XVII La dernière affaire du colonel Le colonel était de ces hommes qui ne s’étonnent de rien. Il avait bravé en sa vie tous les dangers, excepté peut-être ceux qu’on rencontre sur le chemin de la gloire. Dans une confrérie de gens résolus froidement et absolument, il passait à bon droit pour le plus résolu de tous. Ce sang-froid l’avait fait chef d’un clan mystérieux qui vivait de guerre et qui vivait bien. Mais on n’est pas parfait, dit le proverbe. Ce conquérant, dont la ténébreuse puissance tenait en échec la police de la Restauration, ce légitime successeur du grand Coësre, du roi de Thunes, de l’archiduc d’argot et de tous les Pharaons qui, depuis Clopin Trouillefou, ont gouverné le fantastique royaume de Bohême, – car si les apparences et les noms sont changés, croyez-le bien, la

