BONNE LECTURE â€
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đŽ SUMMER BURN
âNot every mask is meant to stay.â
LĂNA
Deux foutues semaines.
Quatorze jours Ă traĂźner dans la villa, fiĂ©vreuse, la gorge arrachĂ©e, la tĂȘte pleine de pensĂ©es toxiques, et surtout pleine de lui.
De Nathan.
Ce crétin tatoué me hantait.
Jâaurais voulu lâeffacer, le rayer, le brĂ»ler de ma mĂ©moire.
Impossible.
Je nâavais revu ni Mick ni Nolan.
Maya et Chloé passaient leurs journées dehors à profiter de leurs mecs, à bronzer, à danser, à rire.
Et moi�
CoincĂ©e lĂ , Ă me nourrir de sĂ©ries et de pots de glace fondue, la tĂȘte en vrac, le cĆur en vrac.
Jâavais chopĂ© un rhume carabinĂ© aprĂšs la tempĂȘte, histoire de bien mâachever.
Et ça me donnait une excuse pour rester enfermée, loin de tout, loin de lui.
Mais ce soir, seule dans la villa, le sort avait dĂ©cidĂ© de mâenfoncer encore plus.
Il était vingt heures passées.
JâĂ©tais vautrĂ©e sur le canapĂ©, mon plaid sur les Ă©paules, Netflix en pause, quand bam.
La lumiÚre a sauté.
Plus un seul p****n de rayon.
La télé morte, la box HS, toute la maison plongée dans le noir total.
Je restai figée un instant, la panique me mordant la gorge.
Je détestais le noir.
Je détestais me sentir seule.
Et la seule villa Ă©clairĂ©e, câĂ©tait celle dâĂ cĂŽtĂ©.
Chez eux.
Chez Nathan.
Rien que de penser Ă lui, jâavais envie de hurler.
Mais je nâavais pas le choix.
Jâai enfilĂ© mon sweat, attrapĂ© mon tĂ©lĂ©phone (mĂȘme pas de rĂ©seau), et jâai claquĂ© la porte.
Dehors, la nuit était douce, parfumée de pin et de sel, le ciel encore gonflé de lourds nuages.
Je longeai le chemin jusquâĂ la villa voisine.
Grande, blanche, carrĂ©e, la lumiĂšre dorĂ©e qui filtrait Ă lâintĂ©rieur me semblait presque irrĂ©elle.
Jâai toquĂ©.
Une fois.
Deux fois.
Silence.
Alors jâai poussĂ© la porte entrouverte.
Un courant dâair glacial mâa happĂ©e.
â SĂ©rieux, les mecsâŻ? vous laissez vos portes ouvertesâŻ?
Jâavançai, et tout de suite, un sale frisson me grimpa dans le dos.
La villa était en désordre.
Des verres cassĂ©s, une lampe explosĂ©e sur le sol, et lâodeur puissante de whisky et de transpiration.
Mon ventre se noua.
Une scĂšne de chaos.
â NathanâŻ?
Pas de réponse.
Jâai avancĂ© encore, le carrelage froid sous mes pieds.
Jâai montĂ© lâescalier, lentement, terrifiĂ©e par le silence.
Une porte entrouverte au fond.
Des bruits.
Des sanglots�
Jâai poussĂ© la porte.
La chambre était en bordel total.
Lit défait, draps tombés par terre, fringues roulées en boule, bouteilles à moitié vides partout.
Un sac de sport Ă©ventrĂ© laissait traĂźner des affaires de surf, un maillot trempĂ©, et mĂȘme un certificat de secourisme jauni.
Et lui.
Nathan.
Recroquevillé contre le mur, torse nu, le jean défait, les cheveux en vrac, les épaules secouées de spasmes.
Ses bras tremblaient, couverts de tatouages sombres et dâĂ©gratignures.
Il avait la respiration déchirée, comme un chien battu.
Il murmurait, la voix morte :
â Jaden⊠p****n Jaden⊠câest pas moi, je tâai pas tuĂ©âŠ
Un frisson me glaça.
Qui�
Je mâavançai, la gorge serrĂ©e.
Une latte grinça.
Il releva brutalement la tĂȘte vers moi, des yeux rouges, injectĂ©s de sang, brĂ»lants de rage.
â Quâest-ce que tu fous lĂ âŻ?! hurla-t-il dâune voix cassĂ©e.
Je sursautai.
â J⊠jâai eu une panne de courant, jeâŠ
Il rit. Un rire sec, mauvais, amer.
â Comme par hasardâŻ! La princesse en dĂ©tresseâŻ! Viens voir le monstreâŻ?!
Je déglutis.
â Non. Jâavais besoin d'aide pour rĂ©activer la lumiĂšre. Et jâai vu⊠que tuâŠ
Il se leva dâun bond, vacillant, la mĂąchoire serrĂ©e Ă en craquer.
Ses yeux brillaient comme des lames.
â DĂ©gage de chez moi, Lena. Fous le campâŻ!
â NathanâŠ
Il avança vers moi, menaçant, sa respiration hachĂ©eâŻ:
â DĂ©gageâŻ! DĂ©gageâŻ! Jâai ditâŻ!
Il me frĂŽla, le torse heurtant mon Ă©paule, son odeur de sel, de sueur et dâalcool me frappant en pleine figure.
