Il faut être courageux pour revenir dans cette école, être parmi ces vipères qui s'acharnent sur moi. Mais pourquoi tout le monde me dévisage ainsi ? Est-ce que j'ai des tâches sur mon visage ? Ou est-ce que j'ai de la bave ? Je me touche le visage, tout est nickel. Je ne vois pas alors pourquoi ils se moquent tous. Oh ça doit être pour ce qui s'est passé avec Vicky, ça m'étonne qu'ils en parlent encore. À force d'être un rejet ils ont pris l'habitude de ne plus me calculer. Mais cette fois-ci c'est différent, je le ressens et le perçois bien. Alexa arrive vers moi l'air désolé, je ne comprends pas pourquoi elle l'est. C'est moi qui m'étais mal comportée avec elle il y a deux jours, je m'arrête à sa hauteur et dis :
-Bonjour.
-Est-ce que ça va ? Ne fais pas attention à ce qu'ils font. Dit-elle d'une voix anxieuse.
-Qu'est ce qui ne va pas ? Je ne comprends rien ! Je m'exclame en me passant une main nerveuse sur le visage.
-Tu n'as toujours pas vu les photos ? Dit-elle en faisant les gros yeux.
-Quelles photos ? De quoi tu parles enfin !?
-Rien...rien ne t'inquiète pas, dit-elle en regardant nerveusement autour d'elle comme si elle craignait quelque chose ou quelqu'un.
Je fronce des sourcils suspicieuse, d'abord on me pointe du doigts puis elle, c'est clair il se passe des choses que j'ignore mais ça ne serait tarder. Nous nous dirigeons ensuite vers la classe mais pendant le trajet, les murmures et les regards se font plus insistants. Ils sont tous des lâches, pourquoi ne pas me le dire en face au lieu de faire des messes basses ? Ce fut encore le même cirque tout au long du cours. Ils se montraient tous quelque chose dans leurs téléphones et j'ai la désagréable sensation que cette chose me concerne. Et Henry, il n'a plus cherché à me parler, il ne m'a pas lancée un seul regard, je devrais m'en réjouir. Après tout, c'est ce que je voulais non ?
Sans blague ! Vas le faire à quelqu'un d'autre.
Je chasse ces pensées de ma tête et bois ma carafe d'eau. Si le fait d'être remarquée voudrait dire que l'on est populaire, étant donné que j'ai reçu plus d'attention aujourd'hui, cela veut dire que mon taux de popularité à augmenter de cinquante pourcent, mais négativement.
-Hé raiponce qu'est-ce que tu as fait de tes si beaux cheveux ? Tu étais pourtant passée chez la coiffeuse, s'exclame soudainement Dave, un c*****d de service.
Toute la cantine se met à rire face à sa remarque à la c*n. Pas besoin d'être douée pour savoir qu'il s'adresse à moi. ''Vas te faire e****é'' c'est ce que j'aimerais lui dire mais vaut mieux ne pas avoir tous les quarterbacks au dos, Vicky me suffit largement.
-Non mais pour qui il se prend lui !
Je presse la paume d'Alexa pour lui faire comprendre que je ne veux pas de scène, elle se rassoit en ronchonnant.
-Oh tu veux bien me faire une signature, tu es devenue si populaire en seulement quarante-huit heures que je t'envie.
Vicky, cette fille ne me laissera donc jamais en paix ? Et puis c'est quoi cette histoire de popularité ? Voyant que l'incompréhension peint sur mon visage, elle ajoute ;
-Tu n'es pas au courant ? Alexa, ce n'est pas bien de cacher des choses à ton "amie" , mais bon vu que je suis gentille je me porte volontaire à te dire ce qui se passe.
-La fermes Victoria, la coupe brutalement Alexa avant de reprendre :
-Mêle toi plutôt de tes affaires.
-Je.. tu je.. qu'est-ce qui se passe à la fin ?
