Fragments d’une lettre de d’Argères À propos, si tu as des nouvelles de notre pauvre Daniel, tu songeras à m’en donner. J’ai pensé à lui, depuis deux jours, plus que je n’ai fait peut-être en toute ma vie, grâce à une circonstance assez romanesque. Tu te rappelles sa passion extatique pour la belle Laure, cette brune pâle qui, de sa petite loge d’avant-scène, ne jetait pas seulement un regard sur lui et ne s’est jamais doutée qu’elle eût un adorateur sous ses pieds. Il nous la faisait tant remarquer et il la célébrait d’une façon si comique, qu’il fallait qu’elle fût belle comme trente houris pour qu’il ne lui attirât pas nos moqueries ; mais elle était incontestable, et la poésie même de Daniel ne pouvait pas nous empêcher de la regarder avec l’admiration désintéressée qui nous était com


