Une femme traverse la route et rejoint les deux hommes. Elle se présente comme étant
la mère de la victime.
Réginald : « bonsoir madame, je vous présente mes condoléances pour votre fils »
Dame : « vos condoléances de douze ans d’âge, vous pouvez les garder. C’est à vous que je voudrais parler. J’ai quelque chose à vous montrer »
Hermann : « de quoi s’agit-il ? »
La dame ouvre son sac à main et prend une enveloppe, puis elle la remet à Réginald.
Réginald : « de quoi s’agit-il ? »
Dame : « les photos de mon fils mort. Tout ce qui restait de son cadavre »
Réginald : « je peux comprendre ce que vous ressentez, mais… »
Dame : « ne vous moquez pas de moi. Ne vous foutez pas de ma gueule »
Réginald : « inutile de vous mettre dans cet état. Si Aaron Cruz avait eu un procès juste,
je n’aurai pas essayé de rouvrir son dossier »
Dame : « cet assassin n’a eu que ce qu’il méritait. Toute la justice a été rendue et vous, vous revenez remuer le couteau dans une plaie qui n’est pas encore cicatrisée »
Réginald : « madame… »
Dame : « n’essayez pas de me faire croire que vous faites ce que vous faites pour le bien de mon enfant. Vous ne le connaissiez pas »
Hermann : « cela suffit maintenant. Vous dépassez les bornes. Si vous êtes trop attristée, allez pleurer votre enfant et laissez-nous faire notre travail »
Dame : « vous allez faire du mal à toute une famille. J’espère que vous dormirez bien la nuit »
Hermann : « allez-vous-en ou je me verrai dans l’obligation de vous adresser des ordonnances restrictives de la part de chaque personne de ce cabinet»
Dame : « c’est bon, je m’en vais »
Hermann (à Réginald) : « comme je vous disais, je le contacte tout de suite. Vous, rentrez chez vous. Prenez votre journée »
C’est avec beaucoup de peine que Réginald retrouve le chemin de sa maison, tellement
il est bouleversé par l’incident avec la mère de la victime pour laquelle Aaron Cruz a été
condamné. Il arrive devant sa porte mais n’a de cesse de se remémorer la scène qui a eu lieu
tout à l’heure. Ce fut une nuit affreuse qu'il passa.
Le jour se lève, Réginald se réveille à cause d’un appel de la part d’Hermann. Il se lève et décroche.
Réginald : « allô »
Hermann : « vous avez bien dormi ? »
Réginald : « une nuit affreuse »
Hermann : « très bien. Mon contact a mené des investigations toute la nuit. La femme qui s’appelait précédemment Lili est décédée il y a trois ans »
Réginald : « quoi ? »
Hermann : « vraiment désolé, elle est morte il y a quelques années déjà »
Réginald : « mince ! »
Hermann : « mais tout n’est pas perdu »
Réginald : « vous croyez ? »
Hermann : « absolument, réfléchissez un peu et retrouvez-moi au bureau tout à l’heure »
Réginald : « bien, monsieur »
Réginald s’empressa de s’apprêter, puis il arriva au cabinet ACE dans l’heure qui suivit.
Il rejoint Hermann dans son bureau.
Réginald : « alors, Hermann, il semblerait que je sois dans une sorte d'impasse»
Hermann : « oui, mais ce n’est pas insurmontable comme impasse. Vous avez trouvé quelque chose ? »
Réginald : « je compte aller au cabinet KINGS pour discuter une fois de plus avec Roberta. C’est chez elle que Lili a fait sa dernière déposition. Du coup, j’irai pour la convaincre
de témoigner et par ricochet d’avouer qu’elle a commis une grosse erreur »
Hermann (donne une enveloppe à Réginald) : « non, pas pour la convaincre de témoigner, mais pour l’en dissuader. On n’est plus à la négociation là, la vie d’Aaron est en
jeu »
Réginald (regarde l’enveloppe et son contenu entre ses mains) : « je vois ce que vous dites. Et je crois que ça va marcher »
Hermann : « maintenant, vous y allez et vous me soumettez cette vile femme »
Réginald : « j’y vais, monsieur »
Pendant que Réginald s’éloigne, Walter sort de son bureau et se rapproche d’Hermann.
