Chapitre 6

1336 Mots
Zeyna avait mal, oui très mal. Même si tout laissait croire qu’elle allait bien, beaucoup de choses lui manquaient. Le fait d’être si loin des siens, le manque d’attention de son époux et aussi le fait de tourner en rond dans la maison. Elle était en train d’essuyer ses larmes lorsqu’elle sentit son mari entrer dans la chambre. Elle se cacha vite derrière ses draps puisqu’elle venait de terminer sa toilette. —Euh je peux revenir plus tard si tu le veux. Dit-il d’une voix calme. —Non non, tu peux rester. Balbutia-t-elle. Elle avait du mal à rester calme devant lui. —Euh, j’ai voulu te voir pour te remercier. —Me remercier en quel honneur ? —Je sais que c’est toi qui cuisinais depuis ce temps. Elle baissa la tête, honteuse qu’elle se soit faite attraper. —La deuxième chose aussi est que j’aimerais que tu gardes ton calme devant les agissements de Marianne, elle peut parfois se montrer assez compliquée... —Je ne crois pas que je pourrais. Lâcha-t-elle d’une voix pleine de trac —Comment ça ? Demandât-il surpris —Je ne pourrais pas Cheikh. Je peux accepter ton indifférence, ton manque d’affection, mais je ne peux vivre avec le poids que tu mettes une autre au-dessus de moi. Pourtant je jouis des mêmes droits qu’elle. Si aujourd’hui elle a cette audace de me tutoyer, c’est parce que tu lui mens. Elle avait la gorge nouée en laissant ces mots. Elle reprit. —Depuis le début, tu ne t’es jamais mis à ma place Cheikh, tu rejettes toute la faute sur moi comme si j’avais eu le choix dans ce mariage. Pourtant Dieu sait que j’endure de toutes mes forces. Cela fait maintenant cinq mois que je suis dans cette maison et pas une fois, tu ne t’es fait une auto inspection. Si moi je tolère, alors pourquoi toi de ton côté, tu ne peux pas faire autant ? Je te le dis dès maintenant que je refuse de continuer dans ce jeu. Si tu ne dis pas toute la vérité à Marianne, je le ferais à ta place et étant une femme digne de ce nom, j’exige mon tour. Il la regarda stupéfait. Est-ce vraiment la même Seynabou qui parle comme ça devant lui ? Il s’approcha petit à petit avant de la prendre dans ses bras. Il ne savait pas pourquoi il faisait cela en ce moment, mais ne pouvait rester inerte devant ses sanglots. Il sentait ses larmes couler, ce qui mouillait sa chemise, mais s’en fichait en ce moment. Tout ce qu’il voulait, c’est qu’elle se calme. Il passa sa main sur son dos, histoire de la caresser pour la réconforter. Elle se calma petit à petit, et la sentit reculer un peu. Il aurait voulu continuer de la serrer mais savait que ce n’était pas possible. Il se leva alors très vite et sortit comme si on l’avait chassé. **** —Oui maman, je vais bien. Elle avait appelé sa belle-mère après avoir eu ses parents au téléphone. —Et Cheikh, il s’occupe bien de toi ? Lui demanda celle-ci —Oui maman. —Je veux que tu saches que je n’étais pas au courant de son mariage avec cette fille et jusqu’à maintenant je ne suis pas d’accord. —Non maman, ne vous inquiétez pas pour cela. Je suis sûre que tout ira pour le mieux. —Je ne veux pas que tu me caches des choses chérie, s’il se passe quoi que ce soit avec cette fille, téléphones moi et je viendrai au plus vite. —En fait je voulais vous dire quelque chose. —Oui ma fille vas-y. —Je voudrais faire une formation. —Ah c’est très bien, tu veux faire quoi exactement? Parce que ton oncle disait que tu avais arrêté tes études en classe de troisième. —Effectivement maman, mais ici je vois qu’il y’a beaucoup de possibilités et comme la cuisine m’a intéressé, je me suis dite que c’est mieux que de rester à ne rien faire. —Je te soutiens à cent pour cent. Je vais appeler ton mari tout à l’heure pour qu’il te choisisse une bonne école. —Mais je ne veux pas maman qu’il… —Ne t’en fais pas, je saurai quoi lui dire. —Merci maman. —Ok ma fille, je te laisse et prends soin de toi. Elle raccrocha et faillit crier de joie. Enfin elle allait faire quelque chose dans sa vie au lieu de rester cloîtrée entre