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La leçon d’écriture

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Rêver d'amour pour oublier les atrocités de la guerre

Ce roman a vu le jour dans la quiétude de la bibliothèque Mazarine, à l’Institut de France. Peut-être ais-je pensé en entrant dans cette illustre maison que la proximité des grands auteurs pourrait me souffler inspiration et talent ... “La leçon d’écriture”, est la 6° fiction née de mes rêveries parisiennes. Elle débute dans une tranchée en 1914 où deux jeunes soldats écrivent entre les attaques allemandes. Les deux amis, constatent très vite qu’ils ont le même graphisme et s’amusent à inverser les destinataires de leurs courriers... La guerre rend fou lorsqu’on plie le dos sous les bombes avec pour seul horizon la poussière et la boue... Dans ces moments terribles, on ne rêve que de douceur et d’amour, cet amour fût-il épistolaire...

La leçon d’écriture nous fait vivre un amour épistolaire, dans le milieu du négoce des vins de Bordeaux entre 1914 et 1924.

EXTRAIT

– Attention, ne te fais pas trop d’idées ! S’écrire ne veut pas dire s’aimer, ces personnes ont leur vie ! Gaston lut et relut la missive de son épouse comme un diabétique lèche un couteau ayant servi à découper une pâtisserie. Il finit par la ranger dans sa poche et à ce moment, le bonheur éclairait son visage. Il leva les yeux sur son compagnon et constata qu’il griffonnait un bout de papier, comme si lui aussi écrivait à une amie.

– Jules, dis-moi, tu ne trouves pas ça curieux, en plus d’être amis, j’ai déjà remarqué que nous avions, toi et moi, la même écriture ! Tu n’aurais pas des dons d’imitateur ?

– D’imitateur, moi ! Et pourquoi ce serait moi ? Je peux en dire autant de toi, moi aussi j’avais constaté ce phénomène concernant nos écritures.

– Ah bon ?

– Oui, c’était un jour où tu rédigeais une lettre de protestation pour je ne sais quoi.

Une bombe explosa au loin, ce qui leur rappela où ils étaient. Deffert, un peu énervé, alluma une cigarette.

– Il faudra nous y faire, nous avons le même graphisme, c’est comme ça que ça s’appelle. Je crois d’ailleurs que c’est assez rare !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Médecin-Rhumatologue en région parisienne, le Docteur Jean-Pierre Taurel est né dans un petit village du Périgord, niché dans un vallon du sud-ouest de la France. Délivré d’une partie de ses obligations, il écrit le plus souvent dans son appartement perché en haut d’un immeuble, derrière la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ses romans, Soleil noir à la Palmyre, Nous irons à Compostelle, La marque du Lynx, L’ombre du guépard et La blonde au chant d’arômes sont tous disponibles sur les plateformes numériques et sur sss en version papier et numérique.