Hermann : « oui, Walter »
Walter : « voilà Hermann, je voudrais savoir comment vous comptez gérer ma situation ? Doit-on en parler à Réginald »
Hermann : « quoi ? Non. Parler de cette situation à Réginald ? Ce serait du suicide pour vous »
Walter : « c’est que cette situation devient progressivement une urgence »
Hermann : « il vaut mieux faire profil bas. Si ça ne va pas, on va devoir faire front ensemble »
Walter : « s’il vous plaît, ne me lâchez pas »
Hermann : « ne vous inquiétez de rien »
Après quelques minutes de route, Réginald arrive au cabinet KINGS et demande au service d’accueil à parler à Roberta. Il est immédiatement orienté vers son bureau. Il arrive au bureau de Roberta, il frappe et entre.
Roberta : « je crois que je vais déposer des demandes de restriction contre vous »
Réginald : « ah… d’accord, vous connaissez ainsi le droit et vous commettez une erreur dont vous avez honte aujourd’hui »
Roberta : « ce n’est pas un avocat appartenant à un cabinet de seconde zone qui va m’apprendre un droit qu’il maîtrise à peine »
Réginald : « vous saviez que Lili est morte il y a quelques années »
Roberta : « oui et alors ? »
Réginald : « surprenant ! Vous faites une erreur et vous jouez à l’égocentrique »
Roberta : « si vous êtes venu pour m’insulter, sortez de mon bureau »
Réginald : « je suis venu, malgré votre insolence, pour vous permettre de rattraper votre stupide erreur. Le témoin d’Aaron étant mort, il n’empêche que son témoignage reste valable »
Roberta : « vous voulez que je témoigne sur ce que cette femme m’avait dit, c’est un témoignage indirect »
Réginald : « ce serait le cas si Lili était vivante. Mais étant donné qu’elle est morte… »
Roberta : « Lili sera considérée comme indisponible, ce qui rend son témoignage valable par ma voix »
Réginald : « finalement, vous arrivez à suivre le rythme, c’est moins décevant que prévu »
Roberta : « si vous le dites, mais je refuse de passer pour celle qui a laissé partir un témoin capital dans cette affaire. Cette femme était droguée et son témoignage était incohérent »
Réginald : « si vous le dites, mais ce n’était pas à vous d’en décider. Son témoignage aurait dû être entendu par les jurés »
Roberta : « vous croyez qu’entacher ma réputation fera grimper la côte de votre cabinet merdique ? Ce sera sans moi »
Réginald : « cessez de vous comporter en égoïste, la vie d’Aaron Cruz est en jeu »
Roberta : « je l’ai défendu du mieux que j’ai pu et rien ne m’oblige à refaire cela une seconde fois »
Réginald (ouvre son sac et sort l’enveloppe, puis la remet à Roberta) : « c’est ce que
vous croyez et c’est là que vous vous trompez. Ceci est une déclaration sous serment attestant que Lili vous avait dit qu’Aaron Cruz n’aurait pas pu tuer ce garçon parce qu’il était avec elle cette nuit-là. Alors, soit vous la signez, soit vous commettez un parjure en déclarant que le témoignage de Lili est faux. Mais je vous préviens, ne vous avisez pas de mentir devant les jurés en ma présence lorsque vous serez à la barre. C’est un conseil et une menace »
Roberta ne put répondre à Réginald et signa à contrecœur la déclaration sous serment.
Après avoir obtenu ce qu’il voulait, Réginald sortit du bureau de Roberta et retourna au cabinet ACE. Une fois au cabinet, il fit part de la nouvelle à Hermann.
Hermann : « ça s’est bien passé apparemment »
Réginald : « non, pas vraiment, mais c’est grâce à ce document que Roberta a fait profil bas »
Hermann : « mais, maintenant, vous devez vous préparer à rencontrer le juge demain
dans l’après-midi. Je compte demander la réouverture du dossier Cruz aujourd’hui même. Avec la signature de Roberta, on peut le faire maintenant et le juge pourrait accepter »
Réginald : « d’accord. Je me présenterai avec le nouvel élément de ce dossier demain. Le procureur Sanders ne va pas en revenir »
Hermann : « il a beau être procureur, si cette partie se joue bien, on ira au procès et je suis sûr que c’est là que la guerre se jouera à armes égales. Ouvrez le second dossier que je vous ai donné, commencez à le lire. Vous et moi devrons travailler dessus »
Réginald : « d’accord Hermann »
Le lendemain, dans l’après-midi, Réginald et le procureur Sanders se retrouvent dans le bureau du juge. Ils l’attendent durant une vingtaine de minutes car le juge est à un procès. Puis, lorsque celui-ci retourne à son bureau, il y trouve les deux adversaires.
