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1820 Mots
Eadlyn La danse terminée, je suis invitée à rejoindre la Reine dans un petit salon attenant à la salle de bal, d’où il est possible d’observer tout ce qui se passe sans être dérangeé. Je l’y trouve en compagnie de deux femmes, dont l’une, que je reconnais comme Ceridwen, et deux hommes. Leur posture imposante et leur perfection physique, presque surhumaine, me font froid dans le dos. Je m’incline dans une révérence. D’un geste de la main, la Reine m’invite à m’asseoir dans l’un des fauteuils face à eux. Je m’exécute, cachant ma nervosité tant bien que mal. — Passez-vous une bonne soirée mon enfant ? s’enquiert-elle. — Oui, Majesté. Elle hoche la tête, satisfaite de ma réponse. Les portes s’ouvrent, et Nolan et Shailene entrent à leur tour. — Un instant, leur intime leur belle-mère. (Ils effectuent une brève génuflexion et ressortent aussi vite. Les portes à peine refermées, elle reporte son attention sur moi.) Je serai brève. (Elle claque des doigts. Une servante, que je n’avais pas vue, s’avance, un plateau en main. Elle en dispose le contenu sur la table basse : trois Schnaps et un verre contenant la même concoction que celle qu’Aden et moi avons bue plus tôt.) Avalez ça, m’ordonne la Reine calme et impérieuse. J’obéis, le nez plissé. Le goût âcre et sucré me fait grimacer. — Il va falloir que vous vous y habituiez. Chez nous, toutes les femmes passent par là avant d’être mariées. (Je lève les yeux, confuse. Un rire doux, mais condescendant, accueille ma réaction.) Comme je le rappelais à mon fils tout à l’heure, à la Cour de Cymru, les mariages ont lieu une fois que la fécondité de la promise a été prouvée. C’est la tradition. Du coin de l’œil, je vois l’un des deux hommes se penchés vers son camarade : — Vu ses ancêtres féminines, cela serait surprenant qu’elle ne réussisse pas à pondre des héritiers en écartant correctement les cuisses. Il s’esclaffe, suivi par son ami. Ceridwen et l’autre femme leur assène des coups de coude réprobateurs dans les côtes. La Reine lève les yeux au ciel. — Assez, aboie-t-elle faisant taire leurs rires idiots. (Elle soupire :) Je crains que vous n’alliez devoir vous faire à leur humour quelque peu douteux. Arawn et Badb vont bientôt faire partie de votre vie quotidienne, tout comme Ceridwen et Morrigan. Je ne peux réprimer un frisson à cette idée. Partie de ma vie quotidienne ? — Ils seront des professeurs le jour et votre garde personnelle le reste du temps. Ils veilleront à votre apprentissage, votre sécurité et s’assureront à ce que vous restiez sur le droit chemin. Je fronce les sourcils : — Le droit chemin ? — Nous nous assurerons à ce qu’aucun autre biscuit ne vienne tremper dans le verre de lait, répond Badb. Arawn explose de rire. Mes joues rosissent de gêne face à leur comportement grossier. Dire que je les trouvais intimidants… — Faites-les sortir de là, ordonne la Reine. Ceridwen les empoigne par les cheveux et les tire de force hors de la pièce. Morrigan s’avance, prête à lui emboiter le pas. Elle se tourne vers moi : — Veuillez les excuser Votre Altesse, Ceridwen et moi-même allons-nous assurer à ce qu’ils décuvent de leur excès de vin. Elle incline respectueusement la tête et sort à son tour. Je la suis des yeux. — Il n’a pas tort. (Je me retourne face à la Reine. Cette dernière finit de répartir le contenu des verres de Schnaps entre le sien et le mien.) Même si cela n’excuse rien de sa grossièreté. Elle prend une gorgée. Je l’observe siroter sa boisson, perdue dans ses pensées. Un ange passe. — Que voulez-vous de moi ? je demande, les mots finissant par sortir d’eux-mêmes de ma bouche. (Elle me lance un regard, ses iris, aussi émeraudes que celles de son fils, rivées sur moi. Sans réponse, je réitère :) Que voulez-vous de moi ? Elle se redresse calmement : — Vous souhaitez savoir ce que je veux de vous ? La réponse est simple : amour, obéissance et respect envers mon fils. C’est ce que chaque reine exige de sa future belle-fille. Ce que vous-même exigerez de la vôtre le moment venu. — Qu’en est-il de mon royaume ? (Elle hausse un sourcil interrogateur.) Que deviendra-t-il une fois que je serais mariée à votre fils ? — Les royaumes d’Iwerddon et de Cymru seront réunis en une alliance qui mettra fin une bonne fois pour toutes à la querelle qui les opposent depuis des siècles. Mon cœur fait une embardée. — Quelle querelle ? — Celle à cause de laquelle nous sommes ce que nous sommes. — Je ne comprends pas où vous voulez en venir. Une lueur entre l’amertume et la tristesse traverse son visage : — Le royaume d’Iwerddon, votre royaume, est un puissant royaume d’Enchanteresses. Ce sont elles qui ont maudit nos ancêtres et, par conséquent, provoqué l’apparition des Créatures de la Nuit. Je tressaille à l’entente de ces mots. Mes ancêtres responsables de la naissance des Moroï et des Strigoï ? C’est insensé. Je suis tirée de mes pensées par des cris et des rires provenant des couloirs. Les lèvres de la Reine frémissent presque imperceptiblement. — Vous devriez retourner aux festivités. — Vous ne venez pas ? — Dans un instant. Je me lève, plus perdue que jamais. Comprenant que notre discussion n’ira pas plus loin, je me retire dans une révérence. — Majesté. Nolan et Shailene attendent dans le