Papillon 🩋 IV

1646 Mots
Je m'Ă©loigne de la porte afin que ce judas ne me dĂ©nonce pas. Je me tourne face Ă  FernĂĄndez qui m'apporte le verre que je lui ai demandĂ© sur un plateau. Je prends le verre, bois une grande gorgĂ©e et le repose. — Je suis fatiguĂ©e... Je vais dormir. Je ne la laisse pas le temps de rĂ©pondre que je monte dans ma chambre et ferme la porte. Je me prĂ©cipite vers mon tĂ©lĂ©phone et appelle John. Son tĂ©lĂ©phone sonne Ă  plusieurs reprises sans pour autant rĂ©pondre. Ne me dites pas qu'il est avec Catherina et qu'il ne voit pas son foutu tĂ©lĂ©phone ! Je le rappelle, le tĂ©lĂ©phone sonne sans jamais rĂ©pondre. Il se fout de moi ! J'appelle l'agence qui rĂ©pond dĂšs la seconde sonnerie. — Agence... — Ouais. Ouais, la coupais-je. OĂč est MaĂźtre ? — MaĂźtre est dans son bureau. Il se moque de moi ? Il est dans son bureau mais il ne rĂ©pond pas ? — Allez le dĂ©ranger. — P-Pardon ? me demande-t-elle pour savoir si je suis sĂ»re de ce que je dis. Le dĂ©ranger, vous dites ? Elle doit avoir peur que John la fasse virer ou, pire, lui donne le chĂątiment qu'il rĂ©serve aux personnes qui ont “dĂ©missionnĂ©â€ d'eux-mĂȘmes. On sait tous que John les a butĂ©es. — Je prends la responsabilitĂ© ! — Un instant. Elle doit avoir laissĂ© le combinĂ© sur la table. Je fais les cents pas dans ma chambre, je tourne en rond dans tous les sens, jusqu'Ă  ce que je sente un souffle Ă  travers le tĂ©lĂ©phone. — MaĂźtre a dit qu'il vous rappellera. — Soit il prend ce tĂ©lĂ©phone, soit je tue la mission. — Je reviens. Putain, mais c'est quoi son problĂšme, John, ce soir ? Je me tourne et me fige d'un coup. — AllĂŽ ? La voix de John rĂ©sonne dans l'appareil, tout comme la silhouette de Caleb qui est sur mon balcon. Il pousse la porte doucement et range sa mĂšche de cheveux tombĂ©e devant ses yeux. Ses yeux noirs se baladent dans la chambre jusqu'Ă  moi. — Papillon ? m'appelle John. Caleb incline sa tĂȘte sur le cĂŽtĂ© avec un sourire. Comment il a fait pour monter ? Il n'y a mĂȘme pas d'Ă©chelle. — Terminez votre appel... Sauf si vous avez appelĂ© la police. Et puis merde. Je suis obligĂ©e de raccrocher tout ça parce qu'un imbĂ©cile privilĂ©gie son p******l. — Papillon ? Tu es en danger ? Moi, en danger ? Je ne sais mĂȘme pas ce que cela veut dire. Je laisse tomber mon bras le long de mon corps et raccroche. Je vais poser mon tĂ©lĂ©phone sur la table de nuit. — C'est trĂšs impoli de dĂ©barquer chez une personne en passant par le balcon. Je me tourne face Ă  Caleb, qui regarde chaque petit objet dans la chambre comme s'il Ă©tait fascinĂ©. J'ai bien dit “comme si” parce que, vu son expression, on dirait plus un animal qui Ă©tait enfermĂ© en cage et qui est enfin sorti. Il s'arrĂȘte devant la commode, fait demi-tour vers moi et s'adosse contre celle-ci, les bras croisĂ©s sur son torse. — Quel est votre nom ? Sa voix, c'est vraiment quelque chose ; ça m'Ă©tonnerait qu'aucune femme ne tombe dans son lit. En plus, il est tout Ă  fait mon style. — Violette. Il me regarde longuement, glisse sa main dans sa poche, il sort son paquet de cigarettes... Il n'a plus ses gants. Il sort une cigarette lentement du paquet, son regard se lĂšve sur moi, mon cƓur s'affole. Je dĂ©teste ça. Il me fait ressentir des choses que je n'ai jamais ressenties. — J'ai demandĂ©... votre vrai nom. Il m'a dĂ©couverte ? Il place la cigarette entre ses lĂšvres taillĂ©es dans la virilitĂ©, Ă  la fois dures et... tentantes, entourĂ©es de sa barbe bien taillĂ©e. Tant que je ne lui montre pas un os Ă  ronger, je doute qu'il continuera Ă  me soupçonner. Je croise mes bras sous ma poitrine, le sourire aux lĂšvres... — Je suis vraiment Violette. Il arrĂȘte ses mouvements. — Donc Violette ? me demande-t-il, sa voix est tellement grave et profonde. Putain, la sensation qu'elle fait est vraiment... Il allume sa cigarette dans la chambre comme s'il Ă©tait chez lui. — Je peux savoir ce que vous faites dans ma chambre ? — Je peux vous poser la mĂȘme question. Qu'est-ce que vous foutez sur ma propriĂ©tĂ© ? — Je ne vois pas de quoi vous parlez. Je n'ai pas bougĂ© de ma chambre. Il me lance un regard accusateur comme s'il m'accusait de mentir dans le silence. Je me sentirais dĂ©tendue si j'avais Ernest devant moi, mais je viens de voir ce type foutre une balle dans la gorge d'un autre sans sourciller. Non pas que cela me fasse peur, car j'ai dĂ©jĂ  fait pire, mais il ne m'inspire