Juge : « c’est bon, messieurs, je suis là. Maître Princeton, je vous ai laissé vingt-quatre
heures pour retrouver le témoin sur lequel vous reposiez depuis douze ans. Apparemment, le témoin est toujours absent, alors j’espère que vous avez une bonne raison pour la réouverture de ce dossier »
Réginald : « oui monsieur le juge, c’est le cas. J’ai trouvé un alibi pour Aaron Cruz »
Sanders : « non, votre honneur, la partie adverse ne fait mention que d’un témoignage indirect »
Juge : « je peux savoir de quoi il s’agit ? Alibi ou témoignage indirect… dites-moi, on
verra bien »
Réginald : « il se trouve que la dénommée Lili est décédée depuis quelques années déjà.
Et que l’ancienne avocate de monsieur Cruz est prête à témoigner en son nom par ouï-dire en vertu de l’affaire Turner contre l’Etat du Michigan qui fait jurisprudence… »
Sanders : « décision qui impliquait une déclaration écrite sous serment »
Réginald (donne une enveloppe au juge) : « déclaration écrite que j’ai, monsieur le juge. La voici »
Le juge prend l’enveloppe, puis s’assied et la dépouille pour la consulter. Sanders décide
de réagir.
Sanders : « cette décision n’a rien d’officiel, monsieur le juge. C’est un document monté de toutes pièces aujourd’hui même. La partie adverse devrait être suspectée de conception frauduleuse »
Juge : « surveillez votre langage, faites bien attention. Sans preuves, vous pouvez vous rendre coupable de calomnie. De quoi accusez-vous maître Princeton ? »
Sanders : « vous m’excuserez, monsieur le juge. Mais fournir un document sans aucune
trace écrite d’un témoignage pris sur un carnet ou sur un bout de papier et qui renseigne pourtant sur les faits qui ont eu lieu il y a plus d’une décennie. Cela mérite de creuser un peu pour vérifier l’authenticité de cette information »
Réginald : « monsieur le procureur, c’est assez incommode pour un avocat de ne pas correctement défendre son client au point de ne pas déposer un témoignage qui avait été pourtant laissé par un témoin oculaire, qui plus est, mais maître Roberta Neville n’en a rien fait. Elle aurait pu innocenter mon client il y a douze ans, aujourd’hui il est temps qu’il ait droit à
un procès juste et équitable »
Juge : « Maître Princeton, vous êtes en train de me dire que le procès devrait être rouvert sur le motif d’une mauvaise défense dont fut responsable l’ancienne avocate d’Aaron Cruz ? Vous vous rendez quand même compte que cette allégation revêt tout de même une certaine gravité dans cette affaire. Il s’agit là de la qualité de la prise en charge de cette affaire par une avocate comme vous »
Réginald : « ce n’est pas de gaieté de cœur ou une affaire personnelle, monsieur le juge.
Il s’agit d’une affaire au cours de laquelle un homme n’a pas eu le procès qu’il mérite. S’il faut en arriver là pour que justice soit rendue après douze ans, je suis prêt à aller jusqu’au bout et jusqu’à un nouveau procès s’il le faut »
Sanders : « c’est insensé, vous ne pouvez pas accepter cela, monsieur le juge »
Juge : « insensé ? Peut-être, mais l’avocat de la partie adverse est quand même parvenu à faire reconnaitre à une avocate du meilleur cabinet de cette ville qu’il y a eu une erreur judiciaire dans sa prise en charge du client…ce qui m’oblige à statuer en faveur d’une réouverture du procès »
Après avoir dit cela, le juge signe et met son avis favorable par écrit sous les yeux du procureur Sanders, déçu.
Le juge : « nous aurons donc un nouveau procès dans quelques jours, la date vous sera
communiqué. Ce sera tout messieurs »