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Le potache est servi

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La vengeance d'un professeur malmené par ses élèves...

Clément, prof débutant et chahuté, décide brusquement d’enlever et séquestrer l’un de ses élèves. Pour se venger de ses déboires avec la redoutable 3e F, il va martyriser le plus doux, le moins grossier de ses potaches, pris comme bouc émissaire.

Pourquoi celui-là, et comment cette revanche va modifier son comportement avec ses élèves, c’est ce que nous montre l’auteur. Les rapports du bourreau et du martyr (relatif) sont analysés et décrits avec minutie et pertinence dans un style très pur à l’humour décapant et même souvent noir.

Œuvre thérapeutique, peut-être, et rêve « cathartique » que chaque prof bordélisé a dû faire au moins une fois dans sa vie, ce roman exorcise aussi les démons de chacun d’entre nous. Mais, en cette période de disette enseignante, il n’est pas certain qu’il favorisera le recrutement !...

Un roman noir à l'humour décapant sur les relations souvent conflictuelles entre enseignants et élèves !

EXTRAIT

C’est dans ce silence que naît et mûrit, très vite, la décision de Clément. Deux vocables – méchant et doux – se fécondent : chacun des deux est détestable, et de leur rapprochement naît une décision plus détestable encore. Durant les kilomètres qui restent, Clément prend le temps de mesurer la folie de ce qu’il entreprend, de savourer l’amertume de cette résolution dans laquelle il pressent que toute sa vie doit s’engloutir. Il pense surtout à cent détails d’exécution : il pense vite et juste, à l’opposé de la panique où si souvent, pendant les cours, il a vu s’abîmer sang-froid, logique et repartie. Il sait donc réfléchir encore, ils n’ont pas tout tué. Clément tire de ce constat un surcroît de résolution, et comme une allégresse.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Louis Bailly est né le 7 décembre 1953 à Tours, où il a suivi des études de lettres, pour consacrer ensuite sa carrière à l'enseignement. "Le Potache est servi", qui raconte l'histoire d'un professeur atrocement chahuté, n'est pas autobiographique : Jean-Louis est un professeur plutôt heureux d'enseigner ! Écrivain, il a publié 6 romans ainsi que de nombreuses nouvelles dans diverses revues. Il est aussi l'auteur de pièces radiophoniques diffusées sur Radio-France. En marge de cette activité littéraire, il collabore régulièrement à Écrire magazineet La revue des Pays de la Loire.