ses quatre murs. Elle avait longtemps hésité avant d’en parler à sa belle-mère et, puisqu’elle lui donnait toujours le courage, elle s’est dit que c’est le moment ou jamais. Après avoir fini de jubiler, elle était plus qu’heureuse d’avoir enfin réussie. CHAPITRE HUIT Cheikh a failli suffoquer en le voyant là devant lui. Elle portait une chemise et un pantalon en jeans qui mettait en valeur sa silhouette. Elle avait attaché ses cheveux en queue de cheval, des boucles d’oreilles en forme de cercle avec des talons hauts… Il avait les yeux écarquillés devant cette scène. Il se croyait face à une autre personne. Zeyna ressemblait à une femme toute droite sortie des magazines de beauté. Deux semaines qu’il était en séminaire et cet accueil pour son retour était juste waouh. Il avait du mal à se reprendre et en la voyant sourire, il crut qu’il allait s’évanouir. Il la vit s’approcher de lui et lorsque son parfum titilla ses narines, il perdit pied ensorcelé. —Bon retour Cheikh Il se demandait s’il ne rêvait pas. Cette façon de prononcer son nom le laisser sans voix. Elle s’approchait de lui tout en ayant ce sourire hypnotique sur les lèvres. —Passes-moi ton cartable, je vais te le ranger. Elle lui parlait tout en lui effleurant la main. Un long frisson lui saisit le long de sa colonne, mais il détourna vite les yeux. —Euh merci Zeyna. Sinon tout se passe bien ici ? —Oui al hamdoulilah, chéri. Ce mot lui fit un choc en l’entendant sortir de sa bouche. —Euh désolée, ma langue a fourché. Se justifia-t-elle —Ce n’est pas grave. Après tout, il s’agissait bien de sa femme. Malgré sa décision, il était prêt à faire des efforts. Les semaines passée lui avait permis de réfléchir. —Tu peux aller prendre ta douche, je vais mettre la table en attendant. Lâche-t-elle en souriant Que pouvait-il ajouter à cela ? Il la regarda entrer dans la cuisine avant de décider de bouger sinon, c’est sûr qu’il allait faire une bêtise. *** —Tu aimes ce que j’ai préparé ? Questionna Seynabou en le fixant du regard —Oui c’est très délicieux, complimenta Cheikh —Merci. Et une longue gêne s’installa. —J’ai eu ma mère pendant le voyage. Il avait dit cela en la fixant. —Hum, gémit-elle —Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu voulais faire une formation ? —Euh pour rien. Elle avait prononcé ses mots tellement bas qu’il crut ne pas bien entendre. —Cela ne me pose aucun problème que tu veuilles être active, la rassura-t-il —Ok —Zeyna ? Elle releva les yeux pour lui faire face. —Je vais dire à Marianne qui tu es réellement. —Ah, euh merci. —C’est normal, je lui parlerai dès son retour. Elle hocha la tête avant de continuer à manger. *** Il était en train de suivre un match lorsque l’odeur avait commencé à se propager. Cette odeur ne pouvait émaner que d’un produit de femme. Il se tourna pour voir Zeyna à moitié baissée devant un encensoir. Depuis combien de temps il en existait dans la maison ? Encore une fois, il avait du mal à détourner ses yeux d’elle. Il se demandait pourquoi elle faisait tout cela ? Il lui avait dit qu’il avait accepté ce mariage uniquement pour faire plaisir à sa mère. —J’espère que l’odeur de l’encens ne te dérange pas ? —Euh non… du tout. Elle lui sourit. Si Dieu le confrontait souvent à des épreuves, c’était bien difficile cette fois-ci. Elle passa devant lui et il avait du mal à détourner les yeux. Il se dit qu’il allait vivre une vrai torture si c’est cela qui devait l’attendre tous les jours. Il ne pouvait plus manger dehors, parce qu’il n’y trouvait plus de saveur. Il ne s’est jamais préparé à ce qui l’attendait: des plats succulents, des gâteaux, crêpes et même des jus bio faits maison. Il devait reconnaître que c’était une bonne femme qui apprenait vite comment s'accommoder dans la vie. À peine des mois et elle s’était métamorphosée. Elle cherchait de son mieux à être indépendante. Cette femme n’arrêtait pas de la surprendre de jour en jour. ***
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