1.7

1255 Words
Suivant son conseil, je me levai gardant mon chapelet enroule autour de ma main. - Est-ce que je peux au moins connaître ton nom avant de mourir ? - Tu ne vas pas. Mourir maintenant - Oui je sais, je vais juste mourir dans quelques minutes. Dis-je en le suivant dans le couloir sombre. On monta les escaliers et je compris qu’on était au sous-sol, alors je ne pus m’empêcher de me demander si dans les autres cellules il y avait aussi des gens kidnappés comme moi. Les lourdes portes du sous-sol s’ouvrent lentement, et la lumière tamisée du couloir m’aveugle un instant. L’air est chargé d’un parfum boisé et musqué, bien différent de l’odeur de renfermé du sous-sol. Escortée par le gentil châtain, j'avance d’un pas hésitant, le cœur battant, les yeux rivés sur mon nouvel environnement. Alors qu’on monte les escaliers vers sûrement un étage supérieur, je ne peux m’empêcher de constater que Le marbre sous mes pieds est si lisse et froid que j’ai l’impression de marcher sur du verre. Les murs sont ornés d’œuvres d’art qu’elle ne saurait nommer, des toiles abstraites et des portraits majestueux, tous encadrés dans des dorures éclatantes. Les plafonds, eux étaient hauts et ornés de moulures délicates et percés de lustres scintillants, projetant des reflets d’or sur les murs immaculés. Je croise un miroir immense et je suis surprise par mon reflet, surtout ma peau pâle et mes yeux remplis de cernes. Mon propre reflet me semble déplacé dans ce décor d’opulence. Ma tunique était froissée, et mon voile avait des toiles d’araignées dessus que je m’empressa de retirer d'un revers de la main, j'étais en parfait décalage avec la perfection qui m’entoure. Une large baie vitrée, plus grande que n’importe quelle fenêtre que j’ai déjà vue dans ma vie, dévoile un jardin luxuriant où des fontaines de pierre sculptées chantent doucement sous la lumière des lampes extérieures. J’aperçois des canapés en velours, des meubles au design minimaliste, mais d’une élégance redoutable. Tout est ordonné, pensé, orchestré avec une précision glaciale. Le fruit du sang des innocents. Chaque détail de cette maison crie la richesse et la puissance de son propriétaire. Mais au-delà du luxe, ce qui me serre la gorge, c’est le silence. Pas un bruit, pas un pas qui trahit une présence autre que la mienne et celle de mon escorte. Je ne sais pas encore dans quoi ont été fourrés mes pieds, mais je sais une chose et c’est que je ne suis plus dans son monde. De grande porte en bois massif se tenaient devant nous et le châtain s’arrêta, on était sans doute arrivé à mon abattoir. - Écoute, je t’attends juste ici okay ? Et quand tu sortiras je te dirai mon nom. Et je te promets que tu connaîtras mon nom avant de mourir. Il essayait sans doute de me rassurer et je lui en étais reconnaissante, mais je ne répondis pas. Je poussai les lourdes portes en bois devant moi la tête baissée et je les refermai toujours la tête baissée, peut-être si je ne voyais pas son visage, j'avais peut-être une chance de m’en sortir. Il y avait un silence de bibliothèque dans la pièce comme s’il n’y avait personne. - Mira me. Entendis-je et immédiatement ma tête se releva vers l’origine de la voix. Je voulais fuir. Chaque fibre de mon corps hurlait de partir, mais mes jambes refusaient d'obéir. Clouée sur place, j’étais paralysée par une peur si profonde qu’elle me semblait étrangère, je sentis mon cœur cogner dans ma poitrine avec une violence inhumaine. Mon souffle se bloqua, et mon estomac se contracta dans une nausée insoutenable. Quand sa silhouette se matérialisait sous mes yeux brouillés par des larmes ? Mes oreilles bourdonnaient. Le