Partie 5

3160 Mots
La go-là était une fille bien, mais nous on préfère les tchoins tchoins tchoins. La go-là était une fille bien ... _ Sérieusement Mouctar tu ne peux pas arrêter de chanter cette chanson merdique ou tout simplement aller dans la chambre jusqu'à ce que je détermine? Mon meilleur ami continu de me fixer avec son éternel sourire qui ferait fondre n'importe quelle personne et bien évidemment il continua aussi de chanter sa chanson horrible, tout en tapotant un des sceaux que ma voisine utilise pour garder de l'eau. Des fois il peut être un vrai gamin insupportable, et c'est pendant ces moments-là, même s'il m'a rencontré hors de moi, que je regarde et puis intérieurement je me dis mon Dieu que serait ma vie sans lui? Il est le seul à partie ma mère qui me connaît vraiment, me comprend, moi supporte, moi soutient et surtout fait tout pour moi rendre heureuse. C'est un homme vraiment merveilleux. Des fois je me demande comment il est pour être lui, parce qu'il est différent de tous les autres garçons de son âge, de par sa maturité, de sa façon d'être et surtout ses agissements. Je suis plus qu'honoré de l'avoir dans ma vie, même si la plupart du temps il est une véritable source de problème à cause des nombreuses filles qui lui courent après et qui me prend pour un obstacle, ah si seulement elles savaient, mais bon toute vérité n'est pas bonne à savoir. On était dimanche et comme je devais passer la journée avec Mouctar, j'ai décidé ou il m'a obligé à faire la cuisine pour nous. Ce gars bat le record des mangeurs de pain chocolat à Dakar et moi celui de pain omelette et frites, on est vraiment des survivants et c'est pour cela que l'on s'entend super bien, des fois. _ Arrêtes de regarder ton téléphone et manges. M'ordonne Mouctar. Cela fait plusieurs minutes que j'ai servi le repas mais je n'ai pas encore goutté à ma préparation. Je sais que ce n'est pas mal fait, d'après mon ami c'est même excellent mais je n'ai tout simplement pas d'appétit comme toujours. Pourtant d'habitude quand je suis avec lui je mange, c'est pour cela qu'il me tarde souvent d'être le week-end pour pouvoir manger un vrai repas, mais aujourd'hui plus que les autres jours mon état est critique , j'ai l'impression de m'étouffer dans mon propre corps. J'ai fait un rêve super bizarre et je suis réveillé avec une humeur massacrante. Vive ma vie! _ Tu crois qu'un jour ça va changer? Je lâche d'un coup. _ Ma vie je veux dire. J'ajoute voyant qu'il me fixe avec incompréhension. Je regrette déjà ce que je viens de dire, c'est pour cela que je ne me confie jamais. Je n'aime pas les regards de pitié qu'ont certaines personnes à ton égard quand tu te confies à eux, c'est loin d'être le cas de mon ami mais bon je suis juste moi, c'est-à-dire bizarre et brisée. Il pose tout simplement sa cuillère et pousse le plat qui nous séparait, il me prend la main et me fixe intensément dans les yeux, il adore faire cela, il sait que quand il le fait il me rend tout simplement vulnérable et facile à accéder avec ma timidité légendaire. C'est déstabilisant. _ Rachida tu sais que tu ne peux pas me mentir et depuis ce matin je te vois forcer, mais ce n'est pas toi donc dis-moi ce qui se passe, arrêtes de me mettre de côté. _ Je...je je ne te mets pas de côté c'est juste que... _ Que quoi ? Qu'est-ce qui te tracasse, qui t'a fait du mal dis-moi, c'est encore lui ? _ Non mais, non je te jure que non, je ne pense même pas à lui c'est encore ma famille en fait. _ Dis-moi tout, et en parlant de ta famille j'ai croisé Amina en bas de ton immeuble quand je suis arrivé, elle était ici ? _ Mais non ! Elle était en bas tu dis ? _ Oui je l'ai trouvé à la boutique avec ses amis, j’ai pensé qu'elle sortait de chez toi. Je baisse d'abord les yeux, pose mon téléphone et me lève pour pouvoir assimiler cette nouvelle. Non elle n'a pas osé. _ Hey rash tu me fais peur là qu'est ce qui se passe enfin ? Elle t'a encore fait quelque chose ? Ou bien c’est sa mère ? Non j'ai juste rêvé qu'elle est passée chez moi et a volée mon balaie pour je ne sais faire quoi avec. Et ce matin quand je me suis réveillée j'ai trouvé mon balaie coupé avec un