Chapitre 6

1527 Mots
Je me réveille et je suis dans l'obscurité, une obscurité pure et totale. Il n'y a pas de lumière ni de vie quelconque. Il fait aussi froid, ce qui me fait frissonner. J'essaie d'utiliser mes sens aiguisés pour me faire une idée de l'endroit où je suis, mais il n'y a absolument rien. Pas d'odeur, pas de vie et rien du tout à voir. Est-ce que la douleur m'a déjà tuée ? Je me demande, car autrement comment pourrais-je expliquer où je me trouve, et juste au moment où cette pensée me frappe, je me souviens de la douleur aigüe dans mon estomac, mes mains se dirigent automatiquement vers mon ventre arrondi, reconnaissant et soulagé lorsque je sens le gonflement familier de mon estomac. Aussi stupide que cela puisse être, j'essaie d'appeler, mais le seul son que j'entends est mon écho. Je pense à marcher, mais cela ne sert à rien puisque je ne peux rien distinguer. Tout à coup, une lumière vive apparaît, si vive qu'elle me rend aveugle pendant un instant, mais une fois qu'elle s'estompe un peu pour que je puisse voir, une très belle femme est là. Le mot "belle" n'est même pas suffisant pour la décrire, elle est tout simplement envoûtante et complètement hors de ce monde. Ses cheveux sont d'un blanc pur, descendant jusqu'à sa taille, et elle a les yeux les plus bleus que j'aie jamais vus. Sa présence apporte un calme que je n'ai pas ressenti depuis longtemps. Que disent les gens ? La paix comme un fleuve ? C'est ce que je ressens en ce moment. "Qui es-tu ?" je lui demande. "Tu sais qui je suis, Amelia," me dit-elle, sa voix sonnant si douce et aimante. Elle avait raison pourtant, au fond de moi je savais qui elle était, elle était la même personne que je maudissais et haïssais depuis que ma vie a pris un tournant pour le pire. Elle est la déesse de la lune. "Pourquoi ?" je lui demande la seule chose que je me pose depuis dix ans. Pourquoi moi ? Pourquoi toutes ces mauvaises choses devaient-elles m'arriver ? "Est-ce que tu me détestes tellement que tu as dû maudire ma vie de cette manière, toutes ces douleurs et ces souffrances, et pourquoi, déesse de la lune ? Pour que je endure seulement pour devoir faire face à plus de souffrance aux mains d'un compagnon indifférent et sans amour ? Qu'ai-je jamais fait pour mériter une telle destinée misérable de ta part ou des destins ?" À la fin de mes paroles, je suis en pleurs parce que je ne comprends vraiment pas. "Je comprends ce que tu ressens, Amelia, mais il y a des choses qui dépassent ta compréhension, des choses que je ne peux même pas commencer à expliquer, des forces en action qui feront tout et n'importe quoi pour s'assurer que tu n'accèdes jamais à l'ascension, mais quoi qu'il en soit, tu ne devrais jamais abandonner parce que le moment où tu le fais, le monde tel que tu le connais s'effondrera. Tu n'es jamais seule et tu ne marcheras jamais seule," me dit-elle, sa main caressant ma joue avec réconfort et amour. "De quoi parles-tu ? Je ne comprends pas, accéder à l'ascension ?" "J'en ai trop dit, tout cela aura bientôt un sens, mais pour l'instant tu dois retourner, mon temps est écoulé," dit-elle juste au moment où une douleur paralysante envahit mon corps. Je me réveille brusquement presque comme si j'avais été électrocutée, mais cette fois, quand je me réveille, je suis dans une chambre blanche et si je devais deviner, une chambre d'hôpital. Je ne parviens pas à chasser le rêve perturbant que j'ai eu et maintenant j'ai encore plus de questions sans moyen de connaître la vérité. J'observe la chambre et je trouve Sophie assise à côté de mon lit, endormie. Cela me trouble encore plus car je ne peux pas trouver de raison pour laquelle elle serait ici avec moi. Comme si elle sentait mes yeux posés sur elle, elle se réveille. "Dieu merci, tu es enfin réveillée," me dit-elle et le soulagement pur que je vois sur son visage me fait me demander si je me suis réveillée dans un univers parallèle. "Comment va mon petit garçon ?" Je vois l'expression surprise sur son visage, étant donné que personne d'autre ne sait que j'attends un garçon, mais je l'ignore. "Il va bien, il est fort, étant donné qui est son père. Mais toi, en revanche, tu ne l'es pas." Encore une fois, j'ignore sa dernière affirmation car cela n'a pas d'importance pour moi. Mon bébé est