Chapitre 1

1815 Mots
Allongée dans mon lit, je me demande si je dois me lever ou pas. La journée d'hier m'a sérieusement dégoûtée. Le garçon n'a pas quitté mon esprit une seule fois depuis la veille. Quand j'étais rentrée hier, ma mère, en me voyant, s'était contentée de me dire : − Au moins comme ça, tu ressembles à quelque chose. Puis elle était sortie du salon. J'ai l'habitude de ce genre de réaction. Elle me disait bien pire.  Je prends une profonde inspiration en sortant finalement du lit.  En bas, il n'y a personne à la cuisine et je ne cherche pas à savoir s'ils sont quelque part dans la maison. Je prends mon lait et un croissant, remonte me brosser les dents puis direction l'école.  Je prie pour ne pas rencontrer l'autre c*n. Voilà comment je vais le surnommer. Et d'ailleurs, cela lui va tellement bien que je ne serais pas surprise d'apprendre qu'il s'appelle vraiment c*n. Une fois arrivée, je croise un groupe de gars et de filles (Le genre de filles hyper classe, mignonne, riche, filles à papa). Elles me regardent en me toisant puis se chuchotent dans l'oreille. Qu'en ai-je à foutre, sérieusement ? Je sens le regard des mecs sur moi et me sens gêner, alors je marche plus vite. Le regard des mecs et celui des filles est bien plus différents ! C'est tellement déstabilisant. − David ! Sans savoir pourquoi, je m'arrête et me retourne comme si c'était moi qu'on appelait. Et sur qui mes yeux tombent ? c*n.  Super. Je suis sûr qu'il ne m'a pas vu, mais je ne veux pas prendre de risques. On ne sait jamais. Il m'a frappé à cause de son sac, donc je présume qu'il pourrait me rosser pour encore moins que ça. Je me retourne rapidement et cours comme une folle vers les classes, en faisant attention à ne bousculer personnes. Il me fait flipper ce gars-là. En plus, il m'a traumatisé. Je regarderai toujours devant moi pour ne plus me prendre quelqu'un dans la face. Que des fous furieux, ces abrutis. Il y a quelques élèves en salle déjà qui parlent bruyamment et avec excitations. Seul Dieu sait ce qu'ils se disent.  Je les regarde, ils ne semblent pas remarquer ma présence, alors j'en profite pour voir si je peux croiser le regard d'un mec ou d'une fille plus ou moins abordable. Je n'ai jamais eu d'amis dans ce lycée mais vue que Chris est partie, je pourrais peut-être... Non, vaut mieux pas.  Mais alors que j'épis la salle, ils se tournent tous vers moi et me regardent de la tête au pied. C'est vrai, je n'étais pas là hier. J'ai raté la rentrée des classes, et il va valoir que je me rattrape. Au moins, Dieu merci, il m'a été donné de manqué la séance de "Écrivez vos noms et prénoms sur du papier et laisser le sur votre table". Ou encore "Chacun se lève et se présente..." Ce genre de bêtises que je garde en horreur. Je me dirige vers une place au hasard, trop pressée de disparaître de leur champ de vison.  Quelques minutes plus tard, d'autres personnes entrent. Et parmi eux... c*n. Je me raidis sans détourner le regard de lui. Pourquoi il faut qu'on soit dans la même classe ?  Il est distrait par une fille qui lui montre je ne sais quoi sur sa chemise, mais il croise soudain mon regard, et me lance un regard noir qui me fait tressaillir. Je détourne les yeux en me renfrognant dans mon siège.  Je me souviens alors l'avoir insulté hier, avant de prendre mes jambes à mon cou. Je ne peux m'empêcher de pouffer, tant je me trouve ridicule. En tout cas, j'espère qu'il n'essaiera pas de me le faire payer. Il se dirige vers une place vide juste à trois rangés devant moi. Un homme, plutôt jeune, grand de taille et les cheveux un peu en désordre entre, dépose sa sacoche et aussitôt : − David Fanger ? Et qui se lève ? Encore lui ! J'en ai assez qu'il soit le centre de mon attention.  − Oui monsieur ? Sa voix est étonnamment calme et posée. Rien à voir avec celle qu'il a prise hier pour crier comme un chien. − Vous êtes demandé à la direction, informe le professeur en saisissant le marqueur. Con prend son sac et sort. Je me détends aussitôt.  On commence le cours, sans protocole ni rien. Le prof a juste écrit son nom au tableau et l'a souligné de deux traits, sans commentaires. Pour une fois, on ne nous demandait pas de nous présenter. J'ai toujours trouvé ceux qui le faisaient, stupide. Puisqu'à chaque fois, ils oubliaient nos prénoms, naturellement.  Quand le cours débute, je suis super concentrer. J'adore étudier. Loin de moi l'idée de me vanter, mais je veux réussir dans mes études, avoir une bourse et foutre le camp de chez moi. Même si j'aime mes parents, eux ne ressentent pour moi que du mépris. Je veux pouvoir leur faciliter la tâche en sortant de leur vie. On sonne la récréation au bout de quelques heures. Tout le monde sort sauf moi. Je lis le cours qu'on a reçus pour voir si j'ai vraiment tout compris, en attendant le suivant. Lorsque je finis, je sors un roman. On sonne la cloche, je range mon livre, et sors mon cahier. Un groupe d'élèves entrent.  