couteau et juste d’une seule partie. J’ai trouvé cela vraiment bizarre étant donné que le seul enfant qui vit dans cet appartement n'a que deux ans et est trisomique. J’ai demandé à ma voisine, sa mère, vu qu'on partage la cuisine mais elle m'a aussi dite que c'est comme ça qu'elle a trouvé cela ce matin, elle m'avait même conseillée de le jeter mais têtue que je suis je m'en suis servi comme d'habitude, comme que ma maman est loin. Là je suis choquée, outrée, estomaquée et terrifiée. Mes rêves contiennent souvent une part de réalité et c'est terrifiant. On m'avait toujours dit que ma petite sœur passe son temps chez des marabouts pour me nuire mais je ne l'ai jamais cru même si j'avais toutes les preuves, il m'était juste impossible de croire que la petite sœur que j'ai vu grandir, aimée et chouchoutée puisse vouloir me faire du mal sans raison surtout en se servant de ce genre de pratique. Je sais que pour sa maman c'est son activité favorite vu qu'elle voyage partout pour ces choses. Je me rappelle qu’un jour pendant que l'on vivait chez ma tante, elle a appelé Amina et comme c'est le téléphone fixe qu'on avait, j'ai donc décroché en même temps que Amina, elle celui d'en haut et moi celui d'en bas et sans le vouloir j'ai entendu leur conversation.  Cette phrase se répète toujours en boucle dans ma tête :"ne t'inquiète pas pour ta sœur, j'ai été à Boké (une ville de la Guinée) pour voir un vieux très réputé et il m'a promis de s'occuper de son cas" avait-elle dit à Amina. Je me rappelle avoir tremblé comme une feuille et étant donné que c'était tout un supplice pour moi d'avoir du crédit pour appeler ma mère, et que même quand j'arrivais à l'avoir je ne pouvais jamais tout lui dire avant que ça ne se coupe, j'ai donc gardé cette nouvelle pour moi jusqu'à récemment. Je sais qu'il ne se passe rien de naturel chez moi, je vois bien les choses mais à part prier Dieu tout en espérant que ça aille mieux un jour, je ne peux rien faire pour le moment. Ces pratiques ne sont pas pour moi, ma mère m'a éduqué de façon différente et Alhamdoulillah pour cela. Ce qui me choque le plus dans cette histoire, c'est que Amina et sa famille sont déjà plus nombreux que nous, plus aimés vis-à-vis de mon père, plus riche et tout donc je ne comprends pas pourquoi ils se donnent autant de mal pour nous nuire, notre cas ne peut pas empirer de toute façon. _ Tu sais que je t'avais dit que vendredi je devais partir en banlieue pour chercher les colis que papa a envoyé non ? Demandais-je à Mouctar qui attendait toujours une réaction de ma part. Il secoue tout simplement sa tête et m'incite à continuer. _ Déjà, le chauffeur quand il m'a appelé je n'avais que dix mille francs à la maison et ce n'était pas le même endroit que d'habitude donc, non seulement j'ai raté mon dernier cours pour me rendre là-bas et ensuite j'ai dû payer un taxi à trois mille francs. Arrivée là-bas, il ne m'a remis qu'un seul carton et m'a dit qu'il a perdu l'autre ou il l'a confondu et blabla. Pourtant c'était le carton qui contenait le plus de choses importantes et ça m’a trop énervée, non seulement parce que j'ai dépensé mon argent pour venir jusque là-bas et ne rentrer qu'avec un seul carton pour qui je dois encore repayer un autre taxi, mais aussi parce que je sais que s'il retrouve l'autre je vais devoir revenir encore pour le récupérer. _ Wow ! La poisse. _Ça c'est mon second nom. Clamais-je avant de poursuivre. Et une fois à la maison j'ai appelé papa pour le lui dire, il m'a juste dit de prendre ce que j'ai eu et de le partager en deux avec Amina. J’ai dit ok parce qu’après tout c'est ce qu'on fait d'habitude. Et aujourd'hui encore il m'a appelé pour me dire d'aller encore chercher le colis qui restait et cette fois-ci c’est presque hors de la ville de Dakar. Demain c'est lundi et tu sais que j'ai cours de 8h à 18h. Je lui ai proposé de dire à Amina d'aller chercher cette fois-ci car à chaque fois c'est moi qui le fais alors qu'elle, elle a assez de temps libre et surtout assez d'argent pour se payer un taxi mais devine sa réponse. Je suis fatiguée Mouctar, il est injuste avec moi, parce que même le premier colis que j'ai