Cela fait des heures que je suis assise, les genoux ramener à la poitrine, pleurant à chaude larmes tout ça à cause d'un sourire, d'une salutation, voilà ce qu'on a quand on veut changer, vaincre ses peurs, j'ai seulement voulu être comme les autres, je lui ai seulement souris et regarde ce que j'ai en retour de l'humiliation.
Flash back :
Je porte une chemise en pull blanche et un pantalon bleu, je peigne mes cheveux, ils ont doublés de volume et m'arrive à présent au dessus des reins et je les aime ainsi. Je prends mon sac et mon téléphone et retrouve mon père à la cuisine.
-Bonjour papa, dis je en l'embrassant la joue.
-Bonjour chérie, tu as passé une bonne nuit ?
-Oui et toi ? Je tartine une tranche de pain avec du nutella.
-Comme d'habitude, dis moi tu sembles heureuse...
-C'est le cas, fis-je toute joyeuse ; j'ai à présent une amie.
-Ah c'est une bonne nouvelle ça, depuis quand ? Comment se nomme-t-elle ? Est...
-Papa une question à la fois, je le coupe avant de reprendre : elle s'appelle Alexandra et elle a déménagé il y a deux mois, elle est super gentille c'est tout ce que tu as besoin de savoir.
-Bonjour... Fit ma soeur en nous embrassant tour à tour.
Quand le déjeuner fut terminé, Becky me dépose à l'école ; j'inspire en me disant que cette journée sera meilleur qu'hier, je me fonds dans la masse d'élève et rejoins aussitôt mon cours d'art avec madame Sally, c'est d'ailleurs l'un de mes cours favoris parce que je n'ai pas besoin de parler pour me faire comprendre.
Les deux premiers cours se sont passés sans encombre, il arrivait que je rencontre les yeux de Henry et à chaque fois je rougissais, je ne comprends pas pourquoi je ressens des choses étranges quand il me regarde, ça doit être de l'intimidation, il est trop beau pour être vrai.
-Anna...
-Hum ?
-Je te parle depuis quelques minutes.
-Je suis à l'écoute.
-Bien sûr, tu n'arrête pas de regarder Henry.
-Je.. je ne...
Elle éclate de rire aussitôt je m'empourpre de honte ; elle me donne un coup de coude qui a pour but de me détendre. Je grimace légèrement avant de tenter un sourire détendu.
-Du calme je ne vais pas te manger, en vrai il te plait hein ?
-Non... bien sûr que non ; je balbutie en me passant les doigts dans les cheveux.
-T'en es sûre ?
-Je dois aller aux toilettes.
Je me lève en pressant le pas, arrivée dans la douche féminine, je m'arrête devant un miroir et porte ma main à mon coeur, ce dernier bat à une folle allure Henry m'attire un peu, n'importe quelle fille serait attirer par lui mais je ne vais pas non plus me voiler la face. Il ne se passera jamais rien entre lui et moi.
-Mais qui voilà ! S'exclame une voix.
Je sursaute et me retourne pour faire face à Vicky, Camille et Amélia, elles arborent toutes un sourire espiègle t'es dans un sale pétrin Annabelle.
-Comment va raiponce ? Amélia s'approche de moi et tire sur mes cheveux.
-Oh non pourquoi je n'ai pas amené de ciseaux avec moi ? T'aurais eu une belle coupe au carrée.
-C'est vraiment dommage ! Renchérit Vicky ; je t'avais dit de rester loin de Henry n'est-ce pas ?
-Je... Je... Bégaie-je en essayant de me libérer de son emprise.
-Tu tu ? Se moqua Amélia.
-On fait moins la maligne quand il n'y a plus personne pour t'aider, reprend Vicky avant qu'elle ne s'exclame en l'encontre de Camille :
-Ferme la porte ; l'ordonne-t-elle.
-Je ne crois pas que ce soit une bonne idée Vicky.
-Ferme la porte j'ai dit !
