II-1

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IILe lendemain, dès le point du jour, le comte était à cheval. Les chiens de Bouquin étaient partis durant la nuit, ainsi que les messagers. Le comte, qui avait fait coudre, entre sa veste de chasse et la doublure, les lettres du roi, partit à son tour, escorté seulement par son valet de chambre. Les troupes françaises tenaient la campagne sur la route de Goritz, dans un rayon de vingt lieues environ. M. de Main-Hardye n’avait donc point à se préoccuper les deux premières journées. Il arriva au rendez-vous de chasse à dix heures, trouva Bouquin qui lui donna à choisir entre un cerf et un élan, opta pour l’élan et fit découpler. Les chiens, oisifs depuis longtemps, donnèrent avec une ardeur sans pareille. À 5 heures du soir, l’élan était forcé sans qu’il y eût à relever un seul défaut. Le comte fit la curée, avisa un village voisin et dit à Bouquin : – Pour aujourd’hui, nous coucherons ici, tu partiras à deux heures et demie du matin, et tu iras faire le bois à cinq lieues plus loin. Bouquin s’inclina sans répondre. Le comte, son piqueur, son valet de chambre et son valet de chiens soupèrent à la même table dans une misérable auberge, puis couchèrent dans un grenier à foin. Le lendemain, M. de Main-Hardye força un sanglier et fit cinq lieues de plus. – Où ferai-je le bois demain ? demanda Bouquin. – À dix lieues plus loin. – Hum ! fit le piqueur avec admiration, irons-nous bien loin et bien longtemps comme ça ? – D’abord, nous irons à Goritz. – Et ensuite ? – Ensuite à Vienne. – Et après ? – Après, à Pesth. – Et puis nous continuerons jusqu’à Constantinople. Bouquin, qui se levait de table, s’appuya à son siège pour ne point tomber à la renverse : – Monsieur le comte est fou ! murmura-t-il avec commisération. – Non pas, répondit le comte. Mais j’ai toujours eu envie de savoir par moi-même si les Turcs étaient des veneurs passables. Bouquin haussa les épaules : – Puisque Monsieur le comte est en route, dit-il avec une sorte d’humeur railleuse, pourquoi n’irions-nous pas jusqu’en Chine ? – Il se pourrait que je m’y décidasse, répondit flegmatiquement le comte, je réfléchirai à ta proposition, Bouquin. – Monsieur le comte, poursuivit Bouquin avec une humilité goguenarde, trouvera, sans doute, des relais de chiens sur sa route. – N’avons-nous pas les nôtres ? – S’ils chassent ainsi longtemps, il faudra les mettre en voiture sous peu. – Nous nous reposerons un jour sur quatre. – Ils ne tiendront pas à pareil jeu… – Si cela arrive, dit froidement le comte, on dira que Main-Hardye a de pauvres chiens et un pauvre piqueur. Bouquin se mordit les lèvres de colère : – Ils arriveront, dit-il, dussé-je les porter. Le troisième jour, M. de Main-Hardye avait couru un cerf et fait trente lieues. Le quatrième, il fit halte et la meute se reposa. Mais comme il voulait mettre à profit son congé, il prit son fusil et alla coucher trois lieues plus loin que ses gens en tirant des perdrix et des bécassines en chemin. Cela arriva d’autant plus à point, que son gîte fut une hutte de bûcherons où il n’eût trouvé, sans son gibier, que de la choucroute rancie. Le cinquième jour, tandis qu’il était sur la voie d’un élan, il tomba dans un avant-poste autrichien. On voulut l’arrêter d’abord ; il montra son congé, nomma le baron de Hollingen, chez lequel il se rendait, et fut relâché par l’officier qui commandait le détachement d’avant-garde. Ce soir-là, M. de Main-Hardye jugea prudent de gagner une petite ville pour chercher gîte, se défiant des bûcherons et des paysans qui jusque-là avait été ses hôtes. Le comte se trouvait enfin sur les limites de la Bohême montagneuse ; jusqu’alors il n’avait traversé que plaines, forêts et coteaux imperceptibles : maintenant, il était face à face avec une chaîne