Chapitre 8

3176 Mots
Et le souvenir des phrases du jeune homme, de son visage transfiguré par l’émotion, de ses yeux exaltés, la ravissait, comme une promesse du plus ardent amour. Voilà pour l’attendrissement. Et elle caressait déjà le projet de lui appartenir, chez lui, dans cet intérieur si calme, si discret, si retiré, qu’il lui avait dépeint. Il allait lui écrire une fois, deux fois, elle ne répondrait pas. À la troisième ou à la quatrième lettre, elle ferait semblant de croire à un projet de suicide et elle tomberait chez lui — pour le sauver ! Comme elle en était là de ses réflexions, le hasard, ironique parfois à l’égal d’un méchant compère, lui fit apercevoir le baron Desforges qui traversait le boulevard Haussmann. Il se rendait chez elle sans doute pour lui demander à déjeuner. Elle regarda la mignonne montre d’or qu’elle portait pendue à un bracelet, il était à peine midi vingt. Elle serait rentrée bien à temps, et, après la joie de sa matinée, ce lui fut un plaisir exquis de baisser un peu le rideau de la portière en passant tout près de son amant, qui ne la vit pas. Quand René Vincy se retrouva devant la porte du musée sans avoir pu rejoindre Suzanne, un tourbillon d’idées contradictoires l’assaillit, si v*****t et si subit qu’il ne savait plus, à la lettre, où il était, ni où il en était. Le calcul de Suzanne ne l’avait pas trompée, et le double coup qu’elle venait de porter au jeune homme paralysait en lui toutes les puissances de l’analyse et de la réflexion. Si elle lui avait dit qu’elle l’aimait, tout simplement, il eût, sans doute, dans un suprême accès de lucidité, aperçu un contraste bien fort entre le caractère angélique, affecté par Suzanne, et la brusquerie de cette déclaration. Il eût dû reconnaître que les ailes de l’Ange lui tenaient bien peu aux épaules pour avoir été mises au vestiaire avec cette promptitude. Mais bien loin de les déposer, ces blanches ailes, cet ange venait de les déployer, toutes grandes, et de disparaître. « Elle m’aime et elle ne me pardonnera jamais de lui avoir arraché cet aveu, » se disait René. Il croyait, de bonne foi, qu’elle l’avait quitté avec la résolution de ne plus le revoir, et cette idée absorbait toutes les forces vives de son esprit. Comment faire revenir sur une telle décision une créature si sincère qu’elle n’avait pu dissimuler son cœur, si pieuse qu’elle s’était aussitôt reproché comme un crime la plus involontaire des confessions ? Et le jeune homme la revoyait avec l’effroi peint sur son visage, avec des larmes au bord de ses cils… Il marchait tout droit devant lui, parmi ces pensées, incapable en ce moment de supporter la vue d’un être humain, fût-ce Émilie, sa chère confidente. Il prit un fiacre et se fit conduire jusqu’aux portes de Paris, du côté de Saint-Cloud. Il jeta ce nom au cocher, instinctivement, parce que Suzanne lui avait décrit, au cours d’une conversation, deux fêtes auxquelles elle avait assisté dans ce château, toute jeune. Il éprouva un sauvage plaisir, une fois descendu de voiture, à s’enfoncer dans le bois dépouillé. Le feuillage sec criait sous ses pas. Le ciel bleu et froid de l’après-midi de février se développait sur sa tête. Par instants il apercevait, à travers un entrelacement de troncs noirs et de branches nues, la ruine mélancolique du vieux château et l’eau glauque du bassin sur lequel Mme Moraines avait vu jadis se promener en barque le malheureux et noble prince, tué au Cap ! Ces impressions d’hiver, ces souvenirs d’un passé tragique flottaient autour du jeune homme, sans distraire sa rêverie du point fixe qui l’hypnotisait, pour ainsi dire : par quels procédés vaincre la volonté de cette femme dont il était aimé, qu’il aimait, qu’il voulait à tout prix revoir ? Que faire ? Se présenter chez elle et forcer sa porte ? S’imposer à elle en courant les salons où elle pouvait aller ? L’importuner de sa présence au tournant des rues et dans les théâtres ? Toute sa délicatesse répugnait à une conduite où Suzanne pût trouver une seule raison de l’aimer moins. Non, c’était d’elle qu’il désirait tout tenir, même le droit de la contempler ! Il avait, dans son adolescence et les pures années de sa première jeunesse, nourri son cœur de tant de chimères, qu’il pensa sincèrement à ne plus rien tenter pour se rapprocher d’elle, et à lui obéir, comme auraient fait Dante à sa Béatrice, Pétrarque à sa Laure, Cino de Pistoie à sa Sylvie, ces fiers poètes en qui s’exprime la noble conception, élaborée par le moyen âge, d’un amour imaginatif et pieux, tout de renoncement et de spiritualité. Il avait tant goûté autrefois la Vie nouvelle et les sonnets de ces rêveurs à leurs Dames mortes. Comment cette littérature sublimée et presque monacale aurait-elle tenu contre le venin de passion sensuelle que la beauté de Suzanne et son luxe lui avaient insinué dans le sang, à son insu ?