pas confiance. Je ne peux pas lui tourner le dos. — Je n'aime pas qu'on me surveille, me confie-t-il. — Et je ne vois toujours pas de quoi vous parlez. Donc retournez chez vous. Ernest n'apprĂ©cierait pas que vous soyez ici. — Et vous pensez que ma mĂšre apprĂ©cie que vous soyez ici ? C'est quoi ce type qui rĂ©pond par d'autres questions ? Autant Ernest aime le contrĂŽle, j'ai l'impression que ce Caleb apprĂ©cie un peu trop les questions. Je dois le mettre vite dehors ; je m'en fiche que cette FernĂĄndez nous surprenne, mais je veux appeler John. — Veuillez ressortir pa... Je me fais plaquer contre le mur Ă  une vitesse que je n'ai mĂȘme pas vue venir, sa main placĂ©e autour de ma gorge. Il ne serre pas sa poigne pour autant. C'est quoi ce type ?... Et Ă  quel moment il a mis ce gant ? Je le regarde fumer tranquillement sa cigarette en me scrutant lentement le visage. Son regard, j'ai l'impression qu'il caresse chaque trait de ma peau. Il rapproche la cigarette de mon visage et l'Ă©crase sur le mur Ă  cĂŽtĂ© de ma tĂȘte, il souffle la fumĂ©e sur mon visage. — Tu ne trembles mĂȘme pas. J'ai pourtant attrapĂ© la gorge de toutes les femmes que ce type amenait ici, et chacune tremblait au point de pleurer. — Vous pensez qu'on est tous pareils ? — N'Ă©cartes-tu pas les jambes pour lui comme toutes les autres ? Encore une rĂ©ponse rĂ©pondue par une autre question. C'est vraiment un truc de procureur. — C'est le genre de procureur que vous ĂȘtes ? — Qui vous a dit que j'Ă©tais procureur ? — Votre pĂšre. — Mon pĂšre ? rĂ©pĂšte-t-il avant d'exploser de rire. Il lĂąche mon cou sans pour autant reculer. — Ce truc, mon pĂšre ? Il continue Ă  rigoler en mettant l'autre gant. C'est quoi son problĂšme ? Il replace sa main dans sa poche. — Ernest ne parle jamais de moi. Il doit penser que je suis le diable, comme il le dit si bien. Il sort un couteau de sa poche. — Je doute que ce soit lui qui ait parlĂ© de moi. — Je le mets suffisamment en confiance pour qu'il me parle. — Ou tu Ă©cartes tellement bien les jambes qu'il prend suffisamment son pied ? DĂ©jĂ , il s'est mis Ă  me tutoyer, mais en plus, il est grossier. — À qui tu comptes faire avaler ces conneries ? Je ne dois pas laisser paraĂźtre que je suis une tueuse Ă  gage. — Sortez d'ici. — Ou sinon quoi ? me demande-t-il, le regard noir. Je me prĂ©cipite vers la table de chevet, il m'attrape le bras, je le repousse et attrape l'arme que j'ai cachĂ©e sous le matelas, puis la pointe vers lui. Il s'arrĂȘte, lĂšve ses mains en l'air. — La maĂźtresse a des secrets. — J'ai le permis porte-arme. — Quelle menteuse tu peux ĂȘtre. Il se jette sur moi, je n'ai pas le temps de tirer qu'il me jette sur le lit. Mon arme s'Ă©chappe de mes mains. Ses mains autour de ma gorge, serrant de plus en plus fort. Je tĂątonne ma main sur le lit, je sens un fil que je tire : la lampe se place dans ma main. Je le frappe sur la tĂȘte, le coup le fait me lĂącher, du sang lui coule sur la tempe. Il me regarde avec ses yeux noirs. Je reprends mon souffle, roule jusqu'au sol et tends mon arme que je repointe contre lui, le dos collĂ© contre le mur. Il touche le sang qui lui coule sur le visage avant de rigoler. Il s'approche et se baisse devant moi, il me fait poser mon arme sur son front. — Je t'aime bien... Je t'autorise Ă  me tuer. Quel genre de tarĂ© est-il ? Il m'autorise ? — Je n'ai pas besoin de permissions. Un sourire en coin se forme sur ses lĂšvres. Il tend sa main vers moi et replace la bretelle de ma nuisette tombĂ©e de mon Ă©paule. — Tu es la premiĂšre que je n'ai pas envie de tuer. La porte s'ouvre brusquement. — Mademoiselle ! s'Ă©crie FernĂĄndez. Caleb soupire en entendant la voix de FernĂĄndez ; il tourne son regard vers elle. — T'es qui, toi ? demande-t-il durement. — Monsieur Stone ne veut pas vous voir dans ce manoir. — Tu ne rĂ©ponds pas Ă  ma p****n de question... Je vais rĂ©pĂ©ter... — FernĂĄndez, dit-elle. Caleb se redresse, moi je ne baisse pas mon arme. — Si tu parles, FernĂĄndez... Il termine sa phrase par des gestes, en passant son pouce sous son cou avec un sourire en coin. FernĂĄndez baisse les yeux en hochant la tĂȘte. Caleb se tourne face Ă  moi. — J'adore ton tatouage... Papillon. Je me fige en entendant ce qu'il vient de dire. Il se dirige vers le balcon, je me lĂšve rapidement et le vois sauter du balcon comme un tarĂ© !
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