ENTRE JUSTICE ET TENTATION

Chapitre 3 : Le doute et la tentation

Daniel

Les jours suivants furent une lente agonie pour moi. Chaque fois que je me retrouvais seul avec mes pensées, le visage de Claire hantait mes rêves et mes interrogations. Comment une simple enquête avait-elle pu me plonger dans un tourbillon aussi complexe ? Je devais résoudre ce meurtre, pas me perdre dans une mer d'émotions contradictoires.

Le souvenir de la confrontation dans l'appartement de Claire était encore vivace dans mon esprit. Chaque geste, chaque parole, semblait porteur d’une signification cachée que je n’arrivais pas à saisir. Et pourtant, je sentais au fond de moi que la vérité était à portée de main. Mais cette vérité semblait m’échapper, se dérober chaque fois que je pensais pouvoir la toucher.

Ce matin-là, je me retrouvai une fois de plus dans mon bureau, des piles de dossiers éparpillées devant moi. Les photographies de la scène de crime, les témoignages, les preuves tangibles — tout était là. Mais aucun élément concret ne me conduisait directement vers Claire. Tout se résumait à des indices flous, des incohérences dans ses déclarations. La tentation de creuser davantage dans sa vie personnelle devenait presque irrésistible. Mais je me battais contre moi-même, contre le désir de tout effacer, de tout ignorer, et de me concentrer uniquement sur les faits.

Je pris une profonde inspiration et me levai brusquement. La frustration montait en moi. J’avais besoin d’une réponse, d’une certitude. Je ne pouvais pas continuer à vivre ainsi, tiraillé entre raison et passion, entre la justice et l'attirance que je ressentais pour Claire.

Un coup frappé à la porte me fit sursauter. David entra dans mon bureau, l’air grave. « Inspecteur Martin, vous avez des nouvelles de Claire ? »

Je le fixai un moment, avant de répondre d’une voix rauque. « Rien de solide. Elle reste silencieuse. Mais elle joue avec moi, David. Et je commence à douter de tout. »

David haussait les sourcils, son expression passant de la curiosité à la compréhension. « Vous êtes attiré par elle, n'est-ce pas ? »

Je ne répondis pas immédiatement. La vérité était là, nue. C'était évident. Et pourtant, je n’arrivais toujours pas à l’admettre pleinement. « Ce n'est pas une question d'attirance. C'est une question de justice. »

David s'assit sur le bord de ma table, croisant les bras. « Vous et moi savons tous les deux que ce n’est pas aussi simple. »

Je le fixai, une pointe de colère montant en moi. « Je suis là pour résoudre un meurtre, David. Ce n'est pas un jeu. »

David soupira, un léger sourire en coin. « Écoutez, Daniel, il n’y a pas de mal à être humain. Mais je vous conseille de garder une certaine distance avec elle. Vous ne pouvez pas vous laisser emporter par ce que vous ressentez. Vous avez un travail à faire. »

Je détournai les yeux, incertain. David avait raison, je le savais. Mais je n’arrivais pas à échapper à l’attraction magnétique que Claire exerçait sur moi. Chaque rencontre, chaque discussion avec elle, me laissait dans un état de confusion, tiraillé entre mon rôle d’enquêteur et mon désir de connaître son âme. Et chaque sourire qu’elle me adressait, chaque geste qui semblait calculé, venait alimenter mon trouble intérieur.

Alors que je regardais David s'éloigner, un plan se forma dans mon esprit. Je devais obtenir plus d’informations. Pas seulement sur le meurtre, mais sur Claire elle-même. Je devais comprendre qui elle était vraiment, au-delà des apparences et des jeux qu’elle semblait jouer avec moi. Mais ce n’était pas une tâche facile. Je n’étais pas sûr de ce que je chercherais, mais une chose était certaine : je devais savoir.

La décision prise, je me rendis chez Claire une nouvelle fois. Le soleil s’était couché, plongeant la ville dans une lueur presque mystique. Quand j’arrivai à son appartement, mon cœur battait la chamade. Ce n’était plus seulement l’enquête qui me motivait, mais une irrésistible curiosité pour la femme que je soupçonnais d’être bien plus qu’un simple suspect.

Je frappai à la porte, le même rituel qu’auparavant. Claire ouvrit, son regard aussi perçant que la première fois, mais cette fois, elle semblait… différente. Moins distante, plus ouverte, presque inquiète. Son visage affichait une lueur d’hésitation que je n’avais jamais vue auparavant.

« Inspecteur Martin… » dit-elle doucement, son ton tout à coup plus personnel. « Que puis-je faire pour vous ce soir ? »

Je me sentis pris au piège, mais je ne pouvais plus reculer. « Claire, j’ai besoin de comprendre. Ce meurtre, votre relation avec l’homme décédé, tout. Je sais que vous cachez quelque chose. »

Elle me regarda dans les yeux un moment, puis, sans un mot, s’écarta pour me laisser entrer. Une fois à l’intérieur, je sentis à nouveau cette ambiance étrange, presque oppressante, envelopper l’espace. Comme si tout ici cachait un secret que je n’étais pas encore prêt à découvrir.

Claire se dirigea vers le canapé et s’assit, cette fois sans me demander de m’asseoir. Je n’avais jamais remarqué à quel point son appartement était silencieux, presque trop calme. Elle me fixait toujours, son regard aussi intense qu’un abîme.

« Vous voulez comprendre, n'est-ce pas ? » dit-elle enfin, sa voix douce mais pleine de mystère.

Je hochai la tête, mais je sentais que, plus je cherchais à percer ses secrets, plus elle se fermait à moi. Je ne pouvais pas m’empêcher de la désirer, mais je me forçais à rester concentré sur l’enquête.

Elle se leva soudainement, faisant quelques pas vers moi. L’air entre nous était chargé de tension. « Peut-être que ce que vous cherchez n’est pas la vérité, Inspecteur. Peut-être que vous cherchez quelque chose de plus… »

Je sentis mon cœur s’emballer, un frisson courant le long de ma colonne vertébrale. J’avais voulu cette confrontation, mais maintenant que j’y étais, je ne savais plus quoi faire.

Elle s’arrêta à quelques centimètres de moi, levant une main tremblante pour effleurer ma joue. « Vous n'êtes pas prêt à découvrir ce qui se cache derrière tout cela… Pas encore. »

Le monde sembla ralentir autour de moi. Ses lèvres se rapprochèrent des miennes, mais juste au moment où nous allions nous toucher, une porte s’ouvrit brusquement dans la pièce voisine. Claire se recula immédiatement, se détournant de moi d’un mouvement brusque.