Chapitre Un
C’est un ours, ça ?
J’ai l’impression que mes boules de Kegel sont sur le point de s’échapper de mon vagin. Je crispe mes muscles bien entraînés pour maintenir le jouer à l’intérieur. J’ai conçu cette paire de boules moi-même, alors je sais que si je les crispe encore une fois, la fonction vibration va s’activer, et ce n’est pas le moment pour ça.
La laisse tressaute dans ma main.
— Bonaparte, du calme !
La fermeté de ma voix est futile. Mon chihuahua continue de tirer, le regard rivé sur l’ours. Il agite la queue si vite que je m’attends presque à ce qu’il s’envole dans les airs comme un drone.
À mon grand soulagement, le chien se contente de flairer la bouche d’incendie, indifférent au délicieux apéritif de presque deux kilos qu’il pourrait atteindre d’un bond.
Mon compagnon à quatre pattes arrête de tirer et lève la tête vers moi, un mélange de tristesse et d’indignation dans ses yeux verts. Comme d’habitude, j’imagine très bien ce qu’il dirait si je pouvais comprendre son langage :
— Ma chérie, ce chien m’ignore. Moi ! Impensable !
Je lui jette un biscuit et remarque :
— Cet ours ne connaît clairement pas les bonnes manières. Mais pour sa défense, tu pourrais résister à l’envie de renifler cette bouche d’incendie, toi ? Nous sommes à côté de Central Park. Des millions de chiens ont fait pipi à cet endroit. L’odeur doit être divine.
D’un bond, Gourdin attrape la friandise et l’avale sans même mâcher, avant de reporter son attention sur sa proie gargantuesque.
Quant à moi, je tourne les yeux vers l’homme qui tient la laisse de l’ours. Ma mâchoire s’ouvre en grand, et mes muscles internes compriment involontairement les boules de Kegel.
La vibration s’active, mais je l’ignore, occupée à dévorer avidement des yeux le spécimen masculin grand et à la carrure athlétique devant moi.
Le propriétaire du chien est sexy.
Du genre torride à faire fondre votre culotte et exploser votre utérus.
C’est le genre de type sexy auquel je penserais en me masturbant.
Attendez. À proprement parler, je suis déjà en train de me m*******r en le regardant ; les vibrations à l’intérieur de mon vagin sont en train de faire monter un peu plus l’o*****e à chaque seconde qui passe. Par chance, il ne me regarde pas, je peux donc le reluquer sans aucune honte.
Cet homme a tout ce que je recherche, même ce que je n’avais pas conscience d’apprécier.
Des cheveux épais et à l’air soyeux de la couleur d’une fourrure de vison. Une courte barbe taillée avec soin, qui souligne son nez majestueux et ses traits ciselés. Des épaules larges rembourrées par juste ce qu’il faut de muscles et un torse à se damner, tout cela s’effilant jusqu’à une taille fine et des hanches étroites. Il porte même un col roulé, pour l’amour du Ciel… tout le monde sait que c’est l’équivalent masculin d’une robe noire sexy !
Oh, et ses lèvres ! J’ai envie de faire un moule de ses lèvres pour les transformer en s*x-toy.
En parlant de s*x-toy, les boules me rapprochent de plus en plus du précipice. On m’a déjà accusée d’être devenue blasée avec ce genre de trucs, mais même moi, je réalise que jouir ici et maintenant, devant un inconnu ne serait pas un comportement des plus sociables de ma part.
Je dois désactiver les boules, ce que je peux faire si je les comprime encore trois fois. Le problème, c’est que chaque compression change aussi la vitesse des vibrations, ma situation va donc empirer avant de s’améliorer.
Je ne peux rien faire pour éviter ça, je suppose.
Je crispe mes muscles.
Les vibrations s’intensifient.
Encore deux fois et…
Gourdin aboie.
L’énorme museau de l’ours se décroche de la bouche d’incendie et ses gros yeux bruns se fixent sur le hors-d’œuvre en forme de chien à mes pieds.
Maintenant qu’il a enfin obtenu l’attention qu’il recherchait, mon chien remue vivement la queue et essaie de foncer vers son trépas.
Je me crispe à nouveau sur les boules, involontairement. Encore une fois, et elles seront éteintes. Sauf que les vibrations sont désormais à leur vitesse maximale, et que la sensation est incroyable. Tellement, tellement incroyable…
Mince ! Qu’est-ce que je fabrique ?
Je dois les compresser une dernière fois.
Sauf que les muscles prérequis se sont transformés en gelée et que j’ai du mal à les resserrer.
Ça va vraiment arriver ?
Je vais avoir un o*****e pendant que mon chien se fait manger… tout ça sous les yeux d’un inconnu terriblement sexy ?
