Papillon 🦋 III

1545 Mots
Je roule jusqu'à une galerie d'art. Je gare la voiture dans le parking souterrain, j'enlève le bracelet qui doit sûrement avoir un GPS, on ne sait jamais. Je le balance sur le siège passager, puis sors de la voiture. Je place les clés dans le bac à fleurs à côté de la Mustang. Je regarde les alentours et pose les yeux sur une moto à la plaque "T.A.G". Je marche en direction de celle-ci en attachant mes cheveux en queue de cheval. Mes bottines claquent sur le sol. Je prends le casque, sors les clés qu’il y a à l’intérieur et monte sur la moto. J’insère les clés, démarre, puis enfile le casque. Je roule jusqu’à l’agence que m’indique le GPS. Pour plus de sécurité, à chaque fois que je devrai aller à l’agence, celle-ci se déplacera. Histoire d’éviter qu’on nous trouve ou qu’un traître parle. J’arrive devant un game shop. Je descends de la moto et entre à l’intérieur. Je m’approche du vendeur, qui lit un magazine. Je m’arrête au comptoir. — Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? me demande-t-il. — Un papillon de nuit, dis-je, le mot de passe pour m’identifier. Il se fige, soit en entendant ma voix, soit le mot de passe. Il relève la tête, se redresse et me sourit. — Comment tu vas, Papillon ? — Et toi ? — Bien… J’ai entendu dire que tu t’es rapprochée d’Ernest Stone. T’as vraiment des couilles. Il se penche, les avant-bras posés sur le comptoir, avec un sourire charmeur. Lui, c’est Rodrigo, un agent toujours au poste d’entrée. Peau mate, un mètre quatre-vingts, et charmeur comme pas deux. — Tu sais que je ne peux pas parler de ça avec toi. Bon, tu m’ouvres ou pas ? — Tu veux toujours pas dîner avec moi ? — T’es toujours pas mon style. Il me fait un clin d’œil, se redresse et tire le rideau. Je m’avance pour passer quand il me retient par le bras. — Je semblais être ton style avant. — Je me rappelle pas de tout ce que je fais quand je suis soûle. Je passe le rideau et marche dans le grand couloir sombre qui mène à une pièce lumineuse. Je pousse le rideau et entre dans la planque : des centaines d’ordinateurs connectés à un grand écran. Je tourne la tête vers Rodéo, occupé à parler avec une standiste, et m’approche de lui. — Où est John ? — Dans son bu... Il s’arrête net en se tournant vers moi. — Papillon... Alors, la mission ? — Je dois parler à John. — Il est dans la pièce là-bas. Il me montre du menton. Je marche vers la salle, pousse la porte, et découvre John en train d’embrasser une blonde que je reconnaîtrais entre mille. Elle a l’âge d’être sa fille… Je croise les bras et me racle la gorge. Les deux s’arrêtent et tournent leurs regards vers moi. La belle blonde aux yeux bleus, c’est "Chat", de son vrai nom Catherina. Connue pour se taper John. On n’est ni amies ni ennemies, on a une relation neutre. — Lu… Papillon, se corrige-t-il. Il se tourne vers Catherina. — Tu peux nous laisser ? Elle hoche la tête et sort, m’adressant un bref regard avant de fermer la porte. Je regarde John, qui range ses vêtements et vient vers moi. — Tu devrais trouver une femme de ton âge. — Tu sais que j’aime pas les femmes de mon âge. Je lève les yeux au ciel. Inutile d’aller plus loin dans cette conversation, elle mènera sur un terrain que je refuse de prendre. — Alors, comment ça se passe avec Ernest Stone ? me demande-t-il — Ce type me donne la nausée… Je m’installe sur son siège et pose mes pieds sur son bureau. — Tu as trouvé quelque chose ? — J’ai pas commencé. — Comment ça ? il me questionne, en fronçant des sourcils. — Qui est Caleb Stone ? John croise les bras, s’adosse au bureau. — Qui c’est ? — Le fils aîné de la famille Stone ! Il fronce les sourcils. — D’accord, j’ai peut-être foiré mon enquête sur les Stone, mais un enfant de plus ou de moins, qu’est-ce que ça change ? — Je suis juste venue te dire que t’as foiré. — Je m’en excuse. Je me lève, m’approche de lui. — Et arrête de te taper Catherina pendant que les autres sont là. On va croire que tu fais du favoritisme. — T’es mignonne. — La ferme. Je tourne les talons, puis me rappelle mon problème principal. Je me retourne vers lui. — J’ai besoin que tu m’aides pour une employée de maison. — Qui ? — Une gouvernante qui semble