L’écho d’un lien inconnu

1440 Mots
Le soleil filtre doucement à travers les rideaux clairs, dessinant des lignes dorées sur le parquet. La chaleur de la journée commençait à s'installer dans la pièce. Je m'étais allongé un moment, le ventre un peu plus plein, mais l'esprit agité. Je n'arrive pas à trouver le repos. Chaque bruit me ramène à ma nouvelle réalité. Je vivais toujours. J'étais hors de la forêt. Et j'étais… ailleurs. Je m'étais levé, et j'observais la chambre comme si je pouvais enfin en prendre possession. Le bois clair, les meubles simples, l'odeur légère de plantes séchées et de savon propre. Rien à voir avec ma cabane ou les dortoirs partagés des fées. Ici, tout semblait fait pour quelqu'un de précis. Pour moi ? Je sursautai légèrement en entendant frapper doucement à la porte. « Néryn ? » La voix douce et chantante d'Arlen. Je me tourne vers la porte. « Entre. » Il s'ouvrait doucement, souriant comme s'il craignait de me déranger. Ses boucles blondes encadraient son visage fin, et ses yeux brillaient plus que d'habitude. « Il est là », dit-il simplement. Je fronçai les sourcils. « Qui ça ? » Il pencha sourit légèrement à la tête, un mystérieux aux lèvres. « Lyam. C'est un revenu. Et il veut te voir. » Mon cœur se serra sans prévention. Comme si le nom seul portait un poids, une chaleur étrange, un appel. Je ne répondis pas tout de suite. Je ne savais même pas quoi dire. Je sens mes ailes se contracter légèrement dans mon dos. « Il est en bas », a ajouté Arlen avec douceur. « Il t'attend dans le jardin. Il dit qu'il préfère te parler dehors. » Je baissai les yeux. Ma poitrine se soulevait à un rythme irrégulier. Pourquoi avais-je si peur ? Ce n'était qu'un inconnu. Un Alpha. Et pourtant... « Tu veux que je t'accompagne ? » Je lève les yeux vers lui. Son regard était sincère, rassurant. Je prends une grande inspiration, puis hochai la tête. « Oui. » Je suis Arlen dans le couloir baigné d'une lumière douce. Mes pas étaient légers, presque hésitants, comme si à chaque marche je remettais en question ma décision de descendre. Le bois craquait à peine sous mes pieds nus, et l'air sentait les herbes sauvages et le pain grillé. J'avais encore du mal à croire que tout cela était réel. Que j'étais là, dans cette maison inconnue, loin de la forêt, loin des miens… ou de celles qui prétendaient l'être. Nous descendons un petit escalier qui donne directement sur une porte arrière. Arlen m'a jeté un coup d'œil, comme pour vérifier si je tenais bon. J'essayai de cacher ma nervosité, mais mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Il ouvre la porte. La lumière de l'après-midi m'aveugla un instant. Le jardin s'étendait devant nous, bordé d'arbres à demi sauvages, d'herbes folles et de fleurs lumineuses. L'air était chaud et empli de bruissements d'insectes et de feuilles. Et là, un peu plus loin, ils étaient deux. Le premier, debout, légèrement tourné vers le soleil, avait une carrure impressionnante. Ses cheveux sombres, coupés courts, laissaient apparaître une nue forte, marquée par quelques cicatrices à peine visibles. Il portait une chemise simple roulée aux coudes, ouverte sur une peau hâlée et tendue. Ses bras étaient croisés, et son regard, même à cette distance, semblait porter le poids d'un monde. À côté de lui, légèrement en retrait, se tenait un autre homme, plus jeune peut-être, ou simplement plus souriant. Il avait une posture plus décontractée, une barbe fine, et des yeux noisette vif et observateurs. Il se tourne vers nous en premier et souffle un mot à l'Alpha à ses côtés. Un frisson me traverse. Il n'y avait pas de mot pour décrire ce que je ressents. Pas de pensée logique. Juste une pression dans la poitrine. Une chaleur étrange. Comme si le monde venait de basculer, d'un seul coup. Comme si, en lui, il y avait quelque chose de vital, d'inéluctable. Lyam. Je savais que c'était lui. Arlen pose doucement une main dans mon dos, m'encourageant à avancer. « Le plus costaud, c'est Lyam », murmura-t-il. « Et l'autre, c'est