… Lui obéir ?… Non, il ne le pouvait pas. Les projets tourbillonnaient de nouveau dans sa tête, et il usait ses nerfs par du mouvement, seul remède à cette horrible souffrance, l’agonie de l’inquiétude. Le soir tomba, un soir d’hiver au crépuscule sinistre et court. Ce fut alors qu’épuisé par l’excès de l’émotion, René finit par s’arrêter à la seule décision immédiatement exécutable : écrire à Suzanne. Il gagna le village de Saint-Cloud, il entra dans un café, et ce fut là, sur un buvard infâme, avec une plume écachée, au bruit des billes de billard poussées par des fumeurs de pipes, sous l’œil narquois d’un garçon malpropre, qu’il composa une première lettre, puis une seconde, et cette troisième enfin, — avec quelle honte du papier qu’il employait et de l’endroit où il se trouvait ! Il lui eût été insoutenable que Suzanne le vît ainsi ; mais, d’autre part, il se sentait incapable d’attendre son retour à sa maison pour lui dire ce qu’il avait à lui dire, et voici en quels termes, dont le baron Desforges fût demeuré profondément étonné, s’il les avait lus adressés à sa Suzette de la rue du Mont-Thabor, s’épanchait le trop-plein de son angoisse : Je viens de vous écrire plusieurs lettres, Madame, et que j’ai déchirées, et je ne sais si je vous enverrai celle-ci, tant la crainte de vous déplaire me fait trouver indélicate l’expression de sentiments qui ne vous déplairaient pas, eux, si vous pouviez les voir. Hélas ! on ne voit pas les cœurs, et me croirez-vous quand je vous dirai que l’émotion qui me dicte cette lettre n’a rien dont doive s’offenser même la plus délicate, même la plus pure des femmes, même vous, Madame ?… Mais vous me connaissez si peu, et le sentiment que vous m’avez laissé voir, avec la divine sincérité d’une âme qui répugne à tous les mensonges, a été une telle surprise que, peut-être, à l’heure où j’écris ces lignes, vous l’avez déjà pour toujours banni, effacé, condamné. Ah ! s’il en était ainsi, ne répondez pas à cette lettre. Ne la lisez même pas. Je saurai comprendre ce silence et accepter cet arrêt. Je souffrirai cruellement, mais avec un merci pour vous qui ne cessera jamais, un merci pour m’avoir donné dans ma vie cette joie absolue, complète, de voir l’Idéal de tous mes songes de jeune homme marcher et vivre devant moi. De cela, voyez-vous, quand je devrais mourir de douleur pour vous avoir rencontrée et aussitôt perdue, je ne vous serai jamais assez reconnaissant. Vous m’êtes apparue, et par votre seule existence vous m’avez attesté que cet Idéal ne mentait pas ! Quelque dure que me soit jamais la vie, ce cher, ce divin souvenir me suivra comme un talisman, comme un magique charme… Mais, tout indigne que je sois, si le sentiment que j’ai vu passer dans vos yeux ; — qu’ils étaient beaux à cette minute, et comme je me les rappellerai toujours ! — oui, si ce sentiment survit en vous au passage de révolte qui vous a saisie ce matin, si cette sympathie, dont vous vous êtes reproché la violence, demeure vivante dans votre cœur, si vous restez, malgré vous, celle qui a pleuré en m’écoutant lui dire mon ravissement, mon adoration, mon culte ; alors, je vous en conjure, Madame, de cette sympathie, de cette émotion tirez un peu de pitié ; avant de confirmer cet arrêt auquel je suis tout prêt à me soumettre, ce terrible arrêt de ne plus vous revoir, laissez-moi vous demander de me permettre une seule épreuve. Cette demande est si humble, si résignée à vos ordres. Ah ! Écoutez-la ! Si j’ai deviné juste à travers les conversations trop courtes, trop rapides qu’il m’a été donné d’avoir avec vous, votre vie, sous son apparence comblée, est déshéritée de bien des choses. N’avez-vous jamais éprouvé le besoin auprès de vous d’un ami à qui vous pourriez tout dire de vos peines, d’un ami qui ne vous parlerait plus comme il a osé le faire une fois, mais qui serait là, heureux de respirer dans votre air, content de votre joie, triste de vos tristesses, un ami sur qui vous compteriez, que vous prendriez, que vous laisseriez, sans qu’il se plaignît ; un être à vous enfin, et dont toutes les pensées vous appartiendraient ? Cet ami sans espérance criminelle, sans