Dès que je comprends ce qu'elles veulent faire je commence à me débattre mais en vain. C'est alors qu'elles me trainent de force dans une cabine et me plonge la tête dans les toilettes, je me débat encore et encore manquant d'asphyxier à bout de force je me tranquillise, c'est seulement la qu'elles me lâchent. Je m'assieds et pose ma tête contre le mur tentant désespérément de recouvrer ma respiration, ma vue est brouillée par des larmes.
-Qu'est ce que vous en pensez les filles et si on changeait cette couleur de chevelure ?
Je distingue aisément la voix de Vicky, elle entre dans la cabine et me tire par les cheveux jusqu'en dehors de celle-ci.
-Je t..t'en supplie Vic...toria ; tentais-je.
-Ne t'inquiète pas je vais juste faire ceci.
Je secoue farouchement de la tête pour lui dire non mais elle n'en a que faire. Je suis fatiguée de me débattre dans le vide, elle prend des produits au hasard et renverse le tout sur mes cheveux. J'ignore lesquels mais ça dégouline et il y a une forte odeur qui les accompagne. Je puise dans mes dernières forces et sors en courant de là. De l'eau dégouline sur mon visage, je dois être affreuse à regarder, qu'est-ce qu'elles m'ont fait ?
-Oh mon dieu les filles... S'exclame une fille en me pointant du doigt.
-La pauvre... dit une autre.
-Elle l'a cherchée en voulant piquer le mec de Vicky.
Cette dernière me regarde avec dédain.
-Elle a de la chance qu'elle s'en sorte indemne.
Je me bouche les oreilles sous les différents commentaires. Me voyant arriver, Alexa écarquille les yeux et porte sa main à sa bouche elle aussi tente de me parler mais je ne lui laisse pas de temps. Je veux être seule afin de pouvoir noyer mon chagrin, je prends mon sac et cours vers la sortie de l'école une main me retient avant que je ne sorte.
-S'il te plait... Alexa...
Ma phrase reste en suspend quand je me rends compte que ce n'est pas Alexa qui me tient mais plutôt Henry, qu'est ce qu'il me veut encore ? Ça ne lui a pas suffit que sa copine m'humilie, il veut aussi en rajouter une couche. Je me dégage farouchement de lui et continue ma route.
Fin du flashback
Voilà mon téléphone sonne depuis des heures, pas la peine de regarder pour savoir que c'est Alexa. Pourquoi les gens sont si méchants ? Je me rappelle encore de tous ces regards de mépris et de pitié se portant sur moi ce matin, tous défendaient la cruauté de Victoria sans penser une seule seconde sur l'impact que ça avait sur moi. Pourquoi les plus faibles sont ceux qui souffrent de plus ? Pourquoi on ne peut juste pas nous laisser tranquille si on ne peut nous aider ? Pourquoi devrait-on se cacher et vivre en tant qu'esclave des populaires ? Pourquoi devrait-on être leur souffre-douleur ? Hier encore je pensais que les cieux m'avaient enfin bénis, j'en ai marre de cette vie, marre de toujours être la victime et tout ça pour un mec qui n'a fichtrement rien à foutre de moi ! Le monde est injuste avec moi, à voir ainsi ce n'est pas si grave que ça mais le vivre en n'ayant pas le courage d'en parler à qui que soit est le plus difficile. Quelques coups à la porte me tire de mes pensées.
-Anna ? Ouvre moi la porte.
Non, je ne veux pas que ma soeur me voit comme ça.
-Je sais que tu es là et ne me fait pas croire que tu dors.
-Laisse moi seule Becky.
-Il n'en est pas question tu m'ouvre ou j'appelle papa.
C'est morose que je me lève pour lui ouvrir la porte je reviens ensuite m'asseoir, les yeux dans le vide.
-Est-ce que ça va ? Me demande-t-elle d'une voix qui trahissait ses pensées, je lui réponds :
-Oui.
Même un fou aurait deviné que je mens.
-Tu veux en parler ?
-Non, je répond catégorique.
-Viens là.
Elle m'ouvre ses bras et je m'y loge, je renifle dans son cou avant de fermer les yeux. Becky est déjà mature pour son âge, je n'ai pas besoin de parler pour qu'elle me comprenne. Elle me donne tout ce que je n'ai pu avoir, l'amour d'une maman.
