CHAPITRE 2 LE RETOUR A LA MAISON

1356 Mots
Cinq ans plus tard Le retour à Florence avait un goût de fer dans la bouche. Le genre de goût qu’on garde après un coup de poing ou un mensonge trop longtemps avalé. Ou c’était tout simplement cette ville, je n’avais rien de bon ici, et encore la raison de mon retour n’était pas la meilleure, je descendis du train avec ma valise cabossée, la tête haute, le cœur en vrac. Mon téléphone vibrait encore de ce dernier message de son père : « Je compte sur toi. Ce projet est une opportunité unique pour notre famille. » une ans opportunité pour notre famille ? Je relue le message encore et encore planté là au milieu de la route. Ces cinq ans en France m’avaient permis d’oublier d’où je venais là-bas je pouvais être quelqu’un d’autre je n’avais pas grand-chose mais au moins je faisais ce que j’aimais ce qui me passionnait et je me perfectionnais. Et maintenant je suis de retour ici pour ma fameuse famille. Je ne savais même pas qu’il connaissait que ce mot existait j’ai un géniteur obsédé par le pouvoir une génitrice obsédé par les apparences et une sœur qui est un mélange des deux, l’amour le respect et tout ce qui constituait réellement une famille ne constituait pas la mienne, tout ce que j’ai connus le long de ma vie c’était les silences, les promesses creuses et la haine déguisés en attente, que des attentes qui ne finissais jamais. Un rire sec et sans joie traversa la barrière de mes lèvres avant que je ne me remette en route. Je passai devant la fontaine des Médicis. Les touristes s’agglutinaient, insouciants, pendant que moi, chaque pas m’amenait plus près du piège. Je savais déjà que je n’aurais jamais dû revenir. Mais j’avais cédé, pour mon art, ma passion, pour ce projet de design que mon père me promettait enfin. J’allais pouvoir briller pour qui j’étais pour mes talents, j’aurais enfin une vitrine, une collection exposée un nom sur une plaque. Enfin… un nom que j’aurais eu grâce au fruit de mes efforts, et les gens porteraient mes collections me permettant ainsi d’en crée de nouvelles toujours plus belles toujours plus innovatrices. Et même si je ne faisais pas confiance à mon père, je n’ai pu me retenir de lui envoyer mes croquis le jour où il l’a demandé, je n’ai pas les moyens mais j’ai le temps d’une certaine façon il a réussi à me convaincre que ça pourrait le faire, il a le talent et moi les doigts de fées. Le bijou phare de la collection s’appelait « Renaissance ». Un collier sculpté à la main, inspiré de la forme d’une cage thoracique, avec un rubis suspendu à la place du cœur. Une métaphore du corps prisonnier et de la liberté arrachée à la douleur. Mon œuvre la plus intime, elle m’avait pris plus de temps et d’énergie que les autres, et j’en était orgueilleusement fiers. Je ne l’avais jamais montrée à personne, d’ailleurs que ça avait sa petite histoire, je l’avais relaté dans mon discours qui reposais actuellement au fond de ma valise, je le sortirais pour la cérémonie Le jour J est bien vite arrivé, il faut avouer que deux jours ça peut passer, quand tu es occupé à chercher la tenue parfaite, relire et relire le discours afin de pouvoir le perfectionner, quand tu es occupé à te ronger les ongles encore et encore en repassant la fameuse cérémonie dans ta tête pour s’assurer que tu ne fasses rien de travers. J’étais loger dans une chambre d’hôtel, merci à mes parents pour ça j’étais plus faucher que la souris de la mosquée. Le dîner de gala avait lieu dans une immense salle privée, louée par mon père pour l’occasion, ma mère c’était personnellement chargé de la décoration, c’était un de ses rares talents. J’étais robe noire à dos nu et je m’étais maquillée moi-même, à la hâte, la bouche tremblante et à la dernière minute, j’avais même hésité à y aller. Mais j’était