t-elle, mais comment ça ? Pourquoi tu ne me l’as pas dit tout de suite ? Ou par message ?
- Parce que j’avais l’intention de t’en parler maintenant.
- Comment s’appelle-t-il ?
- Gabriel.
- Il fait quoi dans la vie ?
- Il est barman, mais toi non plus ne t’emballe pas, on s’est rencontrés il y a seulement quelques jours.
- Et ???! S’impatiente-t-elle.
- Et quoi ?
- Mais dis m’en plus ! Je suis avide de savoir !
Je lui brosse un portrait physique de Gabriel alors qu'elle multiplie les expressions avides, commentant ci et là ma description.
- Il est du genre entier, très doux, même s’il a toujours un air contrarié et un ton autoritaire.
- Hum je vois, répond-elle d’un ton espiègle, alors vous avez couché ensemble ?!
- Bien sûr que non !
- Oh non bien sûr… Sainte Serena, coucher avec un homme ! Jamais ! S'esclaffe-t-elle feignant l’horreur avec toute la théâtralité dont elle sait faire preuve.
Je ne peux m’empêcher de glousser comme une gamine, elle rend tout tellement moins grave, allégeant même les situations qui me semblent compliquées ou insurmontables.
- Est-ce que ça veut dire que pour Valentin, c'est mort ?
- Ça veut dire que tes petits projets machiavéliques étaient déjà enterrés avant même leur naissance.
- Ok, ok… Dit-elle avec un sourire ravi, tant que tu es heureuse tant mieux.
Elle se gare devant la villa de Romain, nous sortons de la voiture qu’elle verrouille d’un geste de la main. À l’intérieur, quelques personnes sont déjà arrivées, je suis Emilie comme son ombre, ne connaissant pas vraiment bien ses amis. Je reconnais Julia, que j’ai fréquenté plusieurs fois et qui est sympa. Léo tient Chloé, sa copine, dans les bras, ils étaient avec nous à Syracuse. Je salue les invités au fur et à mesure que j’évolue dans la maison. Nous nous dirigeons vers la cuisine, et j’ai un choc lorsque mon attention est attirée par l’îlot central. Des pochons remplis de pilules, d’herbe, des bouteilles d'alcool, des buvards, des poudres en sachets recouvrent l’ensemble de la surface… Donc, je comprends soudain le sens du mot « grosse fiesta » pour Emilie.
- Et voilà l’artillerie ! Plaisante Romain en faisant un signe en direction de l’îlot, je vous rappelle seulement de consommer avec modération, personne à l’hosto.
Il y a des ricanements sonores, quelqu’un dans la pièce adjacente lance de la musique, chacun se dirigeant vers le comptoir pour se servir un verre, rouler et plus, tandis que Valentin s’avance vers moi afin de me saluer.
- Ça fait sacrément longtemps que je ne t’ai pas vue dans le coin.
- Oui j’ai eu beaucoup de travail et peu de repos ensuite, on est partis pour Syracuse, réponds-je en souriant poliment.
- Qu’est-ce que je te sers ?
- Euh juste un verre de blanc, s’il te plaît ?
- C’est tout ? Ok pas de problème, dit-il en se rendant au comptoir avec un sourire calculateur.
Il m’apporte un verre en m’affichant le même sourire étrange. Je jette un œil en direction d’Emilie et constate qu’elle est en grande conversation avec Romain, lui lançant des regards charmeurs et riant à chacune de ses phrases comme s’il était devenu l’être le plus drôle sur terre. Je fais un signe de tête à Valentin pour prendre congé et me dirige vers le salon où je trouve un fauteuil libre dans un coin. Je m’y assieds et sors mon téléphone de mon sac. Gabriel n’a pas manqué de m’envoyer un message.
- Est-ce que tu es arrivée ?
- Oui, tout va bien merci, réponds-je pour le rassurer avant de cliquer sur envoyer.
Je remets le téléphone dans mon sac et observe l’ambiance générale de la fête. D’autres personnes inconnues sont arrivées en nombre. Les conversations simultanées créent un bourdonnement régulier en amont de la musique. Partout des mecs, un verre à la main, des groupes de filles, riant aux éclats. Je suis la seule à détonner dans ce groupe, assise sans prendre part aux conversations, comme toujours dans ce genre de soirée si je reste sobre, j’ai toujours joué un rôle d’observatrice avec eux. Je bois mon verre patiemment et tente de me tenir éloignée de la cuisine, sans quoi je risque fort de ne pas être en mesure de résister aux tentations. Une partie de moi a très envie d’oublier Gabriel pour ce soir et de profiter des réjouissances offertes par la maison, mais la petite voix au fond de mes entrailles se demande si les conséquences en valent la peine. J’hésite entre embrumer mon âme ou passer une soirée médiocre. Je mène un combat intérieur puissant, quand mes jambes se lèvent malgré moi et s’engagent déterminées dans la cuisine. On me regarde entrer dans la pièce. Rapidement, j’ouvre un pochon contenant des pilules, j’en prends une et la mets dans ma bouche avant de l’avaler avec une gorgée de vin au moment même où Emilie se retourne et se met à crier.