Elles se défient mutuellement du regard, je les regarde tour à tour, en essayant de garder mon calme alors que je commence à paniquer. Vicky sort finalement son téléphone de son sac puis fait quelque chose dessus avant de me le tendre. Je le saisie d'une main tremblante puis visualise ce qu'il contient. Je porte une main sur ma bouche pour retenir un cri, les larmes déferlent sur ma joue sans arrêt. Ils ont filmé la scène du mardi, ensuite Il y a des montages humiliants de moi avec un corps de singe entrain d'avaler des tonnes de croissants, ou encore des vidéos dégradantes, toutes sortes d'atrocités. Je fais sortir mon téléphone et rentre dans mon i********:, ce sont les mêmes, le pire est que je suis identifiée sur chacune de ces vidéos. Je rentre ensuite dans ma boîte mail :
''tu devrais avoir honte s****e, ta vie n'est que calvaire pour tes proches, est-ce vrai que t'es lesbienne ? Si j'étais toi je me jetterai d'un pont ! Tu n'es qu'une sous m***e, une erreur de la nature, Looser... ''
Mon Dieu c'est horrible ! J'éteins mon téléphone pour ne plus voir ces calomnies. Je me lève et regarde Vicky, cela ne peut être qu'une de ses oeuvres mais cette fois, elle est allée loin, c'est trop pour que je puisse supporter davantage. Je comprends pourquoi les gens se moquaient de moi, tous ces lourds regards sur ma personne. Ils n'ont pas hésité une seule seconde à me dégrader sur les réseaux sociaux alors que je n'ai rien fait. C'est moi la victime dans cette histoire alors pourquoi c'est à moi de payer ?
-P... Pourquoi tu ne m'as rien... dit ? Je demande à l'encontre d'Alexa.
Je ne comprends pas pourquoi elle a gardé le silence au lieu de me prévenir à temps. J'aurais pu me préparer psychologiquement à ce qui se passe, j'aurais pu au moins minimiser les dégâts.
-Parce qu'elle n'est pas ton amie, à ton avis pourquoi elle ne t'a pas tenue au courant ? Tu penses vraiment qu'elle a quelque chose à foutre de toi ?
Vicky me jauge du regard avant de s'en aller fière d'elle. Elle peut l'être car elle a réussi son coup, cette fois elle l'a vraiment réussi.
-Anna ne l'écoute pas..
Je ne l'écoute que d'une oreille distraite. Je regarde toutes les personnes présentent dans la salle quand mon regard croise celui de Henry, il me regarde aussi avec pitié. Je détale de la pièce ayant les pires des sensations, celles d'une moins que rien, une m***e qui nuit aux autres et c'est pour cela que j'ai pris une décision en rentrant chez moi.
J'en ai ras bord d'être toujours celle qui souffre. Qu'ai-je fait de mal dans cette vie hormis vouloir le bien des autres ? Je suis maudite, c'est la seule chose qui me vient comme réponse. Ils se sont tous acharnés contre moi, une fille faible, qui manque de confiance en elle, la proie facile.
Je brise le vase qui était près de la porte, j'enfonce mes ongles dans les paumes de mes mains et cris de douleur non pas physique mais intérieure. Je suis pitoyable, je me laisse tomber sur le sol et me ressasse sans cesse le court de ma vie. Tous ces moments de solitude, tristesse et douleur me reviennent en mémoire. Je pleure à en suffoquer, pourquoi les gens sont si horrible avec moi ? Ils ont finalement raison, je ne suis qu'un problème pour l'humanité. La vie ne m'a sourit que très rarement, tout le reste n'est que malheurs et ennuis. Alors pourquoi continuer de vivre ? Pourquoi continuer de subir toutes ces épreuves ? Pourquoi ? Tant de questions auxquelles je ne peux répondre.
J'ai mal au coeur et à la poitrine, tout ce que je fais est mauvais. Je ne suis jamais vraiment récompensée, pas même si je tuais quelqu'un pour eux, ce serait pas suffisant. Ils veulent toujours plus. J'en ai marre. Je ne veux pas continuer à vivre ainsi, je préfère mourir que de supporter cette injustice. Ils font semblant de m'aimer alors que c'est faux, il y a toujours quelque chose qui manque. Soit je leur inspire de la pitié ou de la colère. C'est toujours la même chose, tout le monde me déteste. J'étouffe, ma vie m'étouffe, il faut que ça s'arrête, je veux que tout s'arrête. Je ne veux pas mourir mais il le faut pour être libre. Mon dieu je souffre, je suis une automate qui suit la vie sans en prendre goût, je dois mettre fin à tout ceci.