de hautes et sombres montagnes, boisées de la base au faîte, percées de vallées étroites, profondes, de cavernes nombreuses où les ours et les voleurs logeaient pêle-mêle. Un gentilhomme moins brave que M. de Main-Hardye, au tableau qui lui fut fait du pays qu’il allait parcourir, dans la dernière ville où il gîta, se fût, sinon effrayé, du moins mis à réfléchir sur les moyens convenables d’éviter toute mauvaise rencontre. Il y avait alors, par monts et par vaux, assez de ces soldats irréguliers et vagabonds, connus sous la dénomination de Znapans, et dont nous peindrons facilement l’honnête moralité si nous ajoutons que le mot français chenapan dérive directement de leur nom ; il y avait, disons-nous, assez de Znapans en campagne pour qu’il fut aisé, avec un millier de florins, d’en acquérir deux cents pour escorte. Mais M. de Main-Hardye ne s’effrayait jamais, et il se contenta de dire à Bouquin : – Puisque nous entrons sur les terres des ours, je ne veux plus chasser que des ours. Seulement, comme je ne veux pas qu’il te puisse arriver malheur, je ferai le bois avec toi. À trois heures du matin, le comte se remit en route et entra dans une vallée dominée de toutes parts par de hautes montagnes. Cette vallée, connue dans le pays sous le nom de Vallée-Rouge, avait sa petite légende fantastique, comme tous les coins de la bonne et naïve Germanie. Sa légende, comme toutes les autres, avait le diable pour éternel pivot, et datait du Moyen Âge. La voici en deux lignes : Satan, qui a toujours aimé ses aises, convoitait, depuis fort longtemps, les domaines et le château d’un châtelain qui, aux croisades, pris du désir de revoir son castel, avait vendu son âme à l’enfer pour satisfaire ce désir. Satan l’avait transporté chez lui en moins d’une nuit, et s’était engagé à le laisser vivre longtemps encore. Mais le châtelain sembla abuser singulièrement de la latitude, car il dépassa cent vingt ans. Tous les ans le diable apparaissait et lui disait : – Comment te portes-tu ? – Hum ! hum ! répondait le rusé seigneur en toussant, crachant comme un moribond, vous n’aurez plus à attendre longtemps, majesté, je me traîne… Le diable s’en allait, revenait au bout d’un an, et trouvait son châtelain en aussi bonne santé que douze mois auparavant. Satan fut patient jusqu’à quatre-vingt-dix ans, on vivait si vieux en ce temps-là ; à cent ans, il s’impatienta ; à cent dix, il entra en fureur, et quand la cent vingtième sonna, il n’y tint plus ! Il se présenta le soir chez le châtelain. Le châtelain était dans son lit, un flambeau sur son guéridon et une Bible à la main. Satan frémit : – Que lis-tu là ? demanda-t-il. – La Bible, sire. J’ai eu une visite ce matin. – Ah ! et laquelle ? – Celle de saint Pierre, qui m’a dit : Si tu peux vivre un an encore et apprendre par cœur cent vingt et une pages de la Bible, tu te présenteras à la porte du paradis, aussitôt mort, tu m’appelleras à voix basse et me réciteras tes cent vingt et une pages. Si tu ne fais pas une seule faute, je te tirerai le cordon à la sourdine, et le diable sera volé ! – Ah ! fit Satan pâle de colère. – Vous le voyez, sire, dit le châtelain humblement, j’étudie, je sais déjà assez bien les soixante premières. Voulez-vous me faire répéter ? Et il tendit la Bible à Satan. Mais Satan le repoussa, et furieux, prit le flambeau et l’approcha des draperies du lit. Le lit s’enflamma, le diable s’enfuit, et le châtelain, qui était trop cassé pour être leste, brûla lui et sa Bible. Son âme s’enfuit toute effarée vers l’enfer, mais une voix l’appela en route. L’âme se retourna et vit le grand apôtre, le concierge éternel du paradis : – Viens, lui dit-il, récite-moi les soixante pages que tu sais. Je te fais grâce du reste. Le châtelain fit deux ou trois fautes légères ; mais l’indulgent apôtre toussa