Il se relève enfin, me libérant de son poids, mais je sens encore sa semence poisseuse entre mes cuisses et la chaleur persistante de l’o*****e. Mes jambes tremblent légèrement. Je ne sais pas si c’est à cause des efforts pour me débattre ou de ce plaisir que j’ai ressenti malgré moi. Il est là, debout au-dessus de moi, encore haletant. Je me redresse tant bien que mal, gardant un œil méfiant sur lui. Son expression est neutre. Indéchiffrable. Ou alors, je ne sais simplement pas lire les expressions des animaux. Ses canines visibles et sa bouche entrouverte lui donnent un air de chien.
Que va-t-il me faire maintenant ?
Son sperme dégouline lentement entre mes jambes nues. Je serre les dents. Le dégoût m’envahit, et je remonte mon pantalon précipitamment, toujours sous son regard qui ne trahit rien. Un haut-le-cœur me prend, mais je ravale tout. Je dois sortir d’ici.
Son langage corporel ne montre aucune menace imminente. Il n’a même pas remballé son machin maintenant à demi-mou dans son froc. Il ne dit rien. Il me détaille de bas en haut, lentement. Ma peur cède peu à peu la place à une autre émotion, plus familière : la colère. Je fronce les sourcils, le regardant avec un mélange de rage et de consternation.Il a l’air ridicule comme ça.
- Quoi, tu veux ma photo ?
Il me lance un regard intrigué.
La sortie est juste derrière moi. Mon cœur cogne. Tout mon corps se tend, prêt à bondir pour fuir ce détraqué.
Maintenant.
Je me retourne et sprinte vers la porte d’où je suis entrée. J’ai l’impression de courir au ralenti, persuadée qu’il va me bondir dessus et me plaquer au sol une seconde fois… Mais rien. Aucun bruit de pas derrière moi. Juste mon souffle, court et saccadé, qui résonne dans la nuit. J’atteins la porte. La tension qui broyait ma poitrine se relâche un peu. Presque. Je saute les marches de l’entrée et me retrouve enfin dehors. La lune éclaire assez pour que je distingue le sentier que j’ai emprunté à l’aller. Mon sac ! Je freine une demie-seconde, hésite, mais pas le temps. Je fonce dans la nuit. Un coup d'œil en arrière m’indique qu’il ne me poursuit pas.
Pourquoi ? Je continue à courir, soulagée mais le cerveau en feu. Qu’est-ce qui vient de se passer ? Qui est ce mec à moitié chien ? Je halète. Je manque de m’éclater au sol à cause d’une racine et m’arrête une seconde, les mains sur les genoux. Devrais-je appeler la police ? Je glisse la main dans la poche arrière droite de mon pantalon. Vide. Mon sang se glace. Je ne me souviens pas l’avoir fait tomber. Puis, je me remémore le moment où ce connard m’a baissé mon pantalon. C'est sûrement là que je l’ai perdu. Et en me relevant à la va-vite dans la pénombre, je n’ai rien senti...
Merde.
Hors de question d’y retourner. Je reprends mon chemin en trottinant. J’aurais bien aimé courir, mais courir plus de 2 minutes, visiblement, c'est déjà trop pour mon corps lâche.
J’arrive enfin dans une rue éclairée de lampadaires. Enfin, la civilisation. Je me retourne une dernière fois pour vérifier qu’il ne m’a pas suivie, et je soupire de soulagement. Quelques minutes plus tard, j'arrive devant la maison. À la voir comme ça, son état n’est pas bien meilleur que celui du manoir que je viens de fuir… Mais au moins, ici, je serai en sécurité. Je tourne la poignée et m'engouffre à l’intérieur, doucement. Heureusement que je n’avais pas fermé, vu que je ne comptais pas prendre mes clés. Maintenant que j’y pense, je me promets de toujours verrouiller la porte quand je sors. Surtout avec les fous qui traînent, apparemment… Elisa doit encore dormir. Est-ce que je devrais la réveiller ? Lui raconter ce qui vient de se passer ?
Non. Elle a un examen demain et je ne veux pas la traumatiser plus qu’elle ne l’est déjà. Elle subit assez comme ça, avec une famille aussi disjonctée que la nôtre. Papa est alcoolique. Il passe la plupart de son temps chez des amis. Avant, au moins, il rentrait dormir à la maison. Quand maman était là. Puis, avec le temps, de moins en moins. Jusqu’à disparaître pendant des semaines entières. Maintenant, on est chanceuses si on le voit une fois par mois. Il m’envoie un peu d’argent c’est vrai. Mais Elisa est encore au lycée, et je ne gagne pas assez pour tout gérer. Je souffle, lasse. Tant pis, j’irai seule au commissariat demain.
J'essaie de faire le moins de bruit possible jusqu’à la salle de bain. Dans le miroir, je m’attends à voir une fille malmenée, les cheveux en bataille, des traces de lutte sur la peau. Mais non. Rien. Aucune preuve de ce que j’ai subi. Je me suis déjà vue dans un état plus pitoyable après un rush à Mcdo.
Mon pantalon, lui, a gardé la trace de sa jouissance. Mes cuisses, encore poisseuses, racontent ce qui s’est passé. L’envie urgente de me laver me pousse sous la douche. Je ne prends pas le temps d’attendre que l’eau chauffe. Le jet glacé me frappe. Tant mieux, j'en ai besoin. Je me frotte la peau à m’en faire mal, comme si je pouvais arracher ce qu’il a laissé. Ses mains sur moi. Son poids. Sa bouche. Son sexe glissant contre le mien. Et surtout, je m’en veux. Comment ai-je pu ressentir du plaisir ? Mes larmes se mélangent à l’eau, maintenant chaude. C’est étrangement réconfortant. Et pourtant, je me sens plus sale que jamais. Le pire, ce n’est pas ce qu’il m’a fait. C’est ce que mon corps a accepté.
Une fois hors de la douche, je me faufile sur la pointe des pieds jusqu’à ma chambre. Je me glisse dans mes draps frais. Mes cheveux sont encore mouillés et je suis toujours enroulée dans ma serviette trempée. Mais je m’en fiche. Je veux juste oublier. Je me roule en boule et laisse le sommeil m’emporter.