J'étais assis à la longue table polie de la salle à manger familiale, essayant de me faire le plus petit possible. Mon ventre s'était considérablement arrondi ces deux dernières semaines. Chaque matin, c'était comme une bataille entre l'amour de ces petites vies qui grandissaient en moi et la dure réalité de ma dynamique familiale, tendue même dans les meilleurs jours. Je gardais les yeux rivés sur mon petit-déjeuner, répartissant des œufs brouillés dans mon assiette. Ma mère était assise à côté de moi, me jetant de temps en temps un coup d'œil comme pour me réconforter, mais je sentais le malaise irradier d'elle. Mon père, quant à lui, était assis en silence au bout de la table, sirotant son café et lisant le journal. Nous n'avions pas beaucoup parlé depuis mon retour, soit deux sem