désir que de se dévouer, sans regrets que de ne pas vous avoir toujours servie, c’est cela que je rêvais de devenir avant cette entrevue où l’émotion a été plus forte que ma volonté. Et je sens que je vous aime assez pour réaliser ce rêve, encore maintenant. Non ! ne secouez pas votre tête. Je suis sincère dans ma supplication, sincère dans ma volonté de ne plus jamais prononcer un mot qui vous force à vous repentir de votre indulgence, si vous m’accordez d’essayer seulement cette épreuve. Mais ne serez-vous pas toujours à temps de me rejeter loin de vous, le jour où vous verrez que je suis prêt à enfreindre l’engagement que je prends ici ? Mon Dieu ! que les phrases me manquent ! Mon cœur tremble à l’idée que vous lirez ces lignes, et voici que je puis à peine les tracer. Que répondrez-vous ? Me rappellerez-vous dans ce sanctuaire de la rue Murillo où vous m’avez été si bonne déjà, si complètement douce et bonne que songer à ces minutes, passées là auprès de vous, c’est comme me parer le cœur avec un lis ? Ah ! dans ce cœur il n’y a pour vous que dévouement, admiration obéissante et prosternée. Dites, dites le mot : « Je vous pardonne. » Dites : « Je vous permets de me revoir. » Dites : « Essayez, essayons d’être amis. » Vous le diriez, si vous pouviez lire en moi jusqu’au fond. Et si vous ne le dites pas, ce ne sera ni un murmure, ni un reproche, ni rien que merci toujours. Un merci dans le martyre comme l’autre l’aurait été dans l’extase. Je comprends aujourd’hui que souffrir par ce qu’on aime est encore un bonheur !… Il était six heures du soir, quand le jeune homme jeta cette lettre à la boîte. Il regarda l’enveloppe disparaître. Elle n’était pas plutôt échappée de sa main qu’il se mit à regretter de l’avoir envoyée, avec une angoisse de ce qui résulterait, pire que son anxiété de toute l’après-midi. Dans le désarroi de ses idées, il avait entièrement oublié les habitudes de sa vie de famille, et que jamais il n’était demeuré une journée entière hors de la maison sans prévenir. Il prit son dîner dans un cabaret de hasard sans penser davantage aux siens, tout entier au dévorant calcul de ses hypothèses sur la conduite que Suzanne tiendrait après la lecture de sa lettre. Le premier détail qui le réveilla de ce somnambulisme à demi lucide fut l’exclamation de Françoise lorsque, revenu à pied et vers neuf heures et demie, il ouvrit la porte de l’appartement de la rue Coëtlogon et se trouva nez à nez avec l’Auvergnate qui faillit en laisser tomber sa lampe : — « Ah ! monsieur, » s’écria la brave fille, « si vous saviez quelle inquiétude vous avez baillée à Mme Fresneau, qu’elle en a les sangs tournés… » — « Comment, » dit René à Émilie qui se précipita dans le couloir au-devant de lui, « tu t’es tourmentée parce que tu ne m’as pas vu rentrer ?… Ne me reproche rien, » ajouta-t-il tout bas en l’embrassant, « c’est à cause d’Elle… » La jeune femme, qui avait réellement traversé une fin de journée cruelle, regarda son frère. Elle le vit bouleversé lui-même, avec la fièvre dans les yeux ; elle ne trouva plus la force de lui reprocher cet égoïsme naïf qui avait tenu si peu de compte des déraisonnables susceptibilités de son imagination ; — il les connaissait pourtant si bien, — et elle lui répondit, tout bas, elle aussi, en lui montrant la porte entr’ouverte de la salle à manger : — « Les dames Offarel sont là… » Cette simple phrase suffit pour que la fièvre de René changeât soudain de caractère. Une appréhension angoissée lui succéda. Dans le plus doux moment de sa promenade au Louvre, ce matin, l’image de Rosalie avait eu le pouvoir de le faire souffrir, — quand il était auprès de Suzanne ! Et maintenant il lui fallait, sans préparation, revoir, en face, non plus cette image, mais la jeune fille elle-même, rencontrer ces yeux qu’il avait évités lâchement depuis des jours, subir cette pâleur dont il se savait la cause ! La sensation de sa perfidie lui revint, plus douloureuse, plus aiguë qu’elle n’avait jamais été. Il avait dit des mots d’amour à une autre femme, sans s’être délié de ses engagements envers celle qui se considérait à juste titre comme sa fiancée. Il entra dans la salle à manger comme il eût marché au supplice, et il ne fut pas plutôt en pleine clarté de la lampe qu’il sentit au regard de Rosalie qu’elle lisait dans son cœur, comme dans un livre ouvert. Elle était assise entre Fresneau et Mme Offarel, travaillant comme d’habitude, les pieds posés sur une chaise vide où elle avait placé son peloton