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1 – Cachez ce vin…
1 – Cachez ce vin… Il était sorti de chez lui de bonne heure et, musardant de quartier en quartier, il s’était trouvé assis sur un banc face à la Garonne. Gaston aimait ces instants de solitude qu’il occupait à lire les nouvelles du jour, sans être interrompu par les revendications de sa femme et les criailleries de son fils. Ces moments étaient les siens et il les chérissait. Grâce à cette lecture, ce grand sédentaire s’envolait vers des villes lointaines sans lever le postérieur de son siège… Un postérieur qui, depuis cinq ans, avait pris de l’importance ! Ce matin, les nouvelles sentaient la poudre. L’assassinat de cet archiduc François-Ferdinand et de sa femme dans une ville de Bosnie-Herzégovine dont il lisait le nom pour la première fois n’annonçait rien de bon. Il réfléchit un long moment, la tête cachée dans les mains et enfin, à haute voix : – Nous allons avoir la guerre, Sarajevo ou pas, eux, la guerre, ils la veulent et nous, les simples citoyens, nous l’aurons ! Moi, je suis en plein dedans, bon pour le service armé, comme ils disent ! Il ajusta son lorgnon pour détailler la photo de l’archiduc et poursuivit : – Dommage, il avait une tête sympathique et maintenant, il est mort. La mort, moi j’y suis résigné, d’ailleurs pourquoi se le cacher, ça va être une boucherie ! Si je pars pour le front, ce que je ne supporterai pas, ce sera d’être séparé de ma chère Germaine et de mon petit Léon. À son âge, mon garçon aurait bien besoin de son père pour apprendre les ficelles du métier ! Ému, il sortit une photo de son portefeuille. – Nous l’avons eu si jeunes, ma Germaine avait à peine dix-sept ans… Même que nous avons sollicité l’autorisation de son père pour passer devant monsieur le Curé ! Il porta son attention sur un petit pinardier qui manœuvrait en crachant de la vapeur dans un coin du port et puis se repencha sur son journal dont il consulta les pages intérieures. – Neuf heures ! Résigné à rentrer, il froissa le quotidien et le jeta dans la lessiveuse en étain qui tenait lieu de poubelle. Gaston se leva et sourit en pensant au plan qu’il avait échafaudé. Pour lui seul, il murmura dans son mouchoir. – Ces cons n’auront pas ma réserve, parole de Guizot ! La perspective de mettre en œuvre son stratagème lui faisait oublier les souffrances à attendre du conflit, il avait un projet et sa réalisation nourrissait les réflexions de ses journées. – Ma réserve ? Plutôt crever que de la leur abandonner ! Lorsqu’il pensait à son secret, il lui arrivait même de sourire béatement dans la rue, au risque de passer pour un benêt. En cette année 1914, les temps étaient bien tristes et Bordeaux débordait de quidams au regard sombre qui marchaient dans les rues, la tête baissée. Lui, grâce à son subterfuge, il allait plutôt bien et c’est d’un pas rassuré qu’il se dirigea vers ses entrepôts. Sur le chemin, il fut tenté de s’arrêter devant le menu d’un restaurant gastronomique, mais très vite, il se ravisa. – Arrête de flemmarder Guizot, aujourd’hui, tu as du boulot. Dix minutes plus tard, il arrivait sur le quai des Chartrons. Le négociant était toujours ébloui par la façade de l’immeuble où siégeait son entrepôt. Pétri de vanité, il bomba le torse et sortit de sa poche la clef dorée qui ne le quittait pas, il l’introduisit dans la serrure et ouvrit avec gourmandise la petite porte qui lui permettrait, lorsqu’il serait à l’intérieur, de déclaveter le grand portail. Comme à chaque fois, il pensa au magot qui dormait sous ses pieds et murmura : – Si la guerre est déclarée, moi, je serai au front et ces salauds n’auront de cesse que de voler mes bouteilles. Mon trésor, il ne faut surtout pas que je le laisse ici. Je vais le planquer ! Avant de rentrer, il jeta un regard suspicieux à l’extérieur. – Je vais me trouver une cachette aux petits oignons et ces messieurs l’auront dans le baba… Bouge-toi mon vieux Guizot ça presse. L’homme était rusé et en quatorze ans d’exercice, il avait réalisé des miracles dans le négoce du vin. À Bordeaux, le nom de Guizot résonnait avec respect dans un monde vinicole dont il connaissait chaque parcelle. Sa réputation n’était pas celle d’un tendre et si Gaston Guizot se disait juste, c’était son seul avis. En réalité, c’était un acheteur impitoyable. Son autre secret, c’était son calme. Tant que le précieux nectar dormait dans ses caves, il n’écoutait pas les sirènes du marché et il attendait… N’exprimant jamais ses sentiments, il savait résister, et même une liasse de gros billets posée sur un tonneau ne le faisait pas sourciller. C’était connu, Gaston ne vendrait ses bons millésimes que lorsqu’il le jugerait utile, c’est-à-dire lorsque les cours seraient au plus haut. Le négociant avait une dernière force dont il ne s’était ouvert à personne, même pas à sa femme, il ne revendait qu’une partie des bonnes années dormant sous ses pieds et séquestrait le reste. Il n’en souffrait pas, car il était riche et ses caves, creusées dans la profondeur de la roche, affichaient hiver comme été, une température de 13 degrés, le climat idéal pour la