Je me demande fugitivement si je devrais laisser l’ours manger mon meilleur ami pour créer une diversion de ma combustion imminente – et peut-être pour que le propriétaire de l’animal couche avec moi plus tard pour me réconforter de mon deuil.
Non, c’est de la folie.
Je tire sur la laisse pour stopper le noble sacrifice de Gourdin.
Sauf que maintenant, l’ours l’a dans sa ligne de mire.
La bête bondit et tire d’un coup sur sa laisse, prenant de court l’inconnu sexy. Quand il réalise ce qu’il se passe et enfonce les talons dans le sol, la gueule de l’ours n’est qu’à quelques centimètres de la tête de la taille d’une balle de tennis de Gourdin.
Je serre mon sac à main contre moi et recule, entraînant mon ami surexcité avec moi. Même si je suis moi-même surexcitée. Mon cœur bat la chamade et je transpire sous l’effort fourni pour retenir mon o*****e alors que les boules continuent de vibrer à intensité maximale.
Mes pressions ne fonctionnent pas. Je devrais peut-être simplement le laisser venir, et conserver un visage impassible ?
L’inconnu dit quelque chose à l’ours dans une langue que je ne reconnais pas, même si son aspect guttural la fait ressembler à une cousine distante du russe. Puis il regarde Gourdin en plissant les yeux, et toujours sans me regarder, il grogne dans un anglais dépourvu d’accent :
— Tenez ce rat éloigné de mon chien !
Sa voix est grave et aussi ridiculement sexy que tout le reste, chez lui, mais par chance, ses paroles me mettent assez en colère pour que l’o*****e imminent reflue un peu.
Quel dommage ! Toutes ces qualités gaspillées chez un homme qui est clairement un crétin.
Je resserre mes doigts autour de la laisse de Gourdin et regarde l’homme en étrécissant les yeux à mon tour.
— Je compte bien tenir mon chien éloigné de votre ours.
Prends ça ! Ce n’est pas une si mauvaise repartie, compte tenu de ma situation.
Il daigne finalement lever les yeux vers moi – et je suis une nouvelle fois abasourdie.
Ces yeux, sous une paire de sourcils noirs et épais, sont de la plus belle couleur que j’aie jamais vue, une sorte de teinte noisette changeante qui semble osciller entre le vert foncé et le brun nuancé d’ambre.
Lesdits yeux s’arrondissent quand ils parcourent mon corps, et s’attardent un instant sur ma jupe courte et mes jambes nues, mais son visage sublime arbore ensuite une expression impérieuse.
— Oh, je vous en prie ! Elle ressemble plus à un chien que le vôtre ne le pourra jamais.
Sa voix grave et suave conspire avec les boules en moi pour me rapprocher encore plus d’un état que je n’ai pas envie d’atteindre.
Je devrais peut-être faire ce que font les mecs dans ce genre de situation : penser à des trucs dégoûtants.
Les yeux qui collent. Le cérumen. Percer un point blanc. Les aisselles qui puent. Le cuir chevelu squameux. La matière grise qu’on trouve dans les nombrils. Les mycoses des ongles.
Non. Rien de tout ça ne fonctionne.
Maman ?
Ça a l’air de faire effet.
En parlant d’elle, je puise dans ce qu’elle appelle de manière moqueuse mon « comportement de Blanche-Neige » et trouve enfin les mots pour répondre à l’inconnu :
— Le fait d’être un chien n’a rien à voir avec la quantité, juste avec la qualité.
Il hausse légèrement ses épais sourcils. Clairement, il n’a jamais entendu personne lui répondre sur ce ton.
— Pourquoi cette petite créature jappeuse est sortie de votre sac, pour commencer ?
Pff ! C’est vraiment un crétin. Au moins, mon agacement maintient l’o*****e à distance. Je déteste ce stéréotype sur les chihuahuas. Même si je lui ai donné le nom de Napoléon, Gourdin n’a pas ce complexe dont souffrent tant de ses semblables, et il n’est pas du tout jappeur. Il a été dans une école pour chiens, il est donc bien élevé. À peu près. Il reste un chien.
Très bien. Il est temps de me débarrasser officiellement de mes gants de Miss Gentille Bella.
Je pose un regard froid au niveau de l’entrejambe du jean de l’inconnu, avant de reporter mes yeux sur son visage, un sourcil arqué de manière malicieuse.
— Laissez-moi deviner. Le gros chien est là pour compenser quelque chose ?
Waouh ! Où est mon Oscar ? Je doute que même Angelina Jolie soit capable de rabattre son caquet à quelqu’un tout en retenant un o*****e.
Ce s******d se contente de sourire d’un air narquois. Ses yeux changeants brillent alors qu’il demande d’une voix traînante :
— Vous voulez prendre les paris ?
Oh, non !
Alors que l’image d’un sexe gargantuesque apparaît dans ma tête, je perds finalement le combat contre mes boules, et je jouis.