Je grelotte de froid, je me lève et grimpe les escaliers d'un pas décidé. Je préfère rejoindre un monde meilleur, un monde où il n'y aura pas de snob comme Vicky, un monde où je ne serais plus harcelée, où les gens vivent en paix et surtout, être au côté de ma mère. Je prends un stylo et un papier puis je commence à écrire. Je ne peux pas partir sans doute donner d'explications, ça serait trop injuste de ma part.
Chers papa et Becky
Papa, mon papa tu as été, tu es et tu resteras l'homme le plus merveilleux du monde. Tu as été celui qui m'a le plus aidée à ne pas ressentir le manque d'une mère malgré tout ce que tu m'as donnée, je ne suis pas heureuse. Rassure toi, tu n'es pas la source de ce malheur, tu ne le sauras peut être jamais. Peu importe, sache que je n'ai pas pris cette décision sur un coup de tête, j'y ai beaucoup réfléchi. Je ne peux pas continuer ainsi, je ne veux pas être une ombre sur votre bonheur, je ne suis pas forte comme vous autres, je ne suis pas faite pour cette vie.. c'est pour cela que je préfère rejoindre maman. Ma décision te paraitra sûrement égoïste mais crois moi c'est le mieux. Je ne veux pas que tu sois triste après ma mort, je veux que tu refasses ta vie et que tu sois toujours heureux.
Becky, les mots me manquent, tout ce que je peux te dire est que tu es la meilleure sister au monde. Tu as remplis ton rôle de sœur et maman alors ne te sens pas coupable. Tu te rappelle du jour où tu m'as dit que la timidité et la peur n'empêche de parler, seul l'intonation de la voix change ? et bien figure toi que j'ai appliqué ton conseil, grâce à cela j'ai une amie mais les choses se sont compliquées par la suite. Bref je ne regrette pas les moments passés avec toi. Mais il est temps pour moi de partir, ne t'inquiètes pas pour moi, je veillerai à ce que tu sois heureuse de la haut. Je suis nulle pour faire les adieux mais sache que je t'aime, ne te laisse pas gagner par le chagrin, crois moi je n'en vaux vraiment pas la peine.
J'essuie mes larmes d'un revers de main, plie la feuille et la dépose à côté de la baignoire. Je reviens ensuite prendre le couteau qui était dans la chambre, je m'arrête devant le miroir et me regarde ; tout ce que je vois me convainc que je prends la bonne décision. Je fouille les tiroirs et finis par trouver une boîte de somnifères. C'est ce que je prenais quand je faisais des cauchemars. Je l'ouvre, il ne reste que six comprimés, tant mieux.
Qu'est-ce que je suis entrain de faire ?
Ça se voit non ? Avale ces putains de comprimés qu'on en finisse.
Je ne peux pas, je n'ai pas la force de me tuer.
Parce que tu es faible ! Qu'est-ce que tu gagnes à rester en vie ? Tu les a entendu, personne ne t'aime.
Si, papa et Becky m'aiment.
Ce n'est pas suffisant, tu ne vas pas continuer à te cacher derrière eux, ils doivent vivre leurs vies. Pense aux jours que tu as passé à pleurer dans les vestiaires, pense aux jours que tu as été humiliée, qui était là pour prendre ta défense ? Personne. Alors mets fin à tout ce calvaire.
J'ouvre le robinet et les avale d'une main tremblante. J'ai la tête qui tourne après quelques minutes, je me retiens de justesse au lavabo, je devrais m'en tenir à ces comprimés mais je ne veux pas. J'en veux plus et je sais que les comprimés ne suffiront pas.