été chercher la dernière fois, la princesse n'a toujours pas décidé de venir chercher sa part et là tu me dis qu'elle était juste en bas de chez moi ? Il s’y trouve des choses que je ne peux pas garder longtemps et bien évidemment je n'ose pas les manger, et quand je l'ai dit à papa il m'a répondu " pourquoi tu ne le lui as pas amené chez elle ? " Imagine s’il te plait ! Alors que je n'ai que cinq mille francs comme dépense aujourd'hui mais pour lui cela ne compte pas, moi je compte pour du beurre. Encore une fois j'avais fini mon récit en l'arme. Pleurer, voilà une chose qui m'arrive que très rarement, tellement que je l'ai fait maintenant j'y arrive assez difficilement. Mais là j'en avais vraiment besoin, j'ai tout simplement craqué et il y avait de quoi. Mon ami était mal pour moi, c'était visible à l’œil nu. Il n'y a que lui qui comprend ma situation réellement et je sais qu'il fait tout son possible pour m'aider même s'il est persuadé du contraire, de toute les façons son cas n'est pas meilleur que le mien, mais Alhamdoulillah la présence d'un vrai ami compte, un ami qui sait vous écouter, qui ne vous juge surtout pas et qui vous comprend est un réconfort énorme. Et c'est ainsi que j'ai passé mon week-end. Heureusement que les restes de nos amis n'ont pas tardé à nous rejoindre, donc je n'ai pas eu le temps de me morfondre trop longtemps, au contraire, j'ai pu passer une journée superbe loin de tous mes problèmes et de cette vie de m***e que je mène. Vers 20h on s’est séparé et après leur départ je n'ai fait que prendre une douche, prier, téléphoner à ma mère puis dormir complètement épuisée. Le lendemain je me suis réveillée plutôt que d'habitude. Je devais me rendre jusqu'en banlieue et je ne connaissais pas l'endroit exact, et aussi je n'avais pas assez d'argent pour prendre un taxi ce qui aurait pu me faciliter la tâche. Et pour couronner le tout je devais rater mon cours pour aller chercher la nourriture de la princesse qui apparemment veut m'éliminer de la surface de la terre ; encore une fois vive ma vie‼. Après avoir prié fajr, je reste sur le tapis, soulève mes mains et fais face à Dieu comme toujours. "Dieu, je sais que tu me vois, que tu m'entends et aussi que tu vois et entends tout ce qui se passe dans ma vie, je sais aussi que tu n'éprouves que ceux que tu aimes et je ne doute point de ta capacité à changer ma situation. Mais aujourd'hui, tout ce que je te demande c'est de me donner un signe d'espoir, un seul Allah pour que je puisse m'accrocher encore plus et de continuer ce combat qui devient plus rude de jour en jour" Je venais enfin d'arriver au lieu indiqué. Cela m'a pris deux heures mais Alhamdoulillah au moins j'étais là et maintenant mon plus gros souci était : comment et ce que je vais rentrer ? J'avais vu le vieux chauffeur de mon père et il m'a remis deux gros cartons et une modeste somme de cinquante milles pour "ma dépense", des billets de mille francs tellement usés que je me suis sentie très mal de les lui prendre. Papa pouvait m'envoyer juste cinquante mille par un quelconque transfert au lieu de dire à ce vieux fatigué de me les remettre. Je sais que sûrement ce vieux lui doit de l'argent, avec lui c'est toujours comme ça, et même si je me sentais mal, je me devais de les prendre car ma survie en dépendait. Même si je sais que dans deux semaines maximums je serais en train de quémander encore. J'étais au bord de la route accompagné du vieux, qui est au passage super gentille, en train d'attendre un taxi. Eh oui je n'avais pas le choix du tout, il le fallait même si je sais que cela va me coûter la peau des fesses, je ne me vois pas porter deux gros cartons dans un bus. Donc il me fallait un taxi que je n'arrivais pas à avoir depuis bientôt dix minutes, la preuve que j'étais très loin de la ville. Mon stress et ma colère commençaient à prendre le dessus, j’allais devoir encore rater un autre cours pour des personnes qui préfèrent voir ma mort que de me voir ; il serait peut-être temps d’apprendre à dire non, à me faire entendre. _ Ma fille tu devrais peut-être faire de l’auto-stop au moins jusqu’à la voie principale, je ne pense pas que tu pourras