-Ta copine est inquiète pour toi, je me détache d'elle pour la regarder.
-Quand je suis passée te chercher c'est là qu'elle m'a mise au courant elle voulait venir mais je lui ai dit que ce n'était pas la peine.
-Toutes façons je ne veux pas qu'elle me voit ainsi.
-Ces garces elles ne payent vraiment rien pour attendre, dit-elle en me touchant les cheveux ; on va arranger ça attend que je te prépare ton bain ; finit-elle par dire avant de s'en aller dans la salle de bain. Je me déshabille pour la rejoindre, me laissant choir dans la baignoire, Becky met du shampoing sur mes cheveux et commence à les laver, je ferme les yeux pour savourer ce moment.
Après mettre sécher ainsi que mes cheveux, je porte un ensemble pyjama et descends au salon mon père doit être là et je ne veux pas qu'il s'inquiète à ne me voyant pas arriver, comme je le disais il est déjà sur le canapé.
-Bonsoir papa.. Je force un sourire même si je suis meurtrie à l'intérieur.
-Comment va ma puce ? Il dit tout en tapotant une place à ses côtés pour que je m'assieds, ce que je fis.
-Bien.
-Tante Marguerite m'a appelé ce matin.
-Et elle voulait quoi ? Fit Becky en sortant de la cuisine avec une tasse de café qu'elle remet à mon père.
-Oh juste des nouvelles et savoir si nous serons présents pour Noël. Dit-il en prenant sa tasse.
-Mais Noël est dans voir deux mois, rétorque ma soeur.
-Tu connais comment est ta tante toujours aussi...
-Bizarre ; finit Becky en une grimace.
-Bizarre ? Ce ne serait pas un peu bizarre comme terme ; dit mon père avant d'éclater de rire, ce qui me fait légèrement rire.
-Papa Anna a quelque chose à te dire, je questionne cette dernière du regard ne comprenant pas à quoi elle fait allusion.
-Ah bon quoi donc ? Fit mon père en se retournant pour me regarder.
-Euh je n'ai rien à te dire, pas en ma connaissance. Dis-je complètement perdue.
-On en reparlera plus tard je vais prendre cet appel.
Il se lève et part dans la pièce adjacente me laissant ainsi seule avec Becky.
-Qu'est ce que tu voulais dire ?
-Tu ne veux pas me parler mais tu devrais le dire à papa, elle affirme d'une voix plus sérieuse que tout à l'heure.
Oh je vois de quoi elle parle maintenant, elle veut que je lui parle de ce qui m'est arrivé ce matin, il n'en est pas question que j'inquiète davantage mon père alors je secoue négativement de la tête.
-Ce sont mes problèmes Becky.
-Tes problèmes sont également les nôtres, elle réplique en croisant les bras, ça s'appelle un harcèlement Anna tu dois les dénoncer !
-Je ne suis pas harceler, je dis en me passant une main sur le visage.
-Pourquoi ne te rends-tu pas compte que je veux simplement ton bien et papa aussi !
-Je sais mais je ne veux pas de problème, promets moi que tu ne diras rien à papa, il se sent déjà assez coupable de tout ce que je vis.
-Ok, dit-elle sans conviction.
-Becky ; Insisté-je.
-Je te promets, souffle-t-elle, et toi promets moi de m'en parler si ça se reproduisait, rajoute-t-elle mécontente.
Je hoche la tête avant que mon père ne revienne.
-Alors on en était où ? Nous demande-t-il en se rasseyant.
-Que j'ai une dissertation en espagnol c'est ce qu'elle voulait que je te dise, dis-je en regardant ma soeur.
-Ah moi qui pensais que c'était...bref j'ai commandé des sushis.
-Pour une fois j'aime ce que tu commandes, s'exclame ma soeur en retrouvant son sourire.
-Ah parce que tu n'aimes pas ce que je commande d'habitude ?
-Disons que tes goûts sont assez particuliers.
-Oh.., il porte une main sur son coeur faisant mine d'être vexé ce qui nous arrache un sourire.