à propos et feignit de ne les point remarquer. Le châtelain entra dans le paradis. – Je m’en moque pas mal, dit Satan ; ce que je voulais, c’était le château. Je l’ai éteint à propos, il m’appartient et j’y veux résider quelques fois. Depuis, les bûcherons prétendirent qu’à minuit, le samedi, on voyait au travers des clairières, flamboyer les murs lézardés du castel, qui prit le nom de Château rouge, des ombres lascives passaient et repassaient enlacées derrière les vitraux, on entendait des éclats de rire stridents et les notes éparses d’un orchestre infernal. Le château était hanté. Nul ne s’en approcha désormais, le bûcheron se signa à sa vue, le pâtre frémit en apercevant, au-dessus des sapins, les flèches pointues de ses tours ; la vallée fut maudite et abandonnée aux ours… Ce fut précisément dans cette vallée, qu’après huit heures démarche, le comte de Main-Hardye fut assailli par un v*****t orage et séparé de la chasse, c’est-à-dire de ses trois serviteurs et de ses chiens, au sortir d’un épais fourré. Le bruit de la foudre avait éteint le son du cor et la voix rauque des chiens. Le comte se mit sous un arbre, s’y abrita de son mieux, lui et son cheval, et attendit que l’orage fût passé, sonnant du cor de quart d’heure en quart d’heure pour rallier la chasse. Aucune trompe ne répondit à la sienne, et l’orage dura jusqu’au soir. Le comte, impatienté, se remit en route avec la dernière ondée et s’enfonça de plus en plus dans la Vallée Rouge, dont l’aspect sauvage devenait sinistre la nuit. M. de Main-Hardye avait faim, il était mouillé jusqu’aux os. Il chemina plusieurs heures au milieu des ténèbres, des bois, espérant toujours rencontrer une hutte de bûcheron et ne l’apercevant jamais. – Morbleu ! jura-t-il exaspéré, puisque je suis dans la vallée du diable, le diable pourrait bien être courtois, et m’offrir l’hospitalité ! Il achevait à peine, qu’en tournant un coude de la vallée, il aperçut dans le lointain une masse imposante et sombre tigrée de points lumineux… et il reconnut le Castel du Diable, illuminé des combles aux cuisines. C’était précisément le samedi et minuit approchait. – Oh ! oh ! dit le comte, il y a sabbat aujourd’hui et je trouverai nombreuse compagnie. Et, sans plus manifester d’étonnement, il poussa son cheval qui reprit courage et le déposa, vingt minutes après à la grille du castel. Le compte sonna une fanfare : le pont-levis s’abaissa. Il entra dans la cour et ne vit personne. Il marcha vers le perron, le gravit, arriva dans le vestibule : vestibule et perron étaient déserts ! il monta le grand escalier en marbre rouge, entra dans une vaste salle tendue de rouge, puis dans une autre, et encore une autre… Tout était rouge, tout était illuminé, comme pour une fête, et nul ne paraissait. Le comte trouva dans la dernière salle où il pénétra, une table servie avec deux couverts : – Ma foi ! dit-il, je meurs de faim, et le maître de la maison ne m’en voudra pas de ne point l’attendre. Je vais attaquer ce pâté de venaison et ce jambon d’ours. Et le comte se mit bravement à table. Le comte avait faim, disons-nous ; de plus, il était un de ces rares esprits forts qui ne se donnent point la peine d’approfondir un mystère quand il y a mieux à faire d’abord. Il avait faim… le pâté de venaison disparut presque tout entier. Puis, au pâté succédèrent sans interruption un salmis de bécasses, une bisque de perdreaux, quelques menues salaisons, un demi pot de confitures d’Orient et des pâtisseries hongroises. Le tout fut arrosé par du joannisberg d’une assez belle date, un cru de muscat rouge dont le comte ne put déterminer l’origine, et quelques gouttes de vin d’Aï, attention minutieuse et délicate de l’hôte inconnu qui servait des vins de son pays à un exilé. – Pardieu ! s’écria le comte en riant, ceci ressemble