Seb. C'est un peu son bras droit. Il ne te veut pas de mal. » Je hochai la tête sans répondre. Mes jambes me portèrent presque malgré moi. Mon souffle était court. Et Lyam s'avança à son tour, lentement, son regard rivé au mien. Il n'avait pas besoin de parler. Son regard disait déjà tout : Il m'avait trouvé. Et moi… je venais de le reconnaître. Lyam s'arrête à quelques pas de moi, me dominant sans être menaçant. Il avait une manière de se tenir, droite et ancrée, comme un arbre ancien que rien ne pouvait faire pince. Ses yeux étaient d'un gris profond, presque argentés à la lumière, et ils me fixaient avec une intensité désarmante. Seb s'approche à son tour, bras croisés, un sourire presque amical aux lèvres, bien qu'il garde une certaine prudence dans le regard. « Tu as un nom ? » Exigea-t-il, le ton neutre. J'hésitai un instant, puis hochai la tête. « Néryn. » « C'est joli », fit-il, en échangeant un regard avec Lyam. « Tu es arrivé ici dans un état assez critique. Tu sais au moins où tu es ? » Je serrei lentement la tête. Je ne voulais pas dire trop. Pas encore. Je ne savais même pas ce qu'ils étaient, ni ce qu'ils me voulaient.Arlen m'avait parlé de « meute » et « alpha », mais ces mots n'avaient pas de sens pour moi. Lyam est un pas de plus. Il ne souriait pas, mais son regard était moins dur que je ne l'aurais cru. « Tu n'es pas humain », dit-il doucement, comme une évidence. Je ne répondis pas. Seb pencha la tête, observant mes ailes repliées dans mon dos. « D'où tu viens, Néryn ? T'as fui quelque chose ? Quelqu'un ? » Je déglutis, mal à l'aise. « Je… Je ne peux pas le dire. » Seb soupira, croisant les bras plus fermement. « Écoute, petit, on a pris soin de toi, t'es pas tombé chez des monstres. On veut juste comprendre. T'as des ailes, une aura différente. Rien que ça, c'est rare. Alors tu vas devoir être un peu plus clair. » Je baissai les yeux, les doigts tremblants. Je ne savais pas si je pouvais leur faire confiance. Puis la voix de Lyam s'élève, calme, mais ferme. « Dis-moi la vérité. » Il avait avancé d'un pas. « Tu n'as pas besoin d'avoir peur ici. Mais si tu me mens, même un peu… je le saurai. » Nos salutations se croisèrent de nouveau. Cette fois, je sens comme un appel au fond de ma poitrine. Une chaleur étrange. Une pression douce. Je ne comprendrais pas ce qui se passait, mais quelque chose en moi refusait de lui mentir. Pas à lui. Alors, je lâchai tout bas : « Je viens de la forêt de Noctervine. » Seb se redressa, surprise. « Noctervine ? C'est pas censé être un mythe, ce truc ? » « Pas pour moi. J'ai vécu toute ma vie. » Lyam ne détourna pas le regard. Il hocha la tête lentement, comme s'il venait de comprendre quelque chose que moi-même j'ignorais encore. « Et tu es quoi, exactement, Néryn ? » Je restai silencieux un instant, puis articulai dans un souffle : « Une fée. » Un silence s'abat. Même Seb semblait sans voix. Je levai les yeux, défiant presque leur jugement. « Et oui. Je suis un garçon. Je sais que c'est étrange. Je suis une erreur. Une anomalie. Je n'aurais jamais dû exister. » Lyam fronça légèrement les sourcils. Seb murmura plus pour lui-même : « Une fée mâle… ? Ça existe vraiment ? » « Pas vraiment. » Ma voix tremblait à peine. « J'étais seul. Ils me toléraient, mais… j'étais invisible. » Lyam fit un autre pas. Je ne reculai pas. Son regarde-moi brûlait, mais pas de colère. C'était autre chose. Quelqu'un a choisi de magnétique. D'irrationnel. « Tu n'es pas une erreur », dit-il, presque dans un souffle. « Tu es exactement ce que tu dois être. » Je ne comprends pas ce que ces mots éveillèrent en moi. Une chaleur dans le ventre. Une brûlure dans la gorge. J'avais envie de pleurer, et pourtant je ne savais même pas pourquoi. Je détournai les yeux, chassant cette vague d'émotions. Seb, lui, lance un regard à Lyam.« On va faire quoi avec lui ? » Lyam n'a répondu pas tout de suite. Puis, il se tourne vers moi. « On va commencer… par le laisser respirer. »
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