de laine et le chapeau de son père ; René comprit par quelle innocente ruse, afin qu’à son arrivée il fût obligé de se mettre auprès d’elle. Elle et sa mère tricotaient des mitaines longues, destinées à être portées au bureau par le vieil Offarel qui se prétendait maintenant menacé de la goutte aux poignets ! Ce père chimérique était là, lui aussi, buvant malgré ses craintes de malade imaginaire, un grog très fort, et jouant au piquet avec le professeur. C’était Émilie qui avait proposé cette partie pour éviter la conversation générale et se livrer toute à l’idée de son frère absent. Angélique Offarel l’avait aidée, de son côté, à débrouiller des écheveaux de soie. Cette scène d’humble intimité s’éclairait d’une douce lueur, et le poète y retrouva du coup le symbole de ce qui avait fait si longtemps son bonheur, de ce qu’il avait quitté pour toujours. Heureusement pour lui, la grosse voix du professeur s’éleva tout de suite et l’empêcha de se livrer à ses réflexions : — « Hé bien ! » disait Fresneau, « tu peux te vanter d’avoir pour sœur une personne raisonnable ! Ne parlait-elle pas de passer la nuit à t’attendre ? Mais il aurait envoyé une dépêche… Mais il lui est arrivé un malheur !… Pour un peu, elle m’aurait chargé de passer à la Morgue… Et je lui disais : René a été retenu à déjeuner et à dîner… Allons, père Offarel, à vous de donner. » — « J’ai dû faire une visite à la campagne, » répondit René, « et j’ai manqué le train, voilà tout. » — « Comme il sait mal mentir ! » se dit Émilie qui se surprit admirant son frère de cette maladresse, signe d’une habituelle droiture, comme elle l’eût admiré d’être adroit jusqu’au machiavélisme. — « Je vous trouve l’air un peu pâlot, » dit Mme Offarel agressivement, « est-ce que vous êtes souffrant ? » — « Ah ! monsieur René, » interrompit Rosalie avec un timide sourire, « voulez-vous que je vous fasse une place ici, je vais ôter le chapeau de père. » — « Donne-le-moi, » dit le vieil employé en avisant un coin libre sur le buffet, « il sera plus en sûreté ici. C’est mon numéro un, et la maman me gronderait s’il lui arrivait malheur. » — « Il y a si longtemps qu’il est numéro un !… » s’écria Angélique en riant : « Tiens, papa, voilà un vrai numéro un, » et la rieuse prit le chapeau de René qu’elle fit reluire à la lampe en montrant à côté le couvre-chef du bonhomme dont la soie râpée, la couleur rougeâtre et la forme démodée ressortirent plus encore par le contraste.— « Mais rien n’est trop beau pour M. René maintenant, » fit Mme Offarel avec son acrimonie ordinaire, et, tournant sa rancune du côté d’Angélique dont l’action lui avait déplu : « Tu seras bien heureuse si ton mari est toujours aussi bien mis que ton père… » René s’était assis cependant à côté de Rosalie. Il n’avait pas relevé l’épigramme de la terrible bourgeoise, et il ne se mêla pas davantage au reste de la conversation, que la sage Émilie fit aussitôt dévier du côté de la cuisine. Sur ce sujet Mme Offarel se passionnait presque autant que sur Cendrette, Raton, Petit-Vieux, et Beaupoil, ses quatre chats. Elle ne se contentait pas d’avoir des recettes à elle pour toutes sortes de plats, tels que le coulis d’écrevisses, son triomphe, et le canard sauce Offarel, comme elle l’avait dénommé elle-même, son orgueil. Elle possédait aussi des adresses particulières pour les diverses fournitures, traitant Paris comme le Robinson de Daniel de Foë traite son île. De temps à autre, elle faisait de véritables descentes dans certains quartiers, à des distances infinies de la rue de Bagneux, allant pour sa provision de café dans tel magasin, et pour les pâtes d’Italie dans tel autre. Elle savait qu’à un certain jour du mois, certain marchand recevait un arrivage de mortadelles, et cet autre d’olives noires, à une autre date. C’étaient, à chaque fois, des voyages dont le moindre épisode faisait événement. Tantôt elle allait à pied, et ses observations étaient innombrables sur les démolitions de Paris, l’encombrement des rues, la supériorité de l’air respirable dans la rue de Bagneux. Tantôt elle prenait l’omnibus avec une correspondance, et ses voisins devenaient l’objet de ses remarques. Elle avait vu une grosse dame très aimable, un petit jeune homme impertinent ; le conducteur l’avait reconnue et saluée ; la voiture avait failli verser trois fois ; un vieillard décoré avait eu beaucoup de mal à descendre. « J’ai bien cru qu’il tomberait, le pauvre cher monsieur…
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