avoir un taxi ici. Me propose le vieux l'air soucieux pour moi. J’avais beau insisté pour qu'il parte et me laisse attendre seule vu l'ardeur du soleil, mais il a tout simplement refusé. Je me demande pourquoi c'est toujours les pauvres gens qui sont les plus gentille et soucieux pour les autres alors que les riches qui ont tout, répandent le mal partout. La vie est injuste et l'une des phrases préférées de ma mère est "j'aurais préférée épouser un pauvre cordonnier ou tailleur mais qui m'aime, me respecte et surtout un père exemplaire pour mes enfants que ma situation actuelle". Avant j'avais du mal à comprendre le sens de la phrase que je trouvais même débile, mais maintenant je comprends parfaitement ; l'argent ne fait pas le bonheur. Bref, je ne voulais pas faire de l’auto-stop, je ne l'ai jamais fait. En fait derrière mon caractère de fille timide et douce, se cache une fille pétrit de fierté. Beaucoup de gens pensent que je suis une fille pleine au as, qui ne manque absolument rien alors que je manque de tout. Je fais passer ma dignité avant tout car si une personne qui connaît ta situation te dit que "si tu as besoin de mon aide n'hésite pas" dis-toi qu'elle t'envoie balader tout simplement, elle sait d’ores et déjà que tu as besoin d’elle. J'étais dans mes pensées en train de réfléchir à une solution lorsque je vois une range rover noir évoque, hyper classe se garer devant moi. J’ai levé la tête pour regarder le vieux et c'est sans surprise que j’ai compris que c’est lui qui venait d’auto-stopper cette voiture. Mon Dieu j’avais la honte. Et avant que je ne dise quoique ce soit, il se rapprocha de la vitre arrière et se mit à parler avec quelqu'un de je ne sais quoi. Un instant après, un jeune homme assez mignon et en costume bleu marine sortit de la voiture et se dirigea vers moi. Il prit les deux cartons et les fit monter dans le coffre sous mon regard toujours étonné. Il existe encore des gens pareils ? Le fait-il par gentillesse ou par quoi ? Ce jeune homme devant moi n'est pas n'importe qui, sa voiture et son accoutrement le témoignaient bien, et aussi bizarre que cela puisse paraitre, je n'arrivais pas à décrocher mes yeux de son visage.  Je le vois rassurer le vieux qui, au passage est super content et n'a même pas peur pour moi au cas où ce serait un kidnappeur. Puis il tira quelque chose de sa poche et le remit au vieux. Je n'ai pas pu savoir de quoi il s'agit vu qu'il l'a caché, mais je sais que le vieux était au bord de l’euphorie. _ Venez mademoiselle. Me dit-il en m'ouvrant la portière arrière. Ya Rabbi sa voix, son visage, son sourire ! m***e je délire. Comme une automate je marche vers lui, et arrivée à la portière je salue le vieux qui est toujours très content, puis monte enfin dans la voiture suivie du monsieur.  Rachida que fais-tu ? Me lance ma conscience. Tu montes dans une voiture avec deux messieurs inconnus (oui il y avait un chauffeur), et tu ne sais même pas où vont-ils ? Yeah ce n'est vraiment pas moi ça. Mais une fois n'est pas coutume dit-on et après tout je suis assez grande, et ils ne vont sûrement pas me manger. En plus j'ai envoyé le numéro de la plaque d’immatriculation que j’ai pris avant de monter à Mouctar, lol on n’est jamais trop prudent. _ Salut ! Je me nomme Abdoul Majid Bah. Je sors de mes pensées et porte mon regard sur lui, puis regarde la main qu'il me tend, puis le regarde encore. _ Rire, n'ai pas peur je ne vais pas te manger, dis-moi juste où tu vas puis on te dépose là-bas. En plus ils vont me déposer ? Est-ce le signe que j'avais demandé à Dieu ce matin ? Il est plutôt difficile à décortiquer alors. _ Rachida. Dis-je à mon tour en essayant de me reprendre, et je pars à ***, pourquoi vous voulez me ramener ? _ Enchanté Rachida et pour rien. C'est sur notre route et là où nous t'avons pris tu ne risquais pas d’avoir un taxi facilement, en plus ce serait impolie de refuser de s'arrêter pour un vieux monsieur fatigué et sous le soleil. Il est sérieux lui ? Il vient de quelle planète ? Si c’est une disquette de mec pour impressionner, je la trouve, plutôt pas terrible. 
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