venue. La soirée à commencé depuis et j’avais l’esprit dans les vapes mon cœur battait tellement qu’il resonnait dans mes tempes quand finalement le moment venu est arrivé je crois que j’étais déjà au bord de la syncope ma vision se brouillait même. Le discours s’éternisais et enfin ma partie arriva la présentation du collier. Je serai mon discours dans mes doigts prête à me lever - … Et ce collier, Renaissance, a été conçu par notre prodige locale, la jeune designer Aurora Fiorelli. Une pièce maîtresse, à la hauteur de notre collection exclusive. Aurora Fiorelli résonnait dans mes tympans encore et encore comme un écho des montagnes. C’était encore qui elle ? Je sentis mon monde s’écrouler. Mes croquis, mon œuvre mon sang, mon cœur. Volé, encore. Ce n’était pas la première fois mais c’était sans doute la dernière. Je me leva, les poings serrés, et marcha droit vers la table d’honneur. Tout le monde la regardait, je vis ma mère me faire non de la tête essayant de me museler encore, une fois de plus une fois de trop. Les serveurs s’arrêtèrent un silence brutal tomba. - C’est mon bijou, dis-je. Renaissance. Ce nom, ce croquis, ce rubis, c’est à moi. Ma voix fendit l’air comme une lame. Et si le regard de mon père était une arme à feu à l’heure qu’il est je ne serais déjà plus de ce monde. Il leva la main, faussement calme : - Valentina, pas ici. Tu exagères encore. Ce n’est ni le lieu, ni le moment. Je le fixa avec un dégoût glacé. - Tu ne me voleras plus jamais. Ma mère pris ma main en murmurant doucement - Ma chérie calme toi. Mais je me dégageais de sa prise. - Je ne fais plus partie de cette famille. Je vous renie tous autant que vous êtes. Un murmure s’éleva suivis d’un tumulte confus. Les regards me transperçaient, mais je n’avais jamais été aussi droite. Aussi moi-même. Et je fendis la foule vers l’extérieur pressé plus que jamais de me retrouver le plus loin possible de ce monde remplis de faux semblant. - Valentina, arrête tes caprices. Claqua la voix de ma mère au loin. Mais je ne me retournai pas. Non mais tu t’es vue ? cria-t-elle plus fort. Ton visage ne peut pas représenter une marque ton père ne veux pas te voler tes gribouillages ne soit pas ingrates, il à juste besoin d’un beau visage et d’un beau corps pour représenter la marque tout ça aide dans les ventes. Je ne pris même pas la peine de me retourner. Et qu’en est-il des autres ? ce n’était pas la première fois, j’étais comme leurs vaches à lait, mais c’est fini la vache à quitter la bergerie. Je sortis sans un mot de plus, mes talons claquaient sur le marbre comme un jugement Et dehors, dans la nuit tiède de Florence, Je m’effondrai enfin laissant couler sur mes joues les torrents de larmes. Je marchai sans but, longtemps, avant de m’asseoir sur un banc, les cheveux emmêlés, le maquillage effacé, les épaules nues sous le vent du soir. Puis je m’élevai et héla la première voiture qui passait, sans même regarder la plaque. Et par chance elle se gara, sans doute un taxi. Je me penchai à la fenêtre et hurla : - Ils ne veulent pas de moi ! Tu peux m’emmener, toi ? La vitre s’abaissa lentement. Un homme. Silhouette nette. Lunettes sombres. Il sourit, ce sourire que les gens riches ont quand ils ont tout sauf une conscience. - Monte, princesse. Dit-il d’une voix basse et mesuré j’hésita un instant puis entra. Je m’affalai contre le siège en cuir, ferma les yeux. L’odeur du parfum boisé, la musique basse qui vibrait à peine, ce n’était définitivement pas un taxi. Je ne parlais pas et lui non plus, pourtant il y avait une sorte de tension dans l’air, c’était palpable comme une sorte de de reconnaissance dérangeante. J’eu l’impression de sentir quelque chose… un souvenir, un vertige, mais trop de vin, trop de colère.
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