monde perdait de sa consistance, se rétractait, comme si je me retrouvais aspirée dans une bulle glaciale, loin du reste de la réalité. Mais lui… Lui, il était là. Immobile. Présent. Et pire encore : il me regardait. Ce regard… Un gouffre noir. Pas un éclat de lumière, pas un frémissement d’émotion. Juste cette intensité qui me broyait l’âme. Je savais ce qui se disait sur lui. Des histoires horribles, trop nombreuses pour être de simples rumeurs. Je les avais entendues, mais jamais, je n’avais imaginé que l’effet de sa simple présence serait aussi dévastateur. Une vague de panique pure monta en moi brûlante, insoutenable. Mes mains devinrent moites, mon corps trembla de façon incontrôlable. Un étau invisible m’écrasait la poitrine, coupant l’air de mes poumons. Je ne savais même plus si je respirais encore. Puis, un frisson glacial parcourut mon échine. Mes muscles, se crispèrent à l’extrême et finirent par lâcher. Un relâchement total. Une sensation chaude et humide s’étendit le long de mes cuisses, puis un petit filet sur le sol s’étendit progressivement. Je ne compris pas tout de suite. Pas avant que l’odeur piquante de l’urée ne me parvienne, pas avant que la honte ne vienne se mêler à l’horreur. J’avais perdu le contrôle, mon propre corps m’avait trahie, cédant sous la pression de la peur. Mais je n’eus même pas le temps de ressentir l’humiliation. Parce que lui, il était toujours là. Toujours immobile. Toujours à me regarder. Et pire un léger déclinement se fit sur ses fines lèvres alors que ses yeux eux n’exprimaient rien. - Candice. Dit-il d’une voix qui me fit vibrer de terreur. Je n’aimais pas ce prénom, mais je ne pouvais pas lui dire « c’est sœur kyria » comme je l’ai fait avec le châtain. J’entendis ses pas se rapprocher de moi et j’eus envie de fuir en marche arrière, mais j’étais pétrifié sur place. Je vis ses grosses bottes devant moi et ma respiration s’accéléra vitesse grand V. Et il fit quelques pas en arrière jusqu’à ce que je ne voie plus ses bottes. Karl hurla-t-il d'une voix qui fit trembler l’entièreté de mon corps et aussitôt la porte s’ouvrir sur le châtain. - Boss. - Dégage-moi ça de là. Dit-il et jeu envie de disparaître, il voulait que Karl nettoie mes urines ? Amène-la dans l’aile du personnel qu’elle enfile une tenue du staff et rejoint la cuisine. Oh, c'était moi « ça » je ne m’offusquai même pas face à chosification, car j’allais sortir de cette pièce et fuir sa présence. Elle va commencer par faire le ménage en attendant qu’elle soit prête à rejoindre le réseau. Je ne sais pas de quel réseau il parle, mais je priais que ça arrive vite afin que je puisse quitter ce manoir. - D’acord boss. Viens. Dit le châtain ou plutôt Karl. Et sans me faire prier, je le survis rouge de honte. Je m’étais fait dessus, pouvait-il avoir pire humiliation ? Je suivais Karl dans les couloirs la tête baissé, les yeux rivés sur ses chaussures blanches. Lui non plus, je n'essayais pas de faire la conversation et je lui en étais reconnaissante. La chambre dans la quel, il m’a conduit était meilleur que ma cellule, j’avais un lit et une petite penderie avec quatre tenus, des robes de servantes, quatre c’était déjà mieux que deux tenues. - Je… je peux prendre une douche ? Demandais-je à Karl d’une petite voix. - Tu peux ensuite, tu iras nettoyer son bureau si à son retour, il retrouve... - Je comprends je fais vite. Le coupais-je ne voulant pas qu’il termine sa phrase, pas la peine d’ajouter ma détresse. Et je me précipitai vers la petite porte entrebâillée par laquelle j’avais vu le pommeau d’eau quelques secondes plus tôt.
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