Chapitre 13 : La Tempête Intérieure

954 Mots
Les semaines passaient lentement, et malgré les moments d’apaisement partagés entre Léa et Dylan, le vent de l'incertitude soufflait toujours plus fort. La maladie de Léa semblait avoir des hauts et des bas, mais chaque bas était plus lourd à porter, plus difficile à encaisser. Chaque séance de traitement, chaque rendez-vous médical, les plongeait un peu plus dans l’inconnu. Léa se battait pour garder une façade, pour ne pas montrer à Dylan à quel point elle se sentait à bout de forces. Parfois, elle se demandait si, au fond d’elle, elle n’avait pas déjà accepté une issue qu’elle ne pouvait pas changer. Mais la présence de Dylan à ses côtés la faisait hésiter. Il était toujours là, fidèle et amoureux, mais comment pouvait-elle continuer à lui offrir l’espoir d’un avenir ensemble alors qu’elle était en train de perdre le sien ? Dylan ressentait la douleur silencieuse de Léa, mais il ne savait pas comment l’atteindre. Chaque sourire forcé qu’elle lui offrait, chaque éclat de rire qu’elle arrachait à elle-même le déchirait un peu plus. Il voulait lui dire qu’il n’avait pas peur de la perdre, mais la vérité, c’était qu’il avait peur. Peur de la voir souffrir, peur qu’elle finisse par se refermer sur elle-même, peur qu’il ne soit pas assez fort pour la soutenir dans ce combat. Un soir, alors qu’il rentrait d’une journée de travail particulièrement éprouvante, il la trouva dans le salon, les yeux perdus dans le vide. La lumière tamisée des lampes de table et le bruit léger de la télévision allumée créaient une ambiance presque irréelle. Elle ne semblait pas avoir bougé depuis qu’il était parti le matin. "Dylan," murmura-t-elle, se retournant lentement vers lui alors qu’il fermait la porte derrière lui. "Je suis fatiguée. Fatiguée de me battre, fatiguée d’avoir l’impression que ça ne mène à rien." Il s’approcha d’elle, se baissant légèrement pour être à sa hauteur. Ses yeux se remplissaient d’inquiétude, mais il s’efforça de ne pas la laisser voir à quel point ses paroles l’affectaient. "Léa, on a parlé de ça, non ? On traverse ça ensemble. Tu n’es pas seule dans cette bataille. Je suis là." Elle secoua la tête, ses lèvres tremblant légèrement. "Je ne sais plus. Je t’aime tellement, Dylan, mais je ne veux pas te voir souffrir à cause de moi. Tu mérites mieux, tu mérites… quelqu’un qui ne t’enchaîne pas avec ses problèmes. Et moi… moi, je suis un fardeau." Ses mots frappèrent Dylan comme un coup de poing. Il n’avait jamais imaginé qu’elle puisse se voir comme un fardeau. Il se sentait impuissant face à cette douleur qu’il ne pouvait pas effacer, mais il savait une chose : il ne partirait pas. "Tu n’es pas un fardeau, Léa. Tu es la personne que j’aime. Et je t’ai choisie, malgré tout. Ce que nous vivons, ce n’est pas facile, mais ce n’est pas une raison pour que tu te sentes coupable. C’est toi, tout simplement, et il n’y a rien de plus précieux que cela pour moi." Léa leva les yeux vers lui, les larmes coulant silencieusement sur ses joues. Elle n’arrivait plus à retenir sa douleur. "Mais je ne peux pas… je ne peux pas te demander de supporter ça. Un jour, tu voudras avancer, et je serai là, immobile, coincée dans cette réalité que je n’ai pas choisie. Et tu partiras." Dylan se leva, se dirigea vers la fenêtre, son esprit en proie à une tempête de pensées contradictoires. Il voulait lui répondre, la rassurer, mais les mots semblaient inutiles face à la profondeur de sa peur. Alors il se tourna vers elle, la détermination sur le visage. "Tu veux savoir ce que je pense vraiment, Léa ?" dit-il d'une voix calme mais ferme. "Je pense que tu as le droit d’avoir peur. Tu as le droit de ne pas savoir ce qui va se passer, mais tu n’as pas le droit de penser que tu vas me perdre. Parce que tant que je serai là, je serai à tes côtés. Et même si tu ne peux pas m’offrir de certitudes, même si tout semble incertain, il y a une chose que je sais avec certitude : je suis avec toi." Léa sentit son cœur se serrer sous le poids de ses mots. Il était là, toujours là, prêt à se sacrifier pour elle. Mais elle n’arrivait pas à se défaire de cette idée qu’il méritait plus que ce combat sans fin. "Je veux que tu sois heureux, Dylan," murmura-t-elle. "Mais est-ce que tu peux vraiment être heureux avec moi, ici, dans cette tempête ?" Dylan la regarda intensément, chaque fibre de son être se dressant contre l’idée qu’elle puisse douter de lui, de leur amour. Il se rapprocha d’elle et posa une main sur son épaule, cherchant à apaiser cette tempête qui secouait son âme. "Si être heureux avec toi signifie traverser la tempête, alors oui, je veux ça. Parce qu’au fond, ce n’est pas la tempête qui définit ce qu’on est. C’est ce qu’on fait ensemble pour y faire face." Elle se leva, la gorge serrée, et se précipita dans ses bras. "Je suis désolée," dit-elle, la voix brisée. "Je suis tellement désolée de te faire vivre ça." Dylan la serra contre lui, fermant les yeux, se concentrant sur l’instant présent. Peu importe les épreuves, peu importe la douleur à venir. Ils se tiendraient toujours l’un l’autre. Ils n’avaient pas besoin de savoir de quoi serait fait leur futur. Tant qu’ils étaient ensemble, ils trouveraient toujours une raison d’avancer. "Tu n’as rien à regretter, Léa," dit-il doucement. "Rien du tout." Le silence s’installa entre eux, lourd et paisible, comme une promesse silencieuse. Ils étaient dans la tempête, mais ils étaient ensemble. Et pour l’instant, cela suffisait.
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