le seul qui compte. "Combien de temps ai-je été inconsciente ?" "Environ une semaine ou quelque chose comme ça, quand je t'ai trouvée dans un état vraiment grave." Je ne pensais vraiment pas être inconsciente si longtemps. Cela ne semblait avoir duré que quelques secondes, peut-être quelques minutes. Je ne veux pas penser à l'état dans lequel elle m'a trouvée, honnêtement, ni aux ecchymoses qui sont maintenant visibles puisque je porte une blouse d'hôpital, la meute devait probablement se régaler à mes dépens. Vient-elle de dire qu'elle est celle qui m'a trouvée ? Je m'apprête à la remercier car je lui suis sincèrement reconnaissante car j'étais inquiète pour mon bébé quand la douleur tranchante a frappé, mais je suis interrompue par l'ouverture de la porte. Xavier entre dans ma chambre, l'air sombre et froid, et à ce moment-là, je ressens une montée de colère venant des tréfonds de mon âme, ainsi que quelque chose d'autre, quelque chose que je n'aurais jamais pensé ressentir pour mon compagnon, de la haine. Une haine pure et sans filtre. Qui aurait pu deviner que l'imbécile avait en réalité un cœur ? Je n'arrête pas de réfléchir quand je commence à arracher les fils reliés au moniteur cardiaque ainsi que le cathéter IV. "Qu'est-ce que tu fous ?" l'entends-je dire, sa voix est profonde et ce n'est pas le ton habituel qu'il utilise avec moi, c'est un peu plus doux si je devais même commencer à le décrire, mais là maintenant ça n'a pas d'importance, je dois m'éloigner de lui. Je ne supporte pas d’être dans la même pièce que lui en sachant ce qu’il fait avec ma sœur pendant que je souffre, supportant les marques de leur relation amoureuse. Une fois que j'ai fini, je me lève du lit, mais je vacille un peu, mon corps est encore faible. Xavier se précipite vers moi mais je recule. "Reste loin de moi !" lui crie-je. Il ne se soucie ni de moi ni du bébé, sinon pourquoi me ferait-il endurer ce genre de douleur chaque jour ? Au regard choqué de Sophie et de lui, je parie qu'ils ne s'attendaient pas à une telle réaction de ma part. Profitant de son moment de surprise, je passe autour de lui et me dirige lentement vers la porte, l'ouvre puis sors. Étant donné que mon corps est faible, je dois me tenir aux murs pour me soutenir. "Amelia ! Amelia !" l'entends-je m'appeler derrière moi mais je l'ignore simplement. Je veux juste aller dans ma chambre et pleurer jusqu'à m'endormir. Peut-être que je pourrai alors me réveiller dans un monde dépourvu de cette cruauté. Je sens qu'il saisit mon bras mais je le lui arrache en trébuchant tout en le faisant. "Ne. Me. Touche. Pas" lui dis-je. Je ne veux pas que ses mains sales s'approchent de moi. Tout ce que je veux, c'est qu'on me laisse tranquille. Les gens dans l'hôpital me dévisagent et pointent du doigt, mais je m'en fiche. Ce que je veux, c'est ma solitude loin des personnes qui me détestent. J'accélère autant que possible jusqu'à ce que je sois enfin dehors. Je me dirige vers la maison de la meute en remerciant le ciel qu'il ne me suive pas. C'est une assez longue distance et à mi-chemin, je tombe à genoux, épuisée. Je n'avais vraiment pas réfléchi à tout ça et c'est le prix que je paie maintenant. J'essaie de me relever seule mais je suis trop faible, mes jambes tremblent. Si je n'avais pas un bébé à penser, je me serais simplement endormie là où j'étais, même si c'est la nuit et qu'il fait froid. Je dois avoir l'air pitoyable, faible et maigre, incapable de me lever même. Pendant mes semaines d'enfer, j'ai perdu beaucoup de poids et je peux le dire en sentant mes côtes se dresser contre mes bras. J'entends des pas derrière moi mais je ne prends même pas la peine de regarder. Je suis juste tellement fatiguée et tout ce que je veux maintenant c'est dormir. Mon Dieu, je suis si pathétique, comme tout le monde le dit. Je ne peux même pas me relever du sol par moi-même. Je respire fort comme si je venais de courir un marathon et mes yeux sont à moitié fermés. Soudain, je sens qu'on me soulève délicatement et d'après le parfum, je peux dire que c'est Xavier. J'essaie de me battre contre lui mais je suis trop épuisée pour opposer une grande résistance et avant même que je puisse lutter davantage, je sombre dans un profond sommeil.
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