fort à l’histoire de feu M. Perrault, « la Belle et la Bête, » le logis et la table sont splendides, l’hôte demeure invisible, et il ne se montrera, je gage, qu’au fond des jardins, sous la forme d’un monstre femelle que je n’aurai qu’à épouser pour le convertir en une séduisante princesse cousue de soie et doublée de cachemire ! Nous n’oserions affirmer que cette phrase du comte ne ressemblât point à un défi, et qu’il n’ait pas eu l’intention de provoquer l’apparition de son hôte, mais ses peines en tout cas, se trouvèrent perdues, car l’hôte ne se montra point. Quand il eût achevé son souper, le comte se renversa philosophiquement dans son fauteuil et se dit à mi-voix : – Il ne manque plus qu’une larme de café. – Si Monsieur le comte veut passer au salon, il y trouvera du café et des pipes d’Orient ! répondit une voix. Le comte leva vivement la tête, regarda autour de lui, chercha des yeux le propriétaire de la voix qu’il venait d’entendre, et ne vit personne. Seulement, dans le fond de la salle à manger, une porte venait de s’ouvrir à deux battants, et laissait voir un salon splendidement décoré, avec un feu clair et pétillant, auprès duquel on avait entassé une pile de coussins et dressé un guéridon sur lequel se trouvait le moka brûlant et une chibouque à tuyau d’ambre, toute chargée de latakié. Le comte s’accroupit, sans trop de roideur, sur les coussins, alluma la chibouque et se prit à philosopher sur les bizarreries de la vie en général et de l’existence de ce château en particulier. Ce château-là, surtout, qu’il trouvait si confortable en tous points et cependant désert au moins en apparence, lui semblait curieux à examiner. Quand il eut dégusté le café et jeté aux cendres du foyer la cendre éteinte de sa chibouque, le comte se leva, prit un flambeau et se dit : – Puisqu’il ne se trouve personne ici qui me puisse montrer le château en détail et me servir de cicérone, je vais me le montrer moi-même et m’orienter de mon mieux. Et, là-dessus, il se leva et commença son inspection par le salon où il se trouvait. C’était une vaste pièce, tendue en damas vert foncé, avec des baguettes d’or aux plafonds, des arabesques et des moulures d’un bon style. Un ameublement Louis XV, soie et or, étalait alentour des murs ses dormeuses et ses fauteuils à dossiers ronds. Quelques tableaux de prix, quelques bronzes des maîtres, une miniature et un pastel étaient placés çà et là : deux tritons de cuivre doré supportaient les lisons du foyer ; sur un guéridon dressé au milieu, étaient étalés pêle-mêle des livres, des albums et des gazettes, les contes moraux de M. de Marmontel, et le dernier numéro du Mercure de France. – Il paraît, pensa le comte, que mon hôte est ami des arts et des lettres. Le salon examiné dans tous ses détails, le comte poussa une porte et se trouva dans un charmant boudoir bleu et blanc, encombré de laques et de potiches, de fleurs rares et d’arbustes poussés à grands frais, de délicieuses bagatelles traînant çà et là sur les dressoirs et les consoles ; en un mot, de ces mille riens ruineux dont une femme aime à s’entourer. – Je suis assurément chez une fée, se dit le comte. Et il passa dans une autre pièce. Celle-là différait complètement de la précédente. C’était un cabinet d’histoire naturelle, un arsenal, un musée cynégétique, tout ce qu’on voudra. Deux loups, merveilleusement empaillés et préparés, étaient assis sur leur arrière-train aux deux côtés de la porte, et semblaient fixer avec leurs yeux d’émail le visiteur nocturne qui pénétrait chez eux. Un élan, un cerf, plusieurs biches, un ours noir et une variété infinie de coqs de bruyère, de faisans, de perdrix, encombraient cette salle. Les murs étaient tendus de fourrures : à ces fourrures s’adaptaient merveilleusement de curieuses panoplies rangées par