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Aperçu gratuit
Chapitre premier
1 - Première semaine Chapitre premierAu carrefour de l’Âne-Mort, Clément ralentit, s’immobilisa. Un gamin parut et monta près de lui. — Personne ne t’a vu ? demanda Clément. — Personne, dit l’enfant. Seulement Wilfried Balard, mais c’était près du collège encore, et il a dû croire que j’allais à Unico. Clément lui demanda où il avait mis son vélo. — Pas de danger qu’on me le prenne, dit l’autre, je l’ai attaché à un tronc, j’ai un antivol à spirale et, de la route, on ne voit rien. C’est un coin que je connais. Mon cousin y a laissé sa mob quinze jours et personne ne l’a volée. — Tu as donc bon espoir de le retrouver dans une heure, répondit en souriant Clément. Ils se turent un bref instant, mais le silence gênait vite. — Pourquoi l’Âne-Mort ? — Notre maître en CM1 nous disait qu’un mauvais élève avait séché les cours, en plein hiver, et s’était perdu dans la forêt et qu’on l’avait retrouvé là, le matin, mort de froid. — Ton maître était un homme d’esprit. — Mais la maîtresse de CM2 à la sortie scolaire, elle nous a expliqué qu’il y avait là une auberge, avant, L’Âne-d’Or, et que le mot s’est déformé. — Ta maîtresse était une femme avisée. Ils allaient dépasser un vélomoteur. Le gamin se laissa glisser le long du siège, pour qu’on ne le voie pas à côté de Clément. Ce serait donc bien honteux si on l’y voyait ? — Honteux, non, mais déjà les autres ne m’aiment pas. — Et tu n’as pas peur de m’accompagner ainsi sans trop savoir où ? — Peur ? Vous êtes doux. Si vous connaissiez mon père. — Mais je le connais, ton père, Tony. Il est venu à la réunion de parents. Clément voyait encore les mains énormes, la face recuite, les yeux bordés de rouge et qui fuyaient. — Vous êtes doux, reprit Tony. Il faudrait être moins doux. Les autres, le prof qu’ils préfèrent c’est Chartreux, et Chartreux, il tape. — Et moi ? Qu’est-ce qu’ils disent de moi, les autres ? L’enfant se taisait. La question avait été posée d’un ton trop léger. — Tu peux me le dire, tu sais, poursuivit Clément dans un petit rire, je sais qu’ils me détestent. — Ils disent que vous êtes méchant, dit Tony, méchant et en-dessous. Chartreux, lui, il crie très fort, et un jour il a à moitié assommé un sixième ! Mais on sait toujours ce qu’il pense. Vous, vous ne criez pas, vous ne cognez pas, mais vous essayez de faire mal avec vos mots. Les autres, ils n’aiment pas ça. — Méchant, murmura Clément. — Ils disent aussi que vous êtes trop intelligent, on ne comprend pas bien les mots que vous dites, ni non plus les livres que vous voulez nous faire lire. Clément se sentit rougir, il pensait à l’affaire Andromaque. Il avait bien essayé de corriger son erreur avec du Bazin, du Troyat, mais il était déjà trop tard. — Et toi, Tony, tu me trouves méchant, toi aussi ? — Mais non ! dit l’enfant. C’est eux, qui sont méchants, avec vous comme avec moi. Je les connais bien. Vous, vous êtes doux, confirma-t-il, avant de se taire longuement. C’est dans ce silence que naît et mûrit, très vite, la décision de Clément. Deux vocables – méchant et doux – se fécondent : chacun des deux est détestable, et de leur rapprochement naît une décision plus détestable encore. Durant les kilomètres qui restent, Clément prend le temps de mesurer la folie de ce qu’il entreprend, de savourer l’amertume de cette résolution dans laquelle il pressent que toute sa vie doit s’engloutir. Il pense surtout à cent détails d’exécution : il pense vite et juste, à l’opposé de la panique où si souvent, pendant les cours, il a vu s’abîmer sang-froid, logique et repartie. Il sait donc réfléchir encore, ils n’ont pas tout tué. Clément tire de ce constat un surcroît de résolution, et comme une allégresse. Tout est venu d’une confidence, d’une vantardise, échappée à Clément devant ses troisième. A la cantine, on avait servi ce que l’intendance désignait officieusement sous le nom de « menu soporifique » : frites à volonté, gâteau de riz. La première heure de cours après midi s’adressait alors à un public anesthésié, l’orateur sentait ses paroles se vaporiser dans une somnolence cotonneuse. L’huile de friture suintait des pores, imprégnait sournoisement la pensée du professeur, menaçait sa syntaxe de dérapages heureusement voués à rester inaperçus. Le calme inaccoutumé de la classe aurait pu faire croire à une trêve, à la paix définitive peut-être ; les paupières alourdies par des bouffées de sieste y gagnaient une bonhomie encourageante ; un vague sourire, de pure digestion, mimait la sympathie. Dans tous ces pièges, le naïf Clément tomba, allant même jusqu’à deviner au fond de regards éteints la fragile luciole de l’intérêt. Il s’enhardit. Il parla de la lecture, des « milliers de livres dont se peuplait son quotidien ». Il évoqua le bouleversant pouvoir de libération dont tous ces livres étaient les porteurs à la fidélité sans faille. Il feignit de ne pas entendre le grand Casavieille, au fond, qui grasseyait que « pour peupler son quotidien, il aimerait mieux deux trois gonzesses », ni les gloussements qui saluèrent cette profession de foi. Et plus il se faisait lyrique, plus la classe lui adressait les signaux sans équivoque d’une écoute passionnée : les plus obtus comprenaient qu’aussi longtemps que le professeur suivrait cette pente, on échapperait à la grammaire. Clément, plus tout à fait dupe, sut entretenir le malentendu ; l’heure s’acheva dans ces délices hypocrites. Tony Pousseur vint le trouver quand tous les autres furent sortis. Clément aimait ce petit élève dont la classe moquait le physique frêle, les cheveux de paille et la fadeur. Timidité, admiration, ou plutôt solidarité de bafoué, le gamin n’avait jamais pu se résoudre à hurler quand les autres hurlaient, à scander d’un rot les vers imponctués d’Apollinaire, et sa voix de garçonnet – presque tous ses camarades avaient mué – se prêtait mal aux épaisses équivoques sexuelles, aux obscénités, à la scatologie qui offraient aux délicates analyses professorales un contrepoint paillard. — C’est vraiment vrai, monsieur, demanda-t-il, que vous avez des milliers de livres chez vous ? — Sans doute, Tony, sans doute, répondit son professeur avec une fierté embarrassée, mais tu sais, je ne compte pas (c’était un mensonge, il en avait dénombré deux mille quatre-vingt-douze un soir de désœuvrement). Tony n’avait jamais vu tant de livres « dans une maison » ; Clément devina qu’il doutait même qu’une telle accumulation fût possible. Dans un mouvement puéril, qui surprenait mais n’était pas rare chez ce géant, il offrit à Tony de venir le jour même, après la classe, constater le phénomène. Le lieu du rendez-vous fut arrêté, et Tony courut rejoindre le groupe qui, traînant la semelle, n’avait pas vu qu’il s’attardât. Ils traversèrent des bois sombres, un maquis têtu, secret, et qui s’épaississait encore à l’écart de la route. Clément parla des résistants, Tony de braconnage. Les chemins qu’ils prenaient se faisaient plus sinueux et plus étroits. L’enfant lui-même, qui croyait savoir le pays par cœur, reconnut qu’il n’aurait pas été capable de dire où il se trouvait. — Aux premières gelées, prévint-il, il faudrait faire attention aux brouillards, aux verglas. Ici, l’hiver venait d’un seul coup, les imprudents et les étrangers se laissaient prendre, on devait clouter les pneus avant de se trouver bloqué chez soi. Enfin l’on arriva.

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