couloir. — Je me demande ce que notre marâtre peut bien avoir à nous dire, grommelle ma demi-sœur, malgré les portes toujours ouvertes derrière moi. — Shailene, la réprimande doucement Nolan. — Oh ça va, personne ne nous entend. Elle me lance un regard auquel je réponds par sourire de connivence : — Motus et bouche cousue. Elle glousse avant de disparaître dans la pièce, Nolan sur les talons. Les portes refermées derrière eux, je regagne le bal où les musiciens ont arrêté de jouer pour se joindre aux convives qui convergent vers les jardins du palais. Derrière moi, une main saisit la mienne. Je lève la tête et me retrouve nez à nez avec Aden. — Suis-moi. Profitant de l’inattention générale, il m’entraîne à sa suite. Nous courons à travers les couloirs et montons plusieurs escaliers interminables, jusqu’à atteindre les toits du palais dont nous regagnons les créneaux. La lumière de la pleine lune inonde les jardins ainsi que les montagnes au pied desquelles s’étend un lac couleur d’argent. Des petits points d’un jaune brillant éclairent le paysage ici et là. Aden glisse ses bras autour de ma taille. Je me laisse aller contre lui, ravie de cette accalmie improvisée. — C’est magnifique, je souffle. — Et très bientôt, ce sera à nous. Je ris nerveusement : — Cela m’effraie un peu. Il saisit mon menton d’un geste tendre et relève mon visage vers le sien : — Peidwich a bod ofn, murmure-t-il d’une voix rauque et profonde, mae popeth yn mynd i fod yn iawn. (Il m’embrasse. Puis, comme une promesse. :) Nous allons redorer le nom de nos principautés et les rebâtir en un royaume à notre image. Un doux frisson court le long de ma colonne vertébrale. M’embrassant à nouveau, il me soulève dans ses bras et me porte jusqu’à un abri de fortune au centre duquel un feu brûle dans un foyer de pierres, entouré par des couches de couvertures douces et chaudes. Mon cœur bat à tout rompre entre mes côtes, mes muscles frémissent tandis que sa langue pousse contre la mienne, qu’il aspire dans sa bouche. Nos corps envahis par l’ivresse, nous nous déshabillons à la hâte sans interrompre notre b****r. Sa main glisse le long de ma poitrine jusqu’entre mes cuisses, m’arrachant un cri. Nous tombons à la renverse. Mon dos s’arcboute au contact de sa paume, puis de ses doigts qu’il enfonce en moi. Mes hanches ondulent au rythme de leurs va-et-vient tortueux. Décidée à ne pas le laisser avoir le dessus, j’attrape son membre gorgé de plaisir et le caresse vigoureusement. Un grognement provenant du creux de son ventre me répond. Mes lèvres s’étirent en un sourire satisfait. Les siennes, tentatrices, glissent le long de ma bouche jusque sur mes seins, dont il mord ardemment les tétons, me faisant crier de plus belle. La chaleur humide s’éveille entre mes cuisses. Dans un grognement presque bestial, Aden repousse mes mains et, retirant ses doigts, me retourne. Une main dans mes cheveux, il tire mon visage en arrière de manière à ce que ma tête repose contre son épaule. Son membre frictionne mes plis humides, prêts à l’accueillir. Les yeux fermés, je glisse un bras autour de son cou. — Twysoges…, râle-t-il. Je me colle encore plus à lui. Sans plus de manière, il me pénètre d’un mouvement brusque qui me coupe le souffle. D’abord lents, nos mouvements se font plus effrénés, plus fougueux. Nos corps moites claquent l’un contre l’autre. Ses doigts s’enfoncent dans la peau de ma hanche, tandis qu’il glisse sa main libre entre mes cuisses afin de caresser le point d’enchevêtrement de nos corps. Mon être entier se met à trembler. Ses lèvres sur mon cou, il aspire la peau qu’il suçote avant d’y enfoncer ses canines. Un cri de surprise m’échappe à leur contact. — Aden… ! Une brume recouvre mon esprit euphorique. Dans une dernière poussée virile, il nous entraine dans un puissant o*****e tout en continuant de s’abreuver. Son bras fermement replié autour de ma taille, nous retombons sur les couvertures. Haletante, je fixe les flammes d’un jaune orangé, le corps fatigué, mais repu. S’appuyant sur les coudes, Aden relève la tête et mord son poignet qu’il tend vers moi. — Bois. (Je ne peux réprimer une grimace face à l’odeur âpre qui s’empare de mon odorat. Aden rit discrètement, visiblement amusé par ma réaction.) Tu ne risques rien, c’est promis. Son membre toujours en moi, il continue de bouger lentement afin de faire durer l’excitation et me maintenir éveillée par la même occasion. Je referme mes doigts autour de son poignet que je tire jusqu’à ma bouche. Je ferme les yeux. Un sentiment de plénitude s’empare de moi. Mon être entier s’enflamme sous les caresses dévastatrices de l’extase. Aden se tend contre moi, pantelant. Son souffle erratique caresse ma peau tandis qu’il se retire. Il m’embrasse le cou, où il passe furtivement sa langue sur le petit filet de sang laissé par sa morsure, avant de retomber lourdement à mes côtés. Je relâche son poignet, l’esprit soudainement léger. Glissant ses bras puissants autour de moi, il recouvre nos corps épuisés avec les couvertures. Blottie contre lui, je me laisse bercer par le doux crépitement du feu. Mes muscles se relâchent. Ma respiration ralentit. Mes paupières s’alourdissent. Ses lèvres contre mon front, je sombre dans le sommeil. ** ** ** ** **
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