dates historiques. Ici, c’était l’arc et le carquois des anciens, au-dessous, l’épieu Moyen Âge ; un peu plus bas, l’arquebuse à mèche, le fusil à rouet, le mousquet à silex, le fusil à deux coups dans l’origine. Plus loin, les armes orientales, les damas merveilleux, les pistolets incrustés de nacre, les couteaux de chasse à fourreau ciselé. Plus loin encore, une collection complète de cors, de clairons, de trompes de chasse, de cornes suisses ; tout cela supporté par des bois de cerf, d’élan et de cornes de buffle. Sur une table étaient empilés plusieurs ouvrages de vénerie, presque tous excessivement rares et fort curieux. – Bon, pensa le comte, il paraît que la fée a un mari veneur ; s’il se veut bien montrer nous chasserons ensemble. – Demain, répondit une voix. Le comte tressaillit, promena un regard autour de lui et ne vit rien. Il retourna rapide dans le boudoir, il passa dans une autre salle qui était une bibliothèque et n’aperçut aucun être vivant. – Attendons demain, se dit-il. Le comte avait le suprême bonheur de ne pas faire de livres, ce qui eût pu faire supposer qu’à la rigueur il les aimait quelque peu. Il n’en était rien, cependant ; car il ne daigna pas jeter un seul coup d’œil aux rayons poudreux sur lesquels une main de bibliophile avait patiemment classé deux ou trois mille volumes grecs, latins, hébreux, syriaques et français. Il passa outre et se trouva dans une vaste galerie de marbre noir et blanc, dont la voûte était supportée par des colonnettes de marbre jaune. Des fenêtres à vitraux gothiques étaient destinées sans doute à l’éclairer pendant le jour : mais, à cette heure, elle se trouvait illuminée par des torches de résine tenues par des mains de bronze qui sortaient des murs. Ces murs étaient couverts de portraits de famille. – De quelle famille ? se demanda le comte. Elle devait être illustre et bien apparentée, dans tous les cas ; car ce n’étaient que seigneurs en galant costume, dames en robes de cour, prélats mitres, cardinaux en simarre rouge, chevaliers en habits de Malte, et commandeurs de tous les ordres du monde chrétien. – À la bonne heure ! murmura le comte, je suis chez des gens de bonne compagnie, reste à savoir si les écuries et le chenil sont aussi convenables que tout ce que je viens de voir. Descendons. Le comte s’orienta sans trop de peine, retrouva le grand escalier au bout de la galerie, gagna le rez-de-chaussée, la cour et les communs, et finit par trouver les écuries. Les écuries étaient tenues avec un luxe fabuleux : quarante chevaux mangeaient côte à côte à un râtelier de bois d’aloès dans une crèche de sandal ; la plus fine paille de riz était étendue en litière sur le sol dallé en marbre, les longes étaient, non en cuir vulgaire, mais en superbe chagrin d’Abyssinie. La beauté des nobles animaux émerveilla le comte ; toutes les races de coureurs célèbres y étaient dignement représentées, depuis l’étalon arabe et andalous jusqu’à la pouliche tartare. La même voix qui déjà avait vibré aux oreilles du comte à deux reprises différentes, se fit entendre de nouveau et cria : – Monsieur le comte peut choisir celui qu’il montera demain. – Très bien, dit le comte. Et, après avoir hésité quelques minutes, il se décida pour un étalon arabe noir d’ébène, avec la crinière et la queue gris du fer. Des écuries, le baron passa aux chenils. Il y avait environ trois cents chiens, c’est-à-dire un équipage pour chaque bête de chasse, depuis l’ours, auquel étaient réservés d’énorme mâtins de Norvège, jusqu’au lièvre, pour lequel le châtelain inconnu avait fait venir une meute suisse de petits chiens orangers et blancs, rapides comme l’éclair, avec une superbe voix de basse-taille qui devait résonner à ravir dans les bruyères et les bas taillis.
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