- Non !! Qu’est-ce que tu fais ?!
Son regard est horrifié. Un silence pesant tombe dans la cuisine, tous les regards sont braqués sur moi.
- Serena, on a voulu te faire une petite blague !
- Quoi ? Questionné-je en paniquant devant sa mine inquiète.
- On en a mis un dans ton verre…
- Quoi ?! Quoi ?! Mais comment tu as pu faire ça ?!
- On pensait que ce serait marrant que tu rigoles un peu, personne ne s’est dit une seule seconde que tu en prendrais un autre… Merde Romain, est-ce qu’il peut se passer un truc grave ? S'inquiète-t-elle en se tournant vers lui.
Romain et Valentin s’amusent à moitié de la situation et je comprends subitement l’origine de son sourire de tout à l’heure.
- Non, je ne pense pas, répond-il en m’examinant hilare, avec ce qu’on s’est mis ensemble à Syracuse, elle va tenir la cadence.
- Oui tu le sais très bien en effet, ça fait un moment qu’on fait des soirées ensemble Romain, lui dis-je d’une voix plus sèche que je ne l’aurais voulu, mais je n’en ai jamais pris deux à la fois !
- Alors prépare-toi au décollage ma belle ! S’esclaffe-t-il avec insouciance.
Emilie lui lance un regard noir lorsqu’il m’appelle « ma belle ».
- Ne t’inquiète pas bébé la plus belle c'est toi, lui assure-t-il en lui plantant un b****r sur les lèvres.
Après des ouh... Dignes de cours de récréation, chacun repart vaquer à ses occupations, me laissant seule et tétanisée. Je tourne les talons et me rends à la salle de bain en réfléchissant à toute vitesse. Je tourne le loquet derrière moi. Je pose mes mains de chaque côté du lavabo en baissant la tête pour évaluer la situation. Il me reste moins de trente minutes avant de complètement dégénérer. Avec un seul de ses cachets, je me sens surhumaine et amoureuse du monde entier. Qu’est-ce que ça va donner avec deux ? Gabriel va littéralement m’assassiner, je n’ai pas respecté ses conditions et je n’en reviens pas de m’inquiéter maintenant de sa réaction quand je sais qu’il va bientôt s’abattre sur moi une tempête d’extase à l’état pur. Je pensais pouvoir laisser passer une seule prise sans qu’il ne s’en aperçoive, mais une double dose risque sérieusement de me compromettre. Je prends mon téléphone dans mon sac, il n’a pas renvoyé de message. Je décide donc de briser une règle supplémentaire et je l'éteins. Je suis à peu près sûre d’être capable de lui envoyer des choses complètement folles et incohérentes, ce qui aura pour effet de lui mettre la puce à l’oreille en plus de le rendre fou de rage. Je passe de l’eau sur mon visage, décidée à tenter de garder un maximum de contrôle sur le tsunami qui approche dangereusement.
Je sors de la salle de bain et mon retour dans le salon est accueilli d’applaudissements, mon exploit dans la cuisine a fait le tour de la fête et chacun s’en amuse à sa manière, surveillant de loin la montée puissante que je ne vais pas tarder à subir.
Vingt-cinq minutes plus tard, je commence à trembler de tout mon corps, mes muscles tétanisent. Mon esprit s’embue peu à peu, changeant l’ensemble de mes perspectives. Mes centres de gravité muent à mesure que le produit fourmille et progresse dans mon sang, courant le long de chacune de mes veines, mettant le feu à l’ensemble de mon système nerveux. Ma respiration devient plus forte, plus profonde, je ressens une forme d’extase lumineuse me parcourir à chaque expiration, une émotion galvanisante s’emparant de chaque parcelle de mes cellules. J’irradie littéralement comme une supernova, perdant toutes les notions élémentaires, mes sens complètement exaltés. Je n’imprime plus les visages, ne comprends plus les mots, je ne suis plus que sensations, mon corps agit seul sans que j’en ai le moindre contrôle. Le temps et l’espace n’ont plus aucun sens. Je suis soulagée, allégée, transpercée par ce sentiment de toute puissance dévorante, libérée de mes entraves.
Emilie m’attrape brusquement par le bras et je me laisse pousser jusqu’à la salle de bain.
- Est-ce que ça va Serena ? Demande-t-elle inquiète, je crois que tu ne maîtrises plus rien là…
J’entends sa voix au ralenti et j’ai l’impression d’avoir la tête sous l’eau.
- Ouais, je gère ! Hurlé-je surexcitée, Oh je t’aime trop !
Je la prends dans mes bras et la serre du plus fort que je puisse.
- Mais arrête Serena, p****n ça part en vrille… Je ne sais plus quoi faire, il y a trop de mecs qui te tournent autour. Je croyais que tu n’étais pas intéressée par Valentin ?!
- Non, réponds-je en sautillant folle de joie.