être là pour me surveiller. J’aime pas ça, donc... — Je vois. Fais-la virer, je m’occupe du reste. — Ouais. Je sors du bureau et m’arrête près de la standiste avec qui j’étais au téléphone. — Tu as trouvé des choses sur Caleb Stone ? Elle sursaute, renverse son café. Je soupire, attrape un mouchoir et le lui tends. — Merci… Euh… Non, rien que tout le monde ne sache déjà. — Et concernant ce que personne ne sait ? — Il faudrait envoyer quelqu’un pour récolter des informations. Le temps qu’une personne compétente s’en charge, j’aurai terminé ma mission avec Ernest. — Non, laisse tomber. Je m’en occupe. — Vous en êtes sûre ? Vous avez déjà une mission. — En rajouter une autre ne changera rien. J’échange un regard avec John, puis quitte l’agence. Le soir, je rentre au manoir, repose la moto à la galerie d’art et prends la Mustang. Je gare la voiture, entre, balance les clés dans le pot et monte prendre une douche. L’eau coule sur ma tête, glisse sur mon corps. Je sors, enroule une serviette autour de moi et marche dans la chambre. J’enfile une nuisette et un peignoir en satin. J’ouvre les portes du balcon et sors. Cigarette entre les lèvres, je fixe le manoir principal. Je dois trouver une façon de rentrer là-bas, si Max a pu se rapprocher d'Ernest, il a soit du rentrer dans le manoir principale ou dans l'un de ses deux manoirs. Celui de Rick ou celui de Véronica. J’allume la cigarette, mon regard glisse dans la cour du manoir sombre, des hommes sont rassemblés autour de quelque chose que je distingue mal. J’enfile des chaussures à la va-vite et descends les escaliers. Madame Fernández se place devant moi. — Où allez-vous ? Je lui montre ma cigarette allumée. — Je vais prendre l’air. — Vous avez un balcon dans votre chambre. — Et vous êtes une employée, qui n'a pas a me dire ce que je dois faire. Je passe à côté d’elle et sors. Je marche vers le manoir sombre, me baisse derrière le muret. Je regarde par-dessus : des hommes en noir entourent un autre homme couvert de sang. Il est défiguré. Ils continuent de le frapper. C’est quoi ce bordel ? L’homme à le choux bas les fait s’arrêter. Caleb arrive. L’homme sort une arme qu'il donne a Caleb qui porte des gants noires, il lui murmure quelque chose, puis s’écarte. — Merci d’être passé dîner ce soir, dit Caleb avec un sourire aux lèvres. Ce sourire… Il fait froid dans le dos. — Je vous aurais simplement offert un dessert si vous aviez fermé votre gueule au procès ce matin. Vous avez été un brave homme, malgré ma menace. C'est remarquable. — Laissez-moi partir... — Bien sûr. Je vous laisserai partir. Je ne suis pas un criminel. Il lui attrape violemment le visage. — Une question... Qu’est-ce qui rime avec brave ? L’homme tremble, incapable de répondre. Caleb sourit, un sourire de pur déséquilibré. — Cadavre. Il tire avant même que l’autre n’ait compris. Le coup de feu déchire le silence. Le sang coule dans la piscine. Caleb redonne son arme a l'homme au choux bas. — Transforme ça en suicide. — Oui, monsieur. répond-t-il. Je devrais partir avant qu’il me voie. Je recule, mais renverse un foutu nain de jardin. Qui n'a pas lieu d'etre là. Bordel ! Qui a fait ce stupide jardin ! — Qui est là ? Merde. Je cours jusqu’au muret, le saute et me cache, haletante, je me glisse sur le muret rapidement et marche en direction du manoir. Je reprends mon souffle et entre rapidement dans le manoir en claquant la porte mes mains a plat dessus. J'ai failli me faire repérer. - Mademoiselle Violette ? m'interpelle Fernández. Je me tourne face a elle. - J'ai entendu un bruit qui m'a fait peur. mentis-je. - Je comprends mais a l'avenir, ne sortez plus dehors pour votre sécurité. Elle pense a ma sécurité ? La bonne blague, elle devrait penser à sa sécurité... - Je pourrais avoir de vin ? - Oui, Mademoiselle, rouge ou blanc ? - Rouge. - Bien sûre. Elle tourne les talons pour aller me chercher le vin, je reste debout devant la porte, mon regard se place dans le juda. Des hommes sont devant le manoir entrain de faire le tours, l'homme au choux bas s'arrête devant le manoir, il tourne soudainement sa tête dans la direction de la porte. Putain !
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