conservation des nectars bordelais. Année après année, les cours montaient et montaient encore. Gaston Guizot, sans un mot, résistait, se contentant de se frotter les mains, dans le secret de son bureau. Sortant de sa rêverie, il marmonna une chanson à la mode et s’assit sur le fauteuil de cuir qui avait connu les fesses de son père. Distraitement, il tapota de son marque-page le maroquin qui lui faisait face. Inlassablement, il cherchait l’endroit où il pourrait déménager son trésor. – Si je ne trouve pas une planque sérieuse, je suis foutu. Lorsqu’il serait mobilisé, il imaginait bien la visite dans son négoce du commandant de la gendarmerie de Blanquefort, à la sortie de Bordeaux. Ce gros militaire, qui était un lointain cousin de son contremaître, n’aurait de cesse que d’investir martialement son commerce, épaulé de quelques sbires, et déclarerait à Germaine qu’il agissait au nom de la loi, une loi qui ordonnait la réquisition totale de son vin pour remonter le « moral des troupes ». Furieux, il se dressa derrière son bureau. – s****d ! C’est pour ton moral à toi, oui ! Au début, il avait imaginé organiser une cachette dans le deuxième sous-sol de son domicile, mais il avait compris très vite qu’il ne fallait pas y penser ! Ce serait d’abord là que les rats de tout poil viendraient faire leur marché… – Je leur laisserai quelques bouteilles en appât pour les calmer, avec deux ou trois verres dans le nez, on est moins regardant ! Pour leurrer les gendarmes, il avait donc prévu de ranger sous sa maison, une quinzaine de flacons de bons millésimes et trois caisses de vin de « soif » qui serviraient à abreuver les pandores ! Le reste serait ailleurs… Jour après jour, dans sa tête, rien n’avançait, il ne trouvait toujours pas la vraie caverne où il pourrait dissimuler ses bouteilles ! Constamment, il tournait en rond dans son bureau, parlait seul et en perdait l’appétit. C’était devenu une obsession, plus passait le temps et plus il ressemblait à ceux qu’il voyait dans la rue, lui aussi arborait maintenant une mine sombre… mais sa préoccupation, ce n’était pas la guerre. Ce matin-là, il s’était levé tôt et traînait dans son bureau. Son esprit, sans déplaisir, s’égarait dans le passé. Il se souvenait des promenades en bateau sur l’estuaire avec son père. Anselme Guizot était pêcheur amateur et il aimait les moments d’intimité passés avec son gamin sur l’estuaire. Bien longtemps après, Gaston revoyait l’image des deux pêcheurs assis sur une caisse et dont le bateau dérivait avec le flot. Souvent, ils débarquaient sur une île ou sur une autre et ils la visitaient, comme le héros de Daniel Defoe. Ces langues de sable, posées à fleur d’eau, étaient impressionnantes par leur silence. Pas de visiteurs, pas d’animaux et pas d’habitants… Un paradis pour ces explorateurs d’un jour ! Gaston sortit d’un tiroir le vieux bouquin écorné qu’il réservait aux renseignements demandés par ses clients. Au milieu de l’ouvrage, il déplia la carte de l’estuaire où on pouvait suivre le fleuve de Bordeaux à Royan. Il ânonna alors la liste des îles qui s’égrainaient le long du parcours : – Patiras, Paté… Il en était une, de ces îles, que son père affectionnait spécialement, c’était l’île Toujouse, un minuscule confetti posé sur l’eau. Le terrain était né des dépôts alluvionnaires laissés par le fleuve dans sa course vers la mer et de l’autre côté vers l’aval, les berges s’étaient engraissées avec les sables marins déposés par la marée montante. Dans ce paradis insulaire, Anselme et Gaston avaient découvert un fort militaire que le père disait avoir été construit par Vauban. De taille étonnement modeste et de forme ovoïde, il était haut d’une douzaine de mètres et depuis bien longtemps, sa toiture était dépassée par la canopée environnante. Dans son souvenir, il revoyait la bâtisse, le lierre en cachait les murailles appareillées à la chaux. C’était un très petit ouvrage, une sorte de fortin d’opérette ! Assis à son bureau et un crayon pointé sur la carte, il se souvint de sa première visite sur l’île Toujouse, il avait dix ans et à cet âge, on n’est pas vraiment rassuré par les nouveautés géographiques. En ce jour d’été, la porte de l’édifice était béante et ouvrait sur une douce pénombre invitant au silence. À l’intérieur, rien, la salle de garde était vide de meubles et d’occupants… Ce jour-là Anselme et son fils avaient passé une demi-heure à explorer l’île de fond en comble. Revenant au présent, le négociant se leva, fit quelques pas dans son bureau et jeta un regard sur le quai. Des militaires, magnifiques dans leur pantalon rouge garance et raides comme des soldats de plomb, s’apprêtaient à poser le pied sur la passerelle d’un vapeur. Il repensa à son souvenir : le bateau de son père, l’estuaire et ses eaux boueuses. L’île Toujouse et le fort… Il la tenait sa cachette ! Maintenant, c’était à lui de manœuvrer discrètement. La secrétaire était sortie déjeuner et il était seul dans l’entrepôt. Il lança son coupe-papier dans le tiroir : – D’abord, comme ton père, toi aussi, tu vas acheter un bateau !

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