Dans la salle, j'ai déjà eu le temps de contempler le visage de tout le monde, je suis la moins jolie comme toujours. On me qualifie souvent de "moche". La vie s'arrête-t-elle à la beauté physique ? Pas que je sache. En rentrant à son tour, David Fanger, pour ne pas dire c*n, me lance un regard glacial, et je détourne les yeux. Le prof s'en suit après quelques secondes. Celui-ci est rondelet, et sa grande chemise bleue s'échappe de son pantalon kaki. Certains élèves pouffent en le voyant, mais il n'a pas l'air de s'en préoccuper. Quand il dépose son sac, il s'assoit sur un côté de la table et fait glisser le marqueur entre ses doigts. Il balaie la classe du regard, puis il s'arrête soudainement sur moi. Mon cœur rate un battement. « Non. Non, pitié. » − Approcher. Tous les regards se tournent derrière moi. Je lance un regard méfiant au prof, avant de tourner à mon tour la tête. Mais je ne comprends pas se qui se passe.  Un garçon aux cheveux châtains se lève et se dirige à pas lents vers le prof. J'ai la respiration en haleine. Je déteste ces situations-là. Même si ce n'est pas à moi que ça arrive, je m'imagine trop à sa place. − Quel âge avez-vous ? Demande le prof en jouant toujours avec le marqueur. − Seize ans monsieur, répond le garçon en souriant en coins. − Seize ans ? En vous voyant, savez-vous à quoi j'ai pensé ? Toute la classe c'était tu comme d'un commun accord. − Non monsieur.  − Je me suis dit que peut-être il y avait une erreur. Une erreur dans vos papiers. Certainement, en venant payer votre inscription, l'administration ce serait-elle trompée dans le remplissage des fiches. Il se lève, et balaie la classe d'un regard sévère. − Je me suis dit que vous étiez certainement au primaire, et que ce n'était qu'une erreur de frappe que vous vous trouvez dans cette classe, continue-t-il. La classe éclate de rire, certains rient même en frappant la table. − Alors, je vais vous demander d'aller voir l'administration et réglé ce problème. Toute de suite. Le garçon semble furieux quand il retourne à sa place prendre son sac. Quant à la classe, elle avait retrouvé son calme, et plus personne n'osa l'ouvrir. Le cours était super bien. Avant la fin, le prof avait renvoyé cinq personnes de son cours. Pour être franche, j'avoue que j'ai été surprise que c*n n'ait pas été renvoyé, qu'il se soit tenue K.O. Je rentre chez moi sans demander mon reste. Pas mal pour aujourd'hui au moins. Ce que je redoutais le plus ne s'était pas produit. À part des regards meurtriers, c*n ne s'est pas approché de moi. J'espère que ça restera constant, parce que franchement, je ne supporterai pas une nouvelle altercation avec lui. Assise dans mon lit, jambes croisées, dos caler contre un oreiller, je lis mon roman puis subitement, l'image de c*n se dessine dans ma tête. Pourquoi vient-il perturber mon esprit ? Je ne veux pas de problème. Je me concentre sur ma lecture. En trente minutes je finis. Sans m'en rendre compte, je m'endors avec le livre sur le visage. Au réveille, la nuit est tombée, ainsi que la faim au ventre. J'ai supé faim. Je regarde l'heure, il est 4 heures du matin. Je grince des dents, tant la température a chuté. Je sors du lit, mets un gros pull par déçue mon pyjama et descends dans la cuisine. Je fais chauffer le plat et en me dirigeant vers ma chambre, j'entends des gémissements derrière la porte de mes parents. « Incapable de prendre soin de leur fille, mais avide de faire des bébés. Super. » Je rentre dans ma chambre, vide mon plat avec gourmandise. Là, je me sens bien. En redescendant, je tombe sur ma mère dans l'escalier. Elle me lance un regard froid et prend le plateau bien garni qu'elle emmène dans leur chambre. Je lave mon assiette, puis en remontant, j'entends encore des chuchotements. Ils rigolent en gloussant. Sérieux là ? Pas un peu abuser ? Je retourne dans ma chambre, et m'allonge sur le lit. C'est tellement ennuyant ! Je m'ennuie, c'est dingue. Ça me paraît maintenant tellement nul d'être là, seule, toujours seule, d'avoir une vie monotone. Je me dis parfois que si j'avais un frère ou une sœur, ça serait super cool. Trop cool même. On ferait plein de choses ensemble, des délires. Mais parfois, je me dis que c'est peut-être mieux comme ça. Je ne voudrais pas qu'on soit deux à manquer d'amour dans la maison. Je ne supporterais pas qu'un frère ou une sœur vive ce que je vie. Que faire ? Je me demande en tournant en rond dans la chambre. Je regarde mon lit, m'y dirige à nouveau et me décide à m'allonger. Que faire d'autre à 5 h du matin ? Mais aussitôt, je me relève parce que je viens de me rappeler de c*n. En plus d'être beau, il a un joli prénom. Cependant il est odieux, et méchant, ce qui gâche tout. D'ailleurs, il est bête. Comment peut-il faire ça ? Quel abrutit. Le pire, il est dans ma classe. Et son regard ! Ses grands yeux noirs, son regard perçant. Même Chris m'avait au moins adressée un sourire avant de devenir méchant avec moi. Mais lui, non. Il préfère se la jouée cool. "Monsieur, je suis nerveux."  Et puis quoi encore.
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