Chapitre 3-1

2005 Parole
Chapitre Trois ― Nous y voilà, bienvenue dans mon humble demeure ! Mia regarda tout autour d’elle, bouche bée, elle examinait les baies vitrées qui donnaient sur l’Hudson, les parquets étincelants et le luxueux mobilier de couleur claire. Quelques tableaux contemporains étaient accrochés aux murs et près des fenêtres des plantes vertes ajoutaient une touche de couleur. C’était le plus bel appartement qu’elle ait jamais vu et tout semblait comme chez un humain. ― C’est ici que vous vivez ? demanda-t-elle avec surprise. ― Seulement quand je viens à New York. Korum déposait son imperméable dans une penderie près de la porte. C’était un geste simple et banal, mais ses mouvements étaient un petit peu trop gracieux pour être ceux d’un être humain. Maintenant qu’il n’avait plus qu’une chemise bleue et un jean, ses vêtements mettaient admirablement en valeur son corps mince et musclé. Mia avala sa salive en s’apercevant que la beauté de l’appartement n’était rien en comparaison de celle de son habitant. Comment pouvait-il se permettre un tel luxe ? Les Ks étaient-ils donc tous riches ? Quand la limousine était entrée dans le garage du gratte-ciel le plus luxueux du quartier de TriBeCa, Mia avait reçu un choc en entrant dans un ascenseur privé qui les mena directement au vaste appartement du dernier étage. C’était un appartement immense, surtout selon les critères de Manhattan. Occupait-il tout le dernier étage de l’immeuble ? ― Oui, j’occupe tout le dernier étage. Mia rougit en réalisant qu’elle venait de lui poser cette question à haute voix. ― Heu… c’est vraiment beau chez vous. ― Merci. Venez, asseyez-vous. Il la conduisit vers un canapé en cuir, de couleur crème évidemment. ― Montrez-moi vos mains. Mia lui tendit ses paumes de mains en hésitant, se demandant ce qu’il avait l’intention de faire. Allait-il la soigner avec son propre sang comme les vampires le font dans les romans de gare ? Au lieu de se couper la main ou d’agir comme le ferait un vampire, Korum approcha un petit objet fin de couleur argentée de la main de Mia. Il avait la taille et l’épaisseur des cartes de crédit d’autrefois et semblait complètement inoffensif. Ou du moins il l’était jusqu’à ce qu’il projette une douce lumière rouge sur sa main. Elle n’eut pas mal, elle sentit seulement une chaleur agréable là où la lumière toucha son écorchure. Mia vit la peau se cicatriser sous ses yeux comme une gomme efface une inscription au crayon, et deux minutes plus tard la paume de sa main était complètement guérie, comme si elle n’avait rien eu. Elle toucha prudemment du doigt l’endroit qui avait été écorché, il ne lui faisait plus mal du tout. ― Mais ce n’est pas possible ! Mia laissa échapper son souffle d’un coup, elle ne s’était pas rendu compte qu’elle avait retenu sa respiration plusieurs secondes. Bien sûr, elle savait que les Ks étaient beaucoup plus avancés technologiquement, mais voir de ses propres yeux quelque chose qui s’apparentait à un miracle était un véritable choc. Puis Korum répéta l’opération sur son autre main. Ces deux paumes étaient maintenant parfaitement guéries, plus la moindre trace d’écorchure. ― Hum… merci de m’avoir soignée. Mia ne savait que dire. Ce qu’il venait de faire, était-ce l’équivalent des sparadraps chez les Ks ou était-ce une opération sophistiquée ? Devrait-elle lui proposer de payer les soins qu’il lui avait prodigués ? Et s’il acceptait, accepterait-il aussi sa mutuelle étudiante ? Arrête Mia ! Tu es complètement ridicule ! ― Je vous en prie. Dit-il d’une voix douce, retenant encore délicatement sa main gauche dans la sienne. Maintenant, débarrassons-nous de ces vêtements trempés. Mia secoua la tête sans y croire. Ce n’était pas possible, il n’avait pas l’intention de… Mais avant qu’elle n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, Korum poussa un grand soupir d’exaspération. ― Mia, quand je vous ai dit que je n’avais pas l’intention de vous faire de mal j’étais sincère. Et v****r une femme, c’est lui faire du mal. Je le précise au cas où vous penseriez qu’il y a une différence culturelle entre nous sur ce point. Maintenant, détendez-vous et cessez de sursauter au moindre mot de ma part. ― Je suis désolée, ce n’est pas ce que je voulais dire. Mia aurait voulu disparaître sous terre. Il était évident qu’il n’avait pas l’intention de la v****r. Il ne s’intéressait sans doute pas à elle