Daniel
Le lendemain matin, je me réveillai tôt, la tête encombrée de pensées qui tournaient en boucle. Je n'arrivais pas à échapper à la mémoire de Claire et à la façon dont elle m'avait regardé. C'était comme si chaque mot qu'elle avait prononcé résonnait encore en moi, un écho profond et difficile à ignorer.
Mon café avait un goût amer, mais je n'y prêtais pas attention. Je m'habillais mécaniquement, mon esprit toujours hanté par les événements de la veille. La confrontation avec Claire, ses paroles, son regard... tout cela avait été un tourbillon qui m'avait fait vaciller. Mais plus j'y pensais, plus je comprenais que quelque chose m’échappait, quelque chose qui dépassait largement le cadre de l'enquête.
Je savais au fond de moi que je m'étais trop impliqué. Trop proche de la vérité. Trop proche d'elle. Claire n'était pas juste une suspecte. Elle était un défi, un défi que je n'étais pas certain de vouloir relever, mais un défi qui, désormais, me dévorait.
Je pris une profonde inspiration, essayant de chasser ces pensées pour me concentrer sur l'enquête. Le meurtre. Les faits. Je devais revenir à la raison. Mais chaque fois que je tentais de me concentrer sur les dossiers, mes pensées revenaient inévitablement à Claire. À ses yeux, qui m'avaient fixé si intensément, comme si elle cherchait à percer mes secrets tout autant que je tentais de découvrir les siens.
Lorsque j'arrivai au commissariat, je me dirigeai directement vers mon bureau, où une pile de dossiers m'attendait. Mais je ne pouvais pas me concentrer. Chaque page que je tournais semblait floue, mon esprit détourné par l'image de Claire. Elle était omniprésente, un fantôme qui m'envahissait sans relâche.
Je me levai brusquement, incapable de rester assis plus longtemps. J'avais besoin d'air, de sortir. De respirer. Je pris mes clés, enfilai ma veste et me dirigeai vers la sortie. Une idée fixe prenait forme dans mon esprit : je devais la revoir. Claire.
Pas pour l’interroger cette fois. Mais pour la voir, pour ressentir à nouveau cette attraction irrésistible. Je savais que c’était une erreur. Je savais que cela compliquait tout. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de vouloir comprendre ce qui se passait en moi. De comprendre pourquoi, malgré tout, je continuais à être attiré par elle.
Quand j’arrivai devant son immeuble, j’hésitai un instant. Je savais que je franchissais une ligne que je n’aurais pas dû franchir. J’étais censé être un enquêteur, pas un homme prisonnier de ses émotions. Mais là, devant cette porte, je me rendis compte que mon travail et mes sentiments étaient désormais indissociables.
Je montai les escaliers, chaque marche m’éloignant un peu plus de la raison. Puis je frappai doucement à la porte de Claire, mon cœur battant plus fort à chaque seconde qui passait. Lorsqu'elle ouvrit, je vis une surprise fugace traverser son visage. Mais, contrairement à la veille, elle ne se montra pas aussi distante.
« Daniel ? » dit-elle, sa voix un peu hésitante.
Je me forçai à sourire, essayant de reprendre un semblant de contrôle. « Je sais que ce n’est pas le moment, mais… je ne pouvais pas partir sans vous voir. »
Elle me scrutait en silence, ses yeux cherchant à percer mes intentions. C’était évident qu’elle était consciente de ce lien qui se tissait lentement entre nous, mais elle ne savait probablement pas exactement ce que je ressentais.
Après une longue hésitation, Claire me fit signe d’entrer. Elle n’avait pas l’air surprise, juste fatiguée. Fatiguée par quelque chose que je ne comprenais pas encore. Lorsque je pénétrai dans son appartement, une vague de chaleur m’envahit, mais en même temps, une inquiétude naissante. Je n’étais plus qu’à quelques pas d’elle, et tout semblait différent, comme si les murs de la pièce se rapprochaient à chaque mouvement.
Elle s’assit sur le canapé, et je me joignis à elle. Le silence entre nous était lourd, presque palpable. Nous nous regardions, chacun perdu dans ses pensées, mais aucun de nous ne semblait prêt à briser ce moment. Claire finit par soupirer et prit la parole.
« Vous êtes revenu pour une autre raison, n’est-ce pas ? » dit-elle doucement.
Je fermai les yeux un instant, incapable de mentir. « Oui. Je suis revenu pour vous comprendre, Claire. » Je me tournai vers elle. « Il y a quelque chose en vous… quelque chose qui me pousse à revenir encore et encore. »
Elle baissa les yeux, un léger sourire en coin. « Ce n’est pas aussi simple, Daniel. Vous voulez des réponses, mais ce n’est pas moi qui vous les donnerai. »
Ses mots me frappèrent comme un coup de poignard. Elle était distante, encore. Mais elle ne me rejetait pas. Pas complètement. C’était comme si, dans un coin de son esprit, elle m’invitait à comprendre quelque chose d’encore plus grand que l’enquête.
« Je ne sais pas ce que vous attendez de moi, mais vous ne pouvez pas continuer à me regarder de cette façon. Vous ne pouvez pas continuer à chercher une solution facile. » Elle se leva soudainement, ses gestes devenant plus vifs, comme si elle voulait fuir. Mais elle s’arrêta, se tournant vers moi. « Vous avez été averti. La vérité que vous cherchez pourrait bien vous détruire, Daniel. »
Ses mots étaient comme une bombe à retardement, expliquant tout et rien en même temps. Je savais maintenant que j’étais plongé dans une mer d’incertitude. Je n’avais pas encore tout vu, le pire était probablement à venir. Mais je n’étais plus sûr de pouvoir revenir en arrière.