Chapitre 8
**** IDRISS ****
Idriss (grognant) : Si tu ne veux pas avoir mal, cesse de te tortiller comme un asticot sur son hameçon. Il y a plus d'une vingtaine de boutons et ils sont minuscules. Bon sang, quel est l'idiot qui a conçu cette satanée robe ?
J'appréhendais déjà le moment où je devrais aider Faby à se défaire de cette robe. A chaque bouton que j'enlevais, j'apercevais un peu plus sa peau nue...
Faby (en petite voix) : je suis désolée, j'avais espéré...
Moi : Cesse de chuchoter, bon sang ! Si tu as quelque chose à dire, dis-le franchement.
Faby : je suis désolée.
Moi : garde tes excuses pour toi.
**** FABY ****
Je ne sais pas quelle attitude prendre face à Idriss. Je me sens perdue, désemparée et sans repère. J’avais déjà imaginé ma vie, mon mariage mais pas ainsi, pas comme ça surtout avec un homme que je n’aime pas. Oui, mon cœur bat pour un seul et unique homme et c’est Rahim, même s’il sera lui aussi bientôt marié, je ne peux empêcher mon cœur de battre pour lui. Je suis folle peut-être ou assez perdue, mais je ne peux pas me mentir à moi-même.
Idriss : d’abord on va établir dès aujourd’hui quelques règles.
Je n’ose lever les yeux pour lui faire face grâce au reflet du miroir, mais me tais en ne faisant aucun geste.
Moi : …
Idriss : Premièrement, tu n’as pas le droit d’entrer dans ma chambre sans ma permission. Deuxièmement, tu fais ta vie et je fais la mienne, ne te mêle surtout pas de mes affaires. Et pour terminer je ne tolérerai aucun manque de respect de ta part.
Moi : …
Idriss (d'un ton sec) : tu m’as bien entendu ?
Moi : oui
Il sort de la chambre en me laissant seule et je regarde dans le vide. Depuis le début, je m’efforce à cacher ma déception mais je pense que c’est le moment de me laisser aller.
J’ai toujours tout encaissé en me disant que je connaîtrais des lendemains meilleurs, mais on dirait que non, que je suis juste descendue sur terre pour m’apitoyer sur mon sort.
Si je n’avais pas la foi, je suis sûre que j’aurais tourné mal depuis longtemps déjà. Eh mon Dieu pourquoi toutes ces épreuves ?
+++++UNE SEMAINE PLUS TARD+++++
Des jours se sont écoulés depuis mon mariage avec Idriss et personne n’était passé me voir, même pas Rahim. Ta Pauline m’appelle tous les jours pour s’enquérir de mes nouvelles, mais rien d’exceptionnel. Depuis le premier jour, Idriss fait le même rituel.
Il dépose de l’argent sur la table du salon avant mon réveil et revient lorsque je me suis déjà endormie. Pour la première fois aujourd’hui, je l’ai entendu sortir de la maison, sinon il fait tout son possible pour ne pas me croiser. Après le réveil, je nettoie la maison et prend mon petit déjeuner. Pour les repas depuis le premier jour, je commande sur le petit restaurant se trouvant en face du bâtiment. J’ai déjà essayé trois fois de préparer le dîner et à chaque fois que je me réveille le lendemain, je le trouve là où je l’avais laissé sans qu’on y touche. Ce qui voulait certainement dire qu’il n’en avait rien à faire. Depuis je continue à préparer le dîner mais pour moi seule.
Je m’étais couchée il y’a un moment mais comme je n’arrivais pas à m’endormir, je me suis levée et me suis posée sur le canapé du salon en regardant la télé pour retrouver l’envie de m’endormir.
J’étais en train de suivre une série devant la télévision lorsque j’entends des clés qu'on essaie d’insérer dans la serrure. Sûrement bloquée puisqu’il y’en avait déjà une sur la serrure.
J’entends quelqu’un jurer derrière la porte et reconnaît la voix d'Idriss. Je me lève doucement pour lui ouvrir la porte. Chose faite, j’allais me tourner sur mes pas lorsque quelque chose titille ma curiosité sur la façon dont se tient Idriss. Il semble épuisé ou bien fatigué je ne sais pas mais il ne semble pas aller bien. Je m’approche pour voir ce qu’il y’a.
Moi (le regardant) : Idriss !
Il lève les yeux et me regarde d’un air vraiment bizarre avec des yeux injectés de sang. Il me faut quelques secondes pour me rendre compte qu’une odeur assez forte est en train de sentir dans l’air.
Moi (bouchant les narines) : c’est quoi cette odeur ?
Il me dévisage et tangue en voulant me pousser.
Je le détaille de plus près et me rend compte qu’il semble affaibli. Une idée de pourquoi il est comme ça tilt dans ma tête, mais mon cerveau refuse de recevoir cette information, c’est impossible d’accepter qu'Idriss ait bu de l’alcool. Aussi longtemps que je connais sa famille, je ne l’ai jamais vu boire ou autre. Alors si aujourd’hui en face de moi il semble incapable de se tenir droit, je me dis que ça doit être une mise en scène de sa part pour me faire peur.
J’essaie qu’à même de percer le secret.
Moi (perplexe) : Idriss… tu… tu as bu ?
Idriss (ricanant) : oui et alors ?