Je reculai, paniquée.
â Tu⊠tu vas bienâŻ?
Il Ă©clataâŻ:
â TU TE FOUS DE MOIâŻ?! TâAS LâAIR DE CROIRE QUE JE VAIS BIENâŻ?! TU VOIS ĂAâŻ?!
Il montra son propre visage, ruisselant de larmes.
Ses poings étaient serrés, tremblants, la peau blanchie par la rage.
Il recula et, dans un geste incontrĂŽlĂ©, fracassa sa main contre lâarmoire en bois.
Le bruit fit vibrer toute la piĂšce.
Des Ă©chardes sâenvolĂšrent.
Sa main sâouvrit net, le sang coula Ă grosses gouttes.
Je hurlai :
â p****n NATHANâŻ!
Il respirait fort, comme une bĂȘte blessĂ©e, incapable de sâarrĂȘter.
Jâai vu ses Ă©paules trembler.
Puis il sâeffondra Ă genoux.
â Câest pas moi⊠câest pas moi⊠je lâai pas tuĂ©, LenaâŠ
Mon cĆur se brisa.
Je mâagenouillai, mes doigts cherchant ses poignets, essayant de contenir le sang qui gouttait sur le parquet.
â Calme-toi, p****n, calme-toiâŻ!
Il me repoussaâŻ:
â ME TOUCHE PASâŻ!
â Tu vas te vider de ton sang, espĂšce de c*nâŻ!
Il me fixa, hagard, les yeux fous.
Puis il éclata en sanglots, brisés.
â Jâai laissĂ© mon frĂšre crever⊠Jaden⊠il sâest noyé⊠et jâĂ©tais pas lĂ âŠ
Sa voix se brisait sur chaque mot, comme une lame quâon broyait.
Il suffoquait.
â Câest⊠câest ma fauteâŻ!
Je nâen pouvais plus de lâentendre se torturer.
Je me jetai vers la salle de bain attenante, trouvai un kit de secours et revins, le cĆur battant.
â Donne-moi ta mainâŻ!
â Va te faire foutreâŻ!
â Donne-moi ta p****n de mainâŻ!
Je lui attrapai le poignet de force, malgrĂ© ses protestations, et nettoyai la plaie avec un coton imbibĂ© dâalcool.
Il gronda de douleur, me fusillant du regardâŻ:
â AĂŻeâŻ! m***eâŻ! DoucementâŻ!
â ArrĂȘte de jouer au dur, p****nâŻ!
Je le bandai rapidement, mes doigts tremblant, trop proches de sa peau brûlante.
Sa respiration me caressait le cou, je sentais ses abdos se tendre, la tension monter comme une marée noire.
Nos visages étaient à quelques centimÚtres.
Il avait encore des larmes dans les cils, et pourtant ses yeux me fixaient avec un éclat furieux.
â Pourquoi tâes lĂ , LenaâŻ? Pourquoi tu me sauves, heinâŻ? Tu mâaimes bien finalementâŻ?
Son ton était un venin.
Je respirai, mes yeux plongĂ©s dans les siensâŻ:
â Je supporte pas de voir un humain se dĂ©truire. MĂȘme toi.
Il souffla, entre rage et dĂ©sespoirâŻ:
â Je suis pas un humain. Je suis un p****n de monstreâŻ!
Je posai ma main sur sa joue, sans savoir pourquoi.
Il frémit, comme surpris.
â Non. Tâes juste un mec brisĂ©.
Un silence.
Son souffle heurta ma peau, brûlant.
Nos regards se foudroyaient, prĂȘts Ă exploser.
Ses lÚvres étaient proches, trop proches, et je sentais cette f****e alchimie me ronger le ventre.
â Tu me rends dingue, princesse, murmura-t-il, la voix basse.
Je serrai les dents.
Je refusais de céder.
â Et toi, tu me dĂ©goĂ»tes, soufflai-je.
Il esquissa un rictus blessé, amer.
â Bonne nouvelle, on est dâaccord.
Son front toucha le mien, un instant, comme un abandon, un soupir.
Je fermai les yeux, mon cĆur battant Ă cent Ă lâheure.
Je faillis céder.
Mais je me retirai, avant de tout foutre en lâair.
Je me levai dâun coup, tremblante.
â Soigne ta m***e tout seul la prochaine fois.
Il se redressa, le regard noir, la main bandée, toujours assis par terre.
â Tâas peur de moi, LenaâŻ?
â Je te crache Ă la gueule, Nathan. Câest ça ma peurâŻ!
Je tournai les talons, claquant la porte de la chambre derriĂšre moi, la respiration coupĂ©e, le cĆur en vrac.
Il cria mon prénom derriÚre moi, furieux :
â LĂNAâŻ!
Je ne me retournai pas.
Je descendis lâescalier en courant, prĂȘte Ă exploser.
Dehors, la pluie avait repris, battant la terrasse comme une armée.
Je traversai le jardin, pieds nus, trempĂ©e en quelques secondes, mais je mâen foutais.
Jâavais besoin de mâĂ©loigner.
De ce p****n de monstre au cĆur brisĂ©.
De ce garçon que, malgré moi, je commençais à comprendre.
N'OUBLIEZ PAS DE COMMENTER MASSIVEMENT. BISOUS đ.