Adieu monde odieux, me dis-je avant de sentir la lame du couteau me transpercer les veines. La douleur est insupportable, je me mords l'intérieur de la joue pour m'empêcher de hurler. Je reprends la même action sur mon poignet gauche. J'ouvre les yeux et aussitôt ces derniers s'imbibent de larmes. Une douleur lancinante me comprime le coeur, j'ai froid, affreusement. Ma tête tourne, je tombe lourdement au sol puis je vois mon sang se rependre sur le carrelage. Je me sens de plus en plus faible, ça y est, il est l'heure de partir. Malgré la douleur, je suis heureuse parce que je sais que je serais maintenant en paix. Je n'aurais plus à me cacher, je ne serais plus maltraitée. Fini les coups bas de Vicky pour laisser place au bonheur éternel. Plus les minutes passent, plus je me sens légère. Mon âme me quitte peu à peu, je le sais, je le sens. Une brume épaisse m'entoure et je finis par sombrer dans le néant.
Pdv d'Henry :
Je ne comprends pas pourquoi Anna pleurait et surtout pourquoi elle est partie en courant de la cantine. Je ne l'ai plus revu depuis le mardi et je regrette ce que lui a fait subir Vicky. je comprends pourquoi elle n'a pas voulu m'écouter, elle pense sûrement que je suis de mèche avec elle. Je sors de ma torpeur quand je vois celle-ci venir vers nous avec son éternel sourire diabolique.
-Qu'est-ce que tu as fait ? Lui demande Tyson.
-J'ai rendu service à l'humanité, elle répond tout en s'asseyant ; elle n'était pas au courant pour les vidéos je lui ai simplement dit la vérité.
Je me lève envahis d'une soudaine rage la coupant dans son récit avant de m'exclamer :
-Mais tu es malade, pourquoi tu l'as montrée ? Qu'est-ce que tu y gagne ?
Ils me regardent tous, sans doute surpris par la dureté de mon ton mais je m'en fiche.
-Pourquoi tu prends son parti ? Je te rappelle que c'est moi ta copine !
-Plus pour longtemps ! Je lance en prenant mon sac.
Je m'apprête à partir quand elle me retient par le bras.
-Comment ça plus pour longtemps ? Que veux-tu dire ?
Elle est entrain de piquer une crise d'hystérie alors que je n'ai encore rien fait. Je me dégage farouchement d'elle avant de dire d'un ton abrupt :
-Que c'est fini entre nous.
Je sors de la cantine pour rejoindre le parking. Je respire une bouffée d'air frais en me disant que j'ai bien fait, cette relation était un cirque alors c'est bien que ce soit terminée. Moi qui la trouvais sympathique, je suis plus que dégouté. Comment peut-on prendre plaisir aux malheurs des autres ?
-Henry !
Je me retourne pour faire face à ma cousine qui arrive vers moi, l'air complètement affolé.
-Qu'est-ce que tu as Alexa ?
-Je ne retrouve plus Anna.
Je fronce des sourcils ne comprenant pas son inquiétude.
-Elle doit être chez elle, pas la peine de faire un drame.
-Non, tu ne comprends pas, elle avait l'air anéantit tout à l'heure, et si elle... Mon dieu.
Elle porte ses mains à sa bouche, je continue de l'observer ne comprenant rien à ce qui se passe.
-Elle va reproduire la même erreur que moi, je le sais ; murmure-t-elle d'une voix tremblotante.
Je commence à paniquer en comprenant où elle veut en venir, je n'oublierais jamais ce jour où elle a tenté de mettre fin à son existence. Une sombre période de notre vie qu'on souhaiterait oublier. Je monte dans ma voiture suivis d'Alexa, et si elle tentait quelque chose ? Non elle n'est pas faible. Je démarre sans plus attendre en me rassurant qu'il ne se passe rien de grave, que nous sommes entrain d'exagérer. Je finis par arriver chez elle en moins de temps qu'il ne le faut, ma première remarque est de trouver la porte entrouverte. Je descends de la voiture accompagné d'Alexa. Un vase est cassé près de la porte, tout ça est mauvais signe.
-Tu l'a trouvée ? Je demande en la voyant revenir de ce qui me semble être la terrasse.
-Non, je pense qu'elle se trouve dans sa chambre, mais je ne connais pas c'est laquelle, il y'en a au moins six.
-Vérifie celles du bas, je me charge des autres.
Je commence à gravir les marches ne me doutant pas une seule seconde de ce que j'allais découvrir en ouvrant la porte de cette chambre.
Si je l'avais su...