PRÉAMBULESes doigts s’abîmaient à force de les frotter aux murs et aux petites briques rectangulaires qui les constituaient. Impossible de savoir depuis combien de temps elle était enfermée dans cette espèce de caveau sans fin. Par moments, elle percevait des petits glissements, sans doute des rats. Il y en avait sous la ville.
Quand l’angoisse montait, par vagues, elle se forçait à respirer lentement. Son instinct de survie lui disait qu’une panique lui serait fatale. Elle ne savait pas vers quoi elle se dirigeait, mais avancer offrait au moins l’espoir de déboucher quelque part. C’était toujours mieux que l’immobilité.
Elle avait tant cherché ces souterrains, elle avait tellement examiné ces plans, les avaient tournés dans tous les sens et voilà que maintenant, elle en était prisonnière ! Elle parcourut ainsi une trentaine de mètres avant que sa main ne touche le barreau d’un portail.
Ce qu’elle vit était difficilement définissable. Il y avait là une forme étrange étalée sur un monceau de panneaux, de statues. Le cœur de la jeune femme, maintenant, battait jusque dans sa tête. Héloïse ouvrit plus largement la grille en fer forgé qui était surmontée d’un aigle bicéphale. La lumière, effleurant l’enseigne, alla se refléter contre le mur.
En tremblant et dans son affolement, la jeune femme ne vit qu’une chose devant elle : l’ombre de l’Aigle !
Juste avant de perdre connaissance…
PREMIÈRE PARTIEEnfin 1813 arriva et la peur nivela notre ville d’une manière étonnante : il n’y eut plus ni haut ni bas, ni ponts de Saint-Gervais ; les sots préjugés s’envolèrent à l’approche des Autrichiens ; toutes les mains se touchaient, tout le monde s’abordait avec cordialité ; […]
John Petit-Senn