de cette manière. Pourquoi serait-il attiré par une petite femme maigre et pâlichonne quand il pouvait avoir n’importe laquelle des superbes K du sexe féminin qu’elle avait vues à la télévision ? Il ne lui avait jamais dit qu’elle l’attirait, seulement qu’elle ‘l’intriguait’. Si ça se trouve, il était un savant K qui étudiait l’espèce humaine à New York, et il venait de trouver un cobaye aux cheveux bouclés. Poussant un nouveau soupir Korum se leva élégamment du canapé, chacun de ses gestes était empreint d’une grâce athlétique qui le distinguait des humains. ― Allons, venez avec moi. Dans sa gêne Mia ne prêta guère attention à l’endroit où elle se trouvait tandis qu’il la menait dans le couloir. Cependant en découvrant l’immense salle de bains où ils étaient arrivés elle laissa échapper une exclamation de surprise. Le cabinet de douche aux parois de verre était à lui tout seul plus vaste que sa propre salle de bain, et un grand jacuzzi surélevé occupait le centre de la pièce. La salle de bain était entièrement déclinée dans les tons ivoire et gris, une association de couleurs inhabituelles, mais qui s’accordait bien à ce cadre luxueux. Deux des murs étaient couverts de miroirs du sol au plafond ce qui agrandissait encore la pièce et elle remarqua qu’ici aussi il y avait des plantes, deux plantes exotiques aux grandes feuilles rouges qui semblaient beaucoup se plaire dans les coins de la salle de bain, obtenant sans doute assez de lumière par la verrière du plafond. ― C’est pour vous. Korum avait ouvert l’une des parois de verre et lui tendait une grande serviette de bain couleur ivoire et un peignoir doux et moelleux. ― Vous pouvez prendre une douche bien chaude et mettre ceci, pendant ce temps je vais mettre vos vêtements dans le sèche-linge. Elle accepta d’un signe de tête, le remercia d’un murmure et le regarda sortir de la pièce et fermer la porte. Un sentiment irréel l’envahit alors qu’elle regardait fixement tout ce luxe avant-garde qui l’entourait. Rien de ceci n’était réel, elle faisait seulement un rêve et elle allait se réveiller. Ce n’était pas Mia Stalis d’Ormond Beach en Floride qui était là, dans cette salle de bains princière et à qui un K venait de dire de prendre une douche. Un K qui venait en quelque sorte de la kidnapper pour soigner des écorchures sans gravité avec un instrument magique venu d’une autre planète. Peut-être lui suffirait-il de cligner plusieurs fois des yeux et elle se réveillerait dans sa chambre exigüe, dans l’appartement qu’elle partageait avec Jessie ? Voulant vérifier son hypothèse, Mia ferma les yeux bien fort et les rouvrit. Mais non, elle était toujours là, avec la serviette de bain douillette et le peignoir dans les mains. Si c’était un rêve, c’était vraiment le rêve le plus réaliste qu’elle avait jamais eu. Autant prendre une douche comme il le lui avait dit : maintenant que son excitation commençait à retomber, elle sentait jusque dans la moelle de ses os le froid pénétrant de ses vêtements mouillés. Elle posa son fardeau sur le bord du profond jacuzzi, alla jusqu’à la porte et la ferma à clef. Évidemment si Korum voulait vraiment entrer ce n’était pas une petite serrure comme celle-ci qui l’en empêcherait. Pendant les premières semaines qui suivirent l’invasion, on avait pu constater l’extraordinaire force des Krinars quand des guérilleros du Moyen-Orient tendirent une embuscade à un petit groupe de Ks, violant ainsi le traité de coexistence qui venait d’être signé. Les images vidéo filmées par un témoin sur son téléphone portable montrèrent des scènes d’horreur dignes d’un film de science-fiction. Le bataillon de Saoudiens, un peu plus d’une trentaine d’hommes, armés de grenades et d’armes d’assaut automatiques, n’avaient pas eu la moindre chance d’en réchapper face aux six Ks désarmés. Même blessés, les extra-terrestres allaient à une vitesse supérieure à celle de n’importe quel être humain, et ils déchirèrent littéralement leurs adversaires à mains nues. Dans une scène particulièrement dramatique, on voyait un K jeter en l’air deux hommes qui hurlaient, il en tenait un dans chaque main et ils furent propulsés à une hauteur qui se révéla plus tard être d’environ deux mètres. Inutile de dire que leur chute fut fatale. L’extrême sauvagerie de ce combat, et de ceux qui suivirent pendant la période de la Grande Panique, stupéfia les humains et donna une certaine crédibilité