C’est comme une gifle qu’on m'assène sur place sans me laisser le temps de comprendre. Des secondes passent et je reste là immobile sans pouvoir réagir. Suis tellement sous le choc que mes membres tremblent de partout.
Impossible, ce n’est pas ce qui est en train d’arriver mon Dieu, il se moque de moi là ?
Si c’est vrai, est-ce la première fois qu’il boit ? Où est-ce une habitude ?
Jamais je n’aurais cru si je ne le voyais pas là devant mes yeux. Idriss boit de l’alcool ? Non non, je me décale et il passe en dandinant, il ne semble même pas pouvoir tenir sur ses deux jambes. Je me demande même comment il a fait pour arriver jusqu’ici avec son état.
Moi (derrière lui) : non mais je n’arrive pas à y croire la, dites-moi que je rêve.
Idriss (la voix pâteuse) : hé pourquoi tu cris ? Ou bien tu veux alerter tout le voisinage ?
Je le regarde bouche bée, je n’arrive pas à croire que c’est ce même Idriss, sérieux, rugueux que j’ai toujours admiré par son élégance et sa prestance qui se tient en face de moi. Alors qu’il cherchait à enlever ses chaussures, il trébuche et failli s'étaler face contre terre. Heureusement que je réussis à le retenir à l’aide de mes mains avant qu’il ne tombe. Il me repousse assez vite lorsque qu’il se tient de nouveau sur ses deux jambes.
Idriss (grimaçant) : ne me touche pas.
Moi : laisse-moi t’aider.
Je suis tellement choquée que j’ai envie de lui poser mille et une questions mais me dit qu’il n’est pas le moment adéquat. Après tout, quelle réponse pourra-t-il me donner avec son état ?
Idriss : en plus pourquoi... Tu ne dors pas encore ? Il est... presque trois heures du matin.
Moi (le fixant) : je n’arrivais pas à m’endormir donc je suis sortie regarder un film.
Idriss : hum...
Il me fixe un moment avant de se détourner de moi.
Idriss (essayant de lever sa main) : va dormir.
Moi (dépassé) : toi d’abord, je te signale que…
Idriss (haussant le ton) : arrête de parler bon sang, tu soûles à la fin. Va dormir !
Je ne bouge d’un iota et le regarde en lui lançant le défi de me forcer à aller me coucher.
Idriss : ok si tu veux, reste ici petite folle.
Il marmonne des choses tout en se dirigeant vers sa chambre, je le regarde impuissante tanguer n’importe comment avant d’ouvrir la porte de sa chambre et c’est avec un dernier coup d’œil dans ma direction qu’il claque la porte en la fermant.
Je laisse sortir mon souffle que j’avais retenu depuis que j’avais ouvert la porte à la vue d’un Idriss méconnaissable.
Que devrais-je faire maintenant ?
Je n’aurais jamais de ma vie soupçonné Idriss de buveur, pour moi il pouvait être tout sauf un ivrogne. Est-ce à cause de notre mariage qu’il s’est soulé ? Ou est-ce un accoutumé des faits ?
Je suis perdue face à toutes ces questions qui tournent autour de ma tête. Sa famille était-elle au courant ? Et Rahim, est-ce de ça qu’il me mettait en garde ? Quoi ? Comment ? Quand ?
Je risque de devenir folle si j’essaye de répondre à ces questions. Après tout peut-être qu’il m’expliquera demain pourquoi il était ainsi. Et j’espère pour lui que c’était juste un moment de faiblesse parce que s’il est un accoutumé des faits, je pense que notre mariage sera écourté aussi vite que je ne le pense.
Ayant d’un coup mal à la tête, je tourne le talon pour fermer la porte de l’appartement avant de revenir éteindre la télé, lorsque je passe devant la porte de sa chambre j’ai envie d’ouvrir un peu pour voir comment il va et ce qu’il fait. Mais me rappelle aussitôt de sa règle numéro un. C’est ainsi que je retrouve le lit douillet de ma chambre et c’est avec l’esprit embrouillé que je me couche avec la tête sens dessus dessous.
Qui est réellement Idriss ?
+++ LE LENDEMAIN +++
Je me suis réveillée très tôt ce matin puisque je n’ai pas réussi à bien fermer l’œil de la nuit. Je n’ai cessé de me faire des films et aussi du souci pour le cas d'Idriss. Je n’ai eu de ma vie à vivre avec un homme soulard.
En passant devant sa porte, j’ai tendu l’oreille, mais aucun bruit ne m’est parvenu donc je me suis rassurée qu’il dormait encore. Suis descendue acheter ce qu’il faut pour le petit déjeuner. Avant je suis passée à la pharmacie acheter des cachets d’aspirine pour son mal de crâne. En fait durant la nuit, j’ai fait des recherches via Google pour en savoir un peu plus sur la gueule de bois et j’y ai trouvé quelque réponse qui vont me permettre de prendre les choses en philosophie avant de mettre carte sur table.
Je sais qu'Idriss ne me doit rien, que notre mariage n’est basé que sur un faux semblant mais je ressens le besoin de savoir pour me rassurer.
J’attends encore une heure avant d’entendre la porte de sa chambre grincer en s’ouvrant et c’est ainsi avec le cœur qui tambourine que je me retourne pour lui face les yeux dans les yeux.
Moi (face à face) : bien réveillé ?