ENTRE JUSTICE ET TENTATION

Chapitre 4 : La frontière floue

Daniel

Je restai figé, le souffle court, déstabilisé par la proximité, par ce qui venait de se produire. Une fois de plus, je me retrouvais pris dans un piège que je ne comprenais pas totalement, et pourtant, je savais que quelque chose d’irréversible venait de commencer entre nous.

La porte qui s'était ouverte brusquement brisa le silence, mais pendant un moment, je n'arrivais pas à détourner mes yeux de Claire. Elle était distante maintenant, les bras croisés, comme si elle se protégeait de quelque chose. J'avais l'impression d'avoir franchi une ligne invisible, une ligne que je n'étais pas censé franchir.

L'atmosphère était électrique. Claire se tenait à une distance stratégique, presque glaciale, comme si elle était en train de se remettre de ce moment suspendu. Et moi, j’étais figé, mon esprit dans un tourbillon. Comment en étions-nous arrivés là ?

La personne qui venait d’entrer dans la pièce était une femme, sans doute la voisine de Claire. Elle avait une expression d’étonnement, mais elle ne semblait pas perturbée par la tension palpable entre Claire et moi. Claire la regarda brièvement, une lueur d’impatience dans ses yeux.

« Mademoiselle Rivière, excusez-moi, je ne voulais pas interrompre… » dit la femme, se repliant rapidement dans un coin de l’appartement.

Claire se redressa alors, retrouvant peu à peu son calme. Elle avait l’air de reprendre le contrôle de la situation, de se remettre de ce qui venait de se passer. Elle tourna ses yeux vers moi, et j’y lus quelque chose de plus froid, presque calculé. « Désolée, Inspecteur. Cela semble être un mauvais moment. Peut-être serait-il mieux de reprendre votre enquête un autre jour. »

Une vague de frustration m'envahit. J’étais à deux doigts de comprendre quelque chose d'important, mais tout venait de s'effondrer. Un mélange de colère et de désir bouillonnait en moi, me rendant plus confus que jamais.

Je me levai lentement, mes yeux toujours fixés sur Claire. « Vous n’allez pas vous en tirer comme ça, Claire. » Ma voix était plus dure que je ne l’aurais voulu, mais je n’arrivais pas à masquer la tension qui bouillonnait en moi. « Vous êtes la seule à pouvoir m’aider à résoudre ce meurtre. Et si vous continuez à jouer à ce jeu, je serai obligé de prendre des mesures. »

Elle me regarda, un léger sourire en coin, mais ses yeux étaient pleins de cette même incertitude que j'avais remarquée plus tôt. Puis, sans un mot, elle fit signe à la femme de quitter la pièce.

Une fois seule, Claire se tourna vers moi. « Vous n’avez aucune idée de ce que vous cherchez, Daniel. » Ses mots étaient à la fois un défi et une invitation. « Il n’y a pas de solution simple à ce que vous ressentez. Vous avez vu une partie de moi, mais vous ne connaissez rien de ma réalité. »

Je secouai la tête, presque exaspéré. « J’ai vu ce que vous m’avez montré. Mais si vous pensez que je vais partir sans comprendre, vous vous trompez. Je vais savoir. Et vous ne pourrez rien faire pour m’arrêter. »

Le silence s’abattit entre nous, lourd et dense, mais cette fois, il était différent. C’était un silence d’acceptation, comme si, malgré nos oppositions, nous savions tous les deux que quelque chose était déjà en train de se tordre, de se nouer entre nous, d’une manière irrémédiable.

Claire s’approcha lentement de moi, son regard toujours aussi intense. « Vous ne comprenez toujours pas, Daniel. Vous cherchez la vérité, mais à quel prix ? » Sa voix se fit plus douce, presque une caresse. « La vérité peut détruire tout ce que vous avez. »

Je la regardai, essayant de comprendre. Je savais qu’elle essayait de me manipuler, de me faire douter, mais j’étais bien plus déterminé qu’elle ne le pensait. Ce que je ressentais pour elle n’avait plus d’importance à ce stade. Ce qui comptait, c’était l’enquête, la vérité qui me poussait en avant, coûte que coûte.

Nos regards se croisèrent, et pendant une fraction de seconde, tout sembla s’effacer autour de nous. Les murs, la pièce, les événements… tout se diluait, ne laissant que cette étrange connexion. Elle, si proche et si lointaine à la fois.

Puis, d’un coup, elle se détourna, brisant l’instant. « Vous m’avez dit que vous étiez là pour résoudre un meurtre, Daniel. Alors allez-y, faites-le. Vous n’êtes pas prêt à écouter ce que j’ai à dire. »

Je croyais qu’elle allait céder, mais je ressentis une pointe de déception. Pourtant, au fond de moi, je savais qu’elle n’était pas prête non plus. Claire restait un mystère, une énigme que je devais résoudre, mais je ne pouvais plus me permettre de la laisser m’échapper.

Je fis un dernier geste, une tentative de reprendre le contrôle sur la situation. « Je reviendrai. Ce n’est pas fini, Claire. Et vous n’échapperez pas à la vérité. »

Elle ne répondit pas immédiatement, mais son regard se fit plus sombre. Elle savait, elle aussi, que l’inévitable se produisait. Nous étions déjà engagés sur une route dangereuse, une route sur laquelle la fin semblait de plus en plus incertaine.

Quand je quittai enfin l’appartement, l’air froid de la nuit me frappa. Mais mon esprit était ailleurs, envahi par des pensées contradictoires. Je n’avais pas les réponses que je cherchais, mais j’avais une certitude : je reviendrai. Je reviendrai jusqu’à ce que Claire me révèle tout, jusqu’à ce que je puisse comprendre ce que je ressentais pour elle.