aux rumeurs de vampirisme qui apparurent quelques mois plus tard. Malgré toute leur sophistication technologique et leur apparente conscience écologique, les Ks pouvaient être aussi brutaux et aussi violents que les vampires des contes et légendes. Et Mia se retrouvait prisonnière d’un K qui voulait lui soigner une écorchure sans gravité, lui faire prendre une douche dans son luxueux appartement et mettre ses vêtements dans son sèche-linge. Un rire hystérique lui échappa à cette pensée. Sans doute préférait-il que sa proie soit propre et parfumée, malgré tout Mia le croyait quand il disait qu’il ne voulait pas lui faire de mal. Et d’ailleurs que pouvait-elle donc faire pour s’en sortir ? Elle ferait mieux de se calmer et de profiter du plaisir de prendre une douche dans un luxe qu’elle n’avait encore jamais goûté de sa vie. Mia se déshabilla et aperçut son reflet dans le miroir. Pourquoi donc l’avait-elle intrigué ? C’est vrai, elle était très mince, ce qui était encore à la mode, mais il avait sans doute à ses pieds les créatures des deux espèces les plus ravissantes qui soient. Debout, toute nue, Mia essaya de se regarder dans la glace avec objectivité et non pas avec les yeux d’une adolescente timide. Elle vit une jeune femme mince, avec de petits seins bien ronds, des hanches étroites et une taille fine. Étant donné sa minceur, ses fesses semblaient encore plus rondes. Quand elle était nue, elle ne reconnaissait plus la silhouette chétive et informe qu’il lui semblait avoir quand elle portait des vêtements trop grands pour elle. Si elle avait été plus grande, elle aurait même eu une belle silhouette. Mais elle avait un teint si pâle et la masse de ses boucles sombres encadrant son visage était tellement frisée qu’elle pouvait tout juste passer pour mignonne ou assez jolie. En soupirant, Mia ouvrit la porte de la douche. Après avoir eu du mal à actionner l’écran de contrôle, elle comprit enfin comment il fonctionnait et eut le plaisir de sentir la chaleur de l’eau projetée sur elle par cinq jets différents. Elle se savonna même avec son savon qui avait un très léger parfum exotique, un parfum très agréable. Dix minutes plus tard, Mia arrêta l’eau à regret et sortit de la douche. Debout, sur un épais tapis de bain ivoire, elle se sécha avec la serviette que Korum avait eu la gentillesse de lui donner, l’enveloppa autour de ses cheveux mouillés et enfila le peignoir qui à sa surprise était à peine trop grand pour elle. Ce devait être un peignoir de femme comprit-elle en sentant quelque chose qui bizarrement ressemblait fort à de la jalousie. Ne sois pas si bête, Mia, il a évidemment des invitées, quelqu’un d’aussi beau avait forcément des liaisons. Peut-être avait-il même une petite amie ou une femme. Mia avala sa salive pour se débarrasser de quelque chose qui l’étranglait à cette pensée. Arrête, Mia ! Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il voulait d’elle, et elle n’avait pas la moindre raison d’avoir de tels sentiments envers un extra-terrestre, et même peut-être un vampire. À pas feutrés Mia se dirigea vers la porte, pieds nus, et ramassa ses vêtements qu’elle avait laissés par terre. Ils étaient encore mouillés et repoussants, elle était soulagée de ne plus les porter. Elle ouvrit prudemment la porte, jeta un coup d’œil dans le couloir et y remarqua une paire de pantoufles grises très confortables que Korum avait apparemment laissée là à son intention. De Korum lui-même aucun signe. Mia enfila les pantoufles, quitta la salle de bain et tourna à gauche en espérant aller au salon. Elle ne voulait surtout pas se retrouver dans la chambre de Korum même si cette pensée, qui la fit rougir, la remplit d’une vive chaleur. Il était assis sur le canapé et regardait quelque chose qu’il tenait dans sa main. Sentant sa présence il leva la tête et un sourire illumina lentement son visage en la voyant debout à côté de lui dans le peignoir trop grand pour elle et la serviette nouée en turban sur la tête. ― Vous êtes adorable comme ça. Il lui parlait de l’autre bout de la pièce, mais sa voix était douce, comme intime et cela provoqua une étrange sensation en elle, quasi sexuelle. Oh, mon Dieu, que voulait-il donc dire ? S’intéressait-il donc à elle ? Mia était persuadée d’avoir rougi comme une pivoine et les battements de son cœur avaient dû s’accélérer brusquement.
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