Les jours qui suivirent furent marqués par une tension palpable. Léa, bien qu’entourée de soutien, se sentait prise au piège dans une lutte interne. Elle savait que l’amour que Dylan lui portait était sincère, mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable de le voir sacrifier une partie de son propre avenir pour elle. Pourtant, une part d’elle-même voulait croire que ce sacrifice était le témoignage d’un amour véritable, un amour qu’elle n’avait jamais cru pouvoir avoir.
Dylan, de son côté, continuait à être là, chaque jour. Mais il sentait aussi le poids de la situation. L’inquiétude se lisait dans ses yeux chaque fois qu’il posait un regard sur Léa, la tension dans ses gestes lorsqu’il tentait de l’aider à surmonter ses peurs. Mais ce qu’il ne lui disait pas, c’était la lutte constante qu’il menait en lui-même : l’angoisse de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir comment gérer l’avenir, l’incertitude qui planait au-dessus d’eux comme une ombre.
Un soir, alors que le soleil commençait à se coucher et que l’air devenait plus frais, Léa se retrouva dans le salon, seule avec ses pensées. Dylan était sorti acheter quelques courses, mais elle n’arrivait pas à se concentrer sur la moindre activité. Elle regardait sans vraiment les voir les papiers médicaux éparpillés sur la table, les brochures sur les traitements et les procédures, mais aucun d’eux ne semblait apporter de réponse.
Elle se leva brusquement, impatiente de fuir cette sensation d’enfermement. Ses yeux se posèrent sur la fenêtre, et elle aperçut les dernières lueurs du jour se refléter dans l’horizon. Elle se sentait prise dans une spirale où chaque décision semblait la pousser un peu plus loin dans l’incertitude. Elle voulait tout oublier, tout effacer, mais elle savait que ce n’était pas possible.
Le bruit de la porte d’entrée se fit entendre et Dylan entra dans la pièce, portant des sacs de courses. Il remarqua immédiatement son air préoccupé et posa les sacs sur la table avant de s’approcher d’elle.
"Tu n’as toujours pas mangé, Léa. Tu veux qu’on se pose un instant ?" demanda-t-il, mais il savait déjà la réponse avant même qu’elle ne parle. Il connaissait cette expression sur son visage, cette inquiétude qu’il ne savait pas comment dissiper.
"Je n’ai pas faim, Dylan," répondit-elle doucement. "Je suis juste… je ne sais plus quoi penser."
Dylan s’assit près d’elle, tentant de capter son regard. "Tu te sens perdue, c’est ça ?"
Elle acquiesça lentement, les yeux baissés. "J’ai l’impression que tout m’échappe. D’un côté, je veux me battre, mais d’un autre, je me dis que tout ce que je fais ne changera rien. Et toi… toi, tu n’arrêtes pas de te sacrifier pour moi. Tu donnes tellement, mais est-ce que tu as vraiment ce que tu veux, toi ?"
Il prit un moment pour répondre, scrutant les traits de son visage, cherchant à comprendre l’étendue de la confusion qui l’habitait. "Je ne veux pas te laisser, Léa. Ce que je fais, je le fais parce que je le veux. Et je ne cherche pas à obtenir quelque chose en retour. C’est toi que je veux, pas une vie sans toi."
Léa tourna son regard vers lui, le cœur serré par ses paroles. "Mais si tu sacrifices ta propre vie pour être à mes côtés, qu’est-ce que ça va donner ? Tu as tes rêves, tes projets… Je ne veux pas être celle qui t’empêche de les réaliser."
Dylan se leva, puis se pencha vers elle, prenant ses mains dans les siennes. "Ma vie, mes rêves… tout ça n’a de sens que si je peux les partager avec toi. Je veux être là pour toi, même si ça implique des sacrifices. Et je te promets que je serai toujours là, même quand tout semble impossible. Parce que je crois en toi, et je crois qu’on peut traverser ça ensemble."
Léa se leva à son tour, l’émotion la submergeant. Elle se tourna vers lui, un frisson parcourant son corps. "Mais et toi, Dylan ? Qu’est-ce que tu veux vraiment ?"
Les mots qui se bousculaient dans sa tête restaient coincés dans sa gorge. Il n’avait jamais eu à réfléchir aussi profondément à cette question, mais en la posant à voix haute, il comprit que sa réponse était déjà gravée dans son cœur : il voulait être avec elle, tout simplement. Peu importe la manière dont il y arriverait, il ne pouvait se résoudre à l’abandonner.
"Je veux toi, Léa," dit-il enfin, sa voix ferme, pleine de conviction. "Je veux être là pour toi, je veux te voir te battre, et je veux être celui qui te soutient, quoi qu’il arrive. Tout le reste… tout le reste n’a plus vraiment d’importance."
Les yeux de Léa s’emplirent de larmes, mais cette fois-ci, ce n’étaient pas des larmes de peur ou de doute. C’étaient des larmes de soulagement, comme si un poids s’était enlevé de ses épaules. Elle se laissa tomber dans ses bras, murmurant simplement : "Je t’aime, Dylan."
Il la serra contre lui, sentant la chaleur de son corps, sentant que, malgré l’incertitude, malgré la maladie qui les menaçait, ils étaient toujours unis. Et cela, plus que tout le reste, était ce qui comptait vraiment.
Les décisions n’étaient pas faciles, et l’avenir restait flou. Mais pour la première fois depuis longtemps, Léa avait l’impression que, même dans le tourbillon de ses peurs, elle avait enfin trouvé un point d’ancrage. Et cet ancrage, c’était Dylan. Ensemble, ils devraient affronter l’inconnu, mais pour l’instant, cela semblait suffisant.