- Alors pourquoi tu le laisses se coller à toi comme ça ?
- Mais par ce que j’aime tout le monde… Lui assuré-je.
- Non ! Justement, c’est plus toi qui parles, tu ne ferais jamais ce genre de chose en temps normal !
- On est là pour s’éclater non ?! Lui rappelé-je en lui faisant les gros yeux.
- Pas de cette manière, j’ai fait une connerie, je m’en excuse… Mais si je ne fais rien maintenant, ça finira mal.
- Quelle rabat-joie, qu’est-ce que tu veux faire ?! Me ramener à la maison comme une gamine ?! M'esclaffé-je moqueuse en titubant jusqu’aux toilettes pour m’y asseoir.
- Impossible, je suis complètement défoncée aussi ! Je crois qu’on pourrait appeler ton copain non ? Il pourrait venir te chercher ?
- Gabriel !!! Oui, je l’aime tellement !!!!
J’ai instantanément une bouffée d’émotions très forte à l’évocation du nom de Gabriel, j’ai terriblement envie de le voir, qu’il plonge ses yeux verts ensorcelants dans les miens, qu’il m’embrasse avec la même douceur qu’hier – Et même plus que ça.
- Super, ravie que tu sois d’accord, passe-moi ton téléphone !
- Pourquoi faire ?
- Pour appeler Gabriel, Serena !
- Ahhh ! Oui ! Je suis amoureuse de lui, confié-je libérant ma pensée immédiate et compulsive.
- Si tu le dis, me répond-elle en prenant le téléphone dans mon sac.
Elle l’allume après m’avoir fait la remarque qu’il était éteint et commence à farfouiller dans les contacts.
- Tu aurais pu enregistrer son numéro quand même… Je veux bien que tu le connaisses depuis peu, mais tout de même, me sermonne-t-elle en fouillant dans mon téléphone, je suppose que c’est ce type qui t’envoie des messages froids et impérieux ?
- Ouais c’est lui, réponds-je rêveuse, il est tellement beau.
- Je ne vois pas le rapport, s’il est aussi aimable en vrai que par message tu risques de prendre un sacré savon, me prévient-elle en accrochant le téléphone à son oreille.
J’entends qu’il décroche à la seconde sonnerie et le son de sa voix résonne dans l’appareil.
- Emilie ! M’écrié-je, c’est lui c’est Gabriel !
- Oui je sais, me dit-elle avant de répondre et d’échanger quelques mots avec lui.
Ils ont une conversation à laquelle je ne prête aucune attention autre que question, réponse.
- Avec moi aussi il fait toujours ça, assuré-je à l’attention d’Emilie qui est concentrée sur sa discussion et me repousse de la main.
Elle raccroche rapidement et daigne à nouveau m’accorder son attention.
- Il va arriver, me dit-elle avec un regard étrange dont je n’identifie pas le sentiment, je crois qu’il est plutôt en colère.
- Mais non, il n’est pas en colère parce que je l’aime et toi aussi je t’aime. Allez viens ! On va danser !
- Non, attends !
Mais c’est trop tard, d’un mouvement de bras, je lui échappe et retourne au salon où la soirée bat son plein. Une effervescence de corps dansants et transpirants, de rires et de bonne humeur émane de la pièce et pendant un temps dont je n’apprécie aucunement la mesure je danse, me déhanchant lascivement laissant la musique traverser les pores de ma peau, puis assoiffée, je rejoins la cuisine où j’attrape un verre plein posé sur la table.
Devant moi sur l’îlot central, les sachets de poudres attirent mon attention. Je décide brusquement de me préparer une ligne avant de retourner danser. Tout en me déhanchant près du comptoir au rythme de la musique, je trace la ligne de poudre avec soin. Je sens soudain quelqu’un se glisser derrière moi et me prendre par la taille. Je me retourne pour me retrouver face à Valentin dont le regard est voilé.
- Salut poupée, dit-il d’une voix suave.
- Salut Valentin, réponds-je d’un ton enjoué, qu’est-ce que tu veux ?
- Hum… Pas mal de choses, que dirais-tu de passer un moment seule avec moi ?
- Pourquoi faire ?! Lui dis-je en rigolant, c’est tellement bien ici !
Il fait glisser les mains le long de mon corps, ce qui me fait frissonner et je recule en butant sur le comptoir.
- Est-ce que je peux te servir quelque chose ? Demande-t-il doucement.
- J’ai tout ce qu’il faut ! Assuré-je joyeusement en levant mon verre et désignant la ligne que j’ai formée sur l’îlot.
- Ok vas-y je te regarde, s’amuse-t-il.
J’attrape au hasard une des pailles qui traînent sur le comptoir et commence à suivre la ligne en inspirant fortement par le nez.
- Serena ?
Je lève brusquement la tête à l’appel de mon nom et me retrouve le regard planté dans celui de Gabriel à l’instant même où l’effet de